Alternance pacifique de la gouvernance en République Démocratique du Congo
Les deux années qui
restent avant la tenue des élections législatives et présidentielles seront
pleines d’évènements qui vont certainement bouleverser nos différents espaces
de vie et notre pays tout entier de manière positive ou négative selon les
choix que nous ferons ensemble, dirigeants comme dirigés. Personnellement, je
ne voudrais pas être pessimiste même si les lignes qui suivent ne laissent
entrevoir que quelques lueurs d’espoirs pour un futur prometteur au sortir des
élections de 2015-2016.
Chaque jour qui passe,
je secoue tout mon corps et mon être pour me convaincre que l’après élections
2015-2016 sera annonciateur de ce grand soir que nous attendons tous. Chaque
nuit, je ne rêve que de cet après élections annonciateur de cette démocratie
qui mettra fin aux hommes forts pour inaugurer l’ère des institutions fortes
porteuses d’une démocratie qui, enfin, placera l’homme et la femme congolaise
au cœur de ses préoccupations.
Mais, à chaque réveil, je
me retrouve avec de nombreuses questions qui me donnent froid au dos. En effet, comment penser à une alternance
pacifique avec des animateurs d’un pouvoir afdélien vieux de 18 ans et qui,
tout au long de son règne est resté, dans son essence un pouvoir pris par les
armes ? Comment croire à la
possibilité d’une alternance pacifique lorsque durant 18 ans, on a instauré une
démocratie de façade sur fond de stratégies de contrôle des instruments du
pouvoir que sont l’armée, les services de sécurité, la police, les médias, la
justice et l’institution organisatrice des élections ? Comment rêver d’une
alternance pacifique avec un régime qui a mis en place des mécanismes
d’enrichissement donnant naissance à des dirigeants immensément riches et une
population odieusement pauvre sur une terre riche ? Comment imaginer une
quelconque alternance pacifique avec des élections-théâtre de mauvais goût qui,
après deux cycles, n’ont eu pour seul but que de tenter, en vain, de
« civilianiser » des militaires au pouvoir ? Comment penser un
seul instant à une alternance pacifique dans cet espace d’Afrique centrale où
le pouvoir a pour dénominateur commun des régimes illégitimes aux acteurs qui
se soutiennent mutuellement pour rester éternellement au pouvoir? Comment
se convaincre d’une alternance pacifique booster par des partenaires extérieurs
qui, dans un passé récent, et pour des intérêts égoïstes, n’ont cessé d’offrir
des métaphores mensongères pour soutenir des régimes complices d’une
exploitation honteuse de notre pays ? Comment songer même dans un songe à
une alternance pacifique avec des institutions transformées au fil des années
en espaces de théâtres avec des dramaturges, des metteurs en scènes et des
acteurs amateurs ? Comment promouvoir une alternance pacifique avec des
partis politiques de l’opposition et de la majorité qui, à chaque échéance
électorale, confondent multipartisme et « wegemania » ? Enfin,
comment, comment invoquer Dieu et nos ancêtres et que faire pour qu’ils
entendent notre ardent désir d’une alternance pacifique dans ce Congo brouhaha
et brouillons aux dirigeants éthiquement en haillons ?
Au regard de la
multitude de questions que pose l’alternance pacifique de la gouvernance en RD
Congo, j’avoue sincèrement ne pas avoir de réponses convaincantes. Dans les
lignes qui suivent, je me propose tout simplement de comprendre pourquoi
l’alternance pacifique de la gouvernance souhaitée, par tous, n’aura pas lieu
et pourquoi, comme hier, les ténors du régime actuel adoptent-ils une attitude
suicidaire face à l’alternance démocratique.
Aux amoureux de la
chronologie des faits, je présente toutes mes excuses car les faits dont nous
allons parler dans les lignes qui suivent se déroulent dans une confusion
chronologique qui est telle qu’on ne se souvient plus de ce qui précède
l’autre. En effet, ces derniers jours les faits se font et se défont, se
construisent et se déconstruisent le temps des annonces et des tentatives de
compréhension.
1. Les signes avant coureurs du refus de
quitter le pouvoir
Les évènements politiques qui se
succèdent au cours de cette année 2015 n’augurent rien qui puisse annoncer une
transition pacifique de la gouvernance dans notre pays. Chaque jour qui passe
est annonciateur d’un chaos aux conséquences insoupçonnables pour tous et
dirigeants et dirigés.
Pour tous ceux qui refusent de
m’accompagner dans mon pessimisme, je les invite à lire et interpréter les
faits et gestes que les ténors du régime posent aujourd’hui et qui
semblent laisser tout un peuple dans un
silence qui donne froid au dos. En
effet, 2015 s’est poursuivi avec l’audacieuse tentative de révision de la
Constitution afin de permettre un troisième mandat officiel à l’actuel président.
