18 01 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (Dialogue)

Sommaire

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Les médias paraissant à Kinshasa se focalisent, en ce samedi 18 janvier 2020, sur le séjour de Félix Tshisekedi au Vatican, sur la commémoration des héros nationaux ainsi que sur la marche réprimée de l’opposition. Il s’agit toujours essentiellement des médias en ligne.

Fatshi à Rome

« Tshisekedi offre au Pape François un tableau symbolisant « les larmes de Beni » », écrit 7/7.cd

Ce média qui évoque le séjour du chef de l’Etat congolais au Vatican note qu’il a été reçu le vendredi 17 janvier 2020 par le Pape François au Vatican, en Italie. « À l’issue de leur entretien, le président Tshisekedi a offert au Saint Père comme cadeau, « les larmes de Beni ». Il s’agit d’un tableau qui représente le visage d’une femme symbolisant la souffrance vécue par les populations de l’Est du pays en général, et de Beni en particulier. « À en croire le service de communication de la présidence, le Pape François a été particulièrement touché par ce cadeau du 5ème président de l’histoire de la RDC. », a ajouté 7/7.cd.

Et pendant ce temps, à 8 mille kilomètres du Saint siège, un autre tableau se joue : « Des interpellations et des blessés lors de la marche « de deuil et d’indignation » », rapporte 7/7.cd squi cite la Police comme source. « Quelques personnes ont été interpellées et d’autres blessées lors de la marche de deuil et d’indignation organisée ce vendredi 17 janvier 2020 par Martin Fayulu et Adolphe Muzito, deux membres du présidium de LAMUKA. », écrit ce site d’information. « Quelques personnes qui se livraient au jet de pierres sur des véhicules ont été interpellées. Et il y a aussi des blessés mais sont des blessés du côté des victimes innocentes », a expliqué le patron de la police de Kinshasa, Sylvano Kasongo au micro de 7/7.cd.

Pour donner suite à son activité politique, « Martin Fayulu prévoit de se rendre à Mbandaka d’ici fin janvier », écrit pour sa part, Actualité.cd. Martin Fayulu Madidi annonce la suite de sa tournée à l’intérieur du pays. D’ici fin janvier, écrit ce média, celui qui continue de réclamer sa victoire à la dernière présidentielle prévoit de se déplacer à Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur. « Du 12 au 13 février, nous allons organiser un forum sur l’intégrité territoriale de la RDC. Avant cela j’irai à l’intérieur, l’étape suivant c’est Mbandaka, à l’Equateur. Certainement ce mois-ci », a annoncé à Actualité.cd, Martin Fayulu.

« L’opposition prend très au sérieux les alertes relatives à la progression du plan de balkanisation du pays. C’est dans ce cadre qu’elle envisage organiser à la mi-février, un forum sur l’intégrité territoriale de la RDC », explique CasInfo.ca sur le même sujet.

« Quand les commanditaires des tueries a l’Est tentent de troubler la journee du 17 Janvier », titre Kivu Avenir.

«  Après l’étouffement de la marche par la police à Kinshasa, Fayulu « blâme » de nouveau Joseph Kabila et lui demande « d’arrêter son complot »

Martin Fayulu a de nouveau évoqué le nom de Joseph Kabila ce vendredi 17 janvier après la marche « d’indignation » étouffée par la Police nationale congolaise (PNC) dans l’est de Kinshasa. Il a « blâmé » l’ancien chef de l’Etat, lui demandant « d’arrêter son complot » contre la République.

« Le message à Joseph Kabila c’est de lui dire qu’on a compris le complot. Et il avait dit qu’il n’y a pas 15 personnes capables de travailler avec lui, c’est-à-dire qu’il n’avait pas 15 personnes autour de lui capables de comprendre sa mission mais nous qui sommes à l’extérieur nous avons compris sa mission, et qu’il arrête. », a-t-il tonné se confiant à Actualité.cd

Martin Fayulu a accusé en début de cette semaine, Joseph Kabila d’œuvrer pour la balkanisation de la RDC. Il a indiqué que cette mission déjà réalisée à 70% est facilitée par l’actuel président de la république Félix Tshisekedi, dont il conteste toujours la légitimité.

