29 02 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (Dialogue)

Sommaire

Les nouvelles données en ce samedi 29 février 2020 par les médias congolais se présentent comme un parfait bric-à-brac. Il est toujours question de la cohabitation, de la mort d’un général à Kinshasa, d’un concert congolais à paris et d’une nouvelle menace : Dans la province de l’Ituri, des essaims de criquets pèlerins d’une ampleur inquiétante dévastent les cultures et ont déjà atteint les territoires de Aru et Mahagi, au-delà de la frontière avec l’Ouganda. Si rien n’est fait, le nombre d’insectes ravageurs pourrait être multiplié par 500 dans des zones déjà très vulnérables.

Alerte aux criquets

D’après DigitalCongoL’inspecteur provincial de l’agriculture de l’Ituri, Ir Bonaventure Lokadi Vonda, s’est dit jeudi très inquiet de la présence de criquets pèlerins dans six entités du territoire d’Aru et deux de celles de Mahagi, lors d’un entretien exclusif .

Dans le territoire d’Aru a-t-il précisé les entités touchées par ces insectes ravageurs sont la commune rurale d’Aru, les chefferies de Otsho, Lu, Zaki, Nyoka mule alors que les chefferies de Djalasiga et de Panduru du territoire de Mahagi qui partagent la frontière avec le territoire d’Aru sont également affectés par ces criquets pèlerins.

« Nous sommes aux aguets, tous nos agronomes sont en train de vérifier pour nous donner au moment opportun les informations sur le terrain de la progression de ces insectes. Comme disposition palliative nous avons rapidement délégué une équipe sur le terrain et celle-ci est rentrée.

Avec cette équipe nous allons voir concrètement l’ampleur de cette situation pour essayer de proposer un plan de contingence à adresser à nos autorités hiérarchiques au niveau provincial comme au niveau national. Pour qu’au Finish on puisse planifier les actions à entreprendre« , a-t-il rassuré.

Dans le but de limiter les dégâts de ces insectes en attendant les actions de grande envergure, il a annoncé les activités de sensibilisation de tous les agronomes qui sont le long de la frontière avec l’Ouganda parce que a-t-il fait savoir, ces insectes sont entrés par ce pays voisin afin que les agronomes puissent identifier les foyers de ces criquets pèlerins, l’élaboration d’un plan de travail pour chercher les produits dont les insecticides de lutte contre ces insectes ravageurs, le plaidoyer auprès des autorités compétentes pour l’obtention de matériels pour l’intervention.

Crainte d’une crise alimentaire en Ituri

Par ailleurs il a exprimé la crainte de voir une crise alimentaire frapper la province de l’Ituri si ces insectes continuent une progression à très grande échelle.

Pour Ir Bonaventure Lokadi l’Ituri est déjà fragilisée sur le plan agricole par deux(2) facteurs principaux à savoir : l’insécurité qui bloque les activités champêtres en territoire de Djugu et une partie de Mahagi et la forte pluviométrie et la sécheresse suite au changement climatique pendant la saison B en 2019.

Somme toute, la progression de ces insectes risque de provoquer « la famine » dans la région, a-t-il conclu.

Cohabitation

Mediacongo reprend un texte de l’émetteur allemand Deutsche Welle Lambert Mende : « Le mariage FCC-CACH a été conclu pour aller à son terme puisque telle est la volonté du peuple congolais »

De sources concordantes, en moins de deux semaines, l’Union africaine, le Royaume-Uni et les États-Unis ont dépêché des émissaires en République démocratique du Congo pour rencontrer Joseph Kabila. Le but recherché : tenter de convaincre l’ancien président de la RDC, pour qu’il accorde plus de marge de manœuvre à son successeur et partenaire de coalition, Félix Tshisekedi.

« L’avis de tempête est passé »

Mais l’ancien porte-parole et ministre de la Communication et des Médias du gouvernement Kabila, Lambert Mende Omalanga, élu député provincial dans le Sankuru, a démenti cette information dans une interview accordé à l’agence de presse allemande Deutsche Welle estimant même que les tensions perceptibles au sein de la coalition entre CACH (Cap pour le changement) de Félix Tshisekedi et FCC (Front Commun pour le Congo) de Joseph Kabila se sont dissipées.

« Je pense que maintenant ça se calme puisque le contact entre les 2 partenaires de la coalition a repris normalement sur les questions de gestion du gouvernement. Bref, l’avis de tempête est passé… pour l’instant ».