Les débats ou mieux ébats qui ont suivi entre politiciens ont réveillé un
peuple médusé qui, jusqu’aujourd’hui, ne
parvient pas à comprendre pourquoi, dans cette démocratie tant vantée par les
Occidentaux, le poulain qu’ils ont placé au pouvoir par voie
« démocratique » refuse de respecter le jeu démocratique. Son
obstination comme celle de tous ceux qui l’accompagnent durant ces 18 années de
pouvoir, se caractérisent, aujourd’hui, par des stratagèmes d’une créativité
sans aucune originalité parce que faisant parties du déjà vu dans notre propre
pays. C’est ce qui, sans doute, explique le sourire malicieux que les
observateurs avisés lisent sur les visages des fils et filles de ce pays.
La pilule « révision
constitutionnelle » n’étant pas passée, les stratèges de la conservation
du pouvoir n’ont pas baissé les bras. Ils repasseront à l’attaque avec la tentative
maladroite de révision de la loi électorale introduisant le recensement de la
population comme préalable à l’organisation des élections. C’est alors que le
peuple volcan, jusqu’alors éteint et silencieux, grondera et répondra au régime
par les évènements du 19, 20 et 21 janvier 2015.
Face à des dirigeants qui ne
comprennent que lorsque des membres de la communauté nationale acceptent de
verser de leur sang, le peuple s’est levé pour dire « non » à cette
loi électorale qui n’avait pour but que de persister dans la volonté inconstitutionnelle
de conserver le pouvoir. La suite est connue. Des morts utiles, des sacrifices
préludes d’autres et tous témoins de la volonté de ce peuple de payer le prix
pour des lendemains meilleurs!
Ce projet de loi n’est pas passé! Et
contrairement aux tergiversations des rédacteurs de cette loi, le peuple ne
retiendra de cet épisode que la communication faite du haut de la tribune du
Sénat et de l’Assemblée Nationale. Pris de peur, et soucieux de se faire comprendre,
les Présidents de ces deux institutions,
ont, pour la première fois, parlé en langues vernaculaires ! Que vive l’Esprit
Saint !
Après l’échec du projet de loi
électorale, les dirigeants en désarroi changent de fusil d’épaule. Ils poussent
la CENI à proposer un calendrier électoral global qui reprend le prochain cycle
électoral à partir des élections locales, municipales et urbaines. L’objectif
reste le même : maintenir l’actuel président au poste par une stratégie à
faire rire tout novice en politique.
La CENI publie un calendrier
« Ponce Pilate » avec des préalables logistiques, politiques et
financiers qui, manifestement ne sont pas réalisables dans le contexte temporel
des prochaines élections. Même les plus dupes d’entre nous voient venir la manœuvre :
le régime propose un séquençage qui conduira à un glissement significatif et à la
prolongation du mandat du Président actuel. Ce peuple qui ne sait ni lire, ni
écrire ; sait voir, entendre et parler. Il comprend que la CENI ne pourra
pas organiser, à temps voulu, toutes les élections et particulièrement, les
élections présidentielles.
La thèse du « glissement »
se met en route avec pour objectif unique permettre de faire « glisser »
l’échéance du son second mandat de Kabila et pour justificatif majeur, une
interprétation pernicieuse d’un article de la Constitution. D’ailleurs, cette
situation de fait ou mieux d’illégitimité ne sera pas une première dans cette
démocratie du pays des bonobos. Il suffit de se référer aux Députés Provinciaux, Gouverneurs et autres
Sénateurs qui, par la volonté de la CENI et la complicité des concernés, se
tapent, en douce, un mandat de 10 ans dans « le silence-acceptation »
d’un peuple préoccupé par d’autres
priorités vitales.
Depuis l’annonce de cette
possibilité de glissement, tous les prétextes sont envisagés et balancés sur la
place publique comme des ballons d’essai tout en observant le peuple dans ses
réactions vis-à-vis de l’une ou l’autre astuce. Les dirigeants jouent au chat
et à la souris avec leur propre population. Les
têtes pensantes du régime envisagent une impréparation délibérée des élections.
Le comble, c’est que tout le monde le sait ! C’est un secret de
polichinelle, la CENI attendra longtemps la matérialisation du budget destiné à
l’organisation des prochaines élections et aucune mesure concrète ne sera
prise pour inscrire sur les listes électorales plus de 5 millions de jeunes
désormais en âge de voter depuis la dernière élection nationale de 2011.
