20/10/12 /Le Potentiel – Pour la Directrice générale de lUnesco, le XIVème Sommet de Kinshasa est un symbole fort pour lAfrique
1.
Vous venez de participez au XIVe sommet de la Francophonie à Kinshasa.
Quel sens donnez-vous à ce sommet qui s'est tenu dans le plus grand pays
francophone au monde ?
Irina Bokova : C'est un symbole extrêmement fort pour
l'Afrique, qui est une priorité de l'Unesco. L'Afrique est comme un
miroir du monde : un immense potentiel face à d'immenses défis. Pour les
relever, nous devons construire des partenariats plus solides, et
renforcer le multilatéralisme. L'Organisation internationale de la
Francophonie (OIF) et l'Unesco offrent justement des plate- formes pour
élaborer ensemble ces politiques dont l'Afrique a besoin, notamment dans
le domaine de l'éducation. C'est le message que je suis venue délivrer.
2. Votre organisme promeut l'éducation, la science et la
culture, précisément dans les pays d'Afrique francophone. Comment
entendez-vous contribuer à la pérennisation de la langue française
supplantée par l'anglais ?
Le français est l'une des deux langues de travail de l'organisation et
l'une des six langues officielles. Nous mettons tout en œuvre pour
promouvoir l'usage du français, dans le travail quotidien et la
rédaction de nos documents. C'est une responsabilité partagée par tous
les États membres. La diversité linguistique est un élément essentiel de
la diversité culturelle et dans son action pour la promotion et la
défense de la diversité des expressions culturelles, l'Unesco met bien
évidemment l'accent sur la promotion et la défense de la diversité
linguistique. (…)
3. L'Unesco appuie les efforts du gouvernement congolais
dans plusieurs domaines. Peut-on connaître les axes prioritaires de
votre partenariat avec le pays ?
La priorité des priorités de l'Unesco est l'éducation de qualité pour
tous. L'Unesco appuie le Congo dans sa politique de formation du
personnel enseignant en soutenant l'École normale supérieure dans son
travail de formation (réhabilitation, renforcement des capacités du
personnel dans le cadre du LMD) et en accompagnant l'élaboration d'une
politique de formation des enseignants qui puisse répondre aux défis de
la modernisation et de l'industrialisation du pays.
L'initiative du président Denis Sassou N'Guesso de faire de 2013 l'année
de l'éducation de base et de la formation professionnelle, offre une
excellente opportunité pour renforcer nos liens dans ce domaine. Nous
sommes également très investis dans la formation à l'éducation inclusive
et dans l'éducation à la lutte contre le VIH/sida, au Congo et dans
toute la sous- région.
L'Unesco intervient pour le renforcement des capacités culturelles, en
particulier pour la ratification des Conventions de l'Unesco et la
protection du très riche patrimoine culturel et naturel du pays. Le
soutien au développement des industries culturelles est un aspect
essentiel de notre travail, et je pense à l'appui de l'Unesco au
Festival panafricain de la musique (Fespam). (…)
4. Certains pays d'Afrique, dont le Congo, connaissent un
retard dans l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la
communication. Envisagez-vous des programmes liés au développement de
ce secteur en milieu éducatif ?
C'est un point essentiel : le développement de la nouvelle économie de
la connaissance appelle les États qui cherchent des solutions de
croissance durable à resserrer leurs liens avec les réseaux de partage
des savoirs et à rejoindre rapidement les autoroutes de l'information.
Cette exigence est vitale pour l'Afrique et l'Unesco a développé toute
une batterie d'outils pour favoriser l'accès aux nouvelles technologies
dans les écoles et dans l'éducation (cadres de compétences pour les
enseignants, utilisation des téléphones portables pour l'éducation).
L'Unesco est également membre fondatrice de la Commission pour le
développement digital, qui vise à encourager les politiques publiques de
diffusion du haut débit. (…)
5. Le Congo a vu s'inscrire, en juillet dernier, le complexe
forestier tri national de la Sangha sur la liste prestigieuse du
patrimoine mondial de l'Unesco. Quelles peuvent-être les retombées pour
le Congo à la suite de cette inscription ?
Permettez-moi de féliciter le Congo pour cette inscription, qui
représente à la fois, la reconnaissance d'un patrimoine naturel d'une
valeur universelle exceptionnelle, mais aussi la reconnaissance de
l'engagement du pays pour la coopération internationale, avec le
Cameroun et la République centrafricaine. Cette inscription reconnaît
également l'engagement du Congo comme chef de file pour la préservation
du patrimoine naturel et pour la gestion durable des aires protégées du
continent.
Cette inscription va ouvrir de nouvelles perspectives pour le Congo dans
le domaine de l'écotourisme, elle va permettre de mieux intégrer le
pays aux réseaux d'échanges internationaux et de recherche scientifique,
de monter des partenariats d'excellence dans ce domaine. Comme vous le
savez, l'Unesco encourage l'utilisation des sites du patrimoine comme
laboratoire du développement durable. Les dossiers transfrontaliers sont
des dossiers souvent complexes, et qui vont se développer à l'avenir
car dans un monde interconnecté, nous avons besoin de ces projets montés
à plusieurs. (…)