08.01.07 Des voix contre les accords de partenariat économique UE-ACP (Sud Quotidien)
Extraits.
Cest ainsi que Jacques Berthelot, ancien responsable de la Chaire Jean Monnet dintégration économique européenne de lInstitut National Polytechnique de Toulouse, chercheur au laboratoire Dynamiques Rurale, campe le partenariat entre Lunion européenne et les pays Acp (Afrique-Caraïbes-Pacifique) dans la problématique des accords de partenariat économique envisagés par les deux ensembles.
Mais cest pour mieux pourfendre les arguments de lUe tendant à défendre lidée que les dispositions de lOmc imposent la fin des préférences commerciales non réciproques, donc les APE. Et cela sous prétexte que les préférences commerciales non réciproques dont ont bénéficié depuis 34 ans les pays ACP où lAfrique sub-saharienne représente 94% de la population, ne les ont pas empêchés de voir leur niveau de vie baisser. Ce raisonnement qui permet à lUe de justifier lApe, Berthelot le juge aussi « absurde » que celui qui consisterait pour un éleveur de poulets à ouvrir la porte du poulailler pour que les renards puissent éprouver la capacité de résistance des poulets.
Citant larticle 1er de lAccord de Cotonou dont les dispositions sont jugées contradictoires et qui stipule que «Le partenariat est centré sur lobjectif de réduction et, à terme, déradication de la pauvreté, en cohérence avec les objectifs du développement durable et dune intégration progressive des pays ACP dans léconomie mondiale», Berthelot estime que laffirmation qu « une insertion accrue des pays ACP au marché mondial – cest-à-dire principalement de lAfrique sub-saharienne (ASS) puisquelle concentre 94% de la population des pays ACP dans 4 APE sur 6 – est une condition essentielle du développement » est démentie par les faits.
Sous prétexte que la part des échanges de lASS dans le total mondial a baissé de 2% en 1990 à 1,6% en 2004, on en déduit quelle nest pas assez insérée dans le marché mondial, ce qui, selon Berthelot, est une contre-vérité puisque la part de ses échanges dans le PIB était en 2003 de 52,7% contre 41,5% en moyenne mondiale. Ces taux allaient de 19% aux EU à 19,9% au Japon, 24,1% en Asie du Sud, 30% dans la zone euro, 34,9% dans les pays à bas revenu, 38,3% dans les PED à haut revenu, 38,7% au Royaume-Uni, 42,2% en Amérique latine, 50,4% au Moyen Orient et Afrique du Nord. Parmi les plus insérés, il y a des pays émergents (70,5% en Asie de lEst et Pacifique) et des pays très pauvres (62,9% dans les pays pauvres lourdement endettés).
SUD QUOTIDIEN/LP