29.02.12 Le Potentiel – Cinq questions à Christian Mwando Nsimba (*)

1.Ministre provincial, quel bilan dressez-vous de votre mandat au sein de l’exécutif du Katanga ?

Mon mandat est globalement positif. Comme vous le savez, la province du Katanga qui faisait plus ou moins 10 millions USD par an a commencé à faire plus ou moins 350 millions USD par an, à notre avènement. C’est dire que des efforts considérables ont été consentis en ce qui concerne les recettes. Raison pour laquelle les chantiers sont en marche au niveau de la province. De la même manière, nous avons mis en place, avec le concours de la Banque mondiale, des ministères nationaux des Finances et du Budget, un mécanisme de transparence au niveau de la gestion des finances publiques et dans le respect de la chaîne de la dépense. Elle n’existait pas en province, elle a été mise en place au Katanga. En même temps comme vous avez pu le constater, nous avons pu réaliser un certain nombre de choses en ce qui concerne le social au Katanga. Vous êtes témoin des efforts qui ont été consentis pour construire au moins une école dans chaque territoire de la province, la réhabilitation de grandes écoles, la réhabilitation et l’équipement des hôpitaux ainsi que la gratuité de l’enseignement jusqu’en 3è année du primaire. Je pense que tout cela fait partie d’un bilan global d’un gouvernement provincial, et auquel j’ai contribué personnellement, d’abord en tant que ministre du Budget et, ensuite depuis un an, ministre des Finances.

2.En termes de stabilité des institutions durant cette législature, le Katanga est cité en exemple. Quels ont été vos atouts pour réussir là où d’autres exécutifs provinciaux ont récolté des résultats bien maigres ?

Le 1er atout, c’est la transparence dans la gestion. Le chef de l’exécutif provincial, M. Moïse Katumbi Chapwe, a une gestion transparente et nous parlons vérité lorsque nous devrions évaluer l’action gouvernementale ou lorsque nous devrions donner conseils et orientations en ce qui concerne la gestion du gouvernement provincial, on se parlait en toute vérité. Et je pense c’est possible d’être stable. En même temps, c’est l’esprit d’équipe. Nous travaillons en équipe et nous sommes conscients que la réussite est collective et l’échec l’est aussi. Bien entendu, cette volonté de chacun de nous d’être meilleur dans son secteur et c’est peut-être cela que le chef de l’exécutif provincial apprécie.

3.Député élu, que défendriez-vous en priorité à l’hémicycle de Lingwala ?

Le mandat que nous avons reçu de la population nous assigne deux priorités essentielles. La 1ère : amélioration de la situation sociale de la population. Dans le programme du gouvernement qui va être mis en place bientôt, nous allons veiller à ce que la part qui revient au social soit un peu plus importante. Il faut notamment que le gouvernement nous définisse réellement la politique de l’emploi en RDC, parce qu’apparemment nous nous sommes beaucoup appesantis sur les infrastructures mais il n’y a pas de politique salariale en faveur des populations. La politique salariale n’est pas claire. L’Etat n’expose pas les grandes orientations de la politique salariale en RDC de sorte qu’au niveau du Katanga par exemple, des écarts de salaires entre les expatriés et les nationaux restent inquiétants. Nous devons veiller à ce qu’il y ait équilibre. Nous devons aussi veiller pour qu’il y ait une politique d’industrialisation de la République et de la production locale. Cela va peut-être améliorer l’emploi et la rémunération des agents. En même temps, nous devons savoir que dans l’arrière-pays du pays, il y a de gros problèmes en ce qui concerne le logement, la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, à l’électricité… Rien que pour ces fondamentaux, nous devons veiller à ce que le gouvernement les aligne en priorité absolue. Mais surtout ce gouvernement à mettre en place doit être contrôlé, on ne veut pas plus de ce système où les motions et les questions orales sont gelées par le bureau de l’Assemblée nationale.

4. Le centre Carter vient de cracher sur les résultats des législatives 2011 alors que la crédibilité du double scrutin de novembre ne tenait qu’à ces résultats. Quel crédit au plan international?

Non, le centre Carter n’a pas rejeté les résultats des législatives mais il dit que les résultats manquent de crédibilité. Dire que les résultats manquent de crédibilité, c’est dire aussi qu’avec les éléments à sa disposition, il ne peut pas garantir la transparence de ce qui a été proclamé comme résultat. Le centre Carter est un groupe d’observateurs comme il y en a eu d’autres. Est-ce que le centre Carter a le monopole de la certification des résultats des scrutins congolais ? Je ne le pense pas. Il a exprimé ses opinions et nous les respectons. Pour nous, nous avons pris acte des résultats publiés ; les irrégularités, il y en a eu certes. Et comme avait conclu le centre Carter lui-même : «ces irrégularités ne sont pas de nature à remettre en cause les résultats obtenus». Il faudrait que la CENI fasse un effort pour que ces irrégularités soient corrigées lors de futures échéances.

5.Les députés de l’UDPS hésitent de siéger, mais qu’est-ce qui se passerait si cette menace était mise à exécution surtout pour les sièges qu’on laisserait vacants ?

Si l’UDPS, qui aligne un peu plus de quarante élus, menace de ne pas siéger l’Assemblée nationale –mais selon les informations à ma disposition, il y a déjà plus d’une dizaine d’élus de l’UDPS/Tshisekedi siègent déjà à la représentation nationale. Donc, selon toute logique, il ne va rester qu’une vingtaine en dehors. Je ne pense pas que cela soit de nature à faire perdre le quorum à l’Assemblée nationale. Cela sera simplement une opération blanche qui va se faire au niveau de l’UDPS. Mais en tant que républicains et démocrates, il faudrait que nos amis et frères de l’UDPS reviennent au bon sentiment parce que c’est une occasion historique qui leur ait accordée. L’UDPS/Tshisekedi n’a jamais eu l’occasion depuis que cette République existe d’avoir un groupe parlementaire. Le président Tshisekedi lui-même vient de participer pour la 1ère fois à une élection démocratique. Donc, il y a déjà une avancée significative. L’Opposition doit jouer son rôle : contrôler l’action du gouvernement, dénoncer les méfaits dans la gestion de la res publica, proposer de nouvelles orientations… En appliquant la politique de la chaise vide, l’UDPS aura trahi ses électeurs. Même si l’Opposition n’est pas majoritaire, elle a intérêt de siéger à l’Assemblée nationale

Par St. Augustin Kinienzi

. (*) Député national et ministre provincial des Finances, économie et commerce du Katanga

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