03.07.13 Le Potentiel – La décentralisation ou l’ombre de l’implosion de la RDC

Les pièges se multiplient

L’échafaudage
des théories erronées se multiplie en Occident sur l’avenir de la
République démocratique du Congo comme Etat dans ses 2.345.000 km².
Chacun y va de son analyse, changeant constamment d’approche, en y
ajoutant des subtiles améliorations en vue d’aboutir à une seule
finalité : l’implosion de la RDC. Le processus d’une décentralisation
soutenue à bras-le-corps par des partenaires au développement rentre
dans cette stratégie. Les pièges étant tendus de partout, une vigilance
tous azimuts s’impose ! Seul le peuple, mobilisé et déterminé, peut
déjouer ces pièges du malin.

La théorie visant le dépeçage de la
République démocratique du Congo en plusieurs Etats-nains a pris du
chemin. La résistance de l’opinion congolaise face à cette poussée a
découragé les initiateurs de cette théorie. Désormais, ils battent en
brèche, recherchant à obtenir les mêmes résultats avec de nouvelles
subtilités. Déjà, les mêmes personnes déclarent, urbi et orbi, que «
Nous devons admettre que la République démocratique du Congo n’existe
plus ».

La thèse, longtemps véhiculée dans les
milieux scientifiques occidentaux, ne porte plus. Le somnifère
administré par l’Occident visant l’implosion de la RDC a perdu de son
efficacité. La pression de l’opinion publique congolaise a eu raison des
prédictions des think tank occidentaux qui travaillent encore sur le
sujet. Mais, ce n’est pas pour autant que les tenants de cette thèse ont
désarmé. Bien au contraire,  ils ont redoublé d’ardeur en imaginant
d’autres concepts. La nouvelle trouvaille s’appelle la décentralisation ;
concept défini dans la Constitution taillée sur mesure de 2006.

Au départ, il était prévu que la RDC
passe, avec les élections générales de 2006, de 11 à 26 provinces. Les
scenarii étaient clairement imaginés dans les boites à idées de
l’Occident pour réussir cette mutation. Mais, c’était sans compter avec
les réalités du terrain. « Chassez le naturel, il revient au galop »,
rappelle un adage. Finalement, le naturel a pris le dessus sur ce projet
qui n’avait pour seul objectif que le démantèlement de la RDC.

Aujourd’hui, le projet paraît plus que
chimérique. Même si à Kinshasa, on y croit encore. Pourtant, des
analyses et des études bien documentées sont arrivées à la conclusion
qu’il était impossible dans la situation actuelle de la RDC de passer à
la décentralisation, alors que l’Etat congolais peine à asseoir son
autorité sur l’ensemble du pays. « Comment concevoir une
décentralisation en présence d’un vide étatique »,  a fait remarquer un
politologue.

LA THEORIE DE J. PETER PHAM

J. Peter Pham, chroniqueur dans New-York
Times, est de ceux qui pensent que la solution pour sauver la RDC est
d’en précipiter l’implosion. Dans un forum publié dans le célèbre
journal américain sous le titre : « To save Congo, Let it Fall Apart
(Pour sauver la RDC, implosons-la) », l’Américain développe sa pensée
qui a fini par trouver écho  dans certains milieux occidentaux.

L’un des thèmes constamment vantés par
les auteurs de ces théories, à l’instar de J. Peter Pham, est que le
Congo est trop grand et que les dirigeants congolais sont trop
incompétents pour gouverner le pays. Dans le même temps, ces auteurs
imaginent que les dirigeants congolais ne veulent pas appliquer les
règles de gouvernance appropriées. Comme Pham, ils suggèrent que briser
le pays en morceaux est un moyen d’alléger la charge pesant sur les
Nations unies et la communauté internationale qui tentent d’éveiller cet
« éléphant ivre ».

Certains auteurs se sont donc saisis de
cette théorie  en développant une ligne de pensées où transparaît une
inversion complète de la théorie typique de la science politique. Ils
suggèrent une chose plus que fondamentale pour eux : la décentralisation
de la RDC doit se passer maintenant, à un moment où l’Etat a du mal à
garantir son autorité sur l’ensemble du pays. Dans le cas actuel de la
RDC, il n’existe pas de forces de défense, aucune administration
sérieuse est présente dans l’ensemble du pays. Une telle proposition
revient à plaider pour la théorie de l’implosion ; seule voie idéale,
pour l’Occident, de « sauver le Congo ».

