26.09.15 Luik: namiddag in het teken van Belgen en Congolezen (op 30 september)

AVEC
Gauthier Jacob – journaliste à la RTBF-¬‐Liège / Modérateur

Jean-¬‐Pierre  Dozon (Anthropologue,  Directeur d'études EHESS et directeur scientifique de la FMSH)
et Kalvin Soiresse Njall   (Collectif Mémoire coloniale et Lutte contre la Discrimination)

Isidore NDaywel E Nziem (Historien, Unikin, Kinshasa) et
Marc Poncelet (Sociologue, ULg, programmes de coopération scientifique Nord-¬‐Sud

Jacinthe Mazzocchetti (Anthropologue, UCL, spécialiste des migrations africaines en Belgique, )  et
Marie-Jeanne   Omari  (Sociologue,  coordinatrice  pédagogique –  l'Intégration des Personnes Etrangères)

Thierry Michel (Cinéaste et journaliste  Mobutu Roi du Zaïre. Congo River, L’Homme qui répare les femmes)
Colette Braeckman (Journaliste au Soir, spécialisée sur l'Afrique centrale et auteur de nombreux  livres)

On le dit trop peu, l’imaginaire de la Belgique moderne a été très vite et très profondément envahi par la colonie, le Congo, l’Afrique. Tandis qu’ils avaient très peu accès à la métropole et aux autres colonies, les Congolais ont été confrontés pour leur part à une nationalisation (« belgicisation ») de l’Etat « léopoldien » par l’administration coloniale, les congrégations, le peuplement blanc et dans une certaine mesure,   par le business  colonial.  On  sait  combien  le  racisme,  le  paternalisme  et  la  discrimination  ont été fonctionnellement et durablement intégrés à l’appareil colonial. On sait combien la décolonisation dite « ratée », la « congolisation » qui suivit, la décomposition du régime du MPR de Mobutu, les échecs de la coopération, les guerres, les avatars du dialogue politique belgo-¬‐congolais, la périlleuse reconstruction actuelle… ont entretenu en Belgique l’image d’une population congolaise impuissante, d’élites corrompues, d’une coopération vaine, d’un dialogue tronqué. On sait moins que ces perceptions sont peu partagées  par  les  Congolais  et  qu’elles  ne  sont  pas  tout  à  fait  celles  des  Belges  qui fréquentent la RDC.
 
Le temps, la mondialisation, les migrations, l’éducation, la coopération, le travail interculturel …ont-¬‐ils renouvelé nos représentations héritées d’une colonisation unique, singulière et courte qui commença et prit fin dans la controverse et la violence. La coopération au développement, la couverture médiatique, les discours sur l’immigration ont-¬‐ils  rompu avec le registre de la « civilisation », du misérabilisme, du paternalisme, des « ténèbres » ? La « première guerre mondiale africaine » du tournant du millénaire a-¬‐t-¬‐elle invalidé les images du Congo moderne, du Congo libéré, des nouvelles élites postcoloniales.  Les avancées récentes de la globalisation, en Afrique en particulier, ont-¬‐ elles enseveli le passé, ses images, ses connivences, ses figures, ses stéréotypes, ses malentendus ?
 
 
Objectif : initier une réflexion partagée sur les principales représentations réciproques qui trament les relations entre Congolais et Belges, leurs ressorts et leurs dynamiques : l’histoire, les médias, la coopération, l’école, la globalisation, les migrations.
Identifier en particulier des configurations durables et contemporaines de ces représentations, leurs asymétries et leurs portées. Il s’agit également de discuter  de l’intérêt d’en parler plus d’un demi-¬‐siècle après l’indépendance du Congo, alors que quelques dizaines de milliers de Congolais vivent en Belgique. Certes le rapport entre Congolais et Belges n’est pas comparable à celui des Danois et des Zimbabwéens par exemple,  mais  sur  quoi  repose  aujourd’hui  cet  héritage commun  certes,  mais  peu partagé ?
Bien  des  affirmations  ont  scandé  cette  relation  historique  tumultueuse  et  tendue  entre Belges   et   Congolais :   intimité   historique,   parenté   symbolique   (Noko,   ou   oncle),

qu’offre aux uns et aux autres un tandem entre un petit pays européen et un grand pays africain…,     ou  à  l’inverse,  paternalisme  indécrottable,  deuil  colonial  mal  assumé, nécessité de rompre définitivement le lien postcolonial (symbolisé par le débat sur le MRAC  de  Tervuren)  en  banalisant  le  Congo  comme  « simple »  pays  africain,  les Congolais  de  Belgique  comme  migrants  « tout-¬‐venant »,  la  Belgique  comme  porte d’entrée  commode  des  Congolais  en  Europe !     Mais  quelles  qu’elles  soient,  ces affirmations ne sont que très rarement fondées sur des débats approfondis, sur des recherches. Elles sont encore moins  soumises à l ‘épreuve d’un examen commun entre des Belges et des Congolais.
 
