Les médias congolais dans le collimateur des ‘’balkanisateurs’’ Par Mbelu Babanya Kabudi, analyste géopolitique

 Des sources sûres, nous apprenons que certains médias congolais
dont le journal kinois Le Potentiel, sont dans le collimateur des
‘’balkanisateurs’’ de la RDC.
Qu
’est-ce qu’ils reprochent à journal ? Qu’a-t-il commis
comme péché capital ? Il a sur son site et dans ses publications ces
petits mantras : « Non à la balkanisation » ;
« 6000.000 de morts » ; « un génocide oublié » en RDC.
Les mots et les idées ont un pouvoir insoupçonnable ! Les
‘’balkanisateurs’’ de la RDC
le savent. Ce n’est pas pour rien qu’ils gèrent tous les médias dominants.
Ils  s’en servent pour fabriquer les informations qu’ils vendent au plus
naïfs d’entre nous. ‘’Les maîtres du monde’’ menant la guerre  de
prédation et de basse intensité contre la RDC veulent casser toute conscience historique
congolaise  pour éviter que les Congolais(es) ne puissent rompre avec
l’amnésie. L’un d’eux faisant sa tournée dans la région de l’Afrique des Grands
Lacs avaient justement dit ceci : « Nous sommes prêts à 
travailler avec des gens qui sont tournés vers l’avenir et non vers le passé. »
Ils sont contre le devoir de mémoire. Naviguant souvent à vue ou choisissant
expressément d’être ‘’irrationnels’’ pour créer la peur et s’adonner à cœur
joie à la prédation, ils ont eux aussi peur de se regarder dans le miroir de
l’histoire ou de savoir tout simplement que ‘’les dominés’’ ne sont pas
amnésiques. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont de plus en plus tendance à
travailler avec des ‘’ignorants’’.  Esclaves de l’argent, ils tuent ou
font tuer les populations civiles sans aucun état d’âme. D’ailleurs, dans plusieurs
‘’coups d’Etat doux’’ qu’ils orchestrent, tuer, donner la mort pour attirer
l’attention des médias dominants est  l’une des leurs stratégies 
favorites. Ils sont tellement cyniques qu’ils peuvent financer ceux qu’ils
livrent à la mort[1].Opérer ces coups d’Etat
leur permet de mettre les droites pures et dures aux commandes des Etats qu’ils
détruisent pour mieux les exploiter et rendre esclaves leurs populations en
leur imposant les programmes d’ajustement structurels du Fonds monétaire
international et de la Banque
mondiale. 

Revenons au journal Le Potentiel. Les compatriotes
l’accusent à tort ou à raison d’être proche du pouvoir fantoche de Kinshasa.
Néanmoins, il arrive, à plusieurs reprises, que ses articles puissent être
d’une certaine profondeur scientifique et fondés sur des sources dignes de foi.
Au sujet de la question de  la balkanisation du Congo, deux membres du
Groupe Le Potentiel ont participé à la rédaction d’un ouvrage collectif en y
apportant des  analyses très fouillées[2].

Il ne serait pas exclu que les menaces de mort que subissent
certains membres de ce Groupe  soient liées à la redécouverte et à la
relecture de cet ouvrage très peu connu dans les milieux politiques et
scientifiques congolais.

Ces menaces sont révélatrices de certaines faiblesses des
‘’maîtres du monde’’. Ils ont peur d’une opinion publique bien éduquée, bien
formée et bien informée à partir des médias à tendance alternative.
C’est-à-dire des médias se démarquant du colportage, de ‘’la fabrication du
consentement’’ et de la propagande tels que voulus par  des oligarchies
d’argent et véhiculés par les médias dominants. Ils ont peur d’un savoir et
d’une connaissance critiques fondés sur des faits historiques bien documentés.
Ils donnent raison à Simon Bolivar quand il dit : « Ils nous dominent
plus par l’ignorance que par la force. »

A cours de notre histoire commune, ils ont même cru que pour
cacher certaines choses à certains nègres, il faut les mettre dans les livres
(et les journaux). Pour dire les choses autrement, à partir du moment où ‘’les
maîtres du monde’’ ne contrôlent pas  ce qui se dit et ce qui s’écrit, ils
sont désaxés. Ce n’est pas pour rien qu’aux USA, ils ont mis sur pied la NSA.

Les menaces proférées contre le journal Le Potentiel
prouvent à suffisance que le projet de la balkanisation et de l’implosion de la RDC est toujours en cours
d’exécution. La signature de l’Alliance Public-Privé au mois d’octobre 2011,
les appels d’offre pour la construction du barrage de la Ruzizi, la prorogation du
mandat de la Monusco
jusqu’en 2015, les manœuvres pour la modification de la Constitution de
Liège, l’amnistie accordée à la milice ougando-rwandaise du M23, etc. sont des
signes qui ne trompent que les  plus naïfs d’entre nous.