Stigmatisant justement l’incompétence et
l’irresponsabilité du gouvernement à garantir le fonctionnement normal
de l’Etat congolais, la création d’un Congo décentralisé est tout
simplement hypocrite. Car, un Etat décentralisé, efficace, nécessite par
conséquent l’appui d’un gouvernement central efficace, une force de
défense forte et une police bien organisée. Le gouvernement efficace est
le postulat pour une décentralisation réussie, tous les autres sont des
corollaires.

Essayer de faire autrement, comme c’est
le cas de la décentralisation prématurée prônée par l’Occident, c’est
condamner l’ensemble du pays à la perdition. C’est l’objectif visé par
ceux qui soutiennent depuis 2006 la thèse de la décentralisation. La
décentralisation n’est qu’un objectif apparent. Le but ultime est
l’implosion de la RDC – la décentralisation n’étant qu’une des étapes de
ce processus. La décentralisation ne doit pas devenir le nouvel avatar
pour « sauver le Congo », comme le fait croire la Communauté
internationale. Avec la décentralisation, l’Occident crée
malheureusement un autre scénario où le peuple congolais sera une fois
de plus le seul à être blâmé lorsque les conséquences d’un plan mal
conçu se matérialiseront.

La RDC existe par la volonté du peuple
du Congo. Il est assez probable que la voie de la décentralisation
proposée par la communauté internationale puisse créer une structure
étatique plus coûteuse et dangereuse que celle existant actuellement. Le
peuple doit donc se mobiliser pour barrer la route à ce projet,
hautement suicidaire pour la RDC dans le format hérité de la
colonisation.

La communauté internationale a intérêt à
se démarquer de ses clichés négatifs qu’elle s’est fait sur la RDC. La
seule solution au problème de la RDC est d’accepter de changer de cap et
d’écouter les voix de la raison du peuple congolais. Les Congolais
connaissent mieux les solutions aux problèmes auxquels ils sont
confrontés et ils ont besoin d’une véritable aide de la communauté
internationale. Et non d’une solution qui n’apporte que malheur et
désolation.

Contrairement à la théorie développée
par J. Peter Pham, Jeffrey Herbst, Greg Mills et d’autres théoriciens de
la théorie de condamnation de la RDC et relayée par une couche
d’intellectuels africains de la race de ceux réunis au sein de Pole
Institute, le démantèlement de la RDC apporterait des ravages dans tout
le continent. La catastrophe sociologique qui s’ensuivrait est presque
marginalisée. La rupture de l’équilibre que suscite la RDC dans la
région et le continent générerait des vagues de pandémonium partout sur
le continent ; ce qui serait très difficile à contrôler par la suite.

UNE STRATEGIE QUI NE PASSERA JAMAIS

C’est dans cette foulée que s’inscrit,
en effet, la trame principale des réflexions qui ont guidé le Colloque
international autour du thème « Conflits, frontières et rôle des
organisations régionales en Afrique subsaharienne : cas du Mali, de la
Centrafrique et de la RDC » que Pole Institute a organisé à Goma, du 24
au 28 juin 2013. Il ne faut pas être devin pour comprendre dès le départ
le but poursuivi par Pole Institute en organisant cet assemblage, de
mauvais goût d’ailleurs, de telles réflexions qui ne visent en fait
qu’une seule chose : chercher à obtenir, à tout prix, la balkanisation
de la RDC.

Malheureusement pour ce genre
d’officines qui font des pieds et des mains pour arriver à la
balkanisation de la RDC, jamais ils ne viendront à bout de la farouche
détermination des Congolais qui tiennent à leur pays comme à la prunelle
de leurs yeux. Tout ce que ces apprentis-sorciers font comme
entourloupettes est voué à l’échec. C’est à ce même sort qu’est destiné
un groupuscule comme Pole Institute dont les frémissements n’iront pas
plus loin qu’un coup d’épée dans l’eau.

Aujourd’hui, il est vrai que les ennemis de la RDC ont trouvé une
nouvelle parade à travers le concept de la décentralisation. Ils veulent
se servir de ce prétexte pour imposer aux Congolais et à leur beau pays
une décentralisation adaptée à leur goût. Uniquement pour servir leurs
sordides intérêts. « Le Congo n’a jamais été trop grand » pour qu’ils le
balkanisent. Les Congolais n’ont jamais été incompétents pour que ces
ennemis puissent, en retour, s’approprier leur pays et en faire ce que
ces hideux ennemis de notre Grand Congo voudront ». En tout cas, c’est
le message que le peuple congolais leur assène tous les jours et de tout
temps.

 

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