07.06.12 Le Potentiel – Budget 2012 : 8 milliards USD pour quelles priorités ?

Le projet du budget de la République démocratique du Congo pour l’exercice 2012 est arrêté en équilibre à 8 milliards USD dans le projet adopté en Conseil des ministres réuni en séance extraordinaire mardi 5 juin à Kinshasa, sous la présidence du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Sauf imprévu, il devrait être déposé ce jeudi à l’Assemblée nationale.<br><br>«Dans quelques semaines, votre gouvernement sera de retour dans cette salle pour présenter le budget 2012, et à cette occasion, vous aurez le privilège de trouver l’évaluation chiffrée des premières actions figurant dans le programme et prévues dans le très court terme», avait promis le mercredi 9 mai le Premier ministre Augustin Matata Ponyo, après l’adoption de son programme quinquennal (2012-2016) par les députés dans la salle des Congrès du Palais du peuple.

A six mois de la fin de l’année, il va se poser logiquement un problème de classification des priorités, dont la première est naturellement la pacification des provinces de l’Est.

En effet, «toute l’œuvre de la reconstruction nationale que le peuple congolais a contribué à rendre réalisable, sous le leadership du président de la République, chef de l’Etat, ne serait qu’un château de sable si elle ne reposait pas sur la sécurité publique et la paix à nos frontières, et sur l’étendue du territoire national. Et le gouvernement ne peut donc en rester indifférent», a affirmé le Premier ministre.

Ensuite, le gouvernement devra choisir entre la résolution en urgence des revendications des fonctionnaires et agents de l’Etat (médecins, infirmiers, magistrats, enseignants, etc.), compte tenu des engagements du gouvernement sortant, et l’exécution de la Révolution de la modernité, s’inscrivant dans la continuité du programme des cinq chantiers.

RESULTATS CONTRE CORRUPTION

Du point de vue du gouvernement, le budget 2012 est «un outil de la démocratie dans le sens qu’il permettra à la population de savoir combien le gouvernement dépense et combien il affecte dans tel ou tel domaine».

Selon le vice-Premier ministre en charge du Budget, Daniel Mukoko Samba, «il sera celui des résultats et non des moyens» et le gouvernement s’est engagé à payer dans les délais ses engagements qu’il aura pris concernant la contrepartie.

Mais, peut-on s’attendre à des «résultats» probants lorsque des institutions et l’administration publique sont gangrenées par les antivaleurs, notamment la corruption, dans un climat des affaires délétère ?

Quel crédit les Congolais peuvent-ils accorder aux affirmations selon lesquelles «des audits des systèmes vont être lancés», «l’administration du Budget sera réformée», quand bien même le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) se dit disposé à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de son programme ?

Entre-temps, la RDC se caractérise par les importations massives des produits alimentaires au détriment de la production locale, la modicité (moins de 1%) du budget alloué à l’Agriculture et la défectuosité des routes de desserte agricole entravant l’évacuation des produits agricoles vers les centres de consommation.

En outre, à peine 11,3 millions d’hectares étaient cultivés sur 80 millions de terres arables. En cause, les conflits fonciers récurrents, l’expropriation des terres de paysans, l’absence de lois sur la semence, l’élevage et sur la pêche, la mauvaise affectation des lots de 750 et de 1 500 tracteurs sans pièces de rechange et politique de maintenance, les coûts des services (150 à 180 USD par hectare et par opération) qui n’étaient pas toujours à la portée des paysans.

Le gouvernement a-t-il les moyens conséquents pour focaliser tous les efforts sur l’industrialisation agricole, promouvoir l’agriculture familiale et remettre en état les 1 798 plantations abandonnées ?

Selon des analystes, «certains services sont mieux servis et dépensent au-delà des crédits leur alloués pendant que d’autres sont ignorés, des écarts énormes sont constatés dans la répartition des enveloppes budgétaires entre ministères, administrations, institutions publiques et politiques».

Ils en déduisent que «l’activité budgétaire est prise en otage par les experts et les responsables politiques», mettant ainsi à mal la transparence dans la gestion du budget.

C’est donc avec grand intérêt que l’on va suivre les chiffres du projet du budget 2012, s’agissant surtout des revendications des enseignants (30% au secteur de l’éducation) ainsi que celles (salariales) des agents et fonctionnaires de l’Etat (médecins, infirmiers, magistrats, enseignants, etc.).

Par Angelo Mobateli

© Le Potentiel 2005

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