26.03.12 Le Potentiel – Cinq questions à Bernadette Mpundu (*)

1.Le mois de la femme tend vers sa fin. L’accent a été mis cette année sur
la femme rurale. Que faut-il réellement faire pour son autonomisation ?

Les femmes congolaises et particulièrement les femmes rurales, sont non
seulement les plus affectées par la pauvreté et l’exclusion mais elles sont
aussi dominées par un système socioculturel qui les définit négativement.
L’intégration économique de la femme congolaise continue de buter contre de
nombreuses barrières sociales, culturelles et juridiques, en termes d’accès aux
moyens de production, au crédit, à la technologie, à l’éducation et à la
formation. Pour ma part, je souhaite que l’Etat puisse épargner cette femme des
efforts qu’elle ne cesse de fournir au quotidien. L’agriculture est encore
artisanale au moment où les choses se modernisent sous d’autres cieux. Ainsi
pour atteindre la modernité prônée par le chef de l’Etat, il faut structurer les
activités de la femme, mécaniser les activités génératrices de revenus,
renforcer l’encadrement à travers les ministères du Genre, de la Femme et de la
Famille, de l’Agriculture et celui des Affaires sociales.

2.Sur le plan politique, l’informateur vient de boucler ses consultations.
Quelles sont les attentes ?

En attendant la remise officielle du rapport auprès du chef de l’Etat, nous
estimons que l’heure est arrivée pour éviter tous les pêcheurs en eaux troubles.
Quand on gagne les élections, il faut exercer le pouvoir avec responsabilité
évitant le piège de chefs des partis politiques qui se comportent comme des
chefs coutumiers. Ces derniers veulent prendre la démocratie en otage. Et
pourtant, l’alternance est l’une des valeurs primordiales de la démocratie. En
toute logique, le président de la République doit se référer à la charte de la
Majorité qui accorde la primature au Parti vainqueur. Pour besoin de cohésion,
le chef de l’Etat ferait mieux de respecter d’abord les prescrits de la loi, car
c’est très dangereux si la Constitution qui est la loi fondamentale du pays est
violée.

3.Chaque année, la Journée mondiale de l’eau souligne un aspect
particulier de l’eau douce. Cette année l’accent est mis sur «l’eau et la
sécurité alimentaire». Comment concilier-vous les deux concepts ?

Pour les Nations unies, ce thème se justifie dans la mesure où dans plusieurs
pays dont la RDC, toutes les populations n’ont pas encore accès à l’eau potable.
Avec la croissance démographique et économique, les demandes d’eau pour les
villes et les industries deviennent beaucoup plus pressantes que celles de
l’agriculture. La FAO estime que tous les usages de l’eau doivent être gérés
d’une manière coordonnée et intégrée, en particulier pour protéger les pauvres
et autres groupes vulnérables, notamment les femmes, qui sont les premières à
perdre l’accès à l’eau lorsque la concurrence augmente. En RDC, beaucoup restent
à faire pour atteindre cet objectif. Nous saluons déjà les efforts qui sont déjà
fournis par le gouvernement pour améliorer tant soit peu le taux de desserte en
eau.

4.Que pensez-vous de la parité aujourd’hui ?

Il est vrai qu’au niveau du pouvoir, la femme est faiblement représentée dans
les instances de prise de décisions, ce qui freine la prise en compte des
questions spécifiques de Genre. Mais nous continuons le combat. Toutefois, la
femme ne doit pas dormir sur ses lauriers et attendre tout de l’homme. Il faut
encourager la méritocratie.

5.Votre mot de la fin

Pour conclure, le pays a besoin d’une nouvelle race de compatriotes qui
doivent avant tout privilégier l’intérêt de la RDC. Le fait que les gens de tout
bord se bousculent pour la primature pour leurs intérêts égoïstes n’est pas une
bonne chose. Nous devons travailler main dans la main pour l’amélioration les
conditions de vie des Congolais.

(*) Analyste politique

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