22 06 12 Le Potentiel – Cinq questions à Peter Moors

 

1.La Belgique n’a jamais respecté la norme édictée par les
Nations unies d’accorder 0,7% du revenu national brut à la coopération.
Le niveau de l’aide publique au développement a même baissé en 2011.
Pourquoi?

Seuls cinq pays au monde ont atteint cet objectif
de 0,7% qui date d’une quarantaine d’années. Cent quatre vingt cinq pays
ne respectent pas cette norme et la Belgique en fait partie. Nous avons
systématiquement augmenté notre budget depuis cinq ans, pour arriver à
0,64% en 2010, avant de tomber à 0,53% en 2011. Cette diminution
s’explique notamment par l’absence d’opérations d’envergure en matière
d’allègement de la dette comme ce fut le cas pour la RD Congo en 2010.
L’autre raison de cette diminution est liée à la situation budgétaire
tendue en Belgique comme dans d’autres pays de l’Union européenne. Je
veux quand même dire que lorsque j’ai pris les rênes de la DGCD en 2007,
le budget de la coopération était de 730 millions d’euros, et il a
doublé depuis lors.

2.Quelles sont vos prévisions pour 2012? Et
quels sont vos critères dans le choix des pays partenaires en matière de
coopération au développement?

Tout dépendra de l’évolution du contexte budgétaire. Le gouvernement a
indiqué qu’il ne renoncera pas à l’augmentation des budgets de
coopération pour atteindre les 0,7%, mais dans le contexte actuel de
crise budgétaire et financière, nous devrons probablement marquer le pas
pour quelques années. Quant aux critères, le premier est celui de la
continuité, le deuxième critère étant celui de la concentration
géographique – avec une forte proportion en Afrique – afin d’augmenter
l’impact de l’aide et d’éviter l’éparpillement de nos budgets. Au début
des années 1990, la Belgique avait une quarantaine de pays partenaires
et aujourd’hui nous n’en avons plus que dix-huit.

3.

La Belgique conditionne-t-elle son aide à la démocratie, au respect des droits humains?

Tous les pays membres de l’OCDE le font. Nous défendons un modèle
démocratique et il est donc important de mettre en avant ces valeurs-là.
Nous avons innové en Belgique avec un mécanisme de tranches
incitatives. Nous convenons d’un programme sur quatre ans avec un budget
donné avec un pays partenaire. Et d’un autre côté, nous tablons sur
quelques critères en matière de transparence du processus électoral, de
respect des droits de l’Homme, du climat des affaires, etc. Nous faisons
ensuite une évaluation à mi-parcours, en disant à nos partenaires: «Si
ces critères sont respectés, nous pouvons augmenter l’enveloppe initiale
par une tranche incitative».

4.

La République démocratique du Congo est le premier
partenaire et principal bénéficiaire de l’APD belge. Etes-vous satisfait
de l’utilisation de cette aide?

Nous avons subi du retard dans l’exécution du programme actuel en
partie parce que nous cherchons une nouvelle modalité de gestion de
cette aide à la demande de la partie congolaise. Nous essayons
d’utiliser au maximum les systèmes nationaux qui n’existent pas toujours
ou qui ne sont pas toujours très efficaces. Nous devons donc d’abord
les renforcer, d’où ce retard. Je crois cependant qu’il vaut mieux créer
de bonnes bases pour avancer dans la gestion de l’aide.

5. Dans quels secteurs la Belgique injecte-t-elle le plus
d’argent en RDC? Au regard de vos critères en matière de démocratie, la
RDC devrait-elle voir son aide augmentée ou diminuée?

Nous intervenons principalement dans la formation professionnelle,
l’agriculture et les infrastructures dans le sens du désenclavement
rural. Ce sont les trois secteurs que nous avons identifiés à la demande
de la partie congolaise. Quant à l’avenir de l’aide, nous avons convenu
avec les autorités congolaises de faire une évaluation de ces critères à
mi-parcours au cours de la première moitié de 2013. Je pense donc qu’il
est prématuré de prendre une position sur la question.

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