« Je dis et je le répète, Kabila est venu avec une mission de balkaniser le pays. Il est venu avec une mission de fragiliser ce pays. Et voilà, il a pris Félix Tshisekedi pour continuer sa mission. Dans l’évolution de la balkanisation, sur l’échelle de 100, Kabila avait déjà fait 55%, Félix Tshisekedi dans cette année qui vient de se passer a déjà fait 15%, donc nous sommes déjà à 70% de l’échelle de la balkanisation », avait déclaré Martin Fayulu en conférence de presse.

Le débat sur l’unité de la RDC est sur plusieurs langues depuis un certain temps. D’après Fayulu, cette balkanisation est machinée grâce à la « malignité de Kabila et ses stratèges qui sont ici et ailleurs ».

Et la marche de ce jour, visait entre autres à dire Non, d’après les organisateurs, au complot de balkanisation.

Telle que prévue, la marche devrait partir de la place Pascal (Masina) jusqu’à la statue de l’ancien premier Premier ministre Lumumba à l’échangeur de Limete. Mais cela n’a pas été possible car la police a dispersé les militants à coups des gaz lacrymogènes au niveau de Matete. Fayulu a été escorté jusqu’à son domicile à Gombe. Bien plus tôt, une messe a été organisée à la Paroisse Sainte Famille à laquelle ont participé les opposants de blanc vêtus.

C’est le 10 janvier dernier que Lamuka, à travers le parti politique d’Adolphe Muzito avait saisi l’hôtel de ville au sujet de la marche du 17 du mois en cours. Cette date marque le 59ème anniversaire de la mort de Patrice Emery Lumumba.

Martin Fayulu, Adolphe Muzito et plusieurs autres opposants disent marcher pour dire non au « projet de Balkanisation » ainsi que montrer leur solidarité aux victimes des tueries dans l’Est du pays. Ladite marche est interdite par l’hôtel de ville et la Police a promis de faire respecter cette décision de l’autorité urbaine en dispersant tout regroupement de plus de cinq personnes ».

DigitalCongo, de son côté, a fait une immersion dans la commémoration des héros nationaux, particulièrement de l’ancien président assassiné et titre : « La vision politique de M’Zee Laurent-Désiré Kabila épluchée au cours d’une leçon publique ». Dans le cadre des activités commémoratives de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, troisième Président de la République démocratique du Congo, une leçon publique a été organisée mercredi 15 janvier au studio Maman Angebi à la RTNC, rapporte DigitalCongo Avec comme thème: « La vision politique de M’Zee Laurent-Désiré Kabila, Conscience et Eveil patriotique, cas de Beni/Nord-Kivu ». Quant aux choix de Beni, poursuit ce média, c’est parce qu’il fait partie du Congo. « Cette partie du pays est constamment malade et a besoin d’un diagnostic pour connaître les causes et trouver la thérapeutique », a dit en substance Jaynet Kabila citée par DigitalCongo.

Presse et documents étrangers

Peut-on espérer une justice internationale?

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre- Entreleslignes – le 09 janvier 2020

L’actualité a beau être désespérante, il peut y avoir quelques motifs d’espoir que la raison, le sens des valeurs et surtout le droit international l’emportent. Ainsi, l’Iran réagit avec retenue aux provocations criminelles du président US Donald Trump. L’Europe qui paraît bien faible face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie semble avoir compris les effets désastreux de la guerre absurde qu’elle a menée en Libye et n’entend pas s’enferrer dans la tragicomédie irakienne et iranienne. Vladimir Poutine vient de conclure un accord commercial avec l’Ukraine sur la livraison de gaz, ce gaz qui nous serait bien utile pour nous aider à boucler la transition de sortie du nucléaire.

On espère donc une nouvelle politique énergétique européenne dans une relation apaisée avec le voisin russe. On pourra ainsi réaliser le projet ambitieux présenté par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à savoir le Green Deal (zéro carbone net d’ici 2050, réduction de moitié des gaz à effet de serre d’ici 2030).

Ce 20 décembre 2019, nous avons célébré une belle nouvelle : la Cour suprême des Pays-Bas a approuvé les conclusions du tribunal qui, le 24 juin 2015, a exigé que l’Etat néerlandais réduise ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25% d’ici 2020, par rapport aux niveaux de 1990. Ne pas atteindre cet objectif serait une « violation des droits des citoyens néerlandais », protégés par la Convention européenne des droits de l’homme, a conclu la justice. (1)

Donc, le climat est un sujet de droit et la justice entend veiller aux intérêts de tous les citoyens. Voilà qui nous donne une belle jurisprudence pour continuer nos pressions sur les gouvernements récalcitrants.

