12.04.12 L'Observateur – La Banque mondiale lance le livre " Résilience d'un Géant Africain "

Au fait, ce Mémorandum Economique pour la RDC a été rédigé par le personnel de la Banque, en collaboration avec des experts nationaux et internationaux. Il a puisé dans 14 études analytiques dont il constitue la synthèse. Comme demandé par les autorités congolaises et une grande partie de l'opinion, en raison de leur nombre élevé les études ont été regroupées en trois volumes. C'est désormais chose faite à travers " Résilience d'un Géant Africain ". Pour le lancement de cet ouvrage, il est prévu des interventions du directeur des opérations de la Banque pour la RDC et le Congo, Eustache Ouayoro et du ministre des Finances, Matata Ponyo.

Mais, avant le lancement solennel de ce jeudi 12 avril quelques journalistes de Kinshasa ont été conviés à un briefing hier 11 avril au bureau de la Banque mondiale à Kinshasa. Il était question de leur expliquer la démarche et la substance de ces trois volumes. Les deux orateurs pour cet exercice ont été : Johnnes Herdeschee, économiste senior pour la RDC au département en charge de la réduction de la pauvreté et de gestion économique à la région Afrique à Washington (Banque mondiale) et Moïse Tshimenga, économiste pays au bureau de la Banque à Kinshasa. De leur prestation, il ressort que les trois volumes comptent environ 1000 pages. Ils ont été préparés par des Congolais et des experts internationaux.

Incapacité des élites à exécuter les contrats 

A travers la publication de ce livre, la Banque veut disponibiliser les données et les analyses faites sur la RDC et de faciliter la formulation de la stratégie du nouveau gouvernement de la RDC. Au regard du titre, notamment le terme résilience il est mis en exergue les capacités de la RDC à faire face aux chocs et à l'adversité. Les données contenues dans ces trois volumes vont être aussi disponibilisées pour les universités congolaises, conformément à la politique de la Banque. Quelques copies vont être mises à la disposition des fonctionnaires et des parlementaires. D'autres seront vendus à travers le pays par la maison Médiaspaul, spécialisée dans l'édition et l'imprimerie.

L 'Union Européenne a acquis 600 exemplaires pour les distribuer aux nouveaux parlementaires et ce en rapport avec la formulation de la stratégie du nouveau gouvernement. Ces données sont rendus disponibles pour un public plus large afin de susciter le débat sur l'économie politique de ce géant en puissance. " Un tel débat bénéficiera, sans nul doute, de l'information la plus complète sur la situation actuelle, le parcours qui l'a généré, ainsi que les coûts et avantages des politiques alternatives ", dira Johnnes Herdeschee. Tout en soulignant que ce débat profitera surtout au Parlement et Gouvernement qui doivent opérer des choix d'intérêt national. " Il appartient au Gouvernement et au Parlement de décider qu'est-ce qu'on fait ".

Concrètement, le premier volume du livre esquisse une réponse à la question essentielle dans un pays aux ressources naturelles diverses : " pourquoi la RDC n'a-t-elle pas pu à ce jour surmonter les obstacles à la croissance alors que ceux-ci sont connus depuis des années ". Les deux orateurs notent que le volume en question recherche les résistances au changement dans le parcours historique du pays et de ses institutions. Les principaux obstacles matériels à la croissance et au développement du pays sont connus depuis des décennies sans que cela ne suscite l'élan nécessaire à leur résorption. Cette situation est due, selon le volume, à l'incapacité des élites à exécuter les contrats implicites et explicites conclus entre ceux qui contrôlent ou influencent les choix collectifs. " Cette absence de cohésion d'élite est étroitement liée à l'absence des réseaux de responsabilisation sociale qui devraient, en principe, rendre les dirigeants responsables tant au niveau national que provincial Le développement de ces types de réseaux a été délibérément étouffé par les dirigeants. Les relations entre les dirigeants et les réseaux de responsabilisation sociale ont été davantage compliquées par l'implication des acteurs externes".

3 principaux obstacles à la croissance 

Il ressort notamment du premier volume que le chapitre 1 présente le rapport de synthèse des quatorze études analytiques. Il est identifié trois principaux obstacles à la croissance (inefficacité de l'Etat, le déficit d'infrastructures et faiblesse du secteur privé) et les quatre instruments pour les surmonter (coordination entre décideurs, réseaux de responsabilisation sociale, ancrage externe et technologie). " Il est évident que les politiques ne peuvent être initiées que par ceux qui en contrôlent la formulation ou, en tous cas qui l'influencent ". Les dynamiques institutionnelles nécessaires pour créer un Etat efficace dont abordées dans le deuxième chapitre. L'évolution de l'Etat au cours de 20 dernières années est passée au peigne fin. Il est conclu que la Constitution de 2006 n'a été que partiellement mise en œuvre. Il est recommandé une réforme de l'administration et la décentralisation des services gouvernementaux.

Dans le second volume, il y a l'analyse des secteurs qui disposent d'un potentiel susceptible de générer plus d'emplois et de stimuler la croissance économique. A ce sujet, Johnnes Herdeschee cite : l'agriculture, les ressources naturelles, le secteur urbain et le secteur de construction. L'objectif du volume est de présenter l'état actuel de la situation, d'identifier les principaux obstacles à la croissance et de proposer des options pour surmonter ces contraintes. Par exemple, l'agriculture peut créer des emplois et contribuer à la baisse des prix des produits alimentaires. De ce fait, elle est un facteur de réduction de la pauvreté. 

Quant au troisième volume, il renvoie à un thème : " Quelles actions transversales nécessaires pour rendre plus concurrentiels les secteurs créateurs d'emplois abordés dans le second volume ? ". Ici, les actions se concentrent dans les secteurs où la RDC n' pas nécessairement un avantage comparatif. Ces actions doivent être mises en place pour rendre plus compétitifs les secteurs susceptibles de créer des emplois. Les questions d'infrastructures sont désignées comme étant un obstacle majeur à la croissance. A cela, s'ajoutent le manque des compétences et l'environnement des affaires défavorable. Entre autres, un chapitre est consacré aux questions de facilitation du commerce et en particulier des échanges transfrontaliers. Il ressort qu'il existe des contraintes identifiées dans une étude diagnostique d'intégration du commerce menée avec le concours des partenaires au développement. 

Ce troisième volume fait notamment une observation à savoir qu'il y a une absence surprenante d'intégration commerciale et économique entre Kinshasa et Brazzaville. Selon Johnnes Herschee, par exemple, il n'y a pas vraiment de commerce entre Kinshasa et Brazzaville. Et pourtant, il y a des opportunités qui sont là, mais qui ne sont pas encore exploitées. Dans le même sens, l'intégration régionale dans la région des Grands Lacs est aussi examinée. Il est décrit les conditions aux frontières de l'est de la RDC et la manière dont ces conditions affectent les petits commerçants.

A tout prendre, ce livre est un travail analytique académique. Il revient aux autorités congolaises d'y tirer des enseignements et de décider en connaissance de cause de la stratégie du nouveau gouvernement attendu dans les jours à venir. Le diagnostic est posé et des solutions sont proposées. Et ce travail est réalisé avec l'assistance de la Banque mondiale, une institution dont le mandat consiste à lutter contre la pauvreté. Il y a matière à inspirer nos décideurs politiques. L'on ne peut pas espérer mieux.

Didier Munsala buakasa

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