24 09 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE MARDI (CongoForum)
Sommaire
Discours de Félix Tshisekedi au sommet pour le climat à New York, sa ligne de défense de Vital Kamerhe dans l’affaire « 15 millions USD » et le lancement, bientôt, de l’opération Kin Bopeto sont des sujets qui ont intéressé les journaux parus à Kinshasa en ce mardi 24 septembre 2019.
Ecologie et forêt tropicale
Le Bulletin de l’ACP rapporte que « le président Félix Tshisekedi appelle au soutien à la RDC dans la préservation de l’écosystème de la forêt du Congo ».
Le chef de l’Etat a exhorté les partenaires de la RDC « à soutenir effectivement le gouvernement congolais dans ses efforts pour la préservation de l’écosystème de la forêt du Congo, dans son allocution, lundi, à New York, aux Etats-Unis d’Amérique, au cours d’un sommet sur la protection des espaces riches en Biodiversité« , écrit l’ACP.
Sujet abordé également à la Une de L’Avenir qui titre : « Réunion sur l’alliance pour les forêts tropicales, Félix Tshisekedi encourage les partenariats efficaces ».
Poursuivant dans la même lancée, ce quotidien note que le chef de l’Etat a lancé un appel pour « les compensations financières sérieuses », « les partenariats efficaces et le transfert des technologies« , en vue de diminuer le gaz à effet de serre. Une déclaration qui, selon le confrère, rencontre les attentes du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, qui espère que des dizaines de leaders présents à cette rencontre « vont revoir à la hausse leurs plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre ».
15.000.000 $
Le Potentielrevient sur l’Affaire des 15 millions USD avec la ligne de défense du président de la République à son directeur de cabinet, et titre : « Retro-commission ou corruption : le Code pénal tranche ».
Pour lui, il y a des similitudes entre l’affaire qui accable Vital Kamerhe et celle qui a écarté Jean-Pierre Bemba de la course à la dernière présidentielle. « Pour avoir été condamné de « subornation des témoins » à la Cour pénale, faits similaires à la corruption dans le Code pénal congolais, Jean-Pierre Bemba, président du MLC, a été recalé de la présidentielle du 30 décembre 2018« . L’histoire étant un éternel recommencement, cogne le journal, « c’est encore ce même code pénal qui devra certainement trancher sur l’affaire de 15 millions USD – somme d’argent détournée du Trésor public sur des prélèvements dans le secteur des pétroliers distributeurs. » Dimanche, poursuit le tabloïd, sur les antennes de Tv5, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a ravivé la polémique en évoquant une « retro-commission » qui serait, selon lui, loin de la corruption. « Que nenni ! », s’exclame le canard.
Kinshasa
Forum des As consacre à Une au gouverneur de la ville et titre : « Gentiny Ngobila : « Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans la crasse » ».
Dans une démarche holistique, écrit ce journal, le Gouverneur de la ville de Kinshasa bat le rappel des troupes pour la réussite de l’opération « Kinshasa Bopeto » dont le coup d’envoi sera donné ce samedi 28 septembre. Tout est fin prêt, apprend-on, pour que ce grand événement soit à la hauteur de ce qu’il représente aux yeux des Kinoises et Kinois. « La commune de Bandalungwa accueillera le go de ce grand événement. Il n’est un secret pour personne que Kinshasa est aujourd’hui sale, très sale. Si bien que tout le monde le constate et en parle constamment. », fait-il remarquer.
La Prospérité abonde dans le même sens et note que « Gentiny Ngobila décrète une mobilisation générale », ajoutant que « désormais, ce sera une opération pérenne qui interviendra tous les derniers samedis de chaque mois, de 8 à 11 heures. Kinshasa, à l’en croire, sera transformé en un vaste chantier auquel tous ses habitants d’Est à l’Ouest, du Sud au Nord, sont appelés à apporter leur soutien à la lutte sans merci contre l’insalubrité. »
Assemblée Nationale
La Tempête des Tropiques titre « Assemblée Nationale : L’absence de l’opposition au bureau complique
« L’installation des commissions permanentes étant restée inachevée à l’issue de la session parlementaire inaugurale, suite au boycott des activités de la chambre basse par les députés nationaux non majoritaires
Une source bien informée a indiqué, hier lundi 23 septembre, que la prochaine séance plénière de l’Assemblée Nationale sera consacrée à l’achèvement du processus de mise en place de ses commissions permanentes de cette chambre législative. Commencé lors des travaux de la session parlementaire inaugurale organisés, en janvier dernier, au début de la Législature actuelle, ce processus n’a pas pu être parachevé suite au refus des députés nationaux de prendre part aux activités de l’Assemblée Nationale.
