10 01 18 « Toi et moi » « Il existe encore des contrepoids au régime Kabila en RDC »

 

 

Maitre
Jean Claude Katende nous sommes heureux de vous recevoir à notre premier numéro
de cette année. Nous vous présentons nos meilleurs vœux pour l’année 2018.

Le
Comité laïc de coordination (CLC), avait organisé une marche le dimanche 31
Décembre 2017 

pour réclamer l’application stricte de l’accord de la Saint Sylvestre. Nous
avons appris que vous y avez pris part.

Quelles
ont été vos motivations pour prendre part à une marche interdite par les
autorités de la ville de Kinshasa ?

Je
vous remercie madame YESALASO pour les vœux. Je formule les mêmes vœux meilleurs
à votre endroit et souhaite longue vie à votre Magazine. Il y a
plusieurs raisons qui m’ont poussé à prendre part à cette marche des Laïcs
catholiques. Premièrement, c’est un appel à marcher pacifiquement lancé par une
structure de la société civile, en tant qu’acteur social, je devais y prendre
part. Deuxièmement, il y a lieu de reconnaitre que la marche n’a pas été
organisée pour qu’un groupe social ou politique en tire profit individuellement,
mais dans l’intérêt de tous les congolais. Troisièmement, l’objet de la marche
pacifique qui était  d’exiger l’application intégrale de l’accord
du 31 décembre 2016 m’intéresse aussi dans la mesure où l’accord est la seule
feuille de route crédible pour sortir le pays de la crise politique créée de
toute pièce par la Majorité Présidentielle. Enfin, la marche pacifique est un
droit consacré par la Constitution du Congo. L’obstruction à l’exercice de ce
droit par les autorités de la ville de Kinshasa étant un abus de pouvoir, je
pense qu’il était de mon devoir de participer à cette marche pour leur montrer
que je n’approuve pas cette décision.

Avez-vous
marché finalement ?

Nous
n’avons pas marché du fait des causes extérieures à nous.

J’avais
participé à la messe à Sainte Anne à la Gombe. Avant la fin de la messe, le curé
avait annoncé que la marche n’allait pas avoir lieu au motif qu’il venait de
recevoir un message lui annonçant que la marche était annulée.

Un
fait important à signaler est qu’après la messe, les fidèles se sont approchés
du curé pour lui faire part de leur mécontentement du fait que la marche avait
été annulée alors qu’ils étaient là pour y prendre part.

Voir,
les fidèles insistaient pour prendre part à la marche était pour moi un signe de
fierté qui contredit tout ce que nous avons toujours entendu et selon
lequel « Les congolais sont fatigués des marches pacifiques… ». J’avais là un signe palpable que les congolais restent très déterminés à
participer aux marches pacifiques si elles sont organisées par des congolais
crédibles et dans l’intérêt de la communauté nationale.

En
plus, il faut souligner que le déploiement des barrières sur les grandes avenues
de Kinshasa était aussi un élément dissuasif. De Magasin à la Gare
Centrale à la Gombe, il fallait compter plus 10 barrières érigées pour contrôler
les véhicules.

Malgré
ce dispositif, j’ai pu faire le tour de quelques paroisses pour voir ce qui s’y
passait.

Qu’est-ce
qui a fait que la marche qui était pacifique tourne mal, avec tant de morts,
d’arrestations et des blessés ?

C’est
la volonté des autorités de s’en prendre aux paisibles citoyens qui revendiquent
leurs droits, particulièrement le droit d’élire leurs dirigeants en remplacement
du Président Kabila ainsi que des députés provinciaux et
nationaux.

C’est
la volonté de rester
 au
pouvoir alors qu’on a perdu toute légitimité. En démocratie, la légitimité prime
sur la légalité, en ce que toute autorité dont le pouvoir découle d’un mandat
lui accordé par le peuple, il ne peut plus s’accrocher au pouvoir quand il est
fin mandat. Les démocrates ont du respect pour leur
peuple.

La
volonté de rester au pouvoir conduit les autorités à utiliser tous les moyens
possibles dont les atteintes à la vie pour taire toute revendication contraire.
C’est ce qui est arrivé le 31 décembre 2017.

Ce
qui est grave est qu’on a envoyé des militaires et  policiers dans
les lieux de culte pour s’en prendre aux fidèles. Et cette
expédition punitive a conduit à la mort d’hommes, à la profanation des lieux de
culte, au pillage des objets sacrés et aux biens privés des fidèles , aux
atteintes à l’intégrité physique , arrestations et détentions
arbitraires.

En
condamnant ces actes indignes de notre démocratie, je présente aussi mes
condoléances aux familles qui ont perdu des êtres chers et pour lesquels le
Gouvernement n’a jamais présenté des condoléances.

Selon
vous, la marche du 31décembre avait-elle réussi ?

Oui,
la marche du 31 décembre 2017 était une réussite. La Majorité Présidentielle, en
déstabilisant l’opposition,  croyait qu’elle accomplirait sans
contre poids son agenda focalisé sur la conservation du pouvoir et le torpillage
de l’accord du 31 décembre 2016. La marche des laïcs catholiques à démontrer
qu’il existe encore d’autres contrepoids dans ce pays en dehors des forces
politiques de l’opposition. Les chrétiens catholiques ont démontré qu’ils sont
une force qui compte en RDCongo.

Ce
qui est bien, car on ne peut parler de la démocratie sans contrepoids. Les contrepoids sont nécessaires à la vie et à la survie
d’une démocratie.

Qu’est-ce
qui a fait que beaucoup de congolais aient répondu à l’appel des laïcs
catholiques ?

Pour
moi, il y a deux raisons principales. La crédibilité des organisateurs et le
fait que l’appel à la marche ait été focalisé sur l’aspiration profonde de
congolais qui est l’alternance politique. La mise en œuvre intégrale de l’accord du 31 décembre 2016 est une réponse pacifique à la
satisfaction de cette aspiration.

La
respectabilité dont jouissent l’église catholiques et toutes les structures qui
lui sont proches est incontestable dans notre pays.  Et,nous
encourageons les laïcs catholiques à faire plus pour que notre
pays devienne un pays normal où la démocratie doit être considérée comme une
dispute organisée et dans laquelle les armes à feu n’ont pas de
place.

Que
pensez-vous de la déclaration faite par le Cardinal Laurent Monsengwo en marge
des incidents du 31 décembre 2017.

Il
y a lieu de dire que cette déclaration a toute sa place dans le contexte de la
République Démocratique du Congo. Elle concerne au plus haut point, les
dirigeants politiques de notre pays qui doivent faire preuve d’excellence,
d’humanité et de justice dans la gestion de la chose publique. Si le peuple qui
est le patron de tous les dirigeants élus est insatisfait de la manière dont le
pays est géré, alors que « les médiocres dégagent… »..

Etes-vous
prêt à participer à d’autres actions qui seront initiées par le Comité Laïc de
Coordination ?

Tant
que lesdites actions vont s’inscrire dans l’esprit démocratique et dans
l’alternance politique, je les soutiendrais et j’y participerais.

Me
Jean Claude KATENDE, merci pour avoir répondu à nos questions.

 

 
                                                      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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