12 02 18 Deutsche Welle – "L’Eglise catholique souhaite une alternance en RDC"

 

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La nomination de Mgr Fridolin Ambongo comme archevêque « coadjuteur »
de Kinshasa a été diversement perçue par l’opinion. Plusieurs analystes
ont lié cette nomination par le souverain pontife aux récentes sorties
du cardinal Laurent Monsengwo qui avait appelé les « médiocres » à «
dégager » pour que règne la paix, la justice en République Démocratique
du Congo.

Mais celui qui avait co-dirigé le dialogue de la conférence
épiscopale nationale du Congo (Cenco) en tant que vice-président et,
avait, à ce titre, été felicité de son aboutissement avec la signature
de l’accord de la Saint-Sylvestre le 31 décembre 2016, a tenu à
clarifier les interrogation quant à ses positions par rapport à son
prédécesseur, ainsi que de commenter certaines actualités de l’heure.

A Kinshasa pour une mission religieuse mais dont la politique fait partie integrante

Mgr Fridolin Ambongo Besungu a ainsi promet de poursuivre sa mission
en soutenant les revendications des congolais qui aspirent à plus de
liberté et de démocratie. Le prélat annonce donc qu’il agira dans la
droite ligne des positions défendues et adoptées par son prédécesseur,
le cardinal Laurent Monsengwo, actuel archevêque de Kinshasa, à qui il
va succéder dans les prochains mois.

Ainsi, à la question de savoir quel rôle allait-il jouer pour
décrisper le climat tendu entre l’Eglise catholique et pouvoir, Mgr
Fridolin Ambongo a expliqué que sa mission était avant tout une mission
religieuse mais que cela impliquait d’être confronté à de la politique. «
Je viens à Kinshasa pour une mission religieuse. Une mission
d’évangélisation en profondeur du peuple de Dieu. Mais c’est aussi une
mission libératrice afin que le peuple, cad les enfants de Dieu vivent
mieux. Et cette vie comporte la dimension spirituelle, économique et
politique évidement c’est dans ce cadre que j’aurais à tenir compte de
cette dimension politique pour que le Peuple de Dieu qui est de
l’archidiocèse de Kinshasa puisse vivre et vivre dignement. » 

Pourquoi s’offusquer de l’utilisation du mot « médiocres » ?

Interrogé sur la formule utilisée le mois dernier par le cardinal
Monsengwo, qui avait enjoint aux « médiocres » gouvernant le pays de «
dégager », Mgr Ambongo « ne comprend pas pourquoi on peut s’offusquer de
l’utilisation de ce mot » car, déclare-t-il c’est aussi une expression
utilisée dans l’enseignement catholique pour évaluer les élevés. « À la
fin de l’année, aucun parents ne sait jamais offusquer lorsque l’enfant
reçoit la note de ‘Médiocre’ ».

Et d’ajouter que l’important était de s’autoévaluer en se posant la
question de savoir si ce qui est dit et vrai ou pas. « Je sais que cela a
créé tellement de réactions mais je crois que nous devons toujours
s’attendre à être sincère avec nous-même. Au-delà des mots posons-nous
la question de savoir est ce que ce qui est dit est vrai ? […]
l’utilisation des mots devrait plutôt nous renvoyer à notre conscience
et notre sens de responsabilité et sur ce que nous faisons. »

Bien qu'il n'ait pas commenté pas si cette phrase était une pic
vis-à-vis du pouvoir en place, l'archevêque coadjuteur se dit dans la
continuité de Mgr Monsengwo. « Qu’a fait Monseigneur Mosengwo ? Il n’a
fait qu’assumer sa mission de pasteur dans toutes ces dimensions
[politique y compris]. Et si moi je suis Pasteur, selon les normes de
l’Eglise catholique, je ne peux que reprendre là où il s’est arrêté à la
fin de sa mission et continuer à aller de l’avant parce que la mission
qui était celle du Cardinal Mosengwo ce n’est pas sa mission mais celle
de Jésus-Christ qui lui a été confié à un certain moment et qui lui
aussi a reçu de son prédécesseur et moi je vais le recevoir de lui et je
continue la même mission de Jésus-Christ. »

« Le CLC ce ne fait qu'appliquer notre message »

Au sujet de son possible soutien aux marches pacifiques de chrétiens
organisées par le Comité laïc de coordination (CLC) pour réclamer
l’application par le régime du président hors mandat Joseph Kabila de
l’Accord de la Saint Sylvestre, Mgr Ambongo a précisé que « ce que font
les catholique à travers le CLC ce n’est que la mise en application de
notre message ‘Le pays va très mal, Debout Congolais !’. Un message qui
invite les Congolais à se prendre en charge. « Nous avions invité les
fidèles catholiques à se mettre début pour prendre les destins aux mains
et s’il y a un groupe qui prend notre message au sérieux pour le
concrétiser nous ne saurions les décourager… »