Par contre, l’Arabie saoudite continue à bombarder le Yémen et occulte cette tragédie inacceptable pour tous les défenseurs des droits humains en occupant « le temps de cerveaux disponible » des opinions publiques par une mascarade sportive qui s’appelait le Paris-Dakar (nommée à présent rallye Dakar) au service d’une propagande ruisselante de dollars. Indigne et honteux quand on sait à quel point les droits humains sont bafoués dans ce pays.

Réformer la Cour pénale internationale ?

Le drame vécu par les Yéménites pose une nouvelle fois la question de la protection que les peuples devraient réclamer aux instances internationales comme les Nations Unies, malheureusement bloquées par le Conseil de Sécurité où siègent les puissants de ce monde qui protègent leurs alliés maléfiques. Ils n’ont pour seul recours que la Cour Pénale Internationale, mais celle-ci est limitée dans ses moyens. L’organisation Human Rights Watch s’en inquiète dans un communiqué publié en décembre 2019 à l’occasion de la rencontre annuelle des Etats parties au Traité de Rome instaurant cette CPI.

« Les atrocités commises dans le monde nous rappellent que la CPI, en dépit de ses défaillances, demeure le principal tribunal de dernier recours », a déclaré Elizabeth Evenson, directrice adjointe du programme Justice internationale de Human Rights Watch. « La réunion annuelle de la Cour, ainsi que l’élection en 2020 du prochain Procureur et du tiers des juges, offrent des occasions de réforme cruciales que les États membres et tous les partisans de la justice ne devraient pas manquer. »

Une évaluation sera faite par des experts et l’on attend ses conclusions vers septembre de cette année. De plus, la CPI subit des menaces croissantes de la part de certains États, explique Human Rights watch. « En 2019, l’administration Trump a annulé le visa d’entrée aux États-Unis de la Procureure Fatou Bensouda, mettant ainsi à exécution une des menaces qu’elle avait proférées à l’égard des responsables de la Cour. Ces menaces découlent du fait que la CPI pourrait éventuellement enquêter sur les crimes présumés commis par des membres de l’armée et de la Central Intelligence Agency des États-Unis lors du conflit en Afghanistan, ainsi que par des ressortissants de proches alliés des Américains, comme Israël. » (2)

La CPI et les crimes commis par Israël en Palestine

Israël vient d’annoncer la construction de nouvelles colonies dans les territoires occupés de Cisjordanie, volant plus encore le territoire des Palestiniens puisque l’objectif est d’arriver à une population d’un million de colons juifs et d’empêcher la solution à deux Etats prônée par les Nations Unies. Cette violation permanente du droit international et du droit des peuples à exister libres sur un territoire reconnu est cautionnée par l’administration étatsunienne qui, comme Israël, ne reconnaît pas la compétence de la CPI. Mais la Palestine a adhéré au Statut de Rome début 2015 « tout en faisant une déclaration faisant remonter la compétence de la Cour pénale internationale au 14 juin 2014, de façon à inclure les faits relatifs à l’opération « Bordure protectrice », menée par Israël à Gaza, depuis cette date. », précise François Dubuisson, professeur de droit international à l’ULB. (3)

L’Etat palestinien espère ainsi que soient reconnus les crimes de guerre causés par l’occupation israélienne mais aussi les crimes contre l’humanité commis à l’occasion des bombardements de populations civiles piégées à Gaza et le crime d’apartheid. « Dans le défèrement qu’elle a déposé en 2018, la Palestine demandait que soient soumis à enquête différents faits susceptibles de constituer une « attaque systématique contre une population civile », tombant sous la qualification de crime contre l’humanité, dont des pratiques d’apartheid et de persécution, le transfert de population, les détentions arbitraires, la torture, … », précise François Dubuisson.

