23 09 16 L'Oeil du Patriote – Le Professeur Filip Reytjens persiste et signe : Paul Kagame est le plus grand criminel en fonction!
L’ŒIL DU PATRIOTE MAGAZINE : Après votre expérience au TPIR et ce que vous avez pu observer des rouages de la justice internationale, quel est d’après vous le meilleur procédé pour que justice soit rendue aux nombreuses victimes RDCongolaises de l’occupation ?
Filip Reytjens : Le rapport Mapping, fin 2010, fait une proposition que j’ai toujours appuyée. Celle de mettre en place des tribunaux mixtes au Congo tout comme on a fait en Sierra Léone. Tribunaux mixtes avec une composante internationale. Là, je fais référence aux propositions faites par le rapport Mapping parce que le TPIR n’existe plus et que les crimes commis au Congo par les APR ou FPR dépassent la période de compétence de ce tribunal, puisque ces crimes ont été commis fin 1996 et début 1997.
La mise en place de tels tribunaux se justifie également par le fait qu’étant donné les relations difficiles entre le Rwanda et le Congo, il sera difficile pour des tribunaux exclusivement Congolais de juger les responsables militaires Rwandais. Ce serait bien d’injecter une dose d’objectivité apparente dans ce processus judiciaire. Ce rapport a été repris par d’autres acteurs, notamment l’ambassadeur américain, dont j’oublie le nom, pour les crimes de guerre, qui est aussi un ancien du TPIR d’ailleurs. Il y a eu aussi une forte pression de la société civile Congolaise dont celle de l’Est. Il y a eu même un débat à la chambre à Kinshasa, qui était favorable à l’idée et je pense même qu’il y a eu un projet de loi qui a été adopté mais bloqué par le Sénat en vertu de deux considérations dont l’une financière stipulait que cela allait coûter beaucoup d’argent et l’autre portait sur la question de la souveraineté nationale. L’idée que des magistrats étrangers seraient associés à ce processus judiciaire était considérée par un bon nombre de sénateurs comme une atteinte à la souveraineté nationale. Pour moi, la solution reste celle-là. Les tribunaux Congolais sont des tribunaux naturels des crimes commis au Congo, cela pour des raisons des compétences territoriales. Et en principe toute juridiction pénale congolaise pourrait le faire, puisqu’il s’agit des crimes imprescriptibles (crimes contre l’humanité, crimes de guerre et comme le dit le rapport Mapping génocide).
En théorie, même les juridictions pénales ordinaires congolaises pourraient le faire, à condition qu’un parquet lance les poursuites sachant qu’un certain nombre d’auteurs sont identifiés, on sait où ils sont, on sait qui ils sont. Maintenant, est-ce que le Rwanda extraderait ces personnes au Congo ? Cela est une autre question. On pourra toujours les juger par contumace et au moins, justice sera faite. Donc, au niveau de la communauté internationale, ce serait plus crédible que ces tribunaux soient mixtes et ce serait plus difficile au Rwanda de dire ne pas reconnaitre les tribunaux congolais. Cela a été proposé, la proposition me parait raisonnable et d’ailleurs c’est la seule qui pourra mettre fin à un cycle d’impunité dans la région voir même à des violations des droits humains puisque si les auteurs ne sont même pas punis, ils vont continuer à faire tout ce qu’ils ont toujours faits c’est à dire tuer des gens.
L’ŒIL DU PATRIOTE : Force est de constater que le président Burundais a pratiquement réussi à mettre la communauté internationale devant un fait accompli. Pensez-vous que « Joseph Kabila » puisse faire de même ?
Filip Reytjens : Il va certainement être tenté, tout d’ailleurs comme le président Rwandais où la constitution a été modifiée et aussi au Congo Brazzaville. Tous ces précédents ont vu la soi-disant communauté internationale rouspéter un peu et que les américains, au sujet du Rwanda, ce sont exprimés avec beaucoup de mécontentement mais cela s’est arrêté là. Et donc on fait le gros dos et comme tout le monde semble vouloir échapper à la censure internationale, cela donne des idées à d’autres dont les élections sont proches. On voit très bien que tout est en train de se mettre en place pour arriver à ce qu’on appelle le glissement. Puisque nous sommes fin avril, il devient de plus en plus impossible d’organiser les élections en novembre et on constatera en septembre et octobre qu’organiser les élections serait impossible.
L’ŒIL DU PATRIOTE MAGAZINE: Il y a quelques années, vous avez qualifié Paul Kagamé de plus grand criminel en fonction. Aujourd’hui, il est toujours au pouvoir. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Filip Reytjens : Je dis cela parce que c’est la réalité. Si on considère le nombre de victimes tués par Kagamé, bien évidemment pas personnellement mais il est le responsable politique. Non seulement il a ordonné cela, il a autorisé cela, il suffit de prendre le nombre des victimes au Rwanda et au Congo, il y a plusieurs centaines de milliers. On ne connait pas le nombre exact mais je ne pense pas me tromper en disant que cela se situe entre 2 et 300.000. Cela, ce sont des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et de génocide et c’est incontestable. Si ces faits sont établis et ils ont été établis en ce qui concerne le Congo, notamment parmi d’autres documents à part le rapport Mapping. Et au sujet du Rwanda, il y de très nombreux rapports au sujet de ce que le FPR a fait en 1994, en plein génocide et après. Le génocide a été conduit en direct à la télé et alors le FPR a continué à tuer de façon massive et discrète.Si on additionne tout cela et comme lui-même avait dit que les faits sont têtus, eh oui, si ces faits sont établis et ils le sont, on ne peut pas échapper au constat que puisque Kagamé est responsable de ces crimes, qu’il est le plus grand criminel en fonction aujourd’hui. Je ne parle pas des criminels de guerre qui ont été en fonction par le passé mais aujourd’hui, par le nombre de victimes, Kagamé est en fait le plus grand criminel de guerre.