« On ne se marie pas pour les autres mais d’abord pour nous-même »

Malgré ces remous dans le couple FCC-CACH, l’ancien porte-parole du gouvernement reste néanmoins convaincu que cette coalition a de l’avenir et ira à son terme. « Le mariage FCC-CACH a été conclu pour aller à son terme puisque telle est la volonté du peuple congolais qui a donné une majorité présidentielle à l’un et une majorité parlementaire à l’autre… Je ne vois pas pourquoi cela gênerait d’autres personnes. »

Et d’ajouter, « Je pense que le mariage que conduisent l’attelage congolais FCC-CACH concerne d’abord les Congolais avant même de concerner les partenaires du Congo. On ne se pas marier pour les autres nous nous sommes mariés pour nous-même d’abord ».

Pour lui, les derniers incidents notamment sur les incidents des formalités à la douane de N’djili et des passeports de certains cadres ne sont que des tempêtes dans un verre provenant de « mauvais plaisantins » de la DGM qui ne méritent pas que l’on en fasse tout un foin ou que l’on voit cela comme des faits importants.

Pas de tentative de pression envers Joseph Kabila

Concernant les derniers ballets diplomatiques, Lambert Mende considère que ces fait n’ont rien à voir avec les dernières tensions entre le FCC et le CACH mais cela a plutôt avoir avec les intérêts des Occidentaux pour les ressources naturelles dont dispose le pays.

« Ils ont toujours des intérêts dans notre pays – intérêts que l’on connait très bien… Il ne s’agit pas nécessairement des choses qui nous concernent nous Congolais. Ce sont des intérêts qui sont propres à eux et qui sont peut-être sous nos pieds ici mais dont nous attendons faire un commerce mutuel avantageux entre eux et nous ; ce qui est tout à fait normal ».

Et d’ajouter que, selon lui, ces ballets ne sont en rien une tentative de pression envers Joseph Kabila pour qu’il accorde plus de marge de manœuvre à son successeur mais bien parce qu’il est une composante importante de la direction actuelle du pays en sa qualité de chef de la majorité au parlement.

« Je sais qu’ils l’ont vu parce qu’il est une composante de la direction actuelle du pays… Vous savez, il est le chef de la majorité au parlement et je ne sais pas comment on peut établir des relations avec un pays et négliger celui qui contrôle la majorité au Parlement dans un pays qui vit sous un régime parlementaire. Donc ce n’est que tout à fait normal. Je ne pense pas qu’il faille donner à cela [ces visites] la connotation que vous en faites ».

« Les militaires n’appartiennent à aucune formation politique »

Interrogé sur la suspension du général Delphin kahimbi (avant que l’on apprenne son décès), l’ancien porte-parole a tenu à clarifier qu’« il n’était pas dans le secret du commandement de l’armée » mais a tenu à préciser qu’il n’avait pas dans l’armée « des militaires favorables au président Kabila et d’autres favorables au président Tshisekedi » puisque « les militaires n’appartiennent à aucune formation politique ».

« L’armée est un corps de la Nation qui a des règles spécifiques. Je ne pense pas que nous avons intérêt à diviser l’armée en officier favorablement à tel ou à tel. Nous avons une armée qui est une armée de métier composée de professionnels ».

Pour l’ancien ministre de la Communication et des Médias du gouvernement Kabila, le changement dans l’armée fait partie du pouvoir d’un président puisqu’il est le Commandant suprême des forces armées de la RDC. « S’il y a des divisions et des tâches, il appartient au Commandant suprême actuel de leur repartir les tâches sans que l’on donne nécessairement une coloration politique à cela… Nous l’avons fait pendant toutes les années de la gestion du président Kabila et nous ne voyons pas pourquoi le président Tshisekedi n’aurait pas le droit de repartir les tâches entre les officiers puisqu’il a les mêmes pouvoirs que ceux qu’exerçait le président Kabila ».

Décès de Delphin Kahimbi

Le Potentiel annonce “Décès du chef de renseignement militaire congolais, le général Delphin Kahimbi à Kinshasa”

Le général Delphin Kahimbi, chef d’état-major adjoint des FARDC en charge des renseignements militaires, est décédé ce vendredi 28 février à Kinshasa. Jusque là les causes de sa mort ne sont pas encore connues.

Le général Kahimbi a été convoqué à deux reprises et entendu sur plusieurs dossiers, reconnait-on dans les rangs de la coalition de l’ancien président. Mais à ce stade, le chef titulaire des renseignements militaires n’est pas poursuivi, assure-t-on.

