La RDC recrute un nouveau Président de la République. Par Jean-Bosco Kongolo M.,Juriste&Criminologue

Au-delà des critères (généraux)
d’éligibilité retenus par la loi électorale, les candidats qui affronteront
tout l’électorat national pour cette fonction devront donc le convaincre par
leurs projets de société ou leurs programmes de gouvernance répondant aux
besoins vitaux et de survie de la nation. Dans toutes les démocraties, lorsque
tous les candidats sont placés dans les mêmes conditions de compétition, la
campagne électorale apparaît comme l’exercice le plus intéressant, qui permet
de jauger le degré de maturité d’un peuple face à son destin. Compte tenu des
réalités sociopolitiques de notre pays, cette analyse se veut une contribution
au travail des organisations de la société civile pour mettre les électeurs en
garde contre des choix qui risquent de compromettre pour longtemps encore
l’avenir du pays, en perpétuant les crises de légitimité, en accentuant les
inégalités sociales, en fragilisant la cohésion nationale ou en mettant en
danger l’intégrité territoriale.

Mettre fin aux crises de légitimité

La crise de légitimité a chaque fois été
le prétexte et la source de tous les problèmes (guerres, rébellions, milices,
dictatures, menaces de balkanisation,…) que connaît notre pays depuis son
accession à la souveraineté internationale. C’est pourquoi elle figure en bonne
place dans l’exposé des motifs de la Constitution adoptée par référendum en
2005 :

«Depuis son indépendance, le 30 juin
1960, la République Démocratique du Congo est confrontée à des crises
politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation
de la légitimité des institutions et de leurs animateurs.

Cette contestation a pris un relief
particulier avec les guerres qui ont déchiré le pays de 1996 à 2003.

En vue de mettre fin à cette crise chronique
de légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les
délégués de la classe politique et de la Société civile, forces vives de la
Nation, réunis au Dialogue inter- congolais, ont convenu dans l’Accord global
et inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, de mettre
en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution
démocratique sur base de laquelle le peuple congolais puisse choisir
souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes,
transparentes et crédibles.
 » 

Tel que rédigé, ce texte permet
d’espérer que si le pouvoir est effectivement remis au peuple, les crises de
légitimité au niveau des institutions et de leurs animateurs appartiendraient
désormais à l’histoire. Tel n’a cependant pas été le cas ni en 2006 ni encore
moins en 2011, avec des résultats électoraux non seulement contestés mais qui
ont respectivement débouché sur les affrontements armés entre les troupes de
Jean-Pierre Bemba et les forces loyales et sur la crise majeure consécutive au
duel électoral entre Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila. Tout cela témoigne,
de la part des organisateurs des élections et de certains acteurs nationaux et
internationaux impliqués, de l’absence quasi-totale de la volonté réelle de
placer le peuple au centre de son destin. Sinon, depuis la signature historique
de l’Accord cadre de Sun City, tout serait constamment mis en œuvre pour que le
peuple soit pleinement informé de ses droits de souverain primaire, de sorte
qu’il lui soit laissé la liberté de choisir ses dirigeants, en toute
transparence et sans interférence. A considérer les réalités sur terrain, ce
n’est donc plus un problème de la Constitution ou de la loi électorale mais
plutôt celui d’hommes. C’est pourquoi nous pensons qu’il convient de
sensibiliser ce peuple pour qu’à partir de maintenant, il s’organise pour être
vigilant aux prochaines élections afin de se débarrasser, dans toutes les
circonscriptions électorales, de tous les candidats, peu importe leur famille
politique, qui ont le sang des Congolais sur leurs mains et ça sera un premier
pas vers la paix, la démocratie et l’État de droit. L’expérience récente a
montré qu’il faut se méfier de la justice et de la Commission électorale, qui
laissent n’importe qui se présenter aux élections avec arrogance et sûr de les
gagner alors que sa place devrait se trouver à la Haye(CPI) ou dans les prisons
nationales, dans lesquelles sont de plus en plus envoyés des concurrents
gênants et innocents.

