Recrudescence de l’insécurité dans la ville de Bukavu et Sud-Kivu (CongoForum)
BUKAVU – La ville de Bukavu au Sud-Kivu est confrontée à une recrudescence de l’insécurité ces derniers temps. Souvent Bukavu semblait bien plus sécurisée que d’autres villes en RDC mais ces derniers temps la situation semble avoir changé. Chaque nuit on constate des faits criminels dans la ville, qui consiste de trois communes : des assassinats et des visites nocturnes par des hommes armés. Il ne se passe plus un jour sans que l’on enregistre des cas d’insécurité.
La nuit de mercredi 6 au jeudi 7 novembre 2019 n’a pas été rose pour les habitants de Bukavu, notamment pour ceux des communes de Bagira et d’Ibanda.
Vers 18h00 un femme, changeur de monnaie et habitant à Mugungu, était attaquée à son domicile par des bandits armés. Les bandits ont emporté une somme importante d’argentaprès avoir intimidé tout le monde dans la maison de la victime.
Deux heures plus tard, c’est un autre incident qu’on a signalé vers ISP, là Prospère Bisimwa a perdu la vie. Prospère Bisimwa, Debsi pour ses intimes, a reçu des balles au niveau de la poitrine. Il a succombé à ses blessures à l’Hôpital Général de Référence de Bukavu.
Plusieurs questions se posent pour savoir qui serait derrière tous ces assassinats dans la ville de Bukavu et dans d’autre parties de la province du Sud-Kivu.
Une allure inquiétante
Selon SAJECEK (Synergie des associations des jeunes pour l’éducation civique, électorale et la promotion des droits de l’homme au Sud-Kivu), une association locale, l’insécurité prend une allure inquiétante dans la province du Sud-Kivu, ceci sous une impuissance totale des autorités politico-administratives. En octobre 2019, pas moins de 23 personnes ont été tuées au Sud-Kivu. Dix des victimes se situaient à Bukavu, 4 dans le territoire de Fizi.
SAJECEK observe une montée en puissance des attaques des maisons dans la province. 114 maisons ont fait l’objet d’attaques de bandits armés au cours du mois d’octobre. Le territoire de Shabunda vient en première position avec 51 maisons attaquées, suivi de la ville de Bukavu qui a enregistré 33 cas.
Six cas de braquage de véhicules ont été également enregistrés. Le territoire d’Uvira et le territoire de Fizi viennent avec 2 cas chacun.
Pas assez de postes de police
Selon Didier Katembera, activiste des droits humains, l’insécurité à Bukavu est causée par plusieurs facteurs. Il note par exemple le nombre insuffisant des postes de police dans la ville. « Dans plusieurs quartiers de Bukavu les policiers sont quasiment inexistants. Quand un quartier dispose d’un poste de police, il y a trop peu d’éléments pour assurer la sécurité. Souvent des voleurs armés sont amenés à la police par la population, mais dans trop de cas ces personnes sont libérées sans pour autant répondre de leurs actes. »
Manque d’équipement
L’activiste ajoute que les policiers qui patrouillent la nuit ne sont pas bien équipés. Souvent leurs véhicules sont en mauvais état ou manquent du carburant. Souvent les policiers n’ont pas de rations.
Quelle pourrait être la solution ? Didier Katembera : « Il faut augmenter le nombre de postes de police et le nombre des policiers dans la ville de Bukavu. Il faut équiper les véhicules des policier qui patrouillent la nuit et leur donner la ration. En plus il faut absolument une franche collaboration entre les policiers et la population. Evitons de libérer des voleurs sans qu’ils ne répondent de leurs actes ! Sinon les citoyens préféreront de se venger par la justice populaire. Et n’oublions pas de mieux rémunérer les policiers et les militaires ; à cause de leur faim, souvent c’est eux qui sont une source d’insécurité ».
© CongoForum – Paulin Munyagala, 08.11.19
Images: Bukavu
Sourcex : La Prunelle RDC, CongoForum / Didier Katembera