09 07 12 Le Potentiel – Cinq questions à Espoir Majagira Bulangalire
1. Quelle analyse faites-vous du projet de budget 2012 ?
Une analyse sommaire sans critiques négatives du projet de budget
2012 relève que le poste le plus important est celui de ladministration
centrale qui, à lui seul, représente près du tiers du budget. En
dautres termes, les rémunérations de plus au moins un millier de
Congolais sadjugent le tiers de la production nationale. Alors quà la
lecture du budget, plus de 99,9% de la population essaient de se
retrouver dans le reste. Ceci est simplement scandaleux. Je sais la
foudre que cela produira même au niveau de mes collègues députés. Mais
laissez-moi vous donner mes orientations et esquisser avec vous des
possibilités de sortie.
2. Après cette analyse, quel constat se dégage-t-il de ce projet ?
Il nous faut constater : 1. la petitesse du budget qui nest pas à la
hauteur du fonctionnement réel de lEtat. Je ne crois pas que lEtat
congolais fonctionne avec 7 milliards de dollars. Il faut absolument
débusquer les invisibles et les intégrer dans le budget.
2. Lopacité des taxes : je crois que la clarté des taxes et la
possibilité donnée aux contribuables daccéder à un paiement direct
permettrait de recouvrer des fonds auxquels lEtat naccède pas.
Deux ou trois exemples pour illustrer ces propos. Qui sait le montant
exact de son impôt foncier, sur ses revenus ou sur ses bénéfices.
Lécart entre la quittance de lEtat octroyée par rapport au montant
payé après négociation traduit le manque à gagner pour le Trésor public.
Acquitté sans intermédiaire, il quadruplerait les recettes actuelles.
Concrètement, une maison enregistrée pour 250 USD paie en vérité plus de
1 500 USD. LEtat, en recouvrant par une affectation transparente et
claire les 1 500 USD réellement payés, sans offusquer son contribuable
(qui a perdu du temps à faire baisser des 15 000 annoncés à 1 500 payés
enfin dobtenir une quittance de 250), ferait dune pierre pas deux mais
trois coups : réduction du personnel et de consommation de papiers. Et
plus, il y gagnerait en quadruplant les entrées dans ses caisses.
En dautres termes, le budget, par un réalisme aussi simple, peut être
multiplié par quatre. Il collerait alors à la réalité et du coup
répondrait aux attentes.
3. Linjustice de la répartition : je ne crois pas soutenable de
maintenir de très gros traitements à la tête de lEtat, en maintenant la
majorité de la population dans la misère et espérer en retour la
participation active dun plus grand nombre au relèvement du pays.
3. Face à ce constat, quelles propositions concrètes pour corriger ce projet de loi budgétaire déjà adopté par le Parlement ?
Dabord, je dois vous dire que ce nest pas parce quil est adopté
par le parlement que ce projet de loi de budget est forcément bon.
Concrètement, voici en résumé ma proposition que je suis prêt à
défendre et den démontrer les possibilités de réalisation.
1. Par un mécanisme simple de suppression et dintégration des
invisibles à tous les niveaux, le budget doit être multiplié par quatre
(4) pour faire face au besoin réel du pays en limitant, pour exemple,
lenrichissement personnel de ceux qui sont censés servir lEtat et le
peuple. Il faut pour cela une fiscalité affichée et juste. Connue et
indiscutable, elle permettrait à chacun de connaître ce quil doit à
lEtat afin de payer en toute transparence et sérénité. Ce qui aura
comme avantage de rétablir la confiance. Cest dans lexagération des
taxes par les agents quil faut chercher les vraies raisons de la
corruption. Il nous faut mettre fin à la pratique des invisibles à tous
les niveaux.
Savez-vous par exemple quune entreprise de lEtat comme la Sonas
propose en grand pourcentage de ses ventes la responsabilité civile,
cest-à-dire lassurance minimum pour des raisons essentiellement
dinformation. Celui qui est assuré pour tiers nest en réalité pas
assuré pour lui-même. Donner cette information changerait, jen suis le
choix de cette catégorie dassuré et augmenterait sa production.
2. Dans une logique damélioration du bien-être des Congolais et de
lamélioration de leur participation à la construction du Congo, il est
urgent dagir et de penser autrement : la répartition de la richesse
devrait tenir compte de véritables acteurs de productivité et de
services. Je pense ici aux enseignants, aux services de santé et aux
services de sécurité (armées, polices et renseignements).
3. La protection de la nature et la promotion de lagriculture
biologique ainsi que la promotion du tourisme devraient retenir une
attention particulière.
4. A quoi ressemble un budget quatre fois plus important que celui examiné par le Parlement ?
Tenant compte de ces réalités, on aurait alors une proposition à peu
près équivalente à ce tableau pour un budget 4 fois plus important.
Je vous assure, il ne sagit là ni dun rêve ni dune fiction mais
simplement dune diminution de linformel à travers une intégration
réelle dans le formel liée à une information claire ; résultat dune
politique plus transparente et au profit du plus grand nombre.
Voici le détail pour une claire modification du budget qui serait en
proportion de 28 milliards USD, soit près de 28 000 000 000 000 de
francs congolais seraient alors reparties de la manière suivante : 30%
pour la défense, larmée ; 20% pour léconomie et lagriculture ; 15%
pour lenseignement ; 15% pour la santé ; 10% pour ladministration
centrale ; 5% pour la culture ; 4% pour la protection sociale. Pour une
meilleure lisibilité, on reprend les rubriques annoncées. Un projet
ainsi orienté, sans revenir aux avantages acquis, permettrait de
soulager le bas de léchelle en faisant des acteurs principaux de vrais
serviteurs de lEtat.
5. A Quelles ambitions et attentes répond un tel budget ?
Un tel budget affiche lambition de lEtat et annonce clairement ses
priorités. Il a lavantage dêtre lisible et compréhensible. Sans cela,
aucun progrès ne peut être attendu réellement des agents clochardisés de
lEtat et sans eux, aucun Etat nest viable. Evidemment pour y
parvenir, il faut non pas un changement de mentalité ou détablissement
dun nouveau citoyen (ces slogans à la mode sans fond) mais plutôt comme
partout la protection des intérêts individuels bien expliqués. De cette
façon, trois attentes seront affichées : – faire en sorte que le
salaire minimum réclamé aux privés, il est de 100 USD, soit
effectivement en application dabord par le premier concerné, lEtat
lui-même ; augmenter le pouvoir dachat des fonctionnaires par un
salaire décent, cest là le moyen réel de faire du nouveau ; mettre en
place des mesures dapplication simples qui permettent à chacun
daccéder au Trésor public sans détours.