Réduire les inégalités sociales

Chaque année, le gouvernement de la RDC
proclame des taux de croissance économique qui contrastent avec le vécu
quotidien de la population. Ces chiffres flatteurs donnent l’impression que les
gouvernants et les gouvernés vivent dans deux espaces géographiques ou
temporels très éloignés l’un de l’autre. D’un côté, c’est une minorité qui ne
fait que s’enrichir insolemment et de l’autre côté, la majorité qui peine à
trouver de quoi se nourrir pour survivre, accéder aux soins de santé de qualité
et instruire leurs enfants. Mais lorsque le mandat électif touche à sa fin, des
bilans largement positifs sont dressés et alignés pour vanter des réalisations
sans aucun impact social visible. Avec tout le mépris envers le peuple, on se
précipite à inaugurer des ouvrages entièrement financés par la coopération
internationale ou à poser ça et là la première pierre d’un barrage
hydroélectrique, d’une cimenterie, d’une université ou d’un hôpital, d’une
sucrerie ou d’une route qui ne seront même pas construits durant tout le
mandat. A titre d’exemple, nous 
rappelons la première pierre posée, en 2007
devant le centre Pilote de Pêche de Kinkole, par le ministre de l’Agriculture,
Pêche et Élevage du gouvernement Gizenga II, annonçant la construction d’une
chambre froide pour les pêcheurs et d’une salle d’Ichtyologie pour la recherche
scientifique sur les poissons. Nous sommes en 2015, la population continue
d’attendre que ces constructions jaillissent des rives du fleuve Congo sur le
Pool Malebo à Kinkole.

Malheureusement, ce n’est pas la seule
première pierre posée dans notre pays au cours de ces dix dernières
années : on se souviendra de celles posées pour le barrage de Katende au
Kasaï-Occidental, pour la sucrerie de Lotokila en province orientale, etc.
Pendant la campagne électorale et pour bien se moquer du souverain primaire,
les candidats lui jettent quelques « cadeaux » ponctuels sous forme
de tee-shirts, de boissons, d’arrêtés ministériels d’agrément d’universités et
instituts supérieurs non viables et qui ne produisent que des chômeurs, de
fournitures scolaires et de paiement sélectif de quelques factures de maternité
ou d’hospitalisation. Tout ce carnaval politique est souvent couronné par des
concerts de musique accompagnés des danses obscènes pour faire oublier à la
population toute la misère et toutes les frustrations accumulées durant les
cinq dernières années. Désorienté et ne sachant même pas que c’est à lui que
revient la noble tâche de faire le tri et de recruter le personnel du pouvoir
constitutionnel, le peuple élit naïvement ses nouveaux tortionnaires ou
reconduit aveuglement les mêmes.

Ainsi continue le cercle vicieux, du
peuple de plus en plus pauvre produisant une classe politique de plus en plus
riche, égoïste, cynique, arrogante et gouvernant par défi.

Pour fuir cette misère et comme si cela
ne suffisait pas, de milliers de jeunes Congolais ainsi que leurs familles se
font escroquer chaque année par des arnaqueurs qui leur présentent, sur
internet, plusieurs fausses possibilités d’immigration ou d’emploi notamment au
Canada, aux USA ou même en Europe. Certains vont jusqu’à croire que ceux qui
s’y trouvent déjà sont égoïstes et de mauvaise foi, lorsqu’ils tentent de leur
communiquer la procédure légale à suivre. Pendant ce temps, dans tous les pays
d’accueil, il est chaque fois demandé aux Congolais ce qui les pousse à fuir
leur si beau et riche pays qui aurait pu être la meilleure destination pour
beaucoup d’Africains, d’Européens et d’Asiatiques. Plusieurs en arrivent à la
conclusion, pas tout à fait incorrecte, que les Congolais sont un peuple
amorphe qui laisse ses immenses ressources naturelles aux mains d’une poignée
d’individus, toujours les mêmes, et de leurs complices occidentaux auprès
desquels ils se font légitimer en amont pour ensuite organiser des mascarades
d’élections. La récente visite de certains membres de l’opposition congolaise
aux U.S.A. confirme ce point de vue.