C’était jeudi 20 février, la Direction générale de migration (DGM) avait interpellé le général Delphin Kahimbi alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour l’Afrique du Sud. Tout comme Kalev Mutond – l’ex-patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), interpellé le 12 février), le général Delphin Kahimbi était accusé d’avoir dissimulé des armes et de tentative de déstabilisation. Le chef d’état-major adjoint des FARDC était également soupçonné d’avoir mis l’actuel gouvernement sous surveillance.

Le motif de ses convocations reste encore confus. Certaines sources parlaient d’un voyage non autorisé en Afrique du Sud pour acheter des moyens d’écoute. D’autres de violations des droits ou de malversations financières.

A noter que le général Kahimbi est sous sanctions européennes et américaines depuis 2016, il est soupçonné de violations des droits humains.

Les États-Unis qui ont été les plus prompts à réagir, avant même l’annonce officielle. L’information est allée très vite, de l’ambassadeur à Kinshasa au secrétaire d’État en charge de l’Afrique qui sur Twitter s’est dit ravi de « voir le gouvernement de la RDC prendre des mesures pour mettre fin à l’impunité ».

Il faut noter que sa mort est intervenue après sa suspension. D’ailleurs, la sénatrice Francine Muyamba a répliqué sur les réseaux sociaux à ce qu’elle a qualifié d’ingérence étrangère.

Cette proche de Joseph Kabila a affirmé que les officiels américains devraient observer un devoir de réserve et comprendre qu’il existe une présomption d’innocence, ajoute Francine Muyumba.

Entre-temps, le gouvernement congolais s’apprête à dépêcher une délégation pour enquêter sur sa mort”.

Prunelle RDC annonce “Des réactions dans tous les sens après le décès du Général Kahimbi”

Des réactions intenses dans la sphère politique et de la Société Civile après l’annonce du décès du Général Delphin Kahimbi ce vendredi 28 février 2020 à Kinshasa.

Le Général-major Delphin Kahimbi, jusque-là Chef d’Etat-Major en charge des renseignements militaires (DEMIAP) avant sa suspension, est décédé alors qu’il devait être entendu encore une fois par le Conseil National de Sécurité.

Faisant une déclaration télévisée, les membres du Haut Commandement Militaire, par l’intermédiaire du Sous-Chef d’Etat-Major en charge de l’administration, le Gen. Kilumba Don de Dieu, ont déclaré que toutes les dispositions seront prises « pour élucider les circonstances de cette douloureuse perte. Une enquête est diligentée et les communiqués de celle-ci feront l’objet de communication ultérieure. »

Entre-temps, plusieurs réactions, selon les camps politiques ou en provenance des activistes de la Société civile, ont émaillé cet événement tragique avec toute une polémique et des interrogations sur les circonstances exactes de cette mort.

Pour Eve Bazaiba du MLC par exemple, c’est une « drôle de mort ».

Ancien candidat à la présidentielle de décembre 2018, Noël Tshiani appelle également à une enquête indépendante. Il craint une « élimination physique » pour empêcher la divulgation des secrets.

Pour Triphon Kinkey Mulumba, la mort de Delphin Kahimbi ne peut en aucun cas servir le Président actuel.

Triste nouvelle

D’autres réactions de compassion arrivent de tous les côtés. C’est le cas du Gouverneur du Tanganyika, Zoe Kabila, qui le décrit comme la « fierté de la révolution ADFL » et un patriote au service de la Nation congolaise.

Pour l’ancien ministre et actuel député national de la plateforme FCC, Felix Kabange Numbi, qui a aussi tenu à présenter ses condoléances, « la disparition brutale du Général Kahimbi survient dans une situation trouble et de façon mystérieuse. » et fait une interpellation étrange « aux décideurs publics Congolais » à ne pas « céder aux volontés ou injonctions d’Etats tiers, aussi puissants soient-ils. »

Me Tshiswaka Masoka Hubert lui rend également hommage tout en appelant l’auditeur Général des FARDC d’élucider cette situation.

« La mort du Chef des renseignements militaires, Général Kahimbi est une triste nouvelle. Que son âme repose en paix et que sa famille biologique trouve ici l’expression de nos condoléances. Il incombe à l’Auditeur Général des FARDC d’élucider cette situation », dit le Directeur Général de l’IRDH.

Même réaction de la PPRD Joëlle Bakonkwa. « Un fils du Sud-Kivu vient de passer l’arme à gauche. C’est la RDC qui perd! Repose éternellement en paix mon Général Delphin », écrit-elle.

« La Mort suspecte du Général Delphin Kahimbi, laisse plus qu’un perplexe. Paix à son âme ! Vaillant et guerrier de tout temps! Et je plaide pour une sécurité maximale aux sanctionnés des impérialistes sous l’ère Kabila », a, pour sa part, déclaré Blaise Malumbu.