A travers ce refus, les députés de l’opposition parlementaire tenaient à riposter contre leurs collègues réunis au sein de la coalition » CACH-FCC » (Cap pour le Changement-Front pour le Changement du Congo). Cette coalition a réservé à l’opposition parlementaire un seul poste au sein du Bureau de la représentation nationale, à savoir celui de rapporteur adjoint, qui demeure vacant jusqu’à ce jour. L’opposition parlementaire tient plutôt à occuper deux postes au sein du Bureau, dont celui de 2ème vice-président.
A ce jour, les observateurs intéressés aux activités de l’Assemblée Nationale souhaitent voir le processus de mise en place desdites commissions totalement achevé et toutes les parties concernées fournir des efforts soutenus pour qu’enfin, le Bureau de la chambre basse du Parlement de la République affiche complet. L’enjeu est de lever tous les obstacles de nature à entraver le bon déroulement des activités de l’Assemblée Nationale à ce moment crucial où la nation congolaise attend voir les élus nationaux travailler d’arrache-pied en vue de mettre à la disposition du Gouvernement de la République une loi de finances de l’exercice 2020 mûrie grâce à la contribution de toutes les intelligences composant le Parlement.
Cependant, au cas où l’opposition parlementaire refuserait toute négociation à ce propos, la coalition » CACH-FCC » a intérêt à prendre tout son courage en main pour vider la question de l’installation des commissions permanentes et compléter le Bureau de l’Assemblée Nationale, au lieu d’attendre des gens qui, apparemment, n’ont pas du tout envie de travailler ».
Politique générale
« Le peuple congolais et la fin annoncée du «Far West» kabiliste: une vigilance tous azimuts » est le titre d’une copieuse « tartine » publiée par Le Potentiel.
« Un Congo nouveau nourrissant tous ses enfants, sans exception, constitue le rêve de notre président Fatshi. Il nous paraît évident qu’avant de bousculer les habitudes d’un système si bien incrusté, le président Tshisekedi doit bien en saisir tous les rouages et s’assurer de bien protéger ses arrières. Toutefois, il n’a pas d’autres choix s’il veut s’affirmer comme le seul maître à bord. Il a la noble mission de remettre sur pied ce grand Congo doté de multiples ressources, mais tristement meurtri par l’inconscience et l’incompétence de ses dirigeants.
Ballotté de promesse en promesse, le peuple congolais garde les yeux bien ouverts et les oreilles toutes dressées sur les enjeux prioritaires de son avenir et du futur des générations à venir. La qualité de vie dans toutes ses composantes n’est pas une donnée à négocier, mais plutôt une cible à atteindre au prix des sacrifices consentis ensemble et par les gouvernants parce que, comme élus du peuple souverain, ils ont le devoir de prêcher par l’exemple, et par les gouvernés de toute obédience, car tout le monde est appelé à mettre la main à la pâte pour l’émergence d’un système toujours respectueux des individus et des lois. C’est cela savoir gouverner et savoir servir l’État.
Une éducation déficiente, une tragédie pour tout le pays
Les institutions et les personnes mises en place pour orienter les actions du gouvernement sont maintenant connues du public congolais. Hormis les élections municipales, les élus des assemblées nationale et provinciales ainsi que les sénateurs et les gouverneurs de province ont édifié à bien des égards l’entendement des électeurs par le monnayage éhonté des voix et des comportements à l’antipode de la fonction et du rôle social de leur titre.
