21 04 14 LAvenir – Dans une interview exclusive. Jakaya Kikwete : « La population de lEst et de la Rdc en général doit comprendre que la guerre ne construit pas… »
Saleh Mwanamilongo : Excellence Monsieur le président, vous venez de participer au sommet Union Européenne-Afrique au début du mois à Bruxelles et ensuite, le Président américain Obama va aussi convoquer une autre rencontre du genre entre les Etats-Unis et lAfrique, pensez-vous que toutes ces rencontres visent le développement de lAfrique ou bien cest une manière pour les pays occidentaux de bloquer la percée de la Chine en Afrique ?
Jakaya Mrisho Kikwete : Moi, je ne pense pas quil en est ainsi. Cela dépend de la manière avec laquelle vous appréciez les choses. Vous pouvez avoir une vision erronée comme celle-là, quil sagit de la compétition entre les grandes puissances pour le contrôle de lAfrique. Considérons ce genre de rencontres comme une coopération normale, car le tout premier pays à avoir cette initiative, je pense, cest le Japon avec la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de lAfrique -TICAD. Dernièrement, on a participé au cinquième sommet du TICAD. Cest une coopération qui a vingt ans aujourdhui.
En suite, cest lEurope qui a pris linitiative. Et le premier sommet, je me rappelle, cétait au Caire en Egypte à lère de Hosni Moubarak, ensuite à Lisbonne et puis Tripoli. Et Bruxelles, cétait le dernier sommet. Mais le problème des rencontres entre lEurope et lAfrique, cest le refus par nos amis européens daccepter la présence de certains dirigeants africains à linstar du Président du Zimbabwe, Robert Mugabe.
On ne voulait pas le voir à ces sommets. Les dirigeants africains tenaient à la présence de Mugabe et cela entraîne des divergences. Entre-temps, il y a eu le sommet Chine-Afrique et lEurope, qui a accepté finalement dorganiser le sommet même si Mugabe y était invité. Les américains nont pas encore une telle initiative.
Et je me rappelle lors de son passage ici, le Président Obama ma dit quil comptait organiser un sommet Etats-Unis – Afrique et je lui ai dit que cest une bonne chose.
Les américains avaient déjà une autre initiative à travers lAGOA à lépoque du Président Clinton. On peut considérer dabord que ce sont les japonais, ensuite les américains et suivis des européens. Mais, le sommet entre lAfrique et le Président américain sera le premier du genre.
Il faut dire que ces rencontres de lAGOA nétaient quau niveau ministériel. Moi, je pense que ces rencontres, cest une bonne chose parce que dans ces réunions, nous parlons de quoi ? Nous parlons de la coopération, nous parlons de la coopération Japon-Afrique, la coopération Chine-Afrique, la coopération Europe-Afrique et de la coopération Etats-Unis/ Afrique. Et avec tous ces pays, nous avons une bonne coopération, nous avons beaucoup de choses à échanger.
Et si vous vous mettez autour dune table pour discuter de tout ca, moi je pense que cest une très bonne chose et si nous commençons à donner dautres interprétations à cela, nous risquons de nous entraîner dans des considérations inutiles.
Lune des résolutions de ce sommet Europe-Afrique, cest laccroissement dabord des échanges entre les pays africains. Est-ce un rêve ou une réalité ?
Présentement, les pays africains et européens ont un cadre déchange, cest laccord du partenariat économique Europe-Afrique pour une coopération économique. Vous savez entre lAfrique et lEurope, il y avait la Convention de Lomé, des pays ACP.
Après, il y avait laccord de Cotonou, mais avec laccord de Cotonou, lEurope a estimé que tous les pays africains navaient pas atteint le même niveau de croissance économique. Il y avait dune part les pays qui avaient une croissance considérable et de lautre, les pays aux économies stagnantes. Alors, les européens ont proposé quil y ait un nouveau partenariat économique qui mettrait les pays dans différents regroupements économiques. Ils ont accordé des facilites aux pays les plus pauvres.
Mais Il y avait aussi un partenariat spécial avec les autres pays qui avaient le niveau de croissance moyen. Cest cette initiative qui a conduit à louverture des marchés. Le dialogue Europe-Afrique avance, mais cest encore à pas de tortue. La crainte des pays africains, cest douvrir leurs marchés aux pays développés, cest un déséquilibre pour la compétitivité des marchés. Notre plus grande inquiétude, est que cette concurrence risque dêtre disproportionnée entre les pays riches et les pays pauvres.