Le 16 janvier 2015, le Bureau du Procureur a lancé un « examen préliminaire » afin de déterminer si des faits correspondants à des crimes prévus dans le Statut de Rome ont été commis et si la Cour a compétence et juridiction sur ces faits. Cinq ans après, la Procureure Fatou Bensouda a déclaré « qu’il existe une base raisonnable justifiant l’ouverture d’une enquête sur la situation en Palestine », en jugeant être « convaincue : i) que des crimes de guerre ont été commis ou sont en train de l’être en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza ; ii) que les affaires susceptibles de résulter de la situation en cause seraient recevables ; et iii) qu’il n’existe aucune raison sérieuse de penser que l’ouverture d’une enquête desservirait les intérêts de la justice ».

Avant d’entamer ces enquêtes, la Procureure demande à la Chambre préliminaire de déterminer l’étendue du « territoire palestinien », ce qui va définir le champ de la compétence territoriale de la Cour et donc de l’enquête que va pouvoir mener le Bureau du Procureur. « Dans le document transmis à la Chambre préliminaire, le Bureau du Procureur défend une position selon laquelle la Palestine doit bien être considérée comme un Etat, en capacité d’adhérer au Statut de Rome, et que la compétence de la CPI s’étend au « territoire palestinien occupé », qui, selon les résolutions pertinentes des Nations Unies, recouvre Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, territoires sur lesquels s’applique le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. » « La décision de la Chambre préliminaire aura dès lors une importance significative en se prononçant sur l’existence de l’Etat de Palestine et sur l’assise du territoire relevant cet Etat et de l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple palestinien », conclut François Dubuisson.

Les Palestiniens devront encore faire preuve de patience dans l’attente d’un jugement de la CPI. Israël profite de temps long de la justice pour parfaire son occupation illégale du territoire palestinien, et ce dans l’impunité que lui concèdent les Etats du monde qui n’osent pas affronter cette puissante alliance des Etats-Unis et d’Israël.

Enfin, la CPI a du pain sur la planche puisqu’elle a aussi reçu en juin 2019 un dossier d’importance: l’Union européenne fait l’objet d’une plainte déposée par deux avocats pour crime contre l’humanité, à savoir la mort de 12.000 personnes en Mer Méditerrannée entre 2014 et 2019 et pour complicité avec les exactions subies par les migrants boqués en Libye. C’est l’arrêt décidé par les dirigeants européens de l’opération de sauvetage en mer « Mare Nostrum » qui est la cause de ces morts et de ces mauvais traitement, des tortures et des meurtres dont sont victimes les réfugiés en Libye.L’objectif des deux avocats qui ont déposé ce dossier n’est pas tant d’obtenir une condamnation qui ne viendrait éventuellement que dans de nombreuses années que rappeler aux leaders européens leurs responsabilités et leurs devoirs de protection des droits humains. (4)

A côté des milliers de victimes civiles, il y a une autre victime : le droit international sans cesse bafoué par des responsables politiques. Aux défenseurs des droits humains de s’en emparer pour répondre aux nombreuses demandes de justice en ce monde.

1. https://www.liberation.fr/planete/2019/12/20/les-pays-bas-definitivement-condamnes-pour-inaction-climatique_1770386

2. https://www.hrw.org/fr/topic/international-justice/cour-penale-internationale

3.https://www.facebook.com/permalink.php? s?tory_fbid=2677353415667718&id=463468157056266

4. « Ils veulent poursuivre l’Europe pour crime contre l’humanité », article de Lorraine Kihl, Le Soir, 1er août 2019.

A lire: dans « Imagine. Demain le Monde » de novembre-décembre 2019, un excellent dossier “Réparer les peuples meurtris” où Hugues Dorzée examine la panoplie de la « justice transitionnelle » (Tribunaux pénaux internationaux, commissions vérité et réconciliation, droit coutumier, rituels ancestraux, …) visant à reconstruire un avenir commun, démocratique et pacifié.

Le Rwanda soutient la RDC dans sa traque des rebelles hutus

Belga – le 14 janvier 2020

Le Rwanda a soutenu lundi l’armée congolaise dans sa traque des rebelles hutus, qui accusent Kigali et Kinshasa de s’entendre pour les « massacrer », et le Rwanda de vouloir balkaniser l’est de la République démocratique du Congo. L’armée congolaise traque les rebelles du Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR) dans les deux provinces du Kivu, l’un des multiples conflits qui agite l’est de la RDC frontalier du Rwanda et de l’Ouganda.

