21 06 12 Le Potentiel – Cinq questions à Francine Mikanda Abuabandi (*)

1. Depuis quand travaillez-vous à la
DGI et, en tant que femme, quelles sont les difficultés que vous
rencontrez dans l’exercice de vos fonctions ?

C’est depuis 1989 que je travaille au sein de la Direction générale
des impôts (DGI). Je viens donc de totaliser à ce jour 23 ans de service
dans cette régie financière de l’Etat. Au fil des années, j’ai franchi
les étapes jusqu’au grade d’Attaché de bureau de première classe.
Actuellement, je suis secrétaire de direction. Quant au second volet de
votre question, je dirais que, en tant que femme et épouse, l’une des
grandes difficultés, c’est l’emploi de temps. Il n’est pas toujours
facile de concilier les travaux ménagers avec l’horaire du travail ici.
Parfois on quitte le bureau très tard et fatigué. Heureusement, on
s’organise avec le mari et les enfants ; ils me comprennent et
m’acceptent avec mes horaires.

2. Comment votre entreprise a-t-elle apprécié l’instauration
de la TVA, et comment la population congolaise a-t-elle accueilli cette
nouvelle taxe ?

Nous apprécions la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) parce que grâce à
ce nouvel impôt nous avons enregistré des recettes conséquentes. En
dépit du fait que beaucoup de gens croyaient que la TVA venait pour
majorer les prix sur le marché. Nous réitérons ici ce que nous avons
toujours dit dès le lancement de cette taxe : la TVA est venue pour
améliorer les recettes à la DGI et renflouer l’assiette fiscale de
l’Etat. Ceux qui continuent de dire que la TVA a augmenté les prix des
produits sur le marché sont animés d’une mauvaise foi ou, simplement,
ils ne comprennent pas le rôle de cette nouvelle taxe. La TVA n’est pas
pour majorer le prix au marché. Au contraire, elle est venue remettre
les choses en ordre.

3. Lancée depuis le 1er janvier, quel est le bilan à mi-parcours et quels sont les opérateurs économiques assujettis à la TVA ?

Notre bilan ne peut être que positif parce qu’on arrive déjà à
réaliser de grandes recettes escomptées. Vous savez qu’avec l’ICA (Impôt
sur le chiffre d’affaire), on déplorait beaucoup de cas de fraude et de
magouille. Les assujettis s’arrangeaient pour baisser des comptes et
déclarer de faux chiffres. Maintenant, ce sont les populations qui
payent directement la taxe, en achetant un article ou un service. On
peut donc constater une éradication sensible de la fraude et de la
corruption. Quant aux opérateurs économiques concernés par la TVA, ce
sont ceux qui ont au moins 80 000 000 de francs congolais comme chiffre
d’affaire. Là-dessus, il n’y a pas d’inquiétude puisqu’une campagne de
sensibilisation avait déjà préparé tous ces opérateurs économiques.
Qu’ils soient du secteur public ou du privé, ils sont tous bien
répertoriés. Dans l’ensemble, ça se passe bien au cours de ces six
premiers mois.

4. Quels sont les mécanismes mis en place par la Direction
générale des impôts pour éviter la corruption et la fraude dans la
perception de cette taxe ?

La Direction générale des impôts a mis à disposition des guichets
pour éviter la corruption et la fraude. La méthode utilisée actuellement
permet de moins en moins le recours à de vielles pratiques de
corruption. C’est que, pour la perception, au lieu que l’agent aille
vers le contribuable, c’est le contribuable qui se dirige lui-même vers
les guichets. Ces agents ont été bien formés par la DGI pour être à la
hauteur de leur tâche. Toutefois, en cas de moindre indice de fraude ou
de corruption, la loi prévoit des sanctions et pour le corrupteur et
pour le corrompu.

5. En RDC, le taux des femmes qui travaillent est inférieur à
la moyenne. Quel conseil pouvez-vous prodiguer aux jeunes filles qui
veulent devenir comme vous ?

D’abord, les filles doivent bien étudier si elles sont au niveau du
secondaire. Il faut qu’elles s’appliquent à ce qu’elles font et obtenir
un diplôme d’Etat. Ensuite, elles doivent s’arranger pour embrasser les
études universitaires et choisir une faculté de leur choix.
Moi, j’ai suivi la formation de secrétaire de direction parce que
j’avais la volonté et j’aimais les études. Comme on dit, lorsqu’on aime
quelque chose, on le fait bien ; et si on le fait bien, on y met tout
son cœur.

Si aujourd’hui je me retrouve, ce sont les études qui m’ont
rendue une femme de valeur. Il n’y a pas quatre façons de gagner sa vie
que de s’imposer une discipline personnelle.

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