Mais, malgré tous ces subterfuges, l’équation
est de plus en plus difficile pour les dirigeants qui tiennent mordicus au
pouvoir. Les plans deviennent de plus en plus compliqués et le silence du
peuple de plus en plus lourd. Il faut mettre en œuvre un autre plan.
Eureka ! Les artistes ont trouvés. Il faut démembrer les provinces et
compter sur la soif de pouvoir des Congolais. Ils vont certainement se
précipiter vers les nouvelles provinces dans le cadre d’une décentralisation
des possibilités d’accès au pouvoir, à l’avoir et au valoir !
Le plan compliqué consiste à éclater
les provinces du pays pour passer de 11 à 26 provinces. Cette nouvelle carte
électorale permettra ipso facto « le glissement » si l’on démarre les
prochains scrutins par les élections locales et provinciales. Mais, encore une fois, les arroseurs sont
arrosés. Les dirigeants sont pris à leur propre piège. Les élections annoncées
dans les provinces « sans membres » risquent d’être l’expression du
rejet, à travers tout le pays, de tous les dirigeants de cette « majorité-sangsue »
qui, durant 18 ans vident chaque corps de Congolais de son sang. Un très
mauvais augure pour les prochaines élections. Il faut donc changer de tactique.
A force de se ronger les méninges,
les experts du « laboratoire du glissement » n’ont plus que l’organisation
d’un « Dialogue » de la dernière chance pour négocier un
« glissement collectif » ou mieux « un suicide collectif » !
Génial, la nouvelle trouvaille ! Mais, manifestement, elle ne convainc que
le petit-fils de Kimpa Mvita, elle qui, dans sa tombe, se demande certainement
ce qui est arrivé à son descendant.
Après tous ces scénarii de l’ordre
des manœuvres politiques et devant leurs natures de mort-nées, il ne reste plus
aux stratèges civils que de quitter le labo pour laisser cet espace aux
militaires. L’idée est absurde. Mais, elle se présente comme un mal nécessaire :
« On ne fait pas des omelettes sans casser les œufs ». Il s’agit donc
d’intensifier le conflit armé dans l'Est du pays. C’est la seule chose qui
rendra difficile l'organisation d'élections réellement nationales et permettra,
par conséquent, le « glissement ».
Le régime a les moyens de
matérialiser cette opération machiavélique. Le décor a été astucieusement
planté au cours de ces 18 ans de pouvoir :
· Une armée nationale complètement déstructurée. Toutes les opérations
successives d’intégration des ex-rebelles au sein de nos forces armées
s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie qui « achète la paix au prix de la justice » et
répondent à cet objectif conscient de démembrer et fragiliser nos forces armées
et la nation. Les promotions clientélistes des officiers et autres cadres de
l’armée sur fond d’une division trompeuse Est vs Ouest viendront compléter ces
mécanismes qui déstructureront complètement l’armée. Le régime a ainsi fini par
créer des unités mono ethniques au sein de l’armée avec des militaires qui
refusent toute mutation dans une autre partie de la république sous prétexte de
protéger les leurs alors qu’ils ont une vocation nationale. Cette manière
d’organiser l’armée à fini par la démanteler en factions sans réelle unité de
commandement. 18 ans après et après deux cycles électoraux, notre armée demeure un
groupe hétérogène constitué d’anciens officiers aux backgrounds divers. Nous
sommes, donc, en face d’une armée non professionnelle et atypique, composée
d’un personnel de civils et d’ex-militaires.
· Le décor à l’Est du
pays prépare cette dernière séquence du « glissement ». Les
complices de ce « projet de la mort » sont, tous, à l’Est. Tous, nationaux et internationaux, chacun au nom de
ses intérêts et non de ceux de la population souffrante de la RDC, attendent
l’heure J pour finaliser, de mains de maîtres, le longtemps rêvé projet de
balkanisation de notre pays. Il s’agit, entre autre des troupes de la MONUSCO souvent
accusées de complices du maintien du climat délétère qui persiste dans la
partie Est du pays ; des FDLR Hutus qui ont cessé de croire en un retour
en toute sécurité au Rwanda ; des M23 qui sont loin d’avoir dit leur
dernier mot ; des Mayi-Mayi, ces nombreux groupes congolais
d’auto-défense ; des simples gangsters sociaux, une génération fruit de
la mal gouvernance, de la pauvreté et de l’exclusion ; et, enfin de la
branche NRA dans l’Ituri.
2. Quelle rationalité derrière ce refus d’une
transition pacifique ?
Pourquoi les ténors du régime
veulent-ils conserver le pouvoir et rester coûte que coûte en fonction au-delà
du délai constitutionnel?
