13.11.13 Le Potentiel – La pacification de la RDC exige l’exercice de la crédibilité et de l’exemplarité

La RD Congo est restée
pendant très longtemps un Etat aphone. Un pays incapable de faire
entendre sa voix. Certes, les Congolais souffraient, criaient,
pleuraient. Personne ne les entendait. Quant aux gouvernants, eux aussi
parlaient, discouraient du haut des tribunes de nombreux pays et de
plusieurs organisations internationales, expliquant combien le peuple
congolais était meurtri.

On les entendait, certes, mais
personne n’osait agir, parce que le pays avait perdu de sa superbe
depuis longtemps. Le Congo-Kinshasa avait perdu toute son influence. Le
pays n’était plus crédible. Et la crédibilité, l’influence, ça se
mérite.

Redorer l’image de la RDC

Il était donc impératif que le
Congo-Kinshasa se ressaisisse pour redorer son image ternie depuis
longtemps. Il fallait surtout que les responsables politiques congolais,
au plus haut niveau, s’engagent dans des changements radicaux dans la
gestion des affaires de leur pays.

Et c’est bien cela que leur demandaient
leurs partenaires extérieurs, au premier plan desquels, les
organisations internationales et les puissances occidentales.

Kinshasa devait rompre avec le
laisser-aller d’une gouvernance calamiteuse qui ne cessait de paralyser
la vie politique, l’administration et la gestion des pans entiers de
l’économie congolaise abandonnés à des véritables circuits mafieux.
Combattre la corruption était donc la priorité.

Cet effort demandé, l’actuel
gouvernement de Kinshasa semble l’avoir entrepris en menant des reformes
importantes dans différents domaines. Et il n’est point étonnant que
les pays partenaires, à commencer par les Etats-Unis, se soient
déterminés à changer d’attitude vis-à-vis de Kinshasa considéré depuis
longtemps comme un mauvais élève dans la gestion de ses richesses.

Aussi, la RDC retrouvait-t-elle peu à
peu ses couleurs. Son influence, sa crédibilité se trouvait enfin sur
une courbe ascendante dans le cadre d’une diplomatie agissante.

Déjà en octobre 2012, se tenait à
Kinshasa le 14ème Sommet de la Francophonie dont les pays membres
s’étaient prononcés à soutenir la RDC dans son combat contre les
agressions à l’Est du pays.

Le voyage aux Etats-Unis, en octobre
dernier, du Premier ministre Matata Ponyo à la tête d’une importante
délégation à Washington et à Chicago, où il a rencontré de hauts
responsables de l’administration américaine et de la finance
internationale, est à inscrire dans une dynamique de conquête
diplomatique engagée par la RDC.

Toutes ces actions devaient permettre au
Congo-Kinshasa d’élargir son cercle d’amis et de soutiens dans
l’objectif de mieux défendre ses positions et ses intérêts. « La
diplomate, n’est-elle pas l’art de se faire des amis ? Mais, quels amis,
et dans quel intérêt ? ».

Dans cette offensive diplomatique
engagée par Kinshasa pour son développement en passant par la
pacification de la région des Grands Lacs, il est essentiel que le
gouvernement congolais fasse des propositions à la hauteur de la
situation. Car, comme on dit : « Gagner une guerre ne doit nullement
être une fin en soi, mais l’occasion pour le vainqueur de négocier dans
des meilleures conditions avec le vaincu ».

Après les combats, voici venu le temps
de la diplomatie et des négociations, non seulement avec les adversaires
trouvés au front, mais également avec les grands partenaires que sont
les Etats-Unis et la Grande Bretagne qui ont, d’eux-mêmes, décidé
l’éviction du M23 en demandant à l’Ouganda et au Rwanda d’arrêter la
déstabilisation de l’Est congolais.

A voir de près ce revirement de
Washington et de Londres, un véritable séisme diplomatique semble s’être
produit dans la région des Grands Lacs où, pour la première fois,
l’Ouganda et le Rwanda se voient tancés pour être allés trop loin dans
leur agression prédatrice contre le Congo-Kinshasa. Même si Kampala et
Kigali ne seront jamais inquiétés pour ces crimes contre leur voisin,
Kinshasa doit savoir, dès à présent, placer ses pions face à cette
nouvelle donne intervenue dans la région. Cet exercice doit être mené
avec finesse par des experts à la hauteur de la mission, d’autant plus
qu’il s’agit pour Kinshasa de prouver à ses partenaires occidentaux que
la RDC se montre bien déterminée à se reformer aussi bien politiquement
qu’économiquement.

S’engager sur cette voie permettra à
Kinshasa de retrouver vite sa crédibilité, valeur essentielle dans les
relations entre pays, car, la RDC a besoin de tous ses amis pour se
reconstruire, après quatre  décennies de destruction massive de tout ce
qui faisait sa grandeur. Le chantier est trop vaste pour qu’elle s’y
attelle seule.

Les 9 conditions d’achever la pacification du pays

Il s’agit dans un premier temps d’achever la pacification du pays, aux conditions ci-après :

1. Exiger la condamnation des chefs des
forces d’agression de l’Est du Congo ; 2. Protéger les frontières
congolaises contre toute infiltration des forces ennemies venant de
l’Uganda, du Rwanda et du Burundi ;

3. Arrêter l’exploitation frauduleuse et le trafic des minerais du Kivu par les pays voisins ;

4. Contrôler l’ensemble des entreprises exploitant les richesses agricoles et minières sur l’ensemble du territoire congolais ;

5. Organiser l’armée, la police ainsi que la douane ;

6. Organiser l’administration afin qu’elle soit à la hauteur des enjeux ;

7. Permettre aux provinces de jouer pleinement leur rôle dans le cadre de la politique de décentralisation ;

8. Combattre la corruption à tous les niveaux et punir les contrevenants ;

9. Réussir les échéances électorales à venir qui doivent se dérouler en toute transparence.

Si le Congo-Kinshasa loupe cette chance
de reforme et de reconstruction, à l’heure où s’élargit son champ
diplomatique, il y aura lieu de craindre le pire pour son avenir.

Une crise plus importante risquerait de
survenir très vite, déstabilisant gravement l’Est congolais que lorgnent
toujours de  nombreux prédateurs de tous bords, prêts à sauter sur le
butin.

Au gouvernement de Kinshasa et à toute
la classe politique congolaise de se mettre à la hauteur de la situation
en agissant en conséquence aussi bien sur le plan  intérieur que sur le
plan extérieur.

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