Kinshasa: ces cimetières fermés sur décision du nouveau gouvernement provincial (CongoForum)
KINSHASA – Dans une correspondance, datée du 9 juillet 2019, adressée au chef de Division urbaine de l’Intérieur et Sécurité, les nouvelles autorités du gouvernement provincial interdisent l’inhumation des morts dans certains lieux de sépulture préférés par la majorité des familles sans ressources.
Désormais les cimetières de Kintambo, Kinsuka, Kimbanseke, Kinkole-RVA, Tshuenge n’accueilleront plus de morts pour l’inhumation. C’est la décision de Dolly Makambo, le ministre provincial de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières de la ville de Kinshasa.
Selon lui, cette décision n’est qu’un rappel d’une mesure antérieure souffrant d’application effective. Malgré l’interdiction formelle d’inhumer les cadavres dans ces cimetières, les enterrements continuaient à y être faits clandestinement au profit des tiers. Et pourtant cette décision a été prise à cause du manque d’espaces disponibles. Les tombes y sont souvent superposées en toute anarchie. Pour accéder à d’autres tombes, l’on est obligé d’escalader ou de piétiner d’autres sans aucun respect dû aux morts selon les traditions congolaises. Ces nécropoles sont saturées et donnent du fil à retordre aux familles pour retrouver les tombes de leurs proches.
Par ailleurs, les seuls bénéficiaires de cette violation demeurent des tiers. A titre d’exemple, fermé depuis 1998, le cimetière de Kintambo, comme bien d’autres, continue d’enregistrer les enterrements non conformes aux formalités requises dont les frais des taxes sont versés aux bourgmestres des communes concernées.
Cependant, les cimetières qui fonctionnent dans les normes requises, notamment, ceux de « Benseke-Mfuti » dans la commune de Mont-Ngafula et « Nécropole entre ciel et terre » à N’sele restent, un luxe inabordable pour les familles à faibles revenus. Les frais d’inhumation sont tellement élevés et varient entre 1.000 à 3.000 dollars. Une somme colossale pour les familles démunies qui peinent à supporter le coût de la vie.
C’est pourquoi de nombreux observateurs avertis pensent que le gouvernement provincial a raison de fermer ces lieux de sépulture qui ne fonctionnent pas dans les normes. Mais c’est aussi l’occasion pour eux de mener la réflexion sur les motivations des familles à persister à y aller enterrer leurs morts. Et la conclusion est celle de mener un plaidoyer, auprès des autorités compétentes, visant à alléger les formalités de ces cimetières « légaux ». Cependant, on n’y est pas encore et c’est un dilemme pour les familles défavorisées de la capitale.
© CongoForum – Arnaud Kabeya, 16.07.19
Image – source : Radio Okapi