« Grâce à l’armée congolaise, les jours des FDLR sont comptés », s’est félicité sur Twitter le ministre rwandais en charge de l’Afrique de l’Est, Olivier Nduhungirehe.

Le Rwanda avait déjà salué en septembre la mort du chef des FDLR, Sylvestre Mudacumura, annoncée par l’armée congolaise, l’un des signes du réchauffement diplomatique entre Kinshasa et Kigali.

Les FDLR regroupent d’anciens membres des forces armées rwandaises (FAR) et d’ex-miliciens qui ont fui dans l’est du Congo après le génocide de 800.000 Tutsi en 1994. Kigali les accuse d’être des génocidaires.

Dans un communiqué dimanche, le FDLR a condamné « l’accord conclu » entre le président rwandais Paul Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi « pour massacrer les réfugiés rwandais dans l’est de la RDC ».

Le communiqué a été authentifié auprès de l’AFP par deux experts de l’est de la RDC.

Le FDLR accuse aussi « les envahisseurs de la RDC dont le gouvernement rwandais » de « perpétuer leur plan d’occupation de la RDC(ou sa balkanisation) ».

Cette rhétorique rejoint celle d’une partie de l’opinion publique congolaise qui accuse le Rwanda d’être à l’origine des troubles dans l’est de la RDC.

RDC: le consulat général de Belgique à Lubumbashi a rouvert ses portes

Belga – le 17 janvier 2020

Le consulat général de Belgique à Lubumbashi (sud-est de la République démocratique du Congo) a rouvert lundi ses portes au public après deux ans de fermeture à la suite d’une grave crise diplomatique belgo-congolaise liée aux reports des élections générales qui se sont finalement tenues le 30 décembre 2018, a-t-il annoncé.

« Cette réouverture s’inscrit dans le cadre de la redynamisation des relations bilatérales entre la République démocratique du Congo et de la Belgique. Elle fait suite aux échanges fructueux entre les deux pays depuis l’investiture du président Felix Tshisekedi. L’accord du pays hôte avait été donnée le 27 décembre 2019, par le conseil des ministres de la RDC », indique un communiqué parvenu lundi à l’agence Belga.

Le consulat général offrira l’ensemble de services consulaires tels que la légalisation, la délivrance de passeports et de cartes d’identité, ainsi que l’assistance consulaire et sécuritaire aux Belges résidant dans les provinces du Haut-Katanga, Tanganyika, Haut-Lomami et Lualaba (soit le territoire de l’ancienne « grande » province du Katanga).

Ce poste diplomatique est également compétent en matière de délivrance de visa Schengen (Belgique et 14 pays de l’espace Schengen) et long séjour (Belgique et Grand-Duché de Luxembourg), ajoute le communiqué.

Il est dirigé par le consul général Bart Coessens, un diplomate venu de l’ambassade de Belgique en Bulgarie ».

Madina, un “bastion islamiste” est repris par l’armée

Colette Braeckman – Le Soir -le 16 janvier 2020

Réfutant toutes les critiques dont elle fait l’objet, l’armée congolaise crie victoire : un bastion important des rebelles islamistes vient d’être démantelé après dix jours de combats intenses et de lourdes pertes, plus 30 soldats tués et des dizaines de blessés. La victoire est autant symbolique que militaire : 94 rebelles ADF (Allied democratic forces) ont été tués, 70 blessés et l’ « axe nord » Eringeti Kamango Mbau, théâtre de nombreux massacres, a été replacé sous le contrôle des forces gouvernementales. Cette victoire a permis à l’armée de démentir les accusations d’infiltrations et de complicités avec les rebelles mais surtout, la base arrière d’où étaient planifiées les actes de terreur contre les populations civiles (2000 morts en 2019…) a été démantelée. En outre, le QG des rebelles porte un nom symbolique, « Medina » ou « Madina », en référence à Medine, l’un des lieux saints de l’Islam, d’où le Prophète était parti en proclamant « il n’y a de Dieu que Dieu ». Selon des témoignages recueillis au Mozambique, en Tanzanie, au Kenya, des membres de groupes armés se revendiquant du « djihad » citaient régulièrement le nom de « Madina », en RDC, le présentant comme un camp de formation militaire et idéologique. Me Omar Kavota, un avocat de Beni président du CEPADHO (centre d’étude pour la promotion de la paix, de la démocratie, et des droits de l’homme) relativise cependant la victoire militaire et craint ses conséquences pour les civils : « le 29 décembre déjà, pour dissuader l’armée de poursuivre l’offensive, les ADF se sont livrés à un véritable carnage dans le secteur de Mbau : ils ont fait la ronde dans les champs des paysans les tuant les uns après les autres jusque tard dans la nuit et le premier bilan a fait état de 18 morts. A Ngite, à 16 km de Beni, une femme a été décapitée dans son champ, une autre, couverte de blessures, a été laissée pour morte. » Redoutant des représailles à la suite de la chute de Madina, Me Kavota invite l’autorité militaire « de ne pas crier victoire trop vite. Il faut veiller sur les arrières, les villages, les quartiers périphériques, car si les ADF ont subi un coup sévère ils ne sont pas pour autant démantelés. Du reste, ce n’est pas la première fois que l’armée prend puis perd Madina : la première reconquête date de 2014, et en 2017 toute la région avait du être reprise, car les rebelles avaient reconstitué leurs forces et s’étaient réorganisés. »

