21 01 18 – Marche du 21 janvier – Message du Dr MUKWEGE

 Chers compatriotes,

 

Depuis le 31 décembre dernier, nous assistons dans notre
pays, à un tel éveil des consciences, à une telle libération de la parole de
vérité, à une telle détermination de notre peuple à briser les chaines de son esclavage
que cette citation de Gandhi résonne comme un appel à la résistance et à l’espérance.

Face à la dictature et à la prédation qui sévissent dans
notre pays, notre peuple a dressé les fronts longtemps courbés comme l’y
appelaient les pères de notre indépendance. Guidé par des leaders valeureux, il
veut en finir avec la médiocrité et reconquérir sa dignité.

Il y a un temps pour tout. Le temps où nous Congolais
acceptions de subir la tyrannie de prédateurs est révolu. Nous ne devons plus
regarder derrière nous. Nous devons nous concentrer aux seuls buts qui valent notre
sacrifice le plus suprême : notre liberté et la libération de notre pays.

 

Ces derniers jours, tant des compatriotes du pays et de
notre précieuse diaspora l’ont crié avec rage. Je joints ma révolte et mon
combat à ces cris de colère. Je m’identifie pleinement à cette indignation
générale et aux combats des millions de filles et de fils de notre pays. Je me retrouve
dans le courage de Son Eminence le Cardinal Laurent Monsengwo.

Je me retrouve dans le sermon prophétique et patriotique du
Pasteur François-David Ekofo. Je suis fier de ce prophète « Natan » Congolais qui
a su ébranler, en face à face, les certitudes insolentes des soi-disant dirigeants de notre pays. Je me
retrouve dans l’engagement novateur et responsable du comité Laïc de
coordination. Je me retrouve dans le combat tenace de la société civile. Je me
retrouve dans la détermination de nos mouvements citoyens, de nos partis
politiques et de notre audacieuse diaspora, qui luttent depuis longtemps pour
le respect de notre Constitution. A tous, je dis : tenons bon dans la
resistance, l’issue est imminente et notre peuple vaincra.

 

Que ce régime illégal et illégitime n’instrumentalise pas
nos différences géographiques, ethniques, sociales, linguistiques ou religieuses
pour nous opposer et nous diviser. Nos différences sont une richesse. Notre
volonté et notre détermination à vivre ensemble est une force à mobiliser pour
construire une nation inébranlable. Nous sommes une seule et unique nation : la
grande nation congolaise qui assume son passé
et veut prendre en main son destin.

Ce régime ne réussira pas à créer une fracture Est-Ouest,
une fracture Swahiliphones-Lingalaphones-Lubaphones-Kongophones, une fracture riches-pauvres
ou des fractures ethniques pour nous affaiblir. Nous écraserons ce complot dans
l’œuf.

Ce régime ne réussira pas à créer une fracture
Protestants-Catholiques.

Nous lui barrerons le chemin.

Ce pays est nôtre, « eza ekolo na biso, ni inchi yetu, etshi
ditunga dietu, yayi buala na beto ». Lingalophones, Swahiliphones, Lubaphones, Kongophones,
catholiques, Protestants et toutes les autres confessions religieuses, marchons
ensemble.

Aujourd’hui et demain, nous n’avons qu’une action à
entreprendre : résister et vaincre.

Nous n’avons qu’une mission : nous battre pour le retour de
l’ordre constitutionnel et la restauration de la dignité de notre peuple.

Nous n’avons qu’une vision : « bâtir un Etat de droit,
émergeant capable d’entrainer un développement durable et harmonieux non
seulement en RDCongo, mais sur tout le continent africain en mettant l’homme au
centre de toutes les actions politiques, économiques, sociales, culturelles pour
restaurer sa dignité ».

 Notre action est de
résister et de vaincre pour qu’enfin le changement arrive dans notre pays.
Qu’enfin nos enfants mangent à leur faim. Que nos familles se fassent soigner.
Que nos jeunes étudient et trouvent du travail. Que nos mères et nos sœurs ne
se fassent plus violenter. Que nos parents et nos vieux aient une vie décente
dans nos villages. Que notre peuple recouvre sa dignité confisquée.

Comme l’a dit Nelson Mandela en paraphrasant Abraham Lincoln
: « c’est un idéal pour lequel j’aimerais vivre longtemps pour le voir se réaliser.
Mais s’il le faut, c’est également un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».

Ainsi, nous faisons encore une fois appel à tous les
compatriotes épris de paix, de justice, de liberté et de dignité à Kinshasa
comme dans les provinces à se joindre, ce dimanche 21 janvier 2018, à la marche
de l’espoir pour le changement.

 

Tenons bon dans la résistance, la victoire est à notre
portée, elle est imminente. Nous vaincrons.

 

Le 19/01/2018.

Dr Denis MUKWEGE.

© Fondation Panzi.

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