15.03.12 Le Potentiel – Cinq questions à Etienne Tshimpe
1. La consultation pour identifier la majorité au sein de lAssemblée nationale est aussi ouverte à lOpposition. Comment appréciez-vous la démarche de linformateur ?
Cest une très bonne chose. Ce que nous avons toujours souhaité, cest le rapprochement de toutes les parties en présence pour la paix et le développement de la République démocratique du Congo. Nous ne souhaitons pas que le rapprochement de la Majorité et de lOpposition ne se limite que dans lhémicycle du Palais du peuple. Cela doit avoir aussi lieu pour toutes les questions vitales de la nation qui nécessitent limplication de toutes les filles et tous les fils du Congo. En ce qui concerne la mission de linformateur, tout comme celle du formateur, linclusion globale serait beaucoup plus souhaitable. Je regrette que lUDPS et quelques autres partis se disent ne pas être concernés. Je pense que ceux qui peuvent faire quelque chose, doivent œuvrer pour que même lUDPS simplique.
2. Pensez-vous que la probable participation de certains partis de lOpposition dans le futur gouvernement va décrisper la crise postélectorale ?
Nous pensons quil serait très difficile davoir une paix réelle et durable au Congo, ou encore dassurer une saine gouvernance si lOpposition, en occurrence lUDPS, restait en marge du processus. Je lance un appel comme pasteur pour quau nom de la paix tout soit mis en branle afin que le président de la République et le président de lUDPS sengagent à déployer leurs énergies pour la paix. Le peuple a les yeux tournés vers ces deux leaders. Cest à eux de démontrer quils les sont véritablement pour lintérêt de ce peuple. Ils vont se dépasser et dépasser même le carcan de leurs entourages respectifs pour rechercher la paix véritable qui passe par le dialogue.
3. Selon certaines rumeurs, la prise en compte des critères sociologiques seront pris en compte quant au choix du Premier ministre. Quen dites-vous ?
Ce sont des critères dun autre âge. Cest dépassé. Les organisations actuellement et même leurs animateurs dépassent les limites des origines. Il serait abominable, au Congo en plein 21ème siècle, que lon utilise comme critère les origines. Je crois que cest notamment ce tribalisme, puisque cest comme ça quil faut lappeler, qui détruit ce pays. Voyons plutôt ce que quelquun justifie comme expérience, comme compétence et capacité personnelle à sortir le pays de la crise, au lieu de parler de critères tribaux qui risquent de disqualifier les hommes compétents.
4. Comme en 2006, ne craignez-vous pas que le pays connaisse un processus électoral inachevé ?
Pour avoir pris part active aux élections législatives nationales du 28 novembre dernier, jai appris à respecter le peuple congolais. Si lon est incapable de respecter la Constitution, la simple chose à faire, cest de rendre le tablier avec toute élégance. La tenue des élections provinciales et la suite est un véritable test pour les gouvernants. Cest un test pour établir le degré de leur responsabilité. Le temps nest plus à avoir, ce que moi jappelle, les institutions en « demi Dakar », ou le monstre institutionnel. On la vu du temps de 1+4. Et, il est inconcevable que le peuple congolais, qui attend voir la mise en place des institutions issues de sa volonté, se contentent dun président de la République élu, des élus à la Chambre basse, pour ceux qui nont pas été tremper dans les irrégularités, et dun autre côté, des sénateurs et gouverneurs de lancienne législature. Cette confusion-là, je crois humblement que le peuple congolais nen a pas besoin. Si nous avons des dirigeants responsables, et nous croyons que nous les avons, quils se mettent devant leur responsabilité pour faire achever le processus électoral, qui devra se poursuivre par la tenue des élections provinciales, des sénateurs et des gouverneurs de province. Si le pays, comme le disait le porte-parole du gouvernement, avait pu réunir autour de 350 millions pour organiser la première phase du processus électoral, le gouvernement doit en principe sactiver pour la suite, parce quà mon avis, le plus dur a été fait, dautant que le pays dispose déjà de linfrastructure électorale. Le Congo est capable de se prendre en charge.
5. Avez-vous un message à adresser aux uns et aux autres ?
Les yeux du peuple congolais meurtris, affamé, sont tournés vers les dirigeants. Quils nous produisent un gouvernement avec comme critère principal la méritocratie. Un critère suivant lequel à Congo émergent, homme émergent et non homme submergé. Quils nous donnent finalement les élections provinciales et le reste afin déviter au pays la casquette des institutions monstrueuses.
Propos recueillis par Pitshou Mulumba
Pasteur de lEglise Grandeur de lEternel