Pour changer cet état de choses et
permettre une redistribution équitable du revenu national, nous pensons qu’il
est temps pour ce peuple de mettre lui-même fin à sa misère en sanctionnant par
les urnes tous ceux qui ont abusé et tous ceux qui sont susceptibles d’abuser
de leur mandat des années durant en faisant de la politique une carrière et non
un service.

Cela n’est possible que si les
intellectuels et tous les hommes et femmes instruits s’impliquent pour éveiller
ce peuple afin que le personnel du pouvoir d’État à recruter en 2016, le
Président de la République en tête, soit celui qui vient servir et non se
servir. La méfiance devra être le maître mot envers : « les
politiciens de carrière qui n’ont rien fait de socialement visible et
profitable, les vagabonds politiques qui se blanchissent à chaque échéance
électorale au travers de différentes formations et familles politiques ainsi
que ceux qui tentent ou auraient déjà tenté de tordre le coup à la Constitution
et à la loi électorale pour se maintenir au pouvoir pour leurs propres
intérêts ». Sous d’autres cieux, où la justice n’est pas instrumentalisée
comme la nôtre, plusieurs de nos dirigeants auraient un casier judiciaire ne
permettant pas à la Commission électorale de les déclarer éligibles. C’est
pourquoi, chaque Congolais instruit doit user de son influence auprès de sa
famille et dans sa communauté pour les mettre en garde, dès maintenant
et jusqu’aux élections
, contre des choix qui viendraient accentuer les
inégalités sociales. N’est-il pas écrit dans le préambule de la Constitution
que : «L’injustice avec ses corollaires, l’impunité, le népotisme, le
régionalisme, le clanisme et le clientélisme, par leurs multiples vicissitudes,
sont à l’origine de l’inversion des valeurs et de la ruine du pays? 
»

 Éviter de fragiliser la cohésion nationale

Tout pouvoir non démocratique fragilise
la cohésion nationale et cela peut se manifester de plusieurs manières :
utilisation de l’armée et des services de sécurité au service des individus et
du régime et non de la République, refus systématique de la contradiction,
refus systématique de trouver de solutions consensuelles avec l’opposition aux
questions d’intérêt national, restriction des libertés fondamentales se
traduisant par l’instrumentalisation de la justice pour réduire les adversaires
politiques au silence, nomination déséquilibrée des animateurs des institutions
au profit de quelques provinces ou ethnies, cycle permanent de négociations et
dialogues débouchant sur des gouvernements d’union ou de cohésion nationale, et
ce, en violation fragrante de la Constitution, etc. Sans tabou ni faux fuyant,
quelques exemples méritent d’être évoqués ci-dessous pour le démonter.

De Mobutu à Joseph Kabila en passant par
Laurent-Désiré Kabila, tous les experts et tous les observateurs neutres
s’accordent pour relever que la plus grande faiblesse de l’armée congolaise
réside dans le fait qu’elle n’a jamais été véritablement une armée nationale
aussi bien dans ses missions qu’au niveau des hommes appelées à la commander.
L’uniforme et les armes achetés par le contribuable congolais sont
régulièrement utilisés par l’armée et la police pour semer la terreur et
réprimer disproportionnellement et dans le sang les simples civils. Des
exemples foisonnent : massacre des étudiants à différentes époques sur les
cités universitaires, massacre des creuseurs de diamants à
Katekelayi/Mbuji-Mayi en 1979, massacre des adeptes de Bundu dia Kongo en 2007
et 2008, répressions sanglantes contres les militants de l’UDPS avant et après
les élections de 2011, répression des manifestants contre la loi Boshab en
janvier 2015, etc.) Mais là où il faut faire la démonstration de cette
« force » pour défendre l’intégrité territoriale, on fait plutôt
recours aux troupes étrangères même contre de petites rébellions et milices
(Shaba I et Shaba II, FDLR, Mai Mai, etc.) sans tenir compte des conséquences
sur la souveraineté nationale.