· Régime AFDL= régime militaire
A mon avis, la première explication
qui justifie cette attitude suicidaire est le caractère militaire du régime
AFDL. En effet, lorsque l’AFDEL arrive au pouvoir en 1996, elle conquiert le
pouvoir par la force des armes et non par voie démocratique. Par essence, cette
« libération » repose sur un pouvoir qui se définit comme militaire
et qui, progressivement et astucieusement, se structurera autour du contrôle de
l’armée, de la police, des services de sécurité, des institutions démocratiques
(Sénat, Assemblées nationales et provinciales, justice et CENI), de la
corruption comme seul moyen de rétribution de ceux qui animent et protègent le
régime, de l’impunité-immunité qui tétanise tout l’appareil judiciaire du pays,
transformant volontairement cet espace en Far-West sans Shérif et d’une fausse
promesse de réformer les institutions et de démocratiser le régime.
Le pouvoir afdélien n’a jamais été
un pouvoir civil ni cherché à le devenir. Et contrairement aux fausses
impressions d’une volonté de se « civilianiser » à travers des
élections tronquées, les réformes annoncées de l’armée, de la police, des
services de sécurité, de la justice, etc., le pouvoir afdélien a savamment
caché son refus permanent de promouvoir un pouvoir civil comme alternative à
son pouvoir militaire.
D’ailleurs, dans le milieu profond
du monde du pouvoir afdélien, le slogan reste : « tozuaki yango na
mbuma, bakozua yango na buma », entendez, « nous l’avons conquis par
la force du canon ; on ne nous le reprendra que par la force du
canon » ! Les rêveurs sont tous ceux qui, nationaux comme étrangers,
parlent de « transition pacifique de la gouvernance » dans ce
contexte!
· La peur de tout perdre
La deuxième explication du refus de
quitter le pouvoir est celle de la protection des fortunes amassées par les
ténors du régime au courant de ces 18 ans de pouvoir. Quitter le pouvoir ;
c’est mettre en péril les avoirs accumulés durant ces années de règne. Ceci
n’est pas seulement vrai pour le Président et sa famille. Cette situation
préoccupe aussi tous ceux qui, autour de lui, sont arrivés au pouvoir les mains vides et en ressortent les poches
pleines au détriment de toute la nation. La peur de la renaissance de l’Office
des Biens Mal Acquis (OBEMA) est réelle
comme pour dire que ça n’arrive pas qu’aux autres.
A cette crainte de se faire déposséder
de tous ses avoirs, il faut ajouter la permanente angoisse causée par les futures
enquêtes qui jalonnent ce pouvoir irrespectueux des droits de l’homme. Dans ce monde global où les victimes
connaissent leurs droits et peuvent se battre durant plusieurs années pour que
justice soit rendue, les immunités parlementaires sont bien faibles face au
pénal.
Comme hier, du temps de Mobutu,
durant ces derniers moments de pouvoir, les nuits de ceux qui doivent quitter le
pouvoir sont hantées par les ombres d’odieux crimes contre l’humanité, de
nombreux trafics illicites d’armes et de matières premières, d’ignobles
assassinats de journalistes et autres activistes des droits humains,
d’inacceptables actes de corruptions, de détournements, de viols qui désacralisent
la femme porteuse de vie de nos futures générations, etc. C’est du reste en ce moment particulier que l’état,
les victimes de nombreuses atrocités et la justice redonnent des visages aux
nombreuses affaires qui ont émaillés ces années tumultueuses au pouvoir.
· La colère contre les parrains de tous ordres
et de toutes origines
L’effort à ce stade de la présente
réflexion est de faire comme au théâtre : entrer dans la tête de ceux qui
doivent tout abandonner pour vivre une nouvelle vie dont personne ne détermine
clairement les contours. Dans tous les discours du moment, ceux qui quittent le
pouvoir ne lisent que d’hypothétiques titres affabulateurs et promesses :
« Père de la démocratie », « être rare et qui n’apparaît
que tous les 25 ans », « statut de vieux sage politique comme Mandela et
tant d’autres», « immunités parlementaires » ; « il existe
une vie après la présidence », etc. Mais personne ne définit les contours
de cette vie. Personne ne vous dit que cette vie ressemble à celle d’après la mort.
En effet, le ciel comme la vie politique apaisée d’après mandat sont tributaires
de la vie que nous avons menée ici-bas ou pendant notre mandat à la tête de
l’état ! Le Ciel se mérite ! Aussi, mettons-nous à leur place :
qui peut quitter 18 ans de pouvoir juteux avec comme garanties des métaphores
mensongères de ceux à qui l’on a livré son pays et sacrifié toute sa
jeunesse ?