D’après le défenseur des droits de l’homme, si les rebelles réussissent ainsi à se réorganiser, c’est parce qu’ils font partie de la « nébuleuse djihadiste » et comptent en leur sein des instructeurs de plusieurs nationalités. Pour eux, « Madina » au cœur de l’Ituri et des forêts inexpugnables du Mont Ruwenzori, c’est en quelque sorte un lieu qu’ils considèrent comme la « Terre Promise » et où des combattants étrangers chassés de Syrie, entre autres, pourraient un jour venir se réinstaller, exportant leurs armes mais aussi leur idéologie. L’avocat regrette que les FARDC soient laissés pratiquement seuls face à ce défi qui concerne tous les pays de la région : « la Monusco contribue au ravitaillement de l’armée congolaise, elle lui apporte un soutien logistique, mais elle reste à l’écart des opérations militaires… »

Si, vue de Kinshasa, la situation à Beni demeure lointaine, elle émeut vivement tant l’Eglise catholique que les protestants de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui représentent au total 60% des croyants : le cardinal de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, en termes très forts, a dénoncé les « risques de balkanisation » du pays et M. André Bokundo, au nom des protestants, a émis les mêmes craintes. Comme si les deux dignitaires redoutaient non seulement l’éclatement du pays mais aussi un « glissement » des populations ougandaise et rwandaise vers les vastes et riches espaces de l’Ituri et du « Grand Nord » congolais…

Congo. La “balkanisation” mise en doute par l’ONU

Colette Braeckman – Le Soir -le 16 janvier 2020

La représentante à Kinshasa du secrétaire général de l’ONU, Leila Zerroughi, une diplomate algérienne aguerrie, ne mâche pas ses mots : pour elle, les thèses évoquant une éventuelle balkanisation de la RDC sont hors de question. En termes clairs, elle a salué le fait que « les Congolais sont très attachés à leur pays, revendiquant très fort leur appartenance. » En réponse à de nombreuses critiques dénonçant l’inefficacité des forces de la Monusco, elle a rappelé que les Casques bleus travaillaient en étroite collaboration avec l’armée congolaise. « Cette dernière » a-t-elle ajouté « a réduit des zones entières où les ADF (rebelles d’origine ougandaise opéraient depuis des années. Les militaires congolais sont arrivés jusque Medina, à l’intérieur du cœur du dispositif du mouvement armé. » Rappelons que Medina, ou Madina, dont le nom rappelle la ville de Médine d’où le prophète Mohamed entama son périple, était un important centre de formation militaire et idéologique installé dans le massif du Ruwenzori, vers où étaient acheminées des recrues venant du Congo, de l’Ouganda, du Rwanda mais aussi de pays plus lointains comme le Kenya, la Tanzanie ou le Mozambique. Après avoir été attaqué puis récupéré par les rebelles, Medina a finalement été conquis par l’armée congolaise, qui a cependant perdu plusieurs dizaines de militaires dans l’opération.

