Ntaganda, Kabila et justice internationale : Pourquoi les Congolais doivent imposer leurs vérités. Par Jean-Pierre Mbelu – Source : Journal Ingeta

Sur les révélations de Ntaganda à la CPI

Le fait que Ntaganda soit rwandais n’est pas une information nouvelle, il n’y a pas là de révélation. C’est depuis la guerre de l’afdl que le Rwanda essaie d’injecter ses milices et ses militaires dans les institutions congolaises. Si nous relisons notre histoire, nous verrons que la guerre de prédation et d’agression menée par les USA et la Grande-Bretagne contre le Congo, par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi interposés, a favorisé cette injection de rwandais dans l’armée congolaise. Ce n’est pas une révélation.
Et puis, comment voulez-vous qu’un militaire rwandais puisse choisir une autre langue que le Kinyarwanda pour pouvoir s’exprimer devant la Cour Pénale Internationale ?
Patrick Karegeya, l’ancien responsable des renseignements rwandais, avait averti, après l’attaque du Congo par le biais de l’AFDL, que toutes les autres guerres qui ont suivi étaient des guerres de trop, entretenues par Kagame et ses parrains.
Aujourd’hui nous sommes placés devant un cas de quelqu’un qui fait partie d’un réseau transnational de prédation, on nous dit voilà ces origines. Que ceux qui l’ont protégé, ceux qui ont travaillé avec lui, nous disent pourquoi ce monsieur étant Rwandais, ils ont voulu berner nos populations en nous disant qu’il était indispensable à la paix au Congo.

Sur la justice internationale et le cas du Rwanda

Quand vous lisez, dans le quotidien anglais, London Evening Post, l’interview de Peter Erlinger, avocat au Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR), vous vous rendez compte qu’il y a eu des vérités que l’ONU a cachées, que le département d’Etat américain a cachées. Erlinder a publié un livre « Le génocide accidentel », qui revient sur les faits tels qu’ils ont été documentés au niveau du département d’Etat et de l’ONU.
Le Congo est engagé, depuis les années 1990, dans un processus vicié et vicieux et ne saura pas avancer tant que toute la lumière ne sera pas faite sur ce processus, tant qu’une commission justice, vérité et réconciliation, digne de ce nom n’aura pas siégé pour que toute la vérité puisse être faite sur ce processus.
Dans son livre, « paix et châtiment : Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationale », Florence Hartmann, ancienne porte-parole de Carla del Ponte au TPIR, dit comment les USA et la Grande-Bretagne sont intervenus pour torpiller la marche normale de la justice. ET Carla del Ponte a été défenestrée  du TPIR quand elle a tenté d’aborder la question du jugement sur les cas du FPR de Kagame.
Par ailleurs, bien avant, les USA avaient influencé le Rwanda pour qu’il ne soit pas signataire des statuts instituant la Cour Pénal Internationale. Aujourd’hui, si Ntaganda dit qu’il est rwandais, et que la CPI l’accuse pour avoir commis des crimes au Congo, cette accusation risque de tomber.
Les véritables commanditaires de cette guerre de basse intensité doivent à tout jamais rester dans l’ombre et doivent éviter d’être inquiétés, et il n’est pas sûr qu’ils pourront un jour être inquiétés. La question du jugement de ceux qui tiennent à la balkanisation et à l’implosion du Congo demeure.

Sur les Rwandais infiltrés au Congo

Kabila, Ntaganda, Ruberwa, Bisengemana, etc. : Tous ces gens là devraient être traduits devant les cours et tribunaux. Ce sont des mercenaires envoyés par les pays étrangers pour tuer les congolais, violer les congolaises, piller le Congo, et s’en mettre pleins les poches. Mais vu le fonctionnement de l’assemblée nationale congolais, on voit que ces infiltrés opèrent de façon à corrompre le plus possible les députés afin que la cause du pillage et du bradage des richesses du Congo puisse être sauvegardée.

