03.03.12 Le Potentiel – Cinq questions à Lambert Osango (*)

1. Vous décriez les contrevérités dans la gestion actuelle de la SCPT. De quoi s’agit-il ?

Ce que nous décrions d’abord ce sont des contrevérités qui sont véhiculées. Et puis, le non respect des textes ou des Lois. On ne peut pas admettre qu’on gère une société de la trempe de la SCPT en violation des textes. En tant que responsable du syndicat majoritaire, nous n’allons jamais nous taire parce que notre devoir est de veiller à la survie de cette société. En veillant pour cette survie, nous veillons en même temps à la survie des emplois de travailleurs qui nous ont fait confiance. Notre action est aussi une contribution au développement du pays. Vous vivez à Kinshasa. Vous êtes sans ignorer que dans plusieurs médias, il y a une campagne qui vise à donner une image autre que celle de la réalité. A ce sujet, nous pouvons évoquer l’aventure qu’on a connue avec les bateaux. Des banderoles ont été affichées à des endroits stratégiques de la ville qui annonçaient la réhabilitation des 12 bateaux. Une cérémonie a été organisée à cet effet, et certaines autorités se sont présentées. La question que nous avons soulevée à cette époque était celle de savoir si les autorités présentes à cette cérémonie avaient vu les 12 bateaux ? Parce qu’à voir seulement le rapport du département des ports et transports fluviaux qui engage la gestion de cette flotte, c’est tout à fait le contraire de ce qu’on a fait croire à l’opinion. On n’avait jamais atteint le nombre de 12 bateaux. C’est très important de le souligner. Et aussi, il était dit qu’à l’échéance 2011, on atteindrait le nombre de 18 bateaux. Vous pouvez mener une enquête sur le terrain et vérifier la réalité pour vous rendre compte qu’il n’est pas permis de mentir.

2. Acquisition des locomotives et engins pour les ports maritimes. N’est-ce pas là des efforts visibles de gestionnaires pour la reprise effective des activités de la SCTP ?

On a vanté l’acquisition de deux locomotives. Ce qu’on a manqué de dire aux Congolais, c’est que cette acquisition était un don de la Coopération technique belge. Je précise que la SCTP n’a débloqué aucun rond. Même si cette acquisition coûterait environ 7 millions d’euros. Avec 7 millions d’euros, l’entreprise pouvait s’acheter deux nouvelles locomotives et puissantes à même de tracter des rames de Matadi à Kinshasa, et qui pouvait aussi épauler utilement la desserte urbaine. Ce qu’on a réceptionné, c’est de came looks âgés de 38 ans. Dans moins d’une année, les locomotives tant vantées se trouvent dans quel état aujourd’hui? Sont-elles tombées en panne ou déclassées ? Les engins achetés pour le compte de nos ports maritimes, l’idée est bonne. La vision est à soutenir, je suis objectif. Mais telle que c’est présenter, il y a encore des contre-vérités. Ce marché là n’a pas donné lieu à des acquisitions qui sont faites cash. C’est la correction importante qu’il faut apporter. La société a dû faire de montage financier. Il y a eu négociation avec deux banques de la place. Et dans les accords, une partie du patrimoine immobilier de l’entreprise a été mis en gage. Il y a aussi une autre précision, c’est celle de l’exigence lorsqu’il s’agit de passation de marchés.

3. Pensez-vous que la procédure de passation dudit marché n’a pas été respectée ?

La procédure voudrait qu’il y ait une commission d’adjudication qui statue pour faire des propositions à la haute hiérarchie de la société. Celle-ci transmettrait au conseil d’administration qui dispose du pouvoir de décision. Mais pour le cas d’espèce, il y a à boire et à manger. La commission d’adjudication déjà à cette époque avait dénoncé le fait qu’elle n’avait pas encore siégé quand le président de la commission apprendra que le dossier était déjà porté à la connaissance du Conseil d’administration. Au niveau même du Conseil d’administration, l’instruction a été donnée à la direction générale pour négocier un montage financier, faire rapport ensuite pour avoir l’autorisation du Conseil. Et puis, il fallait revoir pour que le fournisseur respecte les caractéristiques reprises dans l’ordre. Un aspect capital pour qu’à la livraison, ce dernier livre ce qu’il a présenté.

4. Que dire alors de l’action de la tutelle administrative ?

C’est étonnant. Dans tous les courriers, la tutelle administrative est copiée. Pourquoi n’avoir pas réagi pour remettre les pendules à l’heure ? Parce que la logique de la réforme a voulu que seul le ministère du Portefeuille ait l’ascendance sur les entreprises dites aujourd’hui commerciales. C’est un silence complice. Même au sujet des prérogatives concernant les mouvements des cadres dirigeants (promotion, mutation et sanction). C’est de la compétence du Conseil d’administration seul. Curieusement, il y a beaucoup d’actes pris par la direction générale outrageant le Conseil d’administration.

5. Aviez-vous des cas précis de dérapages ?

Je prends un dernier cas. Au niveau de la direction de la police. Le Conseil d’administration avait désigné un directeur. Est-ce normal, que l’organe habileté désigne, et vous vous veniez plusieurs mois après, déchoir la personne désignée sans dossier disciplinaire aucun. Et vous désignez un sous-directeur pour commander même ceux qui sont plus gradés que lui dans un corps de la police, et vous instaurez une pratique décriée par le Conseil d’administration, celui de l’intérim rotatif. Un système qui pêche en ce qui concerne l’encadrement et le respect de filières de chaque agent et de la responsabilité de l’autorité sur la relève…

Propos recueillis par Pitshou Mulumba

(*) Secrétaire général du syndicat Actions

© Le Potentiel 2005

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