Au Canada, par exemple, les campagnes électorales sont une occasion pour les candidats de faire des promesses qu’ils tiendront plus ou moins une fois élus ou qu’ils relégueront aux oubliettes, quitte à s’expliquer lors de prochaines campagnes. Au Congo, les clivages politiques, régionaux et tribalistes ont refait surface au détriment des valeurs de l’unité nationale et de patriotisme. Que peut apporter de positif au pays une alliance avec les mêmes personnes qui ont mis le pays à sac pendant dix-huit ans? Quelle rationalité peut nous aider à comprendre une telle collaboration, sachant pertinemment que le changement de comportement à la base de ce credo n’est pas pour demain, compte tenu de toutes les machinations ayant entouré les élections à tous les niveaux? Que devons-nous entreprendre pour nous sortir de ce labyrinthe de l’inefficacité, de la fraude, de la corruption et de l’arbitraire?
Le scénario familier décrit par le sage chinois (Sun Tzu dans L’art de la guerre) prodiguant ce conseil à son empereur il y a des siècles illustre fort bien ce que nous vivons dans notre cher pays:
«Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre».
La corruption dans le système d’éducation approvisionne le marché du travail en professionnels et employés incompétents, «médiocres» dirait le cardinal Monsengwo, et ce, dans tous les secteurs gérés par de tels fraudeurs, vétérans et aussi frais émoulus des universités et instituts techniques. A tous les niveaux de la société civile et militaire, les principes disparaissent; l’opportunisme y règne et on admire le contrevenant. Les valeurs sociales et les repères sont malmenés par des dirigeants qui n’ont plus de grandeur ni de dignité et encore moins de conscience. C’est le triste constat d’échec de l’abandon de l’État que le pasteur Ekofo avait fustigé en janvier dernier devant tous les dignitaires kabilistes. Nous n’avons qu’à regarder autour de nous pour nous en rendre compte.
En matière de santé, vous avez plus de chance de sortir d’un centre hospitalier les pieds devant plutôt que sur vos deux pieds. Les dirigeants se font un plaisir malsain d’être «évacués» pour des soins à l’Étranger sans se rendre compte du ridicule de cette situation qui démontre clairement qu’ils ne travaillent pas pour leurs populations et qu’ils sont des incapables avérés parce qu’ils n’ont même pas cette vision de mettre sur pied un système de santé publique de qualité dans leur pays!
Nous avons bien de respect pour l’ancien président Mugabe qui a lutté fort pour la décolonisation en Afrique, mais nous ne pouvons accepter qu’après une trentaine d’années au pouvoir, il n’ait pas laissé une institution de santé de renom pour aller lui-même terminer ses jours à Singapour! Les présidents africains donnent un triste exemple de la manière dont ils utilisent les fonds publics. Parions que nous ne verrons ni Macron en France ni Trump aux États-Unis venir se faire soigner chez nous au Congo! La fierté nationale se bâtit et nous avons la mission de faire valoir la grandeur de notre pays par nos compétences et notre souci constant du bien-être collectif.
Les exemples sont pléthoriques dans tous les domaines. Des immeubles s’effondrent; des routes faites à la hâte se désagrègent. Des projets mal planifiés rognent les fonds du Trésor public. Les arriérés de salaire sont monnaie courante, même dans les sociétés publiques qui ont fait la fierté de chacun de nous, telles que la SNCC, la Gécamines dépecée, l’ONPTC, la SNEL et autres. Cette politique de clochardiser les travailleurs les amènent à devenir des proies faciles de cet environnement général de corruption. Des magistrats et des agents de l’ordre se nourrissent des condamnations et des arrestations arbitraires. Des policiers et des militaires clochardisés activent leurs mains baladeuses dans les poches et les sacs à main des manifestants lors des répressions desdites manifestations. Les hommes d’affaires étrangers ne respectent pas les droits des travailleurs congolais en matière salariale ni le Code du travail congolais; ils se vantent publiquement d’avoir les autorités civiles et militaires dans leur poche!
A qui profite le crime?
Le Japon de l’ère Meiji avait consenti tout un effort pour moderniser son système d’éducation sur lequel repose encore aujourd’hui son progrès technologique et économique. Cet effort se poursuit, toujours sujet à l’amélioration, comme dans d’autres pays dits développés.