Que sait-¬‐on finalement de ce que pensent les Congolais   de ces affirmations? Les Congolais ont-¬‐ils encore une image distinctive des Belges et vice-¬‐versa ? Des idées très différentes ne coexistent-¬‐elles  pas de part et d’autre ? Les rapports à la colonisation, construits par l’éducation, transmis ou imaginés, ont évolué de manières très différentes en Belgique et en RDC. Quiconque fréquente régulièrement le Congo sait combien les représentations qui choquent ou révoltent sont rarement celles que l’on dénonce en Europe.  En  Belgique  comme  en  RDC,  il  semble  que  bien  des  malentendus  (au  sens propre et figuré) et des non-¬‐dits sous-¬‐tendent encore cette relation dite « particulière » !
 
Public visé : grand public culturel, mouvance associative du secteur de la diversité et du secteur socio-¬‐culturel, institutions et mouvements de la coopération internationale, enseignants, activistes et étudiants.
 
Problématique générale : quelques balises
Après avoir été sous la souveraineté personnelle de Léopold II, le Congo, aujourd’hui l’un des plus grands pays africains (130 millions d’habitants attendus en 2050) a été la seule colonie belge, une colonie qui se voulait moderne, un haut lieu de la globalisation du capitalisme et un objet précoce de la propagande moderne. Entre 1876 et 1905, le Congo a envahi l’imaginaire collectif des Belges. Trois ans plus tard le Congo devient une colonie du Royaume. La Belgique a envahi le Congo et le bilan de cette histoire coloniale demeure controversé. Qu’en faire aujourd’hui ?
 
L’objectif de cet atelier est de contribuer à une réflexion en Belgique (et pourquoi pas en RDC ?) sur la nature, les lieux sociaux, les transformations, les asymétries et l’actualité de ces représentations réciproques. Quelques questions baliseront nos réflexions.
 
-¬‐     En  quoi  cette  notion  de  « représentation »  est-¬‐elle  pertinente  pour  saisir  les relations   postcoloniales dans   le   monde   global,   mobile   et   liquide?   Est-¬‐elle réductible   à   celle   de   stéréotype ?   Comment   mesurer   et   objectiver   les
« représentations » ?
-¬‐     Les représentations coloniales de l’Afrique sont étudiées, disséquées, discutées depuis un quart de siècle au moins, y compris dans leurs dimensions postcoloniales.  Les  représentations  africaines  de  la  colonisation  commencent elles aussi à être étudiées.  Les représentations réciproques des Belges et des Congolais ont-¬‐elles  quelques originalités et particularités ? Si oui, quelles sont-¬‐ elles et à quoi renvoient-¬‐elles ?
-¬‐     Quels  sont  les  moments,  les  inflexions,  les  oppositions  et  les  figures  les  plus
saillantes de la construction de ces représentations et leurs évolutions ?

l’inégal pouvoir, du fait des silences et non-¬‐dits coloniaux (et postcoloniaux), du fait également des bassins de diffusion différents, ont-¬‐elles néanmoins des marqueurs communs, des éléments convergents, des connivences, des références implicites, des faux semblants partagés ?
-¬‐     Quels ont été les vecteurs de ces représentations en RDC et en Belgique : la presse
et les médias au sens large, les institutions de coopération,  les réseaux d’affinités, l’immigration très tardive et finalement limitée de Congolais en Belgique et parallèle à la réduction drastique du nombre de Belges en RDC ?
-¬‐     Ces  représentations  ou  certaines  de  leurs  formules  particulières  sont-¬‐elles produites dans des milieux sociaux singuliers : réseaux confessionnels, réseaux politiques, milieux de la coopération au développement, institutions savantes d’outre-¬‐mer, institutions sociales de traitement des questions d’immigration ?
-¬‐     Ces représentations ont-¬‐elle contribué à construire la position des Congolais en
Belgique   face   aux   « autochtones »   et   dans   la   diversité   de   l’immigration ? L’impression s’impose que le « migrant » congolais qui correspond assez mal à la figure   encore   misérabiliste   de   « l’immigré »   échappe   (ou   s’échappe)   du traitement institutionnalisé de l’immigration.
-¬‐     Quelle est l’actualité de ces représentations dans les relations entre Belges et
Congolais en Belgique et en Afrique, dans la vie des communautés congolaises en Belgique et en Europe, dans les médias belges et les autres producteurs de représentations  contemporaines  de  l’Afrique  et  de  l’Afrique  centrale  en particulier ?
-¬‐     Finalement, quel pourrait l’intérêt de mettre ces représentations et cette relation
postcoloniales sur le métier de la recherche et de l’enseignement en Belgique et en  RDC ?  Biens  que  les  critiques  africaines  et  autocritiques  coloniales  et postcoloniales   n’ont   pas   manqué,   quels   pourraient   être   les   matériaux   et méthodes d’un tel chantier ?
 
Un atelier conférence
 
Cet atelier donnera la parole à des chercheurs, des professionnels, des experts mais aussi aux participants, chercheurs et experts eux aussi, en particulier aux jeunes gens et aux professionnels de l’éducation.
 
