Martin Kobler, la LRA et lAfricom. Quand lONU entretient la dépendance américaine du Congo-Kinshasa
Pendant quune
bonne partie de la classe politique et de forces sociales congolaises
débat de la révision constitutionnelle, de la nouvelle constitution ou du
référendum populaire sur cette question, lun des acteurs majeurs de la
politique congolaise, Martin Kobler, « préconise des opérations
conjointes entre les FARDC, lUS Africom et la Munusco, dans la lutte contre
les rebelles ougandais de la LRA, dans le territoire de Dungu. [1]» Apparemment, cette initiative est bonne. Elle pourrait aider le Congo-Kinshasa
à se débarrasser des tueurs de ses filles et fils dans la Province Orientale.
Curieusement,
certaines questions peuvent être posées ! Que fait lUS Africom en
RDC et dans sa Province Orientale au moment où Raf Custers, dans
‘Chasseurs de matières premières, soutient que dans cette partie du
Congo-Kinshasa, lIturi pourrait devenir ‘un protectorat US? Depuis quand
est-il là ? Quel est son objectif majeur ? Pourquoi Martin Kobler
donne-t-il limpression de se substituer au ‘gouvernement congolais dans
cette ‘guerre contre le terrorisme ? Quel pourrait être le lien avec cette
possible lutte contre ‘les terroristes de la LRA et le cycle électoral à
venir au Congo-Kinshasa ?
Un petit rappel.
Le dernier documentaire de la BBC[2] sur ‘le génocide
rwandais a rappelé aux plus amnésiques dentre nous que la guerre de basse
intensité menée par les proxies US dans la sous-région des Grands Lacs
africains avait comme objectif de faire main basse sur les richesses minérales
du Congo-Kinshasa par les USA et la Grande-Bretagne. Ce secret de
Polichinelle fut dévoilé un peu tôt par Honoré Ngbanda , Pierre Péan, Delphine
Abadie et Alain Deneault, Charles Onana, Théogène Rudasingwa, etc. Il serait
intéressant de lire à nouveaux frais ‘crimes organisés en Afrique centrale.
Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux de Ngbanda (2004),
‘Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994(2005) et ‘
Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique de Pierre Péan
(2010), ‘Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique de
Delphine Abadie et Alain Deneault (2008), etc. pour comprendre ce dont il est
question dans cette ‘guerre perpétuelle imposée au Congo-Kinshasa et à
plusieurs pays du monde par la puissance hégémonique américaine et ses alliées.
Il sagit de recourir au mensonge, aux crimes contre lhumanité, aux crimes de
guerre, à la corruption sur fond de racisme pour piller les ressources
stratégiques desdits pays au nom de ‘la démocratie et de ‘la liberté. Il
sagit réellement de faciliter laccès des multinationales occidentales à ces
richesses, à moindre coût, afin quelles deviennent davantage de ‘nouveaux
centre de pouvoir. Dans ce processus raciste, mensonger et criminel
dextermination des peuples, les droits de lhomme et la démocratie sont
considérés comme des ‘objectifs vagues et irréels. LEtat profond US
et ses alliés qui en sont les concepteurs ont choisi dinstrumentaliser
lONU en se servant de ses ‘slogans comme somnifères. Pour eux, comme
laffirme si bien un néoconservateur, Bolton, « les nations unies
nexistent pas. Il y a une communauté internationale qui peut à loccasion être
dirigée par le seul pouvoir réel dans ce monde, les Etats-Unis, quand cela
correspond à nos intérêts et que nous pouvons entraîner les autres. [3]»
Ce petit rappel
sert à situer lUS Africom et la Monusco dans un contexte géoéconomique et
historique permettant de comprendre lappel de pied et la soumission de
la deuxième au premier. Depuis le 1er octobre 2008,
lAfrica Command (Africom) est installé à Stuttgart, en Allemagne ; et il
crée petit à petit ses bases militaires dans plusieurs pays africains comme en
témoigne le documentaire intitulé ‘Africom go home[4].