La corruption existe dans tous les pays du monde; toutefois elle est dénoncée et sanctionnée dans les pays qui se respectent et qui s’efforcent d’annihiler ses effets pervers. Elle est endémique chez nous; elle fait partie des pratiques courantes et elle risque de nous conduire droit vers un avenir noir, sans perspective de solidarité sociale dans un monde très individualiste et immoral, car l’impunité la protège. Dans L’Esprit des lois (1748), Montesquieu affirme qu’«il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice». Sous la gouvernance kabiliste, il y a eu un étrange amalgame de pouvoirs manifestement néfaste à la gestion de la chose publique et au progrès socio-économique de l’ensemble du pays. L’Est de notre pays est soumis depuis des décennies au dictat des groupes rebelles qui y font la pluie et le beau temps malgré une présence imposante des forces onusiennes et des forces armées congolaises.
En premier lieu, nous n’avons qu’à nous en prendre à nous-mêmes. La séparation des pouvoirs a été illusoire durant cette période kabiliste à cause de notre cupidité à nous enrichir rapidement et facilement, nous rendant complices de tous les maux dont nous nous plaignons. Les dirigeants ont encouragé des comportements déviants en ne les sanctionnant pas à travers un appareil judiciaire impartial. Les collaborateurs du sénateur Kabila avaient le flair de dénicher les grandes gueules de l’Opposition et de les débaucher aisément avec l’appât des gains illicites.
Le Far West américain s’est illustré par un processus de colonisation des territoires de l’Ouest, avec le personnage familier du cow-boy, gardien et meneur du troupeau de bovins. Dans notre pays, c’est l’autre facette du Far West qui fait autorité. La corruption ayant gangrené le système éducatif, celui-ci produit des éléments qui se jettent à corps perdu dans l’arène de la loi du plus fort. Le faible est écrasé et cela paraît tout à fait normal. C’est l’anomie. Le sociologue Durkheim parle de l’état d’une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite de l’humain et l’ordre social.
La jeunesse congolaise est désemparée; la population sent un vide relativement à l’orientation du pays. Il ne se crée pas assez d’emplois permettant de vivre décemment avec son salaire. Des stratégies criminelles de toutes sortes s’ébauchent alors aussi bien dans les rues que dans les milieux professionnels pour pouvoir survivre dans cet environnement kafkaĩen. Le cow-boy américain s’est transformé en « ko.bo.y. congolais: kosa, boma, yiba », soit « mens, tue, vole ». Et nous vivons encore sous cette mutation épigénétique, les Congolais s’efforçant de s’adapter tant bien que mal à ce nouvel environnement.
L’occasion fait le larron, dit-on. Cependant, nous devons aller au-delà des faits et convenir que l’occasion seule ne suffit pas à faire le larron. Des modèles spécifiques, les comportements affichés par les dirigeants et l’intériorisation de tous ces éléments minent les valeurs éminentes véhiculées dans la société, soit le bien-fondé de la loi, le respect des individus et des biens publics et privés, bref la socialisation constitue l’élément essentiel pour sensibiliser la population aux valeurs communes de savoir vivre et de savoir être. Quand la malhonnêteté est banalisée et que l’impunité est manifeste et omniprésente, le message transmis aux citoyens consolide le sentiment que tout cela est normal dans le monde du laisser-faire où la culture des privilèges favorise une minorité de citoyens et en exclut la grande majorité de la population.
Par ailleurs, le langage politique congolais déifie l’autorité morale d’un parti. Nous devons comprendre que l’objectif d’un parti politique digne de ce nom est de prendre le pouvoir un jour afin de réaliser son projet de société. Cette marche est progressive et n’est pas exempte de tricheries, ici comme ailleurs. La pensée unique est statique et bloque le progrès. On se dispense de tout effort de réflexion critique et on s’en remet totalement à l’autorité morale. Les images de Kingakati parlent d’elles-mêmes. Nous y voyons les hauts cadres du FCC aller faire allégeance à leur autorité morale, bien alignés en file indienne. L’incartade récente du sénateur Lukwebo nous a convaincus du danger d’idolâtrer un chef politique sans jamais remettre en cause ni les objectifs ni les actions du parti par rapport à la recherche continuelle du bien-être collectif. Les membres du parti doivent lui obéir au doigt et à l’œil.
