Comme prévu par le calendrier de la Commission Electorale Indépendante, CEI, les élections de gouverneurs et vice gouverneurs de Provinces ont eu lieu samedi, 27 janvier 2007, avec une surprise de taille. En effet, rapporte La Tempête des Tropiques, dans la capitale, lélection sest « soldée par la victoire inattendue du candidat PPRD, André Kimbuta avec 26 voix contre 22 pour Adam Bombole du MLC ». Véritable « coup de théâtre», ce dautant plus et explique Le Phare, « tous les 48 députés provinciaux étant présents dans la salle et ayant participé au vote, personne ne pouvait comprendre que lUnion pour la Nation qui compte à elle seule 28 membres, dont 22 du MLC et 6 alliés puissent perdre devant un adversaire qui navait pas les mêmes atouts sur le plan numérique ». En clair, Jean-Pierre Bemba a été « trahi par ses alliés…qui nont pas voté pour le candidat MLC », déduit Forum des As. Les traitres ? « Les députés provinciaux de lAlliance des bâtisseurs du Congo », identifie La Tempêtes des Tropiques.
« J. Kabila contrôle désormais tout », affiche en manchette Le Palmarès, qui rapporte que lAMP sest imposée au premier tour dans 8 provinces, dont la capitale Kinshasa, bastion du MLC.Pour Le Palmarès, la surprise de scrutin demeurera la défaite du MLC à Kinshasa, une ville pourtant dont lUN détient la majorité théorique et qui est présentée comme le bastion du Mlc pour avoir accrédité JP Bemba de 70% à la présidentielle.
Le Mlc lemporte à lEquateur où lancien ministre des Travaux public, José Makila, a été élu massivement. Cependant, dans le Bas-Congo, où lUN détenait une majorité sur papier, cest un candidat indépendant proche de lAmp qui a passé la rampe. LUN exige en ce qui concerne les résultats du scrutin organisé dans cette province un deuxième tour au motif que le candidat élu na pas obtenu la majorité absolue du point de vue de la loi électorale.
Dans le même registre de lélection des gouverneurs et vice-gouverneurs, Forum des As annonce que « Les Alliés du Mlc poignardent JP Bemba », pour qui la victoire « surprise » du Pprd Kimbuta à Kinshasa et du tandem Mbatshi-Nkusu dans le Bas-Congo constitue un revers politique pour JP Bemba. Seule consolation pour le chairman, le succès du ticket Mlc au gouvernorat de lEquateur. Très en vue dans la capitale, Jean-Pierre Bemba escomptait voir les voix MLC et Alliés propulser son candidat à la tête de la mégapole congolaise. Ce qui na pas été malheureusement le cas même si cest un kinois de renom qui défendait les couleurs de lUN. Jean-Pierre Bemba et le Mouvement de libération du Congo, estime Forum des As, « apprennent désormais à leur dépend que la plate-forme politique, dénommée Union pour la Nation nexiste plus que de nom ». De toutes les façons, « cest une constante chez les hommes politiques congolais de tourner casaque…attirés par le plus offrant », rappelle ce quotidien avant de prédire que dans « ces conditions, il sera difficile à Jean -Pierre Bemba de mettre sur pied une opposition forte ». JP Bemba ne peut plus compter que sur son parti. Mais là aussi, soutient FdA, il nest pas exclu que certains de ses hommes le quittent. Difficile dans ces conditions pour JP Bemba de mettre sur pied une opposition forte. Néanmoins, note ce journal, le chairman dispose encore de quelques atouts pour rebondir. Populaire à Kinshasa, et comptant une clientèle politique dans les institutions, il a de quoi survivre politiquement.
La Prospérité met à la Une : « LUN en déroute » et affirme que lopposition voulue forte et républicaine a subi une sévère correction. Les centaines de milliers de dollars qui auraient circulé pour soudoyer les grands électeurs nexpliquent pas tout. La mauvaise gestion des alliances et des ambitions doit avoir été pour beaucoup dans cette défaite qui risque de sonner le glas de lUnion pour la Nation. Il y aurait aussi volonté manifeste du pouvoir de réduire lopposition à sa plus simple expression.
