25.04.12 Le Potentiel – Cinq questions à Paul Augustin Madimba
1. Un technocrate vient dêtre nommé à la tête du gouvernement. Quen dites-vous?
Un technocrate oui, cest très bien. Je pense quil y a une réalité, cest quà lheure actuelle les Congolais nattendent pas la technocratie, mais plutôt la concrétisation des promesses faites par les autorités. Ce qui est important et notre souhait est que le Premier ministre soit à même de résoudre les problèmes sociaux. Cest un défi majeur. Il devra par la suite voir comment relancer effectivement la coopération. Lamélioration du climat des affaires est aussi importante, dans la mesure où elle pourra permettre de bénéficier des investissements. Et cela sera profitable pour réduire, tant soit peu, le chômage qui bat son plein en RDC.
2. Pensez-vous que le Premier ministre Matata aura la tâche facile ?
La tâche du Premier ministre nest pas si facile que ça. Le Congo, disons-le, se trouve encore dans un gouffre. Cependant, il y a des chances que si tout est fait dans lintérêt général de la nation, de vite sortir de ce gouffre pour se remettre à lespace plat, et ainsi envisager un quelconque décollage. Cest comme une personne atteinte de la septicémie, il faut un peu plus de temps pour des soins appropriés. Depuis un bout de temps, les Congolais ont pris patience pour observer lévolution de la situation. Rappelez-vous, depuis 2010, on a parlé de lannulation de la dette du pays. Cest maintenant que tous les Congolais attendent voir les effets de cette annulation, et cest à cela que le gouvernement doit semployer.
3. La nomination de Matata répond-elle à la volonté extérieure ?
Les pays dAfrique ont toujours des pions qui oeuvrent au profit des puissances internationales. Nous espérons que ce ne soit pas le cas avec Matata Ponyo pour les institutions de Bretton Woods. Dans lhypothèse que sa nomination réponde à la volonté de ces institutions. Ce qui va nous intéresser ne serait que laptitude de son gouvernement à répondre aux minima des attentes des Congolais. Les conditions de vie, de transport, leau et lélectricité… On peut tout faire pour plaire à la communauté internationale, mais quand le peuple se décide autrement tout sarrête. Les exemples sont légions…
4. Quest-ce qui explique, selon vous, le choix de Matata ?
Je crois que le choix du Premier ministre actuel peut sexpliquer. Le concerné a pris part au mandat précédent. Il a participé à plusieurs forums économiques, en représentant le pays. Il a évolué dans le secteur bancaire, sans compter son passage au BECCO. Il est parmi les acteurs principaux du processus qui a conduit à lannulation de la dette extérieure. Dans la logique, il fallait prendre quelquun qui est resté dans ce rouage, pour voir comment actionner les choses par rapport à lavenir. Il dispose datouts nécessaires pour faire un bon mandat, sil peut être à labri des influences politiques.
5. Peut-on sattendre à un gouvernement douverture ?
Le président de la République devra tenir parole sur louverture annoncée lors de son investiture. A mon avis, il ne sera pas question de prendre les partis dOpposition, mais je pense, au-delà des partis, il y a des individus compétents au sein de lOpposition qui peuvent aussi servir la nation et le peuple. Vous savez que nous sommes habitués, depuis un certain temps, à ne voir que des politiques occuper des postes ministériels. Je pense quil est temps quon nous présente des personnes soucieuses du pays, plutôt que de politiciens soucieux de faire la volonté des partis pour lesquels ils ont eu le quota de participer au gouvernement. Une chose est vraie, le président de la République, cette fois-ci, naura pas de contraintes dalliance comme en 2006. Il pourra être seul décideur, et surtout décider à temps en faveur du peuple. Matata ne formera pas un gouvernement dalliance comme celui de 2006. Il a ainsi toutes les chances davoir autour de lui une équipe réellement homogène.
Propos recueillis par Pitshou Mulumba
(*) Curé de la paroisse Notre-Dame de Grâce