L’aboutissement des actions de tous ces partis politiques qui ne pensent pas au peuple congolais et qui visent le pouvoir pour eux-mêmes afin d’assouvir leurs désirs d’enrichissement personnel, c’est la ruine du développement économique et social de notre pays. C’est le repli sur soi et sur sa tribu pour retrouver un semblant de réconfort. Les découpages des vingt-six provinces sur un fond ethnique ne contribuent pas suffisamment à cimenter le sentiment patriotique de l’unité nationale hérité de l’ancien président Mobutu. Notre pays est pris en otage par une poignée de citoyens qui pensent qu’en suivant une carrière politique, ils ont une chance inouïe de s’enrichir alors que ce privilège d’occuper une fonction publique veut dire que l’on est au service du peuple et de la nation selon son domaine d’intervention. Allons-nous accompagner innocemment ceux qui prennent cette voie de faire de la politique contre le progrès socio-économique de notre pays? Nous n’avons pas du tout le droit de croiser les bras. Le temps est à l’action.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Aux grands maux, les grands remèdes représentent le seul recours possible. Quand la situation l’exige, il faut savoir se mettre debout et prendre les mesures qui s’imposent. La population congolaise n’a plus que faire des promesses ou des engagements. Il est plus que temps d’agir. C’est par l’action que le sourire reviendra aux lèvres de nos compatriotes. Quelles que soient les propositions ou les mesures à prendre, il est important que les effets se ressentent au niveau du quotidien des populations urbaines et rurales.
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a été dans l’opposition durant plus d’une trentaine d’années. Ce parti politique est censé avoir un plan de redressement du pays bien précis pour faire face à l’hémorragie matérielle et financière ainsi que les pratiques illégales dans lesquelles le pays est englué. C’est dire que le pouvoir que détient Fatshi aujourd’hui ne devrait pas ressembler à un accident qui donne lieu à des scènes de tâtonnements et crée un doute raisonnable sur les compétences de ses « conseilleurs». Lors de son voyage en Belgique, Fatshi s’est défendu d’être la marionnette de Kabila; il a déclaré lui-même que l’ancien président était plutôt un allié! Sans préjuger ce qui peut s’ensuivre, Kabila est le fossoyeur de principales institutions de la démocratie au Congo. Il est demeuré durant son règne indifférent à la misère du peuple congolais, s’entourant d’une clique de flatteurs aussi avides que lui-même des richesses du pays. Il a encouragé la culture du privilège et de l’exclusion de la majorité des Congolais, menant notre pays à des pratiques immorales généralisées, à l’image de ce que le Pape François a dénoncé récemment à Madagascar. Cette déclaration de Fatshi sur son allié Kabila équivaut à demander à Lucifer le Seigneur des Enfers de nous aider à sauver des âmes!
Connaissant bien l’état des finances du pays, Fatshi a raté une occasion en or de pouvoir imposer son point de vue et de s’allier l’appui essentiel du peuple congolais. En effet, devant les contraintes budgétaires du moment, il aurait dû opter clairement pour un gouvernement de crise, fusionnant plusieurs ministères à vocation similaire, réduisant du coup la taille de l’équipe gouvernementale et les dépenses relatives à son fonctionnement. Sa faiblesse a été de vouloir contenter tous ses alliés du FCC sans égards au caractère budgétivore de cette alliance, au grand désarroi du peuple congolais.
Fatshi n’est pas sans savoir que les alliances se font et se défont en politique au gré des intérêts en jeu. Les bonnes intentions ne changeront pas le contenu de l’assiette du citoyen congolais ni ne lui apporteront pas plus de revenu. Le temps des engagements est révolu. Seules les actions comptent et le peuple congolais piaffe d’impatience devant ces jours qui passent et se ressemblent, sans aucun impact sur sa qualité de vie en éducation, en santé, en environnement de vie ou en alimentation.
L’éducation de base gratuite ou des sauts-de-mouton requièrent une planification rigoureuse afin d’éviter de créer une atmosphère d’impréparation alors que les deux compères du CACH militent depuis des années pour le bien-être collectif et devraient en principe avoir déjà prévu quelles actions entreprendre une fois au pouvoir. Prenons l’exemple du transport en commun. Nos dirigeants qui vont en Europe ou en Amérique ne pensent pas du tout instaurer le système de correspondance qui allégerait beaucoup le poids du budget des déplacements vers une destination éloignée de la ville, avec un titre à plusieurs passages. N’est-ce pas un droit que de le mettre sur pied pour nos frères et sœurs qui construisent le devenir de notre pays?
