Les véritables adversaires du Congo-Kinshasa ne se cachent plus. Par Mbelu Babanya Kabudi, analyste géopolitique
Dimanche dernier, le 15 mars
2015, les services de la police politique de ‘la kabile ont
arrêté des jeunes sénégalais, congolais, burkinabè ainsi que certains
journalistes étrangers présents à une manifestation organisée pour le
lancement dun groupe de jeunes congolais dénommés Filimbi
(siflet). Un agent américain de lUSAID (Agence
Internationale pour le développement US) a aussi été arrêté et relâché le
même dimanche. Tiens ! Pourquoi lui et pas les jeunes ?
Il semblerait que ces derniers
sont accusés de ‘terrorisme. Pourtant le lundi, le16 mars 2015, un
porte-parole de lambassade des USA a reconnu que lactivité de ces jeunes était soutenue par les USA. Il serait donc
établi, selon Lambert Mende, quau Congo-Kinshasa, le pays de Barack Obama
finance ‘le terrorisme ! Alors, pourquoi arrêter ‘les jeunes
terroristes et relâché lun des financiers de ce ‘terrorisme ?
A vrai dire, si nous nous
inscrivons dans la logique de Lambert Mende, les véritables adversaires du
Congo-Kinshasa auraient décidé den découdre avec leurs ‘nègres de
service dhier au grand jour. Ils ont décidé de lutter contre eux
à visage découvert. Est-ce cela ? Ne serait-il pas judicieux danalyser,
froidement, le mode opératoire de ces ‘joueurs de billard ?
En effet, les membres de
lEtat profond anglo-saxon sont de ‘joueurs de billard (Andrej
Fursov). Et en bons joueurs de billard, ces adversaires du Congo-Kinshasa
appliquent le principe selon lequel plusieurs balles peuvent être tirées
simultanément. Ils savent que la jeunesse du Congo-Kinshasa comme celle de
plusieurs pays africains constitue leur force. Après avoir produit des
‘Etats faillis ou ‘ratés gérés par des psychopathes, ils leur
offrent leurs jeunes en pâture. Là où ces ‘Etats ratés sont aux mains
des élites plus ou moins averties, les activités de ces jeunes bien que suivies
par ‘les services secrets ne sont pas proscrites. Et leurs jeunes ne sont
pas traqués comme des malfrats. Ces élites ont réussi à identifier leurs
véritables adversaires et à connaître leur mode opératoire ; leur
‘stratégie du chaos. Opposer les citoyens dun même pays les uns contre les
autres en mettant à leur disposition de largent et des armes pour quils
sentretuent sur le temps long, quils se neutralisent et cassent en eux toute
véritable volonté de sémanciper des forces impérialistes et tout esprit
dêtre soi ; créer une haine corsée à lendroit de leurs ‘nègres de
service et à lendroit deux-mêmes, etc. ; tout cela contribue à
alimenter ‘une guerre perpétuelle pouvant permettre à ces ‘joueurs de
billard dintervenir comme ‘pompiers afin de livrer les pays quils
tiennent à dominer à la voracité économique du FMI et de la Banque mondiale et
de faire main basse sur leurs matières premières stratégiques. Ayant perdu des
pans entiers de marché en Eurasie et en Amérique du Sud, ils tiennent à être
reconnu comme membre d ‘une nation exceptionnelle et ‘indispensable en
Afrique. Par tous les moyens.
Et toute leur ‘stratégie du
chaos et dingérence est dénommée ‘lutte pour la démocratie et
les droits de lhomme !
Disons que linversion
sémantique fait partie intégrante de cette ‘ stratégie du chaos constructeur
d ‘un nouvel ordre mondial que les pyromanes souvent déguisés en pompiers
cherchent à tout prix à imposer au monde. Leurs agences de sédition et de
terreur sont abusivement dénommés la Fondation pour le développement de la
démocratie (NED), lInstitut International Démocrate (NDI), Institut des
Etats-Unis pour la Paix (USIP), Agence Internationale pour le
développement (USAID), etc.