Ecoutez, à la première league anglaise aujourdhui, il y a des équipes de très haut niveau. Vous nallez pas prendre donc une équipe dici par exemple et lamener à jouer le championnat professionnel de football anglais, on va commencer à la gagner par 7 ou 8 buts à zéro et elle sera éliminée chaque saison.
Le vrai problème, ce nest pas seulement louverture des marchés, mais il faut tenir compte de lécart entre les économies pour quon sengage sur une telle option. Mais la plus grande question est celle de savoir aussi est-ce que si ceux qui se livrent à cette compétition ont le même poids économique ? Et cest là le frein. Nous espérons que ce nest pas pour longtemps.
Monsieur le Président, lannée dernière, plusieurs Chefs dEtat ont visité la Tanzanie, notamment le Président chinois, le Président américain. Daucuns disent que le Président Kikwete est en quête dun leadership régional ?
Le chercher auprès de qui ? Moi, je pense que ce sont les pays avec qui nous entretenons de bonnes relations. Et les amis se visitent. Nous avons de bonnes relations avec la Chine et cest historique. Nous avons de bonnes relations avec les États-Unis depuis le président Bush jusquau président Obama. Nos relations sont bonnes. Et ce nest pas vrai que je cherche le leadership régional. Ces visites ne concernent pas la région. Elles concernent la coopération entre les Etats-Unis et la Tanzanie et entre la Chine et la Tanzanie. Je pense que ces genres de propos ne sont pas fondés.
Lors de son passage ici, le Président Obama avait dit que vous avez échangé avec lui sur les efforts communs à entreprendre pour résoudre le conflit en Rdc, mais aussi dautres problèmes régionaux. Peut-on savoir quels sont ces efforts et où en est-on aujourdhui ?
Lors de notre entretien, il a donné sa position sur la paix et la stabilité de la région. Et il a promis lappui des Etats-Unis là où nos pays exprimeront la demande. Ca dépend de nous, là où nous verrons que les Etats Unis peuvent nous aider.
Quelle évaluation faites-vous depuis le déploiement des troupes tanzaniennes au Kivu pour traquer les groupes armés ?
Moi, je pense que ceux qui peuvent faire lévaluation, ce sont les Congolais eux-mêmes pour voir si cette opération a réussi. Lintérêt pour moi, cest de voir si nos militaires sont en sécurité. On a perdu trois militaires et nous sommes très consternés. Mais, nous sommes très contents de leur travail sur terrain du fait que la plus grande menace du M23 nexiste plus.
Et ce qui reste, ce sont des défis politiques. Parler avec eux pour mettre définitivement fin. Maintenant, nos hommes poursuivent lopération contre les autres groupes armés, notamment les Adf-Nalu et ça se passe bien. Nos hommes viennent en appui à larmée congolaise.
Ce que je peux dire comme évaluation, conformément au rapport que nous avons reçu de nos troupes là-bas, et quils sont contents de lefficacité de larmée congolaise dans leur capacité de sauvegarder les frontières de leur pays. Pour nous, cest une bonne chose car nous sommes là en appui. Nous pensons quil y a des acquis majeurs dans cette opération mais ces succès, cest dabord le fruit de larmée congolaise.
Lors de larrivée de nos troupes sur place et aujourdhui, on constate une nette amélioration dans la manière de mener les actions par larmée congolaise. Ils collaborent étroitement dans les conseils pour relever différents défis ensemble. Actuellement, larmée congolaise a une nouvelle image par rapport au passé. Et aujourdhui, ils sont plus courageux et leurs actions militaires se sont nettement améliorées. Je pense parfois que les militaires ne croyaient pas en leurs capacités.
Mais maintenant, ils sont très confiants. Et cest ce qui est plus important. Si vous êtes bien formés et mieux équipés, il ne reste que la volonté de combattre. Selon le rapport, larmée congolaise est montée en puissance.
Pensez- vous que cétait une sage décision de la part des dirigeants de la SADC de placer sous le mandat de lOnu la Brigade internationale dintervention, alors que les pays contributeurs de cette force ne sont que les pays membres de cette organisation sous-régionale ?
Cest une bonne chose parce que nous avions commencé les discussions au niveau des Chefs dEtat de la CIRGL et nous sommes dits que nous créions cette force nous-mêmes. Mais sa mission serait de surveiller la frontière commune entre le Rwanda et le Congo, parce que ce sont les deux pays qui se soupçonnaient mutuellement.
Ensemble, les Chefs dEtat se sont dits, créons cette force là pour mettre en confiance ces deux Etats. Puisque avec cette force, les ennemis ne vont plus pénétrer sur le territoire du voisin. Alors quon était dans les discussions, lOnu nous a dit que vous voulez créer une force alors que nous, nous avons notre force sur terrain.