Sur les multiples guerres au Congo

Regardez comment les guerres éclatent sur tout le territoire congolais ? Il y a des guerres entretenues par intermittence au Congo, depuis les années 1990, parce que les maîtres du monde ou ceux qui veulent passer pour les maîtres du monde travaillent à la remise en question des frontières héritées du partage de la conférence de Berlin. Cette guerre cherche à aboutir à la balkanisation du Congo, qu’il y ait des petits Etats faibles, malléables, manipulables, corvéables à souhait par les acteurs majeurs qui l’ont orchestré en instrumentalisant le Rwanda et l’Ouganda. Cette instrumentalisation a permis qu’il y ait beaucoup d’infiltrés dans les institutions congolaises. Ces infiltrés corrompent les congolais, créent des petites guerres de prédation pour pouvoir donner raison à leurs mentors. Et si ces mercenaires ne sont pas mis hors d’état d’agir, le Congo ne connaître jamais la paix.
Il est question de revenir aux tenants et aboutissants de cette guerre de basse intensité, de les maîtriser pour réécrire l’histoire, en cherchant, comment à court, moyen et long terme, les mercenaires et autres infiltrés qui travaillent à l’affaiblissement du Congo comme Etat puissent être mis hors d’état d’agir.

Sur la responsabilité du gouvernement congolais

Nous faisons une inversion sémantique grave. Nous parlons de gouvernants, là où il faut parler de mercenaires. Laurent-désiré a eu raison, il s’agit d’un conglomérat d’aventuriers. Dans les aventuriers, vous avez des infiltrés, vous avez des mercenaires, vous avez d es opportunistes, mais certains les appellent des gouvernants. Non.
Ce conglomérat d’aventuriers tient un discours qui le fait passer pour un gouvernement. Mende, pour avoir été membre du RCD, pour avoir séjourné au Rwanda, connaissait les véritables origines de Ntaganda, mais il faisait croire aux congolais qu’il ne savait pas et que c’est la CPI qui lui en a apporté l’information.

Sur le soutien des occidentaux à Paul Kagame

Il y a parmi les occidentaux des hommes et des femmes qui essaient de dire leur part de vérité et qui ne caressent plus Kagamé dans le sens du poil. Souvent nous mettons d’une part, les africains soucieux de l’avenir de leur continent, et d’autre part, les méchants occidentaux. Non. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons des alliés en Occident et il est important de rester à l’écoute de ces derniers.
N’eut été certaines pressions de certains occidentaux sur le gouvernement fantôche de Kinshasa, Ntaganda n’aurait jamais été livré à la cour pénale internationale. Le procès peut être biaisé, mais symboliquement c’est déjà quelque chose.
L’histoire est ainsi créée, il y a d’une part les vainqueurs qui écrivent et d’autre part, les amis des vaincus qui essaient de fouiner pour pouvoir dire leur part de vérité.

Sur le rôle de l’Union Européenne au Congo

Les discours officiels de grands ensembles comme l’Union Européenne sont des discours pour amuser la galerie. Comment voulez-vous qu’une Europe gérée par les oligarchies de l’argent et qui travaille à la perte de souveraineté de plusieurs pays en son sein irait plaider la cause de la démocratie et de l’opposition au Congo ?
L’intervention de l’UE dans les affaires congolaises montre toutefois que le Congo est un pays colonisé, néocolonisé qui n’a de compte à rendre qu’à ses parrains et n’a que faire des congolais. Il suffit que l’Union européenne parle, il suffit que les USA parlent, le gouvernement congolais s’exécute et ça sort directement dans les médias. Il y a quelque chose qui ne va pas.

Sur le scandale du détournement d’argent à l’assemblée nationale congolaise

Des détournements d’argent à l’assemblée nationale ? Cela ne peut étonner que des naïfs. Le Congo d’aujourd’hui est fondé sur la corruption, le mensonge, le vol, le bradage du patrimoine commun. Il faut que ces gens soient corrompus pour qu’ils votent des lois contre leur propre pays. Mais ceux qui orchestrent la mort du Congo aiment cela. Comme ceux qui opèrent de l’extérieur savent que nous sommes faibles, que nous sommes corruptibles, que nous savons voler l’argent de notre propre pays, ils en profitent.
Si nous ne rompons pas avec ce genre d’hommes et de femmes, le Congo ne sortira jamais du bourbier. Il faudrait que nous ayons nos Chavez, nos Poutine, nos Evo Morales. Cela se prépare et les congolais doivent pouvoir y travailler.

Sur le cas Diomi Ndongala

Il n’y a pas de politique au Congo, il y a de la mafia. Quel est le pêché des Diomi Ndongala, Fernando Koutino, etc. ? C’est celui de compter parmi les dignes fils du Congo et d’avoir la capacité de dire « le Congo est notre pays et nous devons le sauver ».
Diomi a mis le doigt sur la plaie. Et vous remarquez que les institutions comme l’Union Européenne ne parlent pas du cas de Diomi Ndongala. Même s’ils décident de tuer Ndongala, on ne peut pas tuer la vérité.

 

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