Assises du secteur privé … (Telecom et mines) Deux interventions révélatrices de la situation du "Climat des affaires" …
Assises sur climat des affaires (Echo de la Bourse)
|
La RDC est
au plus bas dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale.
Kinshasa organise cette semaine ses « Assises sur lamélioration du climat des
affaires » pour tenter de redresser la barre.
Mais le
monde des affaires est sceptique sur la capacité du gouvernement à faire reculer
la corruption et le racket dentreprises. Une lueur despoir existe pourtant :
elle sappelle « Ohada ».
Les assises
sur lamélioration du climat des affaires se tiennent de lundi à mercredi à
Kinshasa. Alors que la corruption ne recule pas et que le risque politique
augmente, le cœur ny est pas.
FREDERIC
ROHART
Le climat des affaires au Congo, cest
comme un yo-yo en bout de course : quil gagne quelques place dans le classement
mondial ou quil en perde, il reste proche du plancher.
En
lespèce, la République démocratique a reculé cette année dans le classement de
la Banque mondiale : elle passe de la 176e à la 178e place dans le « Doing
Business » 2012, qui répertorie 183 pays. Pour tenter de redresser la barre, le
ministre congolais du Plan, Célestin Kanyamihigo, a convoqué cette semaine des «
Assises sur lamélioration du climat des affaires et des investissements ». un
événement de trois jours qui réunit des représentants dentreprises bien sûr,
mais également des diplomates et des fonctionnaires de la Banque mondiale. Mais
les investisseurs attendent peu de cette grand-messe.
Dernière minute
« On a dû
se battre pour se motiver à y aller », reconnaît Michel Losembe, président de
lAssemblée congolaise des Banques et vice-président de la Fédération des
entreprises du Congo (FEC). « Le secteur privé est dubitatif sur la capacité du
gouvernement à faire exécuter des mesures », résume-t-il. Les organisateurs ont
envoyé leur invitation une semaine avant lévénement, sans mettre en place le
moindre comité de préparation.
Mais au fond, tout le monde connaît les
points faibles du pays depuis longtemps : surimposition des rares sociétés
formelles, corruption, incompétence des administrations, etc. Michel Losembe
ajoute tout de même un couplet à la litanie : « LEtat [qui contrôle les plus
grandes entreprises du pays] paie de moins en moins ses factures », constate le
banquier – ce qui affaiblit encore un secteur privé déjà
exsangue. « On est
fatigués, avoue-t-il. On a limpression dêtre Don Quichotte contre les moulins
à vent ».
Philippe Croonenberghs, CEO de la société immobilière Texaf –
active en RDC mais cotée à Bruxelles – le constate aussi : « je nai jamais vu
le climat aussi négatif quaujourdhui. En ce moment, cest vraiment nimporte
quoi », tranche-t-il, prenant à témoin une filiale indirecte de Texaf qui sest
vue réclamer un impôt dix fois supérieur à son chiffre daffaires. « Tout se
règle, mais ils ont failli mettre la clé sous le paillasson !».
Un phare dans la nuit
Jérôme Roux,
lattaché économique et commercial de la Belgique à Kinshasa, insiste sur
limmensité du pays et la diversité des situations : des (petites) success
stories, il y en a jusque dans les Kivus. Mais lattaché constate aussi la
détérioration du climat : « Les élections ont créé une impression de division de
la société congolaise, et la légitimité du Président est remise en cause –
notamment par des défections au Kivu et au Kassaï. Lincertitude, ça nest pas
bon pour les affaires. » Jérôme Roux souligne néanmoins un point positif : en
septembre, la RDC deviendra officiellement membre de lOrganisation pour
lharmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). « Cela permettra à un
entrepreneur qui a un problème avec un tribunal congolais de faire appel devant
une juridiction internationale. Ça rendra les choses moins arbitraires.» Un
phare dans la nuit ? De son
côté, Michel Losembe tempère déjà : « LOhada va sans doute aider les tout gros
dossiers, les entreprises qui sont capables denvoyer un avocat à Abidjan [où
siège la Cour commune de Justice et dArbitrage]. » Le classement Doing Business
2013 dira si lOhada suffit à sortir le Congo du cercle vicieux.
Links: