28/11/2012 RFI – Jean-Marie Runiga «Goma sera administrée politiquement et administrativement par le M23»

RFI : Est-ce que vous êtes prêt à vous retirer de la ville de Goma
?

 

Jean-Marie Runiga : Notre retrait de la
ville de Goma ne constitue aucun problème. En même temps que nous nous retirons
de Goma, il doit y avoir des actes de bonne volonté, avant que les négociations
proprement dites ne se fassent.

Premièrement, nous
exigeons la levée immédiate et sans conditions de la privation des libertés
imposées à Etienne Tshisekedi.

Deuxièmement, nous
demandons la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers
politiques et d’opinion, comme l'archevêque Kutino, Moka, et les autres.

Nous demandons aussi
l’arrestation du général Numbi, dans l’affaire de Floribert Chebeya.

Nous demandons aussi
qu’une commission d’enquête indépendante sur la tentative d’assassinat du
docteur Denis Mukwege puisse être faite.

Nous demandons
l’enquête indépendante sur le massacre des adeptes de Bundu-dia-Kongo.

Et puis, du fait que
les élections ne se soient pas bien passées, il faut la dissolution immédiate
de la Céni et la
poursuite contre les membres de son bureau pour violation de la loi électorale
et de la Constitution.

Nous demandons aussi
la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour identifier les
acteurs étatiques dans les réseaux de ventes d’armes.

Enfin, nous
demandons qu’il y ait un cessez-le-feu immédiat, et que le calendrier des
négociations entre le M23, l’opposition politique, la diaspora, la société
civile et le président Kabila, puisse se faire au plus tôt.

 

Quand vous demandez la liberté de mouvement pour Etienne
Tshisekedi, est-ce que ça veut dire que vous avez consulté l’UDPS (Union pour
la démocratie et le progrès social) avant de formuler cette demande ?

 

On n’a pas besoin de
consulter l’UDPS. Nous considérons qu'Etienne Tshisekedi est un citoyen
congolais emblématique, et sa liberté fait partie de tout ce qu’un Congolais
doit demander.

 

Et quand vous demandez la dissolution de la Céni (Commission électorale
nationale indépendante), est-ce que ça veut dire que vous avez parlé avec
plusieurs partis de l’opposition civile ?

 

Ça a été toujours la
revendication de tout le monde ! Vous savez comment les élections de novembre
2011 se sont passées. L’Union européenne, le centre Carter, la Cenco, qui est la Conférence épiscopale
du Congo, ont reconnu qu’il y avait eu des fraudes et que les élections étaient
truquées.

 

Est-ce que vous seriez prêt à quitter Goma, avant que ces huit
conditions soient remplies ?

 

J’ai beaucoup de
respect envers les chefs d’Etat de la région. Je considère que les sages
conseils ne peuvent pas passer en vain. Il n’y a aucun problème.

 

Donc, vous êtes prêt à quitter Goma dans les jours qui viennent ?

 

L’armée du M23
pourrait se retirer, à condition que Kinshasa cesse de menacer la population de
Goma et ses environs. Parce que si les FARDC (Forces armées de la République démocratique
du Congo) nous attaquent – comme le général Odinga l’a dit hier sur votre
chaîne – les forces du M23 se réservent le droit de se défendre et de
poursuivre l’ennemi, jusqu’à le mettre hors d’état de nuire.

 

Le chef militaire du M23, Sultani Makenga, s’engage à retirer vos
troupes sans aucune condition demain midi jeudi 29 novembre, comme le stipule
l’accord issu du sommet de Kampala. Est-ce que vous confirmez ?

 

Il n’y a pas de
contradiction entre moi et le général Makenga.

 

Donc, vous confirmez : d’ici jeudi midi ?

 

Oui. En même temps
que les conditions que j’ai posées sont en train d’être examinées, nous restons
respectueux des résolutions qui ont été prises par les sages de la région.
D’ailleurs, dans notre conception, les militaires ne doivent pas rester dans la
ville. C’est la police qui doit garder la population. Nous ne trouvons aucun
problème à se retirer, pourvu que les FARDC en coalition avec les FDLR (Forces
démocratiques de libération du Rwanda), ne viennent pas massacrer la population
de la ville de Goma, qui nous a accueillis à bras ouverts et avec joie. Alors
nous, nous disons : retrait oui, mais la protection de la population doit être
assurée.

 

Si vous vous retirez de Goma, est-ce que les FARDC pourront y
revenir ?

 

Vous savez que nous
avons l’expérience. Nous nous étions retirés à un certain moment, de Rutshuru
et de Kiwanja. Quelques jours après, les FARDC sont entrées et ont tué les
gens.

 

Autrement dit, si vous vous retirez de la ville de Goma, vous
souhaitez que les FARDC n'y reviennent pas ?

 

Parfaitement.

 

Et dans cette hypothèse, qui administrera la ville de Goma ?

 

Selon la résolution
de la CIRGL
(Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), elle sera
administrée politiquement et administrativement par le M23. Militairement, nos
troupes vont se retirer. Il y aura une partie de l’aéroport où il y aura
quelques forces de la Monusco,
des FARDC et du M23, comme prévu dans la résolution.

 

Est-ce que ça veut dire que vous resterez aux alentours de la
ville de Goma ?

 

Ce n’est pas moi qui le dis. C’est la résolution qui dit que nous
devons retirer nos troupes à vingt kilomètres de la ville de Goma

 

 

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