15.05.19 Il faut engager des poursuites contre le général Amisi en RD Congo (HRW)
En mai 2002, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda en République démocratique du Congo, a commis d’innombrables atrocités dans la ville de Kisangani, dans le nord du pays. Pour écraser une mutinerie, les membres du haut commandement du RCD-Goma ont coordonné une violente campagne de répression, tuant sans discernement des civils, exécutant sommairement des combattants capturés et commettant de nombreux viols, des passages à tabac et des pillages systématiques. Plus de 160 personnes ont été tuées en quelques jours.
Le général Gabriel Amisi, alias « Tango Four », alors chef d’état-major adjoint chargé de la logistique des troupes du RCD-Goma, a été directement impliqué dans ces abus, selon des recherches effectuées par Human Rights Watch. Il a été vu au pont sur la Tshopo, peu avant que des combattants du RCD-Goma n’exécutent sommairement des agents de police et des militaires. Pendant les jours suivants, des pêcheurs ont vu des cadavres dans cette rivière. Un habitant qui a traversé le pont à pied a fait état d’une odeur « insupportable ».
Amisi est également accusé d’avoir été à la tête de troupes qui, en septembre 2002, ont massacré au moins 56 civils et en ont probablement enlevé beaucoup d’autres, lors d’une offensive contre une milice maï-maï alliée au gouvernement congolais.
Au lieu d’être poursuivi en justice par le gouvernement, Amisi a par la suite rejoint l’armée congolaise, au sein de laquelle il est monté en grade. Il a continué à commander des troupes qui se sont rendues responsables de graves abus, et il est actuellement chef d’état-major adjoint de l’armée, chargé des opérations et du renseignement.
L’impunité dont a bénéficié Amisi en tant qu’officier de l’armée congolaise semble l’avoir enhardi. Il est accusé d’avoir contrôlé un réseau qui distribuait des munitions à des braconniers et à des groupes armés, et d’avoir commandé des troupes qui, entre 2015 et 2018, ont violemment réprimé des manifestations politiques contre le président de l’époque, Joseph Kabila. Il est également impliqué dans le déploiement d’anciens combattants du mouvement rebelle M23 dans la capitale, Kinshasa, pour participer à la répression de manifestations en décembre 2016.
L’actuel président de la RD Congo, Félix Tshisekedi, a affirmé qu’une des priorités de son administration serait de faire rendre des comptes aux responsables ayant commis des abus, pour certains crimes du passé. Dix-sept ans après que les terribles crimes du RCD-Goma eurent secoué Kisangani, il devrait tenir sa promesse, démettre Amisi de son poste et aider les victimes et leurs familles à obtenir enfin justice.
Source: Human Rights Watch – Timo Mueller, 15.05.19
Timo Mueller est chercheur / division Afrique de HRW.
15.05.19 Il faut engager des poursuites contre le général Amisi en RD Congo (HRW)
En mai 2002, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda en République démocratique du Congo, a commis d’innombrables atrocités dans la ville de Kisangani, dans le nord du pays. Pour écraser une mutinerie, les membres du haut commandement du RCD-Goma ont coordonné une violente campagne de répression, tuant sans discernement des civils, exécutant sommairement des combattants capturés et commettant de nombreux viols, des passages à tabac et des pillages systématiques. Plus de 160 personnes ont été tuées en quelques jours.
Le général Gabriel Amisi, alias « Tango Four », alors chef d’état-major adjoint chargé de la logistique des troupes du RCD-Goma, a été directement impliqué dans ces abus, selon des recherches effectuées par Human Rights Watch. Il a été vu au pont sur la Tshopo, peu avant que des combattants du RCD-Goma n’exécutent sommairement des agents de police et des militaires. Pendant les jours suivants, des pêcheurs ont vu des cadavres dans cette rivière. Un habitant qui a traversé le pont à pied a fait état d’une odeur « insupportable ».
Amisi est également accusé d’avoir été à la tête de troupes qui, en septembre 2002, ont massacré au moins 56 civils et en ont probablement enlevé beaucoup d’autres, lors d’une offensive contre une milice maï-maï alliée au gouvernement congolais.
Au lieu d’être poursuivi en justice par le gouvernement, Amisi a par la suite rejoint l’armée congolaise, au sein de laquelle il est monté en grade. Il a continué à commander des troupes qui se sont rendues responsables de graves abus, et il est actuellement chef d’état-major adjoint de l’armée, chargé des opérations et du renseignement.
L’impunité dont a bénéficié Amisi en tant qu’officier de l’armée congolaise semble l’avoir enhardi. Il est accusé d’avoir contrôlé un réseau qui distribuait des munitions à des braconniers et à des groupes armés, et d’avoir commandé des troupes qui, entre 2015 et 2018, ont violemment réprimé des manifestations politiques contre le président de l’époque, Joseph Kabila. Il est également impliqué dans le déploiement d’anciens combattants du mouvement rebelle M23 dans la capitale, Kinshasa, pour participer à la répression de manifestations en décembre 2016.
L’actuel président de la RD Congo, Félix Tshisekedi, a affirmé qu’une des priorités de son administration serait de faire rendre des comptes aux responsables ayant commis des abus, pour certains crimes du passé. Dix-sept ans après que les terribles crimes du RCD-Goma eurent secoué Kisangani, il devrait tenir sa promesse, démettre Amisi de son poste et aider les victimes et leurs familles à obtenir enfin justice.
Source: Human Rights Watch – Timo Mueller, 15.05.19
Timo Mueller est chercheur / division Afrique de HRW.
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