Et donc cette force que vous créez, soit placée sous le mandat de lOnu pour ne pas avoir deux forces pour un même travail. Nous avons discuté au sein de la CIRGL et de la SADC et nous nous sommes dit que cétait une bonne idée. Au niveau des pays de la CIRGL, seule la Tanzanie avait accepté de contribuer par ses troupes et après les pays de la SADC ont manifesté leur volonté dappuyer ses efforts.
Et la décision au sein de la SADC, était de déployer notre Brigade en attente pour quelle fasse ce travail. Plusieurs pays ont manifesté leur intérêt. Le Mozambique a proposé de contribuer avec un bataillon, le Zimbabwe mêmement, le Lesotho aussi, la Tanzanie et je pense lAngola, le Malawi aussi. Mais les Nations-Unies ont dit quils ne prendront pas tous parce que leur idée était de prendre une seule Brigade.
Ils ont décidé de prendre les militaires provenant de la Tanzanie, du Malawi et de lAfrique du Sud, mais plusieurs pays ont manifesté leurs intérêts. Et on a eu presque trois Brigades, mais les Nations Unies navaient besoin que dune seule. Et cest ce qui est arrivé, les Nations Unies ont pris une seule.
Au mois de mars, le Conseil de sécurité de lOnu a prorogé dune année le mandat de la Brigade. Pensez-vous que cest suffisant pour traquer les groupes armés encore actifs dans le Kivu ?
Ce qui est important ici, cest la façon dont ces groupes armés vont coopérer pour déposer les armes. Je pense que ça va beaucoup aider au lieu de les traquer, mais au cas contraire nous serons contraints de continuer à les traquer. Je ne sais pas si la prolongation dune année du mandat de la force va suffire ou pas ! Ou ça prendra plus ou peu de temps que prévu, je ne saurais pas le dire à ce stade, tout dépendra de la façon dont les choses vont évoluer sur le terrain.
Depuis plusieurs mois, vous avez des relations tumultueuses avec le Rwanda suite à votre proposition faite aux autorités rwandaises dengager le dialogue avec les Fdlr. Les observateurs estiment que cest suite à ça que la Tanzanie est isolée de la communauté des Etats de lAfrique de lEst. Êtes-vous du même avis ?
Qui nous isole ? Je ne vois pas comment la Tanzanie est isolée, en quoi le serions-nous ? Nous sommes membre de la communauté des Etats de lAfrique de lEst et nous participons a toutes les réunions, dire quon nous a isolé, ce nest pas vrai…dailleurs ce mois-ci, nous accueillerons un sommet de Chefs dEtats de lAfrique de lEst.
Et quels sont les efforts pour améliorer vos relations avec le Rwanda ?
Moi, je pense que les gens en font un peu trop par rapport à la réalité. Je ne pense pas que nos relations avec le Rwanda aient atteint un niveau qui peut préoccuper les gens jusqua ce point….Je ne vois pas là où il y a le problème.
Et-ce vrai que la Tanzanie privilégie actuellement les échanges commerciaux avec la Rdc et le Burundi que les autres pays de la région ?
(Rires….) La Tanzanie partage la frontière avec le Congo, le Rwanda, Le Burundi, lOuganda, et le Kenya et avec tous ces pays, nous avons de relations économiques et commerciales. Ce nest pas vrai …, dire que nous avons des relations avec le Congo au détriment dautres pays. Il nen est pas question…Depuis des années, nous avons de bonnes relations avec tous ces pays.
Et quen est-il de vos relations avec le président congolais Joseph Kabila ?
Nos relations sont bonnes…
Et pourtant depuis que vous êtes au pouvoir ni lui ni vous, personne na jamais effectué officiellement une visite à lautre à Dar- es Salaam ou à Kinshasa ?
Effectuer une visite officielle ne signifie pas que nous navons pas de bonnes relations. Nos relations sont très bonnes. Le Congo est un pays avec lequel nous entretenons de très bonnes relations de coopération et nous nous entraidons mutuellement.
Nos relations nont aucun problème. Ce nest même pas important quon effectue une visite officielle pour démontrer le degré de notre coopération. Mais comme tu le dis, cest vrai les visites raffermissent les liens de coopération, mais nous nous rencontrons à plusieurs fois. Le Congo, cest parmi les pays avec lesquels nous entretenons de très bonnes relations.
Excellence, il y a ceux qui pensent que la Tanzanie est victime dune ingratitude de la part des pays comme la Rdc, l Ouganda, et même lAfrique du Sud, après les avoir aidés dans leurs guerres de libération. Et ce qui expliquerait peut-être la froideur de vos relations par exemple avec le Congo ?