« Raz-de – marée, lAmp conquiert 8 provinces sur 9 », titre à la Une LAvenir qui consacre également sa manchette à lélection des gouverneurs. Commentant les résultats de lélection des gouverneurs, LAvenir explique que « cest un véritable raz de marée que lAMP vient de réaliser. Au sein de lAMP, le PPPD sest offert la part de lion avec six gouverneurs sur les huit élus jusque là. LUN de JP Bemba quant à lui ne doit se contenter actuellement que de la province de lEquateur où José Makila du Mlc a arraché sans surprise le poste de gouverneur ».Lavenir signale aussi quau sein de lAmp, le Pprd sest offert la part du lion avec six gouverneurs sur les huit élus jusque là. Pour ce quotidien, il ne reste à lUN qui prend eau de toute part que de jouer la carte de bon perdant. LAvenir estime que « le bateau UN prend leau de partout. Jean-Pierre Bemba avait beaucoup misé sur les sénatoriales. Lenjeu cétait non seulement une majorité qui pourrait lui ouvrir la présidence de la chambre haute du parlement, mais aussi le contrôle des provinces. Sil pouvait nourrir des doutes ailleurs, il était sûr et certain de la conquête de Kinshasa et du Bas-Congo ». Bien plus, le journal soutient qu « aujourdhui, il (Jean-Pierre Bemba) est devant une cruelle réalité. Les deux provinces sont allées dans la gibecière de lAMP. Malheureusement, elle ne fait rien pour faire avancer la plate-forme, la sortir du gouffre qui se creuse au quotidien. Son discours dithyrambique la veille de lélection de gouverneur na pas arrêté la descente aux enfers de lUN. Les autres se taisent encore. Pourquoi gaspiller de lénergie lorsquon voit que les carottes sont cuites ? Ceux qui ont réussi un mandat de député sont contraints au silence afin de ne pas perdre leur mandat… ».Pour lheure, Bemba « doit faire une introspection et comprendre que le soutien dont il avait bénéficié de certains milieux na été quun fait de mode sans fondement politique réel », conseille LAvenir, citant François Mwamba.
Daprès Le Potentiel, « les dés sont jetés pour le processus électoral en République démocratique du Congo. La dernière étape attendue concernait lorganisation des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs. Les résultats provisoires sont connus. LAlliance de la majorité présidentielle rafle le gros morceau avec 7 gouverneurs sur 11. Bien sûr quil y a encore des litiges pour les deux Kasaï et le cas de la province du Bas Congo. Dans la province du Bas Congo, un deuxième tour sannonce. En effet, selon la loi électorale, pour être élu au premier tour, il faut disposer dune majorité absolue ». Sagissant des leçons à tirer, le même journal affirme que « la première leçon à tirer de ces élections générales, cest quil faudra avant tout sincliner devant le verdict des urnes. Certes, tout na pas été parfait et que plusieurs choses ont été dites sur lorganisation des élections, notamment la tricherie et lachat des consciences. Mais faudra-t-il pour cela jeter la pierre à lAMP et méconnaître sa victoire démocratique ? Nous ne le pensons pas, toujours du point de vue démocratique sans glisser dans la passion. LAMP sest montrée organisée, imposant la discipline dans ses rangs au regard des stratégies électorales et déployant les moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs. Cette tactique a payé et lAMP a réussi à constituer la majorité présidentielle pour gouverner. Cest la réalité démocratique ». Le Potentiel annonce en gros titre quaprès lécrasante victoire électorale de lAmp, « Tshisekedi récupère lOpposition politique ». Désormais, reconnaît le Potentiel, « lAMP disposera donc dans les prochains jours de deux oppositions : lune institutionnelle et lautre « non institutionnelle ». Il est vrai que lon attendait un bon score du côté de lUnion pour la Nation, UN, après les résultats encourageants des élections provinciales. Ce qui lassait entrevoir un « certain équilibre » dans le but de tempérer chaque fois les ardeurs dune majorité imbue delle-même. Malheureusement, lon sest retrouvé face à une autre réalité à partir des sénatoriales et de lélection des gouverneurs ». « Au demeurant, conclut Le Potentiel, il y a risque de basculer dans la violence, le pouvoir ayant tendance à lopprimer, la qualifiant, cette « non institutionnelle », dillégale, dentretenir la rébellion. Or, la violence ne résout pas les problèmes. Voilà la grande crainte ». Le Potentiel estime que la carte politique est désormais constituée. Dune part, LAMP, qui contrôle toutes les institutions et de lautre, lUN, une minorité de lopposition institutionnelle fragilisée. Entre les deux réapparaît lUdps et Etienne Tshisekedi pour récupérer lOpposition politique face à linefficacité qui se dessine de lOpposition institutionnelle. A la vérité, précise Le Potentiel, « la plupart des personnalités politiques qui ont rejoint lUN ne lont fait que par opportunisme politique, sans aucune conviction … dautres croyaient régler des comptes à certains adversaires », citant un responsable de LUN. Conséquence, aujourdhui, « lUN a fait fondre des espoirs dune opposition forte et républicaine à telle enseigne quelle représente maintenant une opposition ramollie, fragilisée, démotivée, une coquille vide susceptible de se faire écraser par cette large majorité présidentielle, estime ce journal avant de juger que « pour une opposition forte et républicaine, il faut éviter de disposer des opposants nécessiteux et malléables à souhait ». Et désormais, le danger, « cest de voir lUN qui demeure jusqu'à preuve du contraire lopposition institutionnelle se faire supplanter par lopposition non institutionnelle désormais incarnée par lUDPS », conclut Le Potentiel.
