OPPOSITION CONGOLAISE, POUR QUI ROULES-TU ? par Roger Buangi Puati

 Je crois rêver lorsque je lis ces propos prêtés à M.
Reynders: « si les responsables politiques congolais ne privilégiaient
pas l’ouverture et le dialogue pour résoudre les problèmes du pays dont
le grave déficit de légitimité, on aura raté une occasion pour la
refondation de l’Etat et la cohésion nationale. » Dans la personne de ce
ministre et derrière lui, je vois une bande de voyous en col blanc qui
boutent le feu à la maison Congo et viennent par la suite jouer les
pompiers. Oui, des voyous sans aucune morale ni valeurs humaines. La
honte et l'empathie sont des mots vides de sens qui n'appartiennent pas à
leur vocabulaire. Un tel cynisme est tout simplement exécrable.


Le
sieur Reynders, diplomate amateur, avec un aplomb propre aux bourreaux
et une mauvaise foi hors du commun, n'a de cesse de tricher avec
l'herméneutique des conclusions post-électorales du rapport de la
Fondation Carter. A plusieurs reprises, il a répété son refrain bien
connu: "Il y a eu des irrégularités mais celles-ci ne changent pas
l'ordre d'arrivée des candidats." Comme pour dire, Kabila a fraudé et
triché, juste par amusement, jamais pour plier les résultats en sa
faveur. Une rhétorique tordue et dangereuse propre aux démolisseurs et
empoisonneurs du destin des peuples d'Afrique. Pour eux, leur dauphin
Joseph Kabila doit rester en place pour défendre leurs intérêts. Le sort
de notre peuple, évoqué hypocritement dans leurs discours, est le cadet
de leurs soucis. M. Reynders vient du MR, parti de Louis Michel qui
s'est fortement enrichi depuis l'arrivée du Rwando-tanzanien au pouvoir à
Kinshasa. Les Congolais ne doivent rien attendre de ce monsieur. S'il
veut être crédible, qu'il dise à leur protégé, Kabila, de partir!

A l'opposition congolaise ou celle qui se considère comme tel,

S'il
y a "ceux qui ont carrément traversé la rue" pour rejoindre Kabila
comme vous le dites, ceux qui sont prêts à franchir la même rue ou des
ruelles de détour avec le slalom de serpent ne sont pas mieux. Vous
évoquez l'exemple de vieilles démocraties pour rencontrer le pyromane et
pompier Reynders. Pour notre part, nous constatons sans peine que la
RDC est loin d'être une démocratie. Si nous ne désirons plus être
considérés comme des Nègres de service, nous ne devons plus tricher avec
nous-mêmes et louvoyer. A nous s'impose un devoir de vérité. Si vous et
nous aimons le peuple congolais et si vous et nous prétendons vouloir
le servir, alors battons-nous de toutes nos forces et de tout notre
coeur pour que la volonté des Congolaises et des Congolais exprimée dans
les urnes puisse être respectée par nos maîtres provisoires, pour
parler comme Césaire. 


Si
la Belgique respectait le peuple congolais, elle aurait depuis fort
longtemps modifié ses moeurs politiques dans sa relation avec le Congo.
Ce pays a fait tant de mal aux Congolais mais n'en tire aucune leçon
historique. Est-ce que M. Reynders accepterait que celui qui fraude et
triche aux élections chez lui en Belgique puisse gouverner? La réponse
est non. Mais une élection frelatée chez les Nègres du Congo ne lui pose
aucun problème de conscience. Un homme issu d'un gouvernement qui
méprise ainsi notre peuple mérite t-il notre considération? En allant le
rencontrer, nous ne faisons que renforcer l'opinion qu'il a de nous:
des trous d'évier, prêts à avaler l'huileux, le savonneux, le crasseux
et le propre. Demain en France, dans l'hypothèse d'une victoire du
candidat Hollande, qui pourrait s'imaginer un seul instant que Sarkozy
se maintienne au pouvoir par défi et que par gain de paix, Hollande
accepte des négociations pour laisser l'actuel président au pouvoir et
se contenter de partager avec lui des postes ministériels et autres?
Pourquoi l'inacceptable chez les Blancs deviendrait-il acceptable chez
nous? Est-ce que le Nègre devra toujours accepter de la pénicilline
périmée et du poulet avarié que le Blanc n'accepte pas? L'heure n'est-il
pas encore venue pour que le Nègre cesse d'être Nègre et qu'il se mette
enfin debout et réclame sa place? Pourquoi accepterions-nous de jouer
le jeu de ceux qui nous manipulent? Hier encore, ils ont été cueillir
Laurent Gbagbo sous le prétexte que ce dernier voulait se maintenir au
pouvoir après avoir perdu les élections. Hillary Clinton parlait même
d'exemple pour tous ceux qui seraient tentés de se maintenir au pouvoir
par la force. Les voici en flagrant délit de duplicité en RDC.
Aujourd'hui, les mêmes viennent nous dire d'accepter le dialogue avec un
autre, cette fois de chez nous, qui a effectivement triché aux
élections. Qui sommes-nous pour mériter un tel mépris? C'est à nous de
nous interroger. Et surtout pourquoi acceptons-nous de jouer les
amnésiques pour des promotions individuelles, alors que nous avons un
destin commun à défendre et que notre peuple souffre le martyre? Aucune
manœuvre, aucune excuse, aucun argument ne pourra demain nous mettre à
l'abri de la furie du peuple qui observe la danse du ventre de certains
d'entre nous devant Kabila ou ses parrains. Sous la fallacieuse raison
de vouloir débloquer la situation et résorber la crise, certains
travaillent à se profiler pour leurs intérêts égoïstes en associant
honteusement le nom de notre peuple dans leur quête de positionnement.
Le problème que nous avons après ces élections a un nom: Joseph Kabila.
Qu'il parte et il n'y aura plus de crise, car la crise c'est le défi
qu'il lance à notre peuple en tentant de le gouverner sans son
consentement. Si nous voulons être crédibles aux yeux des Congolais,
restons clairement et sans hypocrisie en-dehors du pouvoir de Kabila.
Sans débauchage, il partira!

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