Notre contribution était due aux impératifs de lhistoire, ce nest pas quon a fait cela pour être récompensé par la suite. Et cela nest pas vrai, nous ne demandons rien de ces pays, on ne demande pas que lOuganda nous récompense, que le Congo nous récompense, que le Mozambique, que le Zimbabwe, lAngola, ou la Namibie…nous récompensent. Nous avons aidé tous ces pays…
il n y a rien que nous leur réclamons. Sil y a pour nous une récompense de leur part, cest dentretenir des bonnes relations et cela suffit pour nous. Quon nait pas de mauvaises relations mais plutôt de bonnes relations, quon continue à coopérer ensemble pour construire nos pays. Il ny a rien que lon demande aux uns et autres comme récompense actuellement. Parce quils ne nous doivent rien.
La décision de votre gouvernement de refouler les immigrés clandestins a été dénoncée par les Ongs des droits de lhomme et même par certains pays de la région ? Pensez vous que cela peut faciliter lintégration régionale ou vous estimez que cest une bonne décision ?
Vous savez dans chaque pays, il y a des règles pour les immigrés. Les gens doivent respecter la loi. Cest comme ci je me décidais daller minstaller à Matonge et commencer à vivre comme ça. Il y a une procédure à suivre et ce que moi javais dit, tous ceux qui vivent en Tanzanie dune manière irrégulière sont obligés de régulariser leur séjour et on leur avait accordé deux semaines et puis on a prolongé de deux mois en leur disant de se conformer à la loi.
Si vous voulez vivre en Tanzanie, vous devez savoir quil y a des règles. Si vous voulez être citoyen tanzanien ou résident, il faut vous conformer à la loi. Mais vivre dans ce pays irrégulièrement, ça non. Nous navons pas de problèmes. En 1982, le président Nyerere avait accordé la nationalité tanzanienne à tous les réfugiés qui voulaient le devenir. 32 mille personnes ont acquis la nationalité tanzanienne et les autres ont jugé bon de vivre comme des réfugiés.
Récemment, je viens daccorder la nationalité à 162 mille réfugiés burundais. Alors que ceux qui ne veulent pas acquérir la nationalité tanzanienne, ils ne veulent pas vivre en Tanzanie. Quils rentrent chez eux. Vivre dans un pays étranger sans être citoyen de ce pays, ce nest pas une bonne chose. Je le dis et je le répète que ce nest bon. Vous avez lobligation de régulariser votre séjour.
Voir les gens vivre ici en Tanzanie, à Dar es Salaam dans lillégalité, ça on dit non. Si vous voulez devenir tanzanien et si vous nêtes pas criminel, vous aurez facilement la nationalité tanzanienne. Maintenant, nous commençons à octroyer des cartes pour citoyen et nous octroyons aussi des cartes de résidant. Et nous ne sommes ennemis à personne
Quelles sont les conséquences du conflit congolais et du génocide rwandais sur la Tanzanie ?
Prenons lexemple du génocide au Rwanda. En lespace de 10 heures seulement, il y avait un afflux de plus de 250 000 refugies. Cétait pendant une période difficile de la saison de pluie. A Benako, on a accueilli au moins 450 000 refugiés dans une province qui avait 150 000 habitants. En ce temps a Ngara, vous pouvez faire 10 kilomètres sans trouver un arbre, car ils coupaient tous les arbres pour préparer leurs nourritures.
Et dans la forêt de Burigi, il ny avait plus danimaux, car tous les animaux ont été tués pour se servir de la viande. Non seulement la plupart de ces refugiés ont fui avec les armes, nous faisons face a une insécurité récurrente des bandits à mains armées. Actuellement, si vous quittez Ngara pour se rendre à Karagwe, il faut être escorté par la police parce quil ya des hommes armés dans toute cette partie. Si vous quittez Muleba pour Biharamuru, vous trouverez des coupeurs de route. Même chose du coté de Geita, Nyakanazi et Kibondo….En dépit des difficultés pour assister les refugiés, il y a aussi le problème de linsécurité.
En rapport avec cette question de linsécurité, nous savons que la Tanzanie est un pays touristique grâce à sa faune. Mais actuellement, il y a un problème de braconnage surtout des éléphants. Quest-ce que vous envisagez pour lutter contre ce braconnage ?
Nous avons un problème majeur de braconnage de toutes les espèces animales chez nous. Surtout les éléphants, les rhinocéros et les léopards. Ils le font pour obtenir soit la peau ou les ivoires. Cest vraiment un grand problème parce quil y a des espèces qui sont menacées.