Cette inversion sémantique est
aussi instrumentalisée pour abuser de la bonne foi des jeunes et/ou des
élites sociopolitiques soucieux de voir lordre politique de leurs pays
respectifs saméliorer. Ecouter ou échanger avec tous ces jeunes arrêtés
à Kinshasa permet de sen rendre compte. Hélas ! Sont-ils toujours
capables dexercer un esprit critique pouvant leur permettre de comprendre
quils ne sont pas ‘les maîtres du jeu auquel ils sadonnent de bonne
foi ? Encore faudrait-il quils sachent quen cette matière, la
bonne foi ne suffit pas !
Lutter au cœur de
lAfrique comme dans une île peut se révéler dangereux du point de vue des
progrès à réaliser dans laccumulation des connaissances historiques sur
le mode opératoire des ‘maîtres du jeu et dans la prise de conscience de
leur capacité dentretenir ‘une guerre perpétuelle là où leurs intérêts géoéconomiques
et géostratégiques sont concernés.
Avoir une vue large, avoir une
vue ouverte sur le monde aurait par exemple conduit nos jeunes à se poser ces
quelques questions de simple bon sens : « Comment les USA peuvent-ils
financer les activités des jeunes démocrates en Afrique pendant que leur police
tue des jeunes africains à Ferguson ? Comment peuvent-ils vouloir un
Congo-Kinshasa souverain après le coup dEtat raté quils ont orchestré au
Venezuela avant de déclarer le 09 mars 2015 que ce pays constituait une menace
sérieuse pour leur sécurité[1] ? Pourquoi les Etats-Unis et leurs alliés
après avoir affirmé quils sen prenaient à Kadhafi pour mettre ‘la démocratie
et les droits de lhomme en Libye ont-ils transformé ce pays en un
mouroir ? »
Nous pouvons multiplier ce
genre de questions de simple bon sens. Avoir les yeux ouverts sur le monde et
ne pas se les poser peut témoigner que nous avons perdu jusquau simple bon
sens. Cela attesterait des dégâts que la pensée hégémonique et la
lobotomisation auraient causés dans nos cœurs et dans nos esprits.
En effet, après les programmes
dajustement structurels imposés au pays de Lumumba au cours des années
1980-1990 et la guerre de basse intensité qui sen est suivie, il nest pas
très sûr que le sens de lhumain et de la fierté dêtre soi naient pas
été détruits dans plusieurs de nos cœurs et esprits. Il y aurait là un
travail de reconstitution et de reconstruction spirituelle et culturelle à
abattre sur le long temps afin que nous redevenions capables de persévérer dans
la lutte contre notre collectif abrutissement et avilissement. Les
minorités organisées et agissantes ont plus que du pain sur la planche.
Revenons au cas des jeunes
africains arrêtés. Les USA ont reconnu quils les ont financés[2]. (Ce sont eux qui ont orchestré la guerre contre le Congo-Kinshasa comme
en témoigne le documentaire intitulé ‘Rwandas untold story et plusieurs
autres documents.)Ils ne portent pas de gants pour dire que ce sont eux les
véritables adversaires du Congo-Kinshasa comme ils le sont de plusieurs
pays à travers le monde. Ils sont là en plein dans la mise en pratique de
leur ‘théorie de coups dEtats « doux ». Celui-ci nest pas dirigé
contre leurs ‘nègres de service. Non. Il est mené contre le peuple congolais
debout ; luttant pour sa souveraineté politique, économique et culturelle.
Si le Congo-Kinshasa avait un
gouvernement responsable, il engagerait un échange avec les Américains pour
quil en ait le cœur net. Il relâcherait tout simplement ces jeunes gens
ayant, pour plusieurs dentre eux, agi de bonne foi. Tous ou presque disent
quils ne veulent plus que lAfrique soit dirigée par ces présidents violant
les constitutions et tenant à séterniser au pouvoir. Sorganiser pour
lutter contre la prise en otage du pouvoir sociopolitique et économique
au profit de quelques élites politiques aux dépens des populations africaines
au point de compromettre lavenir des jeunes nous semble être un objectif
noble. Les gouvernements africains responsables devraient lencourager. Cela
étant, ces jeunes devraient être avertis afin quils évitent de tomber dans le
piège des ‘maîtres du monde et de beaucoup dautres vampires, avides de
sang.
[1] http://www.legrandsoir.info/sanctions-contre-le-venezuela-les-mensonges-de-l-administration-obama-the-intercept.html
[2]ww.bbc.co.uk/afrique/region/2015/03/150316_drc_usa_activists_kinshasa?SThisFB&&fb_ref=Default#38;?SThisFB