Dernière ‘la
guerre perpétuelle contre le terrorisme, lUS Africom, après avoir neutralisé
lUA, veut « ‘stabiliser la dépendance de lAfrique, lempêcher de
sémanciper, lempêcher de devenir un acteur indépendant qui pourrait sallier
à la Chine et à lAmérique latine. Africom constitue une arme essentielle
dans les plans de domination mondiale des Etats-Unis. Ceux-ci veulent sappuyer
sur une Afrique et des matières premières sous contrôle exclusif dans la
grande bataille qui sest déclenchée pour le contrôle de lAsie et ses
routes maritimes. [5]»
Avec le retour sur
la scène internationale de la Russie et des autres pays émergents comme la
Chine, lInde et le Brésil, lUS Africom partage le premier objectif du
Defense Planning US : « Empêcher quune quelconque puissance domine
une région dont les ressources seraient suffisantes pour engendrer une
puissance mondiale.[6]» Dans ce
contexte, quand lEtat profond US narrive pas à exercer un contrôle
exclusif sur lune ou lautre région quil a en vue, il y crée ‘le chaos
constructeur de son ‘nouveau désordre mondial en travaillant main dans la
main et/ou dans lombre avec ‘les seigneurs de la guerre. Ces derniers
peuvent, selon ses humeurs ou ses stratégies, passer du statut de
‘collaborateurs à celui des ‘terroristes à exterminer. Ben Laden est un
exemple éloquent.
Revenons au
Congo-Kinshasa. Lappel de Martin Kobler trahit ‘sa collaboration avec lUS
Africom pour contrôle et soumettre davantage ‘le cœur de lAfrique. Il
profite de la manducation des cœurs et des esprits des acteurs politiques
et des forces de la société civiles qui lui fond confiance pour avancer
le projet US. Cela dautant plus que tous ces acteurs sont contrôlés au
quotidien par les ambassadeurs US et alliés et par les supplétifs de la CIA tels
que lUSAID et le NDI. Tel est le contexte où pourraient bientôt sorganiser
des élections dites ‘démocratiques, libres et transparentes !
Elles risqueront dêtre ‘démocratiques et libres que dans la mesure où
les élus qui en sortiront pourront être ‘pro-occidentaux.
Après avoir perdu
la Chine, la Russie et une bonne partie de lAmérique latine, lEtat profond US
compte beaucoup sur lAfrique pour continuer à exercer son hégémonie. Le
cœur de lAfrique lui est précieux. Le Congo-Kinshasa a neuf voisins. Le
voir devenir un Etat social et plurinational fondé sur la coopération, la
fraternité et la justice sociale ne pourrait pas du tout être du goût de tous
ceux qui, avec laccord de lEtat profond US, ont accepté, en conscience,
de sengager dans un processus mensonger, raciste et criminel pour éviter
quune Afrique souveraine émerge des cendres de sa néocolonisation et de sa
néolibéralisation avec un grand pays en son centre.
Si les dignes
filles et fils du Congo et de lAfrique acceptent de créer un imaginaire
alternatif en défiant les médiamensonges par des campagnes de contre-propagande
bien planifiées ; sils acceptent de refonder dans la diaspora comme
dans leurs pays respectifs de nouveaux lieux du savoir et de la culture ;
sils sorganisent en conscience pour faire face à lenjeu de lheure
cest-à-dire la lutte pour lhégémonie occidentale des multinationales contre
tous les principes humanistes et le droit international en ayant les yeux
braqués sur les expériences des pays qui sont en train de
‘réussir ; sils panafricanisent et internationalisent en
conscience leur lutte pour une Afrique souveraine, il pourrait, à moyen terme
,desserrer létau néocolonial et néolibéral US et créer des espaces
de paix et de sécurité communs. ‘La guerre contre le terrorisme dans
laquelle Kobler voudrait entraîner le Congo-Kinshasa nest quun mensonge de
plus au service de la dépendance de ce pays vis-à-vis des Etats-Unis. Dans ce
contexte, nous ne serons pas étonnés que si jamais, demain, il y a élection au
Congo-Kinshasa et quun digne fils de ce pays les gagne, il soit assassiné
comme Lumumba. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.
Mbelu Babanya
Kabudi
[1][1] http://radiookapi.net/actualite/2014/10/11/lutte-contre-la-lra-martin-kobler-pour-des-operations-conjointes-fardc-africom-monusco-dungu/
[2] http://www.vigile.net/La-BBC-confirme-la-macabre
[3] S. GEORGE, La pensée enchaînée. Comment les droites laïque
et religieuse se sont emparées de lAmérique, Paris, Fayard, 2007, p. 111.
[4] http://www.youtube.com/watch?v=2Wu8vC9MLoU
[5] M. COLLON, Libye, Otan et médiamensonges. Manuel de
contre-propagande, Bruxelles,
InvestigAction, 2011, p. 51-52.
[6] Sommet
Otan, guerre sur deux fronts