En 1961, on avait près de 350 mille éléphants. En 1989, ils ne sont restés que 55 mille éléphants. Nous avons fourni beaucoup defforts pour leur protection en menant une opération militaire de grande envergure. Et en 2009, Ils se sont multipliés jusquà 110 mille éléphants. Puis, cette vague de braconnage est revenue. Beaucoup danimaux ont été tués et pour ça, actuellement, nous menons une nouvelle opération conjointe police-armée et nous la poursuivons.
Une chose que nous ne pouvons pas accepter, cest de permettre à ces bandits dexterminer ces animaux. Et pour cela, nous renforçons la capacité de notre administration en recrutant de nouveaux gardes-parcs. Nous fournissons de gros efforts pour lutter contre le braconnage et nous utilisons tous les moyens en notre possession pour nous rassurer que ces animaux ne seront pas exterminés et que ce soit une réserve pour les générations futures.
Excellence, au moment où votre pays est en passe dadopter une nouvelle constitution, pendant les deux jours que je suis ici, jai assisté à un grand débat sur la forme de lEtat. Pensez-vous que cette reforme constitutionnelle va consolider lunité nationale ou la fragiliser ?
Lunité ne va pas se fragiliser. Dailleurs, cest toi qui sinquiète de ce débat. Moi, je veux quil y ait ce débat pour que ce problème soit discuté ouvertement. Si les gens ont des problèmes dans leur cœur quils le disent ouvertement. Et cest une bonne chose pour un pays démocratique, il faut laisser parler les gens.
Et cette révision constitutionnelle suscite beaucoup dintérêts. Les uns disent que certaines choses nont pas été bien faites, les autres disent même que lunité nationale entre Tanganyika et Zanzibar na pas été une bonne chose. Maintenant, ils évoquent beaucoup de problèmes. Cest le moment de tout dire mais en fin de compte, il y aura un jugement définitif.
Et je suis confiant que les députés de lAssemblée constituante vont prendre des décisions sages pour lintérêt national. Ils vont doter notre pays dune nouvelle constitution qui va nous amener vers la paix, lunité et la démocratie où les droits de lhomme sont respectés et lEtat de droit garanti. La plus grande chose, quil y ait de bonnes bases pour la croissance économique et je suis content quil y ait ce genre de débat et que les gens sexpriment librement concernant ce quils veulent. Cest une bonne chose et cest ça même la démocratie et pour moi, ce débat là ne minquiète pas.
Avant une dernière question, quel est lhéritage que vous allez léguer au peuple tanzanien ?
Pour moi, la chose la plus importante est que les tanzaniens constatent que jai contribué à lavancement de leur pays. Je les ai trouvés là-bas et je les laisse ici dans un meilleur endroit. Moi, je pense que cest ça le plus grand héritage que je vais léguer aux tanzaniens.
Nous avons beaucoup fait durant notre mandat mais limportant, cest dessayer de faire davantage et sans doute, il y a des résultats sur le plan des routes, de léducation, de la santé, ladduction deau potable dans plusieurs endroits du pays. Et dautres projets quon ne croyait pas réalisables mais on est arrivé à un moment, on sest rendu compte que ce sont les choses qui peuvent être réalisées. Vraiment, je suis très satisfait et même si je quittais demain, je dirais que jai contribué au développement de notre pays.
Quel message avez-vous aujourdhui pour la population congolaise, surtout celle de lEst du pays qui a pendant très longtemps souffert des affres de la guerre ?
Cest que je peux dire, la population de lEst et de la Rdc en général, doit comprendre que la guerre ne construit pas,…la guerre ne va pas résoudre leurs problèmes,…mais sils peuvent se mettre ensemble et parler de ça, ils vont y mettre fin. La guerre amène la destruction, la guerre amène la souffrance. Je pense que cest le plus grand message que je peux leur adresser.
Si eux-mêmes se rendent compte que le dialogue peut résoudre leurs problèmes, jestime quil ny aura plus de guerre, car si prendre les armes était la solution aux problèmes du Congo, il ny en aurait plus ! Mais malheureusement, cétait le cycle de rébellions, tantôt cest Laurent Nkunda, tantôt cest Bosco Ntaganda ou soit cest Sultani Makenga …
Tout ceci napporte pas de solution…Et sils se mettaient autour dune table pour discuter et chercher les causes des conflits, ils devraient trouver de solution. La guerre amène toujours son cortège de malheurs surtout aux populations innocentes. Je pense que cest ça la plus grande leçon que le peuple congolais peut retenir. La guerre ne construit pas …….Je crois quils doivent privilégier la paix et le dialogue.
Propos recueillis par Saleh Mwanamilongo/Cp