03.11.06 Gouvernance de l'Internet : des débats mais peu de décision (JDN)
03 Novembre 2006
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La première conférence sur la gouvernance de l'Internet a pris fin hier soir, jeudi 2 novembre, sans décision concrète. Mais pouvait-il en être autrement ? Résultat du Sommet Mondial de la Société de l'Information (SMSI) qui s'est déroulé il y a quasiment un an à Tunis, cette première rencontre qui réunissait, sous l'égide de l'ONU, pendant quatre jours (du 30 octobre au 2 novembre) les ressortissants de 90 pays à Vouliagmeni près d'Athènes n'avait pas à proprement parler de pouvoir décisionnaire.
Sa seule ambition était de parvenir à instaurer un dialogue entre les différentes parties prenantes : les représentants des gouvernements ou des entités politiques, telles que la Commission européenne ou le Conseil de l'Europe, les entreprises comme Yahoo, Microsoft ou encore Google, ainsi que les représentants de la société civile et des associations parmi lesquelles figuraient en bonne place Amnesty Internationale et Reporters sans frontières.
A l'aune de la représentation, la conférence s'est soldée par un succès, puisque plus de 1.200 délégués représentant les Etats étaient réunis pour débattre de quatre principaux thèmes. Deux d'entre eux ont d'ailleurs suscité beaucoup d'intérêt. A commencer par la question de la libre expression et de la circulation des informations, notamment dans les régimes autoritaires. Sur ce thème, Google, Microsoft et Cisco systems ont été vivement pris à parti, en raison principalement de leur politique d'auto-censure en Chine, voire de "collaboration" avec les autorités chinoises. Deux attaques que les principaux intéressés ont récusé en invoquant, pour l'un, que malgré la censure, un maximum d'informations étaient toutefois accessibles aux internautes chinois, et pour l'autre (Cisco) qu'aucune technologie permettant d'effectuer un filtrage n'avait été vendu à un gouvernement.
Autre thème très discuté au cours de ce forum : le multilinguisme. Si ce principe fait l'unanimité pour préserver la diversité culturelle, sa mise en oeuvre est loin d'être acquise. Bien au contraire : aujourd'hui, 90 % des 6.000 langues parlées dans le monde ne sont pas utilisées sur le Net, excluant de facto de ce média les populations qui ne parlent pas une des langues dites "internationales". Autre constat : la Toile reste le domaine privilégié de l'anglais et de l'alphabet latin, tant au niveau des contenus, que des logiciels qui permettent de faire fonctionner le réseau, que des URL. Une uniformité qui a toutefois un avantage, rappellent certains : celui de l'unité de l'Internet.
Deux autres thèmes, moins médiatiques, ont également été débattus pendant ces quatre jours : celui de la sécurité et de la protection des données personnelles, et celui de l'accès global à Internet. Une question sur laquelle se sont opposés les pays en développement et les pays riches qui soutiennent la création de conditions cadres favorables aux investissements et au développement de l'Internet.
Autant de questions qui ont laissé de côté celle, pourtant centrale, de la gestion technique du réseau des réseau et de la domination américaine, via l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), sur celle-ci. Il est vrai que ce sujet n'était pas à l'ordre du jour, faute d'avoir pu trouver un accord, il y a un an lors du SMSI.
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Mais, la situation a tout de même évolué entre ces deux rendez-vous. A la fin du mois de septembre 2006, les Etats-Unis ont assoupli leur contrôle sur lICANN. Le département du commerce na plus le pouvoir de contrôler lagenda de lorganisme et celui-ci n'a plus à faire un rapport tous les six mois à ladministration américaine. Mais le droit de veto demeure. Si le processus de discussion est enclenché, il sera lent à évoluer. Rédaction JDN & JDN Solutions