De même que Mobutu s’était entouré des
chefs militaires majoritairement originaires de l’Équateur, depuis l’arrivée au
pouvoir de l’AFDL, l’armée, la police et les services de sécurité sont
majoritairement composés et dirigés par les originaires des provinces de l’Est
(le Katanga en tête), parmi lesquels certains entrent ou sont intégrés dans
l’armée directement avec grade d’officier supérieur. Tout ceci est fait en
violation de la Constitution et de la loi organique portant organisation et
fonctionnement des forces armées de la République démocratique du Congo, qui
consacre son caractère national et non ethno-régional de façon « à
assurer une participation équitable et équilibrée de toutes les provinces. Cet
équilibre se trouve à tous les niveaux de l’armée, en tenant compte de la
représentation des tribus, d’ethnies et des femmes, sans distinction de langue
ou de religion
. »

Expert militaire et analyste des
questions géopolitiques et géostratégiques, Jean-Jacques Wondo constate
que : « Malheureusement, les nominations des généraux intervenues
en juillet 2013 ont mis en lumière cette tendance éthnorégionale, avec plus de
65% des généraux promus originaires des provinces orientales du Congo. Les
récentes nominations à la tête des Grandes Unités des FARDC sont venues
consolider cet état des choses. On assiste donc aujourd’hui à une
‘’swahilisation’’ des FARDC qui mime l’’équatorialisation’’ des FAZ sous
Mobutu. 
» (Jean-Jacques Wondo, Les forces armées de la
R.D.Congo : Une armée irréformable
?, Dec 2014, p.174). Toutes ces
informations, qui n’ont rien de subversif, sont authentiques et ne peuvent être
cachées au public sous quel que prétexte de sécurité que ce soit car elles
figurent dans les ordonnances présidentielles rendues publiques le plus
officiellement du monde et disponibles tant au Journal officiel que dans des
organes de presse (Digitalcongo, Le Potentiel, Kongo times, …). Ce qui intrigue
davantage, c’est que parmi ces heureux promus, il y a même des officiers
généraux qui n’ont jamais suivi la moindre formation militaire (Jean-Jacques Wondo, ibid)
et par conséquent prêts à trahir la nation devant l’ennemi ou à utiliser,
contre les faibles civils, toute forme de violence disproportionnée pour
défendre non pas le territoire national mais le régime qui a fait appel à eux
au détriment d’autres compatriotes plus méritants. Paradoxalement, ce sont
justement les provinces de l’Est qui sont les plus exposées à l’insécurité et
qui constituent le ventre mou du pays, par lequel sont expérimentés tous les
plans de balkanisation et d’infiltration du territoire et de pillage des
ressources naturelles. (Lire J. Kankwenda Mbaya et F.Mukoka Nsenda (eds),
2003 : La RDC face au complot de balkanisation et d’implosion, CRIDES,
Kinshasa-Montréal-Washington, 416 p.)

 Ce qui est dit de l’armée et des
services de sécurité vaut également pour le gouvernement, conformément au
prescrit de la Constitution en son article 90 al.3 : «
 La
composition du gouvernement tient compte de la représentation nationale 
»

Dans les faits cependant, on observe que
pour des raisons non justifiées, le Katanga a le droit de la surreprésentation,
avec certains postes ministériels (justice et défense…) qui lui sont
presqu’exclusivement réservés depuis l’avènement de l’AFDL au pouvoir, en plus
de compter le plus grand nombre de hauts responsables dans la magistrature(nous
savons de quoi nous parlons), dans l’armée, dans la police et dans les autres
services de sécurité.

Comment un gouvernement peut-il alors
être qualifié de cohésion nationale ou susceptible de favoriser cette cohésion
lorsque, dans sa composition, trois provinces sur les onze actuelles se tapent
la part du lion avec 46%? Avec leurs 26 députés nationaux contre seulement 13
pour le Maniema (province), les ressortissants de l’Ituri (district) en sont
arrivés à dénoncer leur marginalisation en ces termes: « Nous dénonçons
aussi le manque d’équité dans la composition de ce nouveau gouvernement.
L’analyse montre, en effet, que trois provinces sur onze(le Katanga : 9,
le Bandundu : 8 et le Maniema : 5) se sont taillées non seulement la part
du lion (46% des postes ministériels) mais aussi contrôlent l’essentiel des
postes juteux et stratégiques du gouvernement
.»(Source : Réseau pour
la réforme du secteur de justice et de sécurité en République démocratique du
Congo, RRSSJ, 15 déc.2014; http://www.rrssjrdc.org/?p=9463