L’atelier sera animé Par Gauthier Jacob, journaliste à la RTBF-¬‐Liège qui réalisé de nombreux reportages en Afrique pour les émissions Dunia et Planète en question (magazines  des  relations  Nord-¬‐Sud   de  la  RTBF),  spécialisé  aujourd’hui  dans  les émissions de sensibilisation des enfants aux problématiques de développement.
 
L’atelier  sera  organisé  sous  la  forme  de  3  interventions  thématiques  en  dialogue. Chacune  sera  « discutée »  par  le  Prof.  Jean-¬‐Pierre  Dozon  (Anthropologue,  Directeur d'études EHESS et directeur scientifique de la FMSH (Fondation Maison des sciences de l'Homme, spécialiste en outre des relations entre la France et l’Afrique) et par Kalvin Soiresse Njall  (Enseignant, responsable du Collectif Mémoire coloniale et Lutte contre la Discrimination, Bruxelles)

 Thème 1
La production des représentations : histoire et sociologie d’une relation singulière
 
Les Professeurs Isidore NDaywel E Nziem (Historien, Unikin, Kinshasa, auteur des ouvrages de référence sur l’histoire du Congo, Commissaire de l’exposition du Cinquantenaire de l’indépendance) et Marc Poncelet (Sociologue, ULg, auteur de L’invention des sciences coloniales belges et responsable de programmes de coopération scientifique Nord-¬‐Sud) mettront en perspective historique et sociologique les moments, les inflexions, les réseaux, les acteurs,  les oppositions et les figures les plus saillantes de la construction de ces représentations réciproques et leurs évolutions.
 
Thème 2
Les représentations vécues dans les communautés en Belgique
 
La Professeure Jacinthe Mazzocchetti (Anthropologue, UCL, spécialiste des migrations africaines en Belgique, a dirigé l’ouvrage Migrations subsahariennes et condition noire en Belgique)  et  Mme  Marie-¬‐Jeanne   Omari  (Sociologue,  coordinatrice  pédagogique  au Centre Régional pour l'Intégration des Personnes Etrangères ou d'Origine étrangère de Liège) traiteront de l’expression de ces représentations dans la vie des communautés congolaises et africaines en Belgique, dans leurs relations avec les autres composantes de   la   population   et   avec   les   institutions.   Comment   leurs   recherches   et   leurs interventions dans les communautés africaines les ont-¬‐elles confrontées avec ces représentations ?    Quels  sont  les  Belges  des  Congolais   de  Belgique ?  Comment  leur exclusivité coloniale, leurs profils et    leurs trajectoires migratoires singulières contribuent-¬‐ils à leurs représentations de la Belgique, à leur stratégie et leur sentiment d ‘intégration ou de discrimination ? Des identités nouvelles (« Belges noirs », « Belges d’origine africaine », « Congolais en diaspora », « Afropéens », « Seconde génération »,
« jeunes  issus  de  la  migration »  etc.)  sont-¬‐elles   en  travail  aujourd’hui ?  Comment caractériser les rapports des Congolais de Belgique ou Belges d’origine congolaise aux institutions publiques belges ? Quelles différences de représentation s’affirment selon les    statuts  socio-¬‐professionnels,  le  genre,  la  génération ?  Comment  s’expriment  les rapports au pays d’origine et à son passé colonial et postcolonial.
 
Thème 3
Les représentions travaillées par les médias
Thierry Michel (Réalisateur de plusieurs reportages de référence sur le Congo, dont Mobutu Roi du Zaïre, L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi, La colère d’Hippocrate. L’Homme qui répare les femmes) et Colette Braeckman (Journaliste au Soir, spécialisée sur l'Afrique centrale et auteur de nombreux  livres sur la région des Grands lacs dont "Le dinosaure, le Zaïre de Mobutu" et "'Rwanda histoire d'un génocide", co-¬‐auteur  du film " La colère d’Hippocrate. L'Homme qui répare les femmes".
Ces deux auteurs ont une expérience sans pareille du Congo depuis plus de 25 ans et une expérience  tout  aussi  incomparable  des  relations  entre  le  Congo  et  la  Belgique. Comment ont-¬‐ils  rencontré les représentations dont il est question ? Comment ont-¬‐ils contribué à les façonner, à les infléchir, à les enrichir ? Comment leurs recherches, leurs réalisations, leurs  publications ont-¬‐elle  été perçues en Belgique et au Congo ? Quels regards jettent-¬‐ils sur l’actualité des relations belgo-¬‐congolaises ?
 
Conclusions : un chantier à ouvrir ? :  I. NDaywel E Nziem, J.P. Dozon, M. Poncelet

 
L'atelier-conférence se poursuivra par la visite de l'exposition "Notre Congo, La propagande coloniale belge dévoilée" conçue et réalisée par CEC (coopération par l’Education et La Culture) et présentée au Point Culture de Liège (Îlot Saint-Michel, Place Saint Lambert).
Point Culture, programme Colonies, héritages et tabous, octobre-décembre 2105
http://pointculture.be/thema/colonies/

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