Mme Zerroughi a évoqué d’autres succès militaires, remportés eux aussi avec le soutien des Casques bleus : à la suite des offensives menées au Nord et au Sud Kivu, plus de 1900 membres des FRLR (rebelles hutus arrivés au Congo après la fin du génocide au Rwanda en 1995), soit des groupes armés accompagnés de leurs familles et de leurs dépendants, ont été rapatriés au Rwanda en collaboration avec la Monusco. « Avec tout le travail que nous faisons, comment peut-on dire que nous sommes complices de la balkanisation, que le gouvernement congolais serait complètement désarmé et qu’aujourd’hui on serait en train de dépecer le Congo…Qui donc peut vouloir aujourd’hui dépecer le Congo ? » s’est demandé la représentante de l’ONU qui a rappelé qu’à l’heure actuelle, nul ne contestait l’existence du Congo dans les frontières héritées de la colonisation.

Si la représentante de l’ ONU a tenu à faire cette mise au point, ce n’est pas seulement pour répondre à des questions récurrentes,- d’autant plus aigües que la mi janvier est toujours une période sensible, où les Congolais se rappellent la fin tragique de deux de leurs leaders, Patrice Lumumba et Laurent Désiré Kabila, qui s’opposaient précisément aux sécessions et à la balkanisation du pays- mais aussi parce que le thème vient d’être relancé par deux personnalités importantes.

En début de semaine, Martin Fayulu ancien candidat à l’élection présidentielle, a accusé l’ancien président Joseph Kabila d’œuvrer à la balkanisation du pays et cela avec la complicité de l’actuel chef de l’Etat Félix Tshisekedi avec lequel il a conclu une alliance politique. Cette accusation reprend les propos tenus par le cardinal Fridolin Ambongo (originaire de la province de l’Equateur, fief d’un autre candidat évincé Jean Pierre Bemba) : en tournée dans la région de Beni Butembo, le prélat avait déclaré que son travail était de « réveiller la conscience de l’humanité, de nos dirigeants et de la communauté internationale sur le fait que ce qui se passe à Beni n’est pas isolé du plan de balkanisation de notre pays. »

Evoquant les risques de partition du pays, les opposants au régime de Kinshasa touchent une corde sensible et la représentante de l’ONU a voulu torpiller un thème qui risque de reprendre vigueur à quelques mois de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.

Jean-Pascal Labille au retour de Kinshasa: c’est maintenant qu’il faut aider le Congo

Colette Braeckman – Le Soir -le 17 janvier 2020

Si, après toutes ces années de « valse hésitation » et de quasi rupture, on veut aider le Congo, c’est maintenant qu’il faut le faire. Maintenant ou jamais… Et nous, nous sommes prêts à le faire… » A son retour de Kinshasa, Jean-Pascal Labille, se montre déterminé à aider le Congo à mettre en place un système de protection sociale efficace, de rendre les soins de santé accessibles au plus grand nombre. La mission dirigée par le patron de Solidaris (mutualités socialistes ) a été particulièrement bien accueillie dans la capitale congolaise car elle se composait de personnalités habituées à l’action sociale, comme Robert Verteneuil qui représentait la FGTB, Pierre Galand au nom de Laïcité et Humanisme en Afrique centrale, Marc Tarabella, aujourd’hui député européen et aussi le Français Thierry Beaudet, qui dirige la Fédération nationale des Mutualités françaises, forte de 36 millions d’adhérents.