Et d’expliquer que « Tout Congolais sérieux devraient donne le
meilleur de lui-même pour que les élections aient lieu et qu’il y ait
une vraie alternance démocratique pour la première fois dans notre pays.
»

Toujours à ce propos, l'ex-archevêque de Mbandanka-Bikoro n’a pu
retenir ses inquiétude quant aux menaces qui pèsent actuellement sur les
fidèles catholiques alors que, d’après lui, « jusque-là l’Eglise
catholique n’a fait qu’assumer son rôle dans la société. »

« Les fidèles catholiques qui vont à l’Eglise n’ont jamais été
attrapés avec des bâtons ou des armes pour se livrer à des violences ou
du vandalisme mais malgré cela ils sont considérés comme des gens
dangereux que l’on doit brutaliser et sur qui l’ont doit jeter des gaz
lacrymogènes et cette situation est inacceptable ! », s’est-il insurgé.

« Pourquoi c’est seulement quand ils ont besoin de l’Eglise qu’il nous cherche ? »

Concernant la probable candidature du président Kabila aux élections
prochaines, celui qui avait co-présidé le dialogue de la Cenco ayant
abouti à l’accord de la St Sylvestre considère que cette question ne se
pose pas car la constitution est déjà claire là-dessus : « La question
de la candidature du Président Kabila ne se pose pas vous connaissez
quand même la Constitution de notre pays et Kabila a terminé son 2ème
mandat constitutionnel. Et la Constitution est claire je ne sais pas
comment peut-on encore parler d’un prochain mandat du Président Kabila
alors que la Constitution est là. »

Pour ce qui est de l’accusation du pouvoir qui considère que l’Eglise
catholique ne devrait pas s’immiscer dans le jeu politique congolais.
Ce que le Président Kabila, lors de sa conférence de presse du 26
janvier, avait exprimé en déclarant que « Jésus-Christ n’a jamais
présidé une Commission électorale » avant de citer les évangiles pour
démontrer que mélanger les deux, c’est dangereux et que le résultat est
toujours négatif.

L’Archevêque coadjuteur a tout d’abord répondu en posant une question
: « Pourquoi est-ce que c’est seulement quand ils ont besoin de
l’Eglise catholique qu’il nous cherche ? » Avant d’expliquer que «
L’église ne se mêle pas de politique mais assume sa mission évangélique,
sa mission de relèvement de l’être humain sous toutes ces dimensions y
compris la dimension politique ! Alors s’immiscer dans la politique du
Congo je ne sais pas ce que cela signifie puisque la politique n’est
qu’une des dimensions de la vie en société. Comment l’Eglise peut-elle
s’occuper de toutes les autres dimensions de la vie de l’homme sauf de
la dimension politique. Ce serait un non-sens. »

Quand en lui demande à quand la succession de Mgr Monsengwo puisque
ce dernier a déjà atteint l’âge de la retraite (le cardinal étant âgé de
78 ans) et que dès lors, pour certains, il n’aurait donc pas dû prendre
les positions qui ont été les siennes, son successeur le défend en
expliquant que « bien qu’effectivement Mgr Mosengwo est atteint l’âge de
l’éméritat, qui est de 75 ans. Selon le droit canonique, il doit donner
sa démission lorsqu’il atteint cet âge mais libre au Pape de l’accepter
ou de ne pas l’accepter. Tel est la situation actuelle du Cardinal
Laurent Mosengwo. Il aura fini sa mission quand le pape aura accepté sa
démission. Jusque-là, il ne l’a pas encore accepté. »

En guise de conclusion de cette interview, Mgr Fridolin Ambongo a
tenu à terminer sur une note d’espérance en lançant le message suivant :
« Je voudrais tout simplement dire à nos fidèles ainsi qu’à tous les
hommes et femmes de bonnes volonté de notre pays que malgré la situation
que nous sommes en train de vivre dans le pays nous n’avons aucune
raison de désespérer parce que l’avenir de notre pays dépend de nous
mais que nous devons nous impliquer. Chacun de nous, là où il est ; à la
hauteur de sa responsabilité se doit de donner à ce pays un avenir
heureux et de donner à ce peuple, le peuple Congolais, une raison
d’espérer. [..] Même si le temps est dur, nous n’avons pas à désespérer
car le Seigneur sera toujours du côté de ceux qui mettent leur espoir en
Lui… »

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