A la différence de plusieurs d’entre nous, ‘’les maîtres du
monde’’ travaillent sur le temps. Ils ne confondent pas vitesse et
précipitation. Ils ont la capacité de rester concentrer sur une même question,
sur un même projet pendant plusieurs années. Quand ils recourent à une méthode
et  qu’elle ne porte pas des fruits escomptés, ils l’abandonnent ou
l’affinent. Leurs  think tanks y veillent. Les USA, par exemple, ont
réussi à tracer leur route vers le nouveau désordre mondial en y travaillant
pendant plus d’une cinquantaine d’années[3].
Et ils y travaillent encore. Malgré les apparences ! L’une de leurs
tactiques : tracer cette route vers le nouveau désordre mondial sur fond
des doctrines des bonnes intentions[4] 
vantant les valeurs de la liberté, de  la démocratie et des droits de
l’homme que l’un de leurs cerveaux, George Kennan, considérait déjà en 1948,
comme étant des questions illusoires, des objectifs vagues et irréels, des
slogans idéalistes[5].  

Et ceux qui savent que plusieurs ONG américaines telles que
le NED et l’USAID  dépendent ou sont influencées par le CRE (Conseil des
Relations Extérieures) US au sein duquel George Kennan a évolué sont avertis
sur les dangers qui menacent les pays (comme la RDC) où ces organisations ont pignon sur rue. Les
Etats avertis  sur leur nocivité comme la Bolivie s’en sont
débarrassés.

Les menaces proférées contre les membres du Groupe Le
Potentiel devraient pousser les patriotes combattants et résistants congolais à
veiller à la création des lieux congolais de mémoire. Des monuments devraient
être érigés  dans presque toutes les provinces de la RDC en mémoire des victimes de
la guerre de prédation, d’agression et de basse intensité menée  contre le
Congo de Lumumba par des proxys interposés. Des dates devraient être retenues
pour commémorer ce ‘’génocide oublié’’ et cela à travers tout le pays pour
honorer nos martyrs et entretenir le devoir de mémoire congolais.

Ces menaces devraient aussi conduire les journalistes et les
politiciens congolais à se poser des questions sur leurs sources de financement
et sur la nature des relations qu’ils mènent avec ‘’les maîtres du monde’’
ainsi qu’avec leurs proxys. La main qui donne, quand elle n’est pas formatée
dans la culture de la gratuité humanisante, sera toujours au dessus de celle
qui reçoit et lui dictera la ligne politique à tenir. Le goût du lucre et de
l’avoir, la cupidité et l’avarice ont mangé plusieurs cœurs  et plusieurs
esprits congolais. Pris par le vertige de l’avoir au détriment de l’être,
plusieurs compatriotes politiciens et journalistes tombent dans le syndrome du
larbin et dans le masochisme. Ils s’adonnent à l’éloge des bourreaux de la
cause congolaise, se tordent de douleur en subissant leurs humiliations tout en
mangeant à leurs râteliers.  

Ces menaces peuvent-elles être relativisées ?
Oui.  A quel prix ? Au prix de la culture permanente de la résistance
et du ‘’bomoto’’, du ‘’bumuntu’’, du ‘’ubuntu’’ (de ce qui nous fait que nous
soyons des humains dignes de ce nom et non pas des bêtes). Mais aussi au prix
d’une politique d’autonomie bien comprise et  des partenariats
stratégiques sages et intelligents. Au Cuba, pendant plus de cinq décennies,
‘’les maîtres du monde’’ ont échoué ; ils n’ont pas réussi à dicter une
quelconque ligne de conduite à tenir ni en politique ni dans les médias. La Bolivie est sur la même
lancée. L’Equateur et le Venezuela se tirent d’affaire tant bien que mal.

Du reste, ces menaces nous aident à comprendre que «la
meilleure façon d’éviter la (mauvaise) répétition de l’histoire, c’est de
l’étudier », comme dirait Peter Dale Scott. Céder à ces menaces et
renoncer à la maîtrise et à la réécriture de l’histoire de la RDC, c’est sacrifier la lutte
pour la reprise congolaise de l’initiative historique. 


[1] Lire R. CHAVEZ
VIVE,  J’étais leader du mouvement estudiantin et la CIA m’a recruté. Raül Capote,
cubain, ex-agent de la CIA
et les ‘’coups d’Etat doux’’, dans Legrandsoir.info du 30 mars 2014.

[2] Lire J.
KANKWENDA MBAYA et F. MUKOKA NSENDA, La République démocratique
du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion, Kinshasa, ICREDES,
2013.

[3] P. DALE SCOTT, La
route vers le nouveau désordre mondial. 50 ans d’ambitions secrètes des
Etats-Unis, Paris, Demi-Lune, 2012.

[4] N.
CHOMSKY,  La doctrine des bonnes intentions, Paris, Fayard, 2005.

[5] D. MITTERRAND, Le
livre de ma mémoire, Paris, Jean-Claude Gawsewitch,  2007, p. 409.

 

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