 A l’allure où vont les choses, il est
fort à craindre que tout futur Président de la République soit tenté de
« faire rattraper le retard » à sa province et/ou à son ethnie, avec
comme conséquence la remise en cause perpétuelle de la cohésion nationale et la
fragilisation du sentiment d’appartenance à une même nation, qui risquent à
leur tour de réveiller les démons des rébellions, de la balkanisation et du
pillage de nos ressources naturelles.

C’est pourquoi, l’heure a sonné pour que
tous les hommes et toutes les femmes instruits de toutes les provinces,
sans distinction, sensibilisent leurs membres de famille et de communautés pour
que le prochain Président de la République, peu importe son origine provinciale
ou ethnique, soit  celui  qui est jaloux de
l’intégrité et de l’intangibilité du territoire national et qui mesure
l’importance de la cohésion nationale en faisant de la composition du
gouvernement, de l’armée et des services de sécurité une question de survie
nationale et non de sa personne et/ou de son régime. Que nos nombreux grands
amis des provinces injustement favorisées ne nous en tiennent pas rigueur, car
« Le Président de la République est le Chef de l’État. Il représente la
nation et il est le symbole de l’unité nationale.  
Il veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la
continuité de l’ÉtatIl est le garant de l’indépendance nationale,
de l’intégrité du territoire, de la souveraineté nationale et du respect des
traités et accords internationaux. 
» (Art. 69 de la
Constitution). Concevoir autrement la fonction présidentielle, c’est non
seulement violer la Constitution mais également réduire le Chef de l’État à un
rôle de chef coutumier, qui regarde d’abord si les siens sont bien servis avant
de distribuer les miettes aux autres, ceux qui acceptent de fermer les yeux sur
sa gouvernance.

 Conclusion

En raison de son rôle dans la marche de
l’État et surtout des attributions que la Constitution confère au Président de
la République, son élection laisse couler beaucoup d’encre et de salive tant au
pays qu’à l’étranger. Selon que cette élection est bien ou mal organisée, le
pays peut basculer dans une crise aux conséquences dramatiques et incalculables
ou amorcer un virage heureux vers une paix durable, fondatrice du développement,
de la démocratie et d’un véritable État de droit. Comme le bien ou le mal
auxquels sont confrontés les chrétiens pour leur vie de l’au-delà, la maturité
du peuple congolais sera jugée en fonction du choix qu’il va opérer en 2016
entre ses fils et ses filles, candidats à la magistrature suprême. Parmi eux,
certains loups se présenteront avec l’étoffe d’agneau pour désorienter le
peuple, d’autres seront des chevaux de Troie envoyés de loin avec des missions
précises incompatibles avec ses intérêts, tandis que très peu, et peut-être
sans beaucoup de moyens, auront du mal à se faire accepter comme sauveurs de la
nation. C’est donc maintenant que doivent agir, tels les prophètes de la Bible,
tous les intellectuels, tous les hommes et toutes les femmes instruits, pour
préparer l’arrivée de ce messie politique en dressant rigoureusement son profil
pour que le souverain primaire l’identifie facilement. La finalité étant de
choisir, au sein de la multitude de candidats, celui qui sera apte à respecter
la Constitution et le peuple pour le conduire vers son destin. Il faudra
surtout aider ce peuple à distinguer les vrais des faux prophètes, pour que le
futur Président de la République soit celui qui mettra fin aux crises de
légitimité, qui réduira les inégalités sociales, qui renforcera réellement la
cohésion nationale et qui protégera efficacement et sans compromission
l’intégrité territoriale en l’éloignant du spectre de la balkanisation. Et
alors nous pourrons apprécier et matérialiser ces belles paroles de notre hymne
national dont voici un extrait :

Dressons nos fronts

Longtemps courbés

Et pour de bon prenons le plus bel élan

Dans la paix

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