21 09 16 – Le régime de Kabila a tué. Il pourrait encore tuer
Les assassinats perpétuels est le lot des Congolais(es). Une certaine lecture de notre histoire immédiate ne retient que les moments de leur intensification.
Non. Depuis la guerre de l'AFDL, le Congo-Kinshasa est à la fois une prison à ciel ouvert et un mouroir. Telle est la réalité que l'histoire officielle chercher à masquer à travers une rhétorique mielleuse des discours destinés en endormir la jeunesse congolaise. L'exemple le plus récent est celui du discours de Joseph Kabila du 30 juin.
En voici un petit extrait : « A tous ceux qui pensent que lhistoire de ce pays devrait toujours sécrire en lettres de sang et par les autres, nous rappelons que cest par le peuple congolais, et en République Démocratique du Congo que, dans la paix, les nouvelles pages de lhistoire de notre pays restent à écrire et le seront. Car, comme nous navons jamais cessé de le répéter, notre peuple est aujourdhui mûr. Il connaît parfaitement où se trouvent ses intérêts et comment en assurer la défense. » Les dates du 19 et du 20 septembre 2016 sont venues démentir ces propos (et il fallait s'y attendre.)
L'histoire du Congo-Kinshasa continue à s'écrire en lettres de sang et par les autres.
La langue utilisée par certains faux policiers tuant les Congolais(es) au cours de ces deux dates en témoignent. Et le peuple congolais qui, mû par sa maturité, dit : ''Kabila dégage'' ; ''Yebela'' , n'est pas écouté. Sa voix est étouffée. Il est invité à sa soumettre aux diktats d'un conglomérat d'aventuriers dont les appétits gloutons coïncident avec les intérêts égoïstes de ces ''autres'' voulant que les Congolais(es) demeurent à jamais des enfants à qui doit être indiqué où se trouvent leurs intérêts et comment en assurer la défense.
Les dates du 19 et du 20 septembre 2016 sont un rebondissement de l'intensification de la lutte congolaise pour l'émancipation politique du 19, 20 et 21 janvier 2015. Au cours de ces dates, la police politique de Joseph Kabila a versé le sang congolais.
Quelques compatriotes ayant saisi le message livré par le peuple congolais au front ont écrit un ouvrage collectif intitulé : « Les Congolais rejettent le régime de Kabila ». Certains parmi eux avaient déjà, en 2013, écrit un autre ouvrage collectif intitulé : « La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d'implosion. »
A travers cette écriture congolaise de l'histoire, une constante se dégage : la résistance congolaise face au racisme anti-noir, au mépris et à la cupidité de ceux qui, avec leurs nègres de service congolais et africains, cherchent à balkaniser et à mettre en moule le pays de Lumumba, ne faiblit pas. Même si elle a besoin d'être refondée en conscience sur une idéologie intelligente et populaire de lutte.De plus en plus, la jeunesse congolaise est en train de comprendre que tous les peuples épris de liberté, d'égalité et de justice ont pu verser leur sang pour se débarrasser des imposteurs et autres tyrans ne jurant que par la soumission et la domination des masses populaires. La résistance congolaise ne faiblit pas malgré la récidive du régime Kabila. Et à ce point nommé, la jeunesse congolaise devrait, petit à petit, se débarrasser de l'illusion de voir une certaine communauté internationale venir à son secours. Elle est soumise à la loi du silence par ''les nouveaux cercles de pouvoirs mondialistes''. Les lobbyistes travaillant pour ces derniers protègent les régimes répressifs.
Ceux-ci favorisent l'exploitation des pays qu'ils gèrent pourvu que les bénéfices qu'ils en tirent leur permettent de donner l'impression d'être au pouvoir.
Contrairement au discours de la kabilie sur la souveraineté du Congo-Kinshasa, son ''autorité morale'' entretient un lobby US et dépense beaucoup d'argent pour son maintien au ''pouvoir-os''.
Lisons ceci : « BGR Group said it would be pleading the case to Congress that — despite the initial unrest — there would be elections in Congo and a transition of power.“BGR is helping the Democratic Republic of Congo explain to U.S. lawmakers and media the many necessary steps it is taking to prepare for presidential elections and the peaceful transition that will follow,” a spokesman for BGR told The Hill in an email. The contract BGR signed with the Congolese government was signed on Sept. 2 and is worth $875,000 through January 2017.Barnabé Kikaya bin Karubi, a top adviser to Kabila, spoke at The McCain Institute last week and insisted there would be elections in the country. »
Remarquons que la cause congolaise est plaidée devant le Congrès et les médias américains. C'est-à-dire le Congrès et les médias d'un pays où le pouvoir réel est entre les mains des ''nouveaux cercles de pouvoir'' d'argent mondialistes.
Rappelons aux plus amnésiques d'entre nous que ce sont les multinationales anglo-saxonnes et leurs nègres de service qui ont financé la guerre de basse intensité ayant sévi dans notre pays à partir de 1996. Le Congo-Kinshasa est donc, en permanence, plongée dans une guerre dont les acteurs pléniers demeurent les mêmes. En marge de l'exploitation qu'il subit de leur part, il est aussi dépouillé par ceux qui prétendent assurer son développement et celui de ses filles et fils.
Dans ce contexte, comprendre ce qui nous arrive, c'est travailler collectivement à la connaissance de ces mécanismes d'aliénation, d'exploitation, de soumission et de domination et à l'identification du mode opératoire des acteurs pléniers. L'exercice est difficile. Il vaut la peine d'être essayé au niveau des collectifs citoyens.
Ne nous leurrons pas. Dans une Amérique où ''l'argent a phagocyté le processus politique'' les Kabila et les Kagame trouveront toujours des alliés de leur processus d'extermination et de balkanisation du Congo-Kinshasa.
La lutte pour les intérêts congolais devrait prendre en compte ce changement de paradigme au niveau des Etats nommés ''grandes puissances''. Ce que Guillaume Debré a remarqué après plusieurs années passées aux USA n'est pas une nouveauté. Cela date de l'après deuxième guerre mondiale.
La lutte contre la démocratie populaire est une constante de la politique américaine. Croire que les USA vont soutenir une démarche de démocratie souveraine au Congo-Kinshasa est une illusion.
Les conseilleurs de Joseph Kabila le savent. Ils savent que face à l'argent et aux intérêts bassement matérialistes, la vie humaine n'a pas de prix.
Si Joseph Kabila réussit son lobbying, il pourra encore tuer. Il le fera jusqu'au jour où les Congolais et les Congolaises ayant, au niveau des partenaires géostratégiques, changé d'orientation chercheront à mettre fin à sa folie meurtrière.
Hier, il a tué comme militaire du FPR. Après plus de 6.000.000 de morts, il n' a fait face à aucun procès. Aujourd'hui, il tue encore et met les têtes d'affiches de la résistance congolaise en prison.
Nous nous sommes laissés abuser en croyant que ''nos partenaires'' et ''les décideurs'' soutiennent les luttes pour la démocratie populaire. Non. Ploutocrates, ils luttent pour la domination de la classe des riches. Revoyons nos paradigmes de lutte, si nous voulons que la lutte de la jeunesse et des masses populaires congolaises triomphe.
Mbelu Babanya Kabudi