Nous comprenons assez la situation complexe dans laquelle se prennent les décisions à la présidence de la république. Les récents épisodes de détournements de deniers publics, à l’instar de 15 millions de dollars américains, n’aident pas du tout le commun des mortels que nous sommes à suivre la direction du changement annoncé. Le projet des sauts-de-mouton est censé résoudre une partie des problèmes de circulation en rendant celle-ci fluide.
À propos des moutons, les membres du FCC obéissent au doigt et à l’œil à leur autorité morale, prêts à se lancer tête baissée, comme les moutons de Panurge, dans n’importe quelle action prônée par le Raïs. Parions que le président Tshisekedi les croisera plus souvent qu’il ne pense sur son chemin vers l’émancipation et la réalisation du bien-être des populations congolaises. Ces moutons kabilistes-là, Fatshi aura bien des difficultés à les sauter.
Nous devons donc rester vigilants à tout instant et, l’exemple de 15 millions de dollars à retracer nous y encourageant, dénoncer tout comportement susceptible de nous faire stagner ou ramener loin des objectifs de l’amélioration des conditions de travail et de la qualité de vie de tous nos concitoyens dans un Congo uni et solidaire: tata moko, mama moko, nous a légué l’ancien président Mobutu ».
« Les vieux comptes ne font pas de bons amis » estime Forum des As dans son édito.
« Entre remuer constamment le passé et regarder l’avenir, le Président semble avoir fait son choix. Entre participer à la diabolisation -tactique ?-de son compagnon de lutte et conserver un axe si précieux avant et après l’accession au pouvoir, Fatshi a tranché.
Dans le premier cas, le chef de l’Etat s’est gardé de s’ériger en censeur encore moins en procureur du Pouvoir kabila. Félix-Antoine Tshisekedi n’entend pas passer son temps à solder les vieux comptes-au propre comme au figuré- du passé.
Exercice qui équivaudrait à remuer le couteau dans la plaie. Avec le risque de voir cette plaie en voie de lente cicatrisation redevenir béante et paralyser le corps » RDC « . Qui y gagnerait ? Là est la vraie question.
Tel un boxeur le Président a, cette fois-ci, a fermé le traditionnel angle de tir par lequel des coups sur l’effectivité de son impérium passent. Quand il renvoie aux présidents honoraires français Hollande et Sarkozy en précisant que le cas de Kabila se nourrit du fait qu’il est à la tête de la composante majoritaire de la Majorité parlementaire, il a enfin vidé la » question » de son contenu. Et last but not least, Joseph Kabila est un partenaire dans la coalition. Qui dit mieux.
Dans sa situation concrète, le Président a été inspiré en nommant clairement les choses .Félix-Antoine Tshisekedi s’est ainsi tiré du piège de l’ambiguïté. Or, comme le renseigner un grand homme d’Etat français, » on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment.
Le chef de l’Etat a sans doute déçu les partisans de la confrontation permanente. Tous ces tireurs de ficelles, tous ces boutefeux pour qui le compromis Kabila-Tshisekedi a dérangé un agenda fait d’implosion, voire d’explosion du pays. Le nouveau locataire du Palais de la Nation a sans doute desservi les extrémistes de son camp comme ceux de la kabilie.
Même souci d’apaisement dans son cocon politique estampillé CACH. Refusant d’hurler avec les loups, Fatshi renouvelle sa confiance à son directeur de cabinet. Là aussi, la balance présidentielle du réalisme voire du réel l’emporte sur les querelles de chapelles sur fond d’intérêts nombrilistes au sein du nouveau pouvoir. Quel gain le Président engrangerait en cautionnant le » dégagisme » ambiant anti-Kamerhe ?
Dispositif d’équilibre avant l’avènement à la magistrature suprême, Vital est encore vital pour Félix-Antoine Tshisekedi dans cette phase délicate de gestion du pouvoir. Si la » révolution » bouffe souvent ses propres enfants, ce scénario s’apparenterait à se faire hara- kiri. Du moins dans les conditions actuelles ».
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