Ces hommes de terrain ont été impressionnés à la fois par la détermination du président Tshisekedi, bien décidé à améliorer les conditions sociales des Congolais et entouré de conseillers essentiellement issus de la diaspora, et par le manque dramatique de moyens financiers, le budget réel de l’Etat ne dépassant pas les 6 milliards de dollars. Deux priorités se sont dégagées parmi d’autres urgences : mettre en place une couverture de santé universelle, à l’image de ce qui a été réalisé au Rwanda sur le modèle du système mutualiste belge et aider le pouvoir à réussir ce qui a représenté l’été dernier un grand « coup » politique, à savoir décréter la gratuité de l’enseignement primaire. Quoique inscrit dans la Constitution, ce droit avait été aboli vers la moitié des années 80 sous la pression des institutions financières internationales. Pierre Galand, qui a visité à Kinshasa l’Athénée Lisala, réhabilité par l’ONG Laïcité et humanisme, a constaté sur place l’explosion de la fréquentation scolaire : « voici cinq ans, l’établissement, entièrement réhabilité par nos soins, accueillait 500 enfants. Aujourd’hui, les sanitaires sont à nouveau bouchés, l’eau manque mais cela s’explique par le fait que la population scolaire s’élève à 1800 élèves : avec enthousiasme, la population a pris au mot la promesse d’un enseignement gratuit et tous les enfants ont été envoyés à l’école, y compris les filles…. » Labille confirme : « il faut remettre à niveau des enfants déscolarisés, organiser des cours de rattrapage, mais la volonté de réussir le pari est bien réelle…» Et de répéter « c’est maintenant qu’il faut aider le Congo… » En plus de l’enseignement et de l’assurance santé, d’autres priorités ont été identifiées dans ce pays où tout est urgent : enrayer la dégradation de l’environnement, assurer l’approvisionnement en eau potable, soutenir les initiatives locales qu’il s’agisse de la prévention du Sida ou de l’encadrement des enfants des rues, comme le fait l’ONG Dynamo international. C’est que le temps imparti à l’équipe de Félix Tshisekedi est limité et son prédécesseur Joseph Kabila ne lui fera certainement pas de cadeau. En outre, des villes comme Kinshasa, dont on ignore le nombre exact d’habitants (les estimations oscillent entre 8 et 14 millions d’âmes…)sont, selon Pierre Galand, en voie d’asphyxie : les embouteillages paralysent toutes les activités, les constructions sont anarchiques et, chaque jour, de nouveaux habitants débarquent depuis les campagnes ravagées par la rougeole, l’épidémie Ebola, le Sida ou, tout simplement, l’insécurité et la guerre…

Pour Jean-Pascal Labille, cette année du 60e anniversaire de l’indépendance, où la population s’est remise à espérer, à attendre quelque chose de ses dirigeants, représente, pour les amis et partenaires du Congo, une opportunité à ne pas manquer et l’ « appel de Kinshasa » sera remis sans attendre à l’actuel ministre belge des affaires étrangères Philippe Goffin ansi qu’à son éventuel successeur.

La RDC et le Vatican ratifient un accord-cadre

RFI – le 18.01.2020,

Le président Félix Tshisekedi s’est rendu ce vendredi 17 janvier à Rome, où il a rencontré pendant une trentaine de minutes le pape François en tête-à-tête avant d’assister à la ratification d’un accord-cadre longtemps attendu.

Cet accord normalise les relations entre les deux États, définit leur périmètre et accorde une personnalité juridique aux différentes organisations de l’Église catholique au Congo. Quasiment un État dans l’État, l’Église est présente dans tous les secteurs au Congo, éducation et santé, sensibilisation et observation électorale. Dans certaines parties reculées du pays, c’est elle qui transporte le salaire des fonctionnaires. Mais pour décrire toutes ces relations, il n’y avait jusque-là aucun cadre juridique.

C’est en 2007, au lendemain des premières élections générales en RDC, que la conférence épiscopale prépare ce texte. Les négociations prendront près d’une décennie et l’accord est finalement signé en mai 2016. Mais très vite, les relations se crispent à nouveau à la faveur de la crise politique.

« Le pape ne voulait pas envisager une ratification dans ces conditions », confie le cardinal Ambongo. C’est aujourd’hui chose faite avec Félix Tshisekedi. Malgré les tensions suscitées par la contestation des résultats des élections par la conférence épiscopale, note le directeur adjoint de la communication de la présidence. Giscard Kusema y voit plus qu’une normalisation, mais un « raffermissement » des relations entre les deux États.

Cet accord reconnaît la liberté religieuse, comme la laïcité de l’État décrétée par la Constitution congolaise, le secret de la confession, le mariage canonique et donne une personnalité juridique à toutes les entités de l’Église catholique au Congo, comme la Conférence épiscopale. Régulièrement victime de spoliations, la Cenco devrait voir ces cas revisités par une commission mixte.

Le cardinal Ambongo n’était pas à Rome, mais il a travaillé à cette ratification cette semaine encore avec le président Tshisekedi. Pour l’archevêque de Kinshasa, c’est une nouvelle ère dans les relations, mais ce n’est pas la fin des négociations, explique-t-il. Selon lui, il va encore falloir travailler aux mesures d’application dans tous les domaines de coopération, jusqu’à négocier un statut pour le clergé dont le rôle n’était jusqu’ici pas reconnu par l’État congolais.

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© Dialogue, le samedi 18 janvier 2020

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