Au sortir de ce règne, il ya comme
un arrière goût de trahison, d’abandon et de désir de vengeance. Il y a un
refus de mourir seul parce que c’est ensemble que nous avons gouverné sans
élégance et c’est ensemble, que, sans élégance, nous quitterons ce pouvoir. Il
y a comme un refus de porter seul la
croix d’une démocratie de façade au service des puissances prédatrices extérieures
et qui l’ont progressivement érigé en homme fort au lieu de l’aider à
construire une démocratie respectueuse des humains et bâtie sur des
institutions fortes.
Enfin, au sortir de ce régime, il y
a comme une envie de sanctionner toute cette hypocrisie à travers un acte de
suicide qui, comme une pièce de domino fera tomber d’autres et dévoilera aux
futures marionnettes en quête de pouvoir, la méprise qui accompagne cette
démocratie de façade qui crée des dirigeants esclaves et les jettent à la
poubelle telles des oranges sucées jusqu’à leur dernière goute de jus.
· La peur de l’Exil
Aujourd’hui, plus qu’hier, l’exil en
fin de règne, devient hypothétique surtout en terre africaine, euro-américaine
et demain partout où des Congolais de la Diaspora risquent de se mobiliser
comme les premiers à traquer les membres du régime pour les déférer devant les
cours et tribunaux internationaux. Le monde n’est plus le même et le droit à
l’exil politique répond à une éthique de respect de l’humanité que le monde
global met en place pour tous et partout.
Aucun état, aujourd’hui, n’a envie
d’héberger un ex dirigeant d’un régime à problème dans son territoire. Sa société civile ne le lui permettra pas au
nom du principe plus que jamais opérationnel de la solidarité des victimes de
violences et injustices de par le monde. Aucun état n’a envie de perdre des
privilèges économiques dans un pays partenaire en protégeant des ex dirigeants
auxquels ces nations reprochent des faits qui réclament justice.
Visiblement, les marges de manœuvre
se rétrécissent pour les demandeurs d’asile politique en fin de démocratie de
façade. Ils seront traités comme les dictateurs d’hier, eux à qui on a pourtant
fait porter la robe de démocrates. Triste fin que celles de nos dirigeants ce
26 novembre 2016.
3. Des dirigeants entre le marteau et
l’enclume
Pour tous les observateurs de la
scène politique congolaise et pour le peuple congolais, il est difficile
d'imaginer comment n'importe lequel des scénarios du glissement évoqués
ci-dessus, pourrait offrir un nouveau mandat au Président Kabila. Tous pensent
que la conservation du pouvoir n’apportera rien de solide. Bien au contraire,
elle déclenchera une réaction en chaîne violente et émaillée d’abus, une
spirale de protestations et de répressions violentes à travers tout le pays.
Elle donnera au président sortant l’image d’un homme qui aura présidé à l’intensification
des brutalités à l'égard de la population.
Il ne faut pas que l’actuel
président se fie à l’impression de puissance et de contrôle de la situation que
de nombreux thuriféraires connus et opportunistes tentent de donner pour le convaincre
de rester. En réalité, tous ces discours et stratagèmes n’offrent qu’une marge
de manœuvre hypothétique. Comme par le passé, le renard ne vit qu’au dépend de
celui qui l’écoute. Et en fin de règne, quoi de plus rentable que le métier de courtisans. Et comme toujours, tels des rats, tous ces renards
sont les premiers à quitter le navire en cas de naufrage. Suivez mon
regard !
Aujourd’hui, il n’y a plus de doute.
Un large consensus s'est formé dans le pays et au sein de la communauté des
Nations pour considérer qu'un troisième mandat présidentiel officiel est
constitutionnellement impossible ! L’actuel président n’a pas de choix. Il
doit passer la main. Les fins politiciens qui l’ont compris au sein de sa
majorité se tournent, chacun en ce qui le concerne, vers son propre futur
politique.
Il faut donc quitter le pouvoir et
demain dépendra du comment l’on quitte ce pouvoir. Dans ce contexte, l’annonce officielle
de sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat sera un acte de courage. Sa
transparence sera favorablement accueillie par le peuple congolais et
contribuera à sauvegarder le semblant de stabilité que connaît le pays, du moins dans
sa partie occidentale. Il pourrait, ainsi, compter sur la clémence de la
justice et du peuple congolais et sur le soutien éventuel d’un successeur bien
disposé à son égard. Mais il est irréaliste de penser que l’on peut quitter le
pouvoir, aujourd’hui, et avoir des immunités de l’ordre du pénal. Etat de droit
oblige !