A propos des résultats kinois, Le Phare pense quil ne sagit que d « un coup de trahison qui ne pourra pas seffacer de sitôt de la mémoire des dirigeants de lUn et du MLC en particulier. Dans les milieux de Jean-Pierre Bemba, on crie à la trahison des alliés qui auraient touché un pot-de-vin du camp adverse pour lui accorder des voix qui revenaient à lUN en toute logique ». A titre illustratif, Le Phare signale qu « ils (les milieux proches de Jean-Pierre Bemba)justifient leur affirmation par le fait que Adam Bombole ayant recueilli 22 voix contre 26 pour lélu André Kimbuta, cest seulement les membres du MLC qui avaient voté pour lui. Parce que le MLC compte à lui seul 22 membres au sein de lassemblée provinciale de Kinshasa ».
Mais Le Phare consacre sa manchette à la « Congolité », expression malheureuse qui a entaché la présidentielle et qui est une copie de l « Ivoirité ». Sous le titre : « Plus de 150 étrangers au Palais du peuple », le journal affirme quen remettant sur le tapis le dossier ultra sensible de la nationalité congolaise, voulue une et exclusive par le législateur, la CEI vient dapporter de leau dans le moulin des statisticiens. A en croire des chiffres en circulation sous le manteau, le Sénat et lAssemblée nationale réunis compteraient plus dun tiers de sénateurs et députés étrangers. Et dajouter que lon devrait sattendre à lentrée de plusieurs ministres étrangers dans le gouvernement Gizenga. Conclusion : « Congolité : La CEI est prise dans son propre piège ».
A en croire Le Soft, qui commente surtout les résultats de Kinshasa, « le baobab est tombé. Lincroyable triomphe dAndré Kimbuta, le petit prof des math sur le millionnaire du MLC ». Somme toute, ce journal va plus loin en affirmant que « le lion est écrasé… En Afrique, le pouvoir reste le pouvoir et Kinshasa ne souhaitait pas innover ». Après cette élection, le même journal sinterroge sur le devenir du MLC en ces termes : « Un complot se trame-t-il contre Jean-Pierre Bemba pour le déloger du pouvoir ? Si oui, il en aura prêté le flanc lui-même. Par exemple, il a osé aligné rien que des MLC. Et na pas tenu compte de certaines particularités sociologiques ».
Pour Uhuru, au regard des résultats obtenus à Kinshasa, « il y a lieu dindiquer que les résultats de Kinshasa doivent faire réfléchir lAMP. Il est vrai que logiquement, le MLC aurait dû lemporter. La nature ne la pas voulu ainsi. Kimbuta, qui a été battu aux législatives, doit mettre toutes les batteries en marche pour simposer dans une ville réputée sopposer au camp présidentiel ». Pour ce qui reste encore à faire, concernant les deux Kasaï, le même journal laisse voir que « tout porte à croire quil y a peu de suspense qui demeure pour les Kasaï, dont lAMP contrôle les assemblées locales… ».
Contrairement à cette affirmation, Le Phare souligne que « gagner les deux Kasaï, donnés pour le bastion de lopposition et le cœur de la fronde serait plus quun symbole : un avantage psychologique incontestable. Seulement voilà : les méthodes qui font succès ailleurs réussissent difficilement dans le pays Kasaï, au point dobliger les stratèges à user même des moyens déloyaux et malhonnêtes… ».
Deux réactions seulement à la visite de Ban Ki-Moon : pour Le Palmarès, cest « la RDC [qui] demeure une priorité pour lONU ». Reste que Ban Ki-Moon, lors de sa visite, « invite les dirigeants congolais à faire preuve de bonne gouvernance », ajoute ce journal. Concrètement et renchérit Le Potentiel, il a « insisté sur lélimination de la corruption, la création dune véritable armée nationale, la formation et léquipement de la police nationale… ».
© CongoForum 29/01/2007