« J’ai encore en mémoire notre échange très récent au Collège des Hautes Etudes de Stratégie et de Défense (CHESD) sur les réformes de nos Renseignements, qui selon vous, devaient se muer en un outil de prospective économique et de développement. Et avec un brin d’humour, vous conclurez en me disant: Nos renseignements sont encore à un état villageois. Nous avons ri et je vous ai dit au revoir…. Hélas ! Dieu est Dieu ! », a tweeté Patrick Nkanga, rapporteur du PPRD.

Pour rappel, le Général Delphin Kahimbi fut l’un des puissants généraux autour de Joseph Kabila. Il a été au cœur des renseignements militaires du pays lors des derniers moments de l’ancien président. Plusieurs organisations de défense des droits humains l’avaient toujours accusé de violation grave des droits de l’homme. C’est peut-être dans ce sens qu’il est sous sanctions internationales depuis quelques années aux côtés d’autres proches de Kabila.

Néanmoins, ces organismes, comme HRW ou la Lucha, trouvent que cette mort est « une occasion manquée de faire la justice aux victimes de ses crimes. »

Fally Ipupa à Paris

Mediacongo.net titre “Malgré des incidents à la Gare de Lyon, Fally a tenu son concert à Bercy”

Le concert de Fally Ipupa à Accor Hotels Arena, ex-Bercy, a finalement débuté, après des incidents enregistrés à la Gare du Lyon.

La salle, pleine comme un œuf, a refusé du monde,venu voir le tout premier concert d’un artiste congolais dans une grande salle parisienne, après plus de 11 ans de trêve due à la « politisation » de la musique.

Malgré les pressions et les attaques, Fally Ipupa a presté devant ses fans qui ont tous bravé la peur en accédant à la salle pour fêter ce grand événement qui a fait bouger Paris.

Des spectateurs, téléphones allumés, ont chanté à l’unisson avec cet artiste compté aujourd’hui parmi les plus populaires d’Afrique et des Caraïbes.

Bien avant de débuter son show à Accor Hotels Arena, Fally Ipupa avait déclaré que « ce soir, c’est le Congo qui gagnera ».

Il avait assuré ses fans que les incidents avaient eu lieu loin du spectacle, et que toutes les dispositions sécuritaires étaient prises pour que la fête se passe dans le calme”.

L’Info en ligne des Congolais de Belgique titre “Fally Ipupa et les « anti-concerts », quel bilan ?”

Vendredi 28 février 2020 à l’hôtel ArenaAccords de Paris-Bercy, l’artiste musicien congolais Fally Ipupa a donné un concert devant 20.000 spectateurs.

Quelques heures avant le début du concert, plusieurs manifestants anti-concerts ont commencé à se réunir dans le but d’empêcher la tenue de l’événement. Au fil du temps, avec l’arrivée progressive d’une part d’autres manifestants et d’autre part de renforts toujours nombreux des forces de l’ordre, la tension est montée au point d’aboutir à l’incendie des poubelles, puis des motos à la gare de Lyon juste à côté.

Cet incendie provoquera la fermeture momentanée de la gare et une très grande perturbation de la circulation des trains à la gare de parisienne de Lyon.

Pendant ce temps, à partir de 16h00, l’avocat des organisateurs de la manifestation anti-concert comparaissait au tribunal administratif de Paris suite à une plainte en référé contre la préfecture de police de Paris du fait d’avoir interdit la manifestation anti-concert. A l’issue de l’audience, les anti-concerts seront déboutés.

Du côté de l’organisation du concert, les spectateurs avaient commencé également à venir.

A l’heure du début du concert, la grande salle était déjà presque pleine. La salle sera complètement pleine en cours de spectacle.

Et Fally Ipupa donnera ainsi son concert jusque 23h30, soit près de trois heures de musique.

Depuis près de quinze ans, c’est la première fois qu’un musicien Congolais de la trempe de Fally Ipupa se produise en Europe, une « fatwa » ayant été lancée contre les musiciens congolais au lendemain des élections de 2006 : à l’époque, la plupart des artistes congolais avaient composé des chansons pour soutenir la candidature à la présidentielle de Joseph Kabila qui avait affronté au second tour, Jean-Pierre Bemba, Président du MLC.

A l’issue de ce bras de fer entre les pro-Fally et les anti-concerts, quel bilan peut-on établir ?

La mobilisation des anti-concerts via les réseaux sociaux a été très grande, une multitude de vidéos très suivies ont été diffusées appelant au boycott du concert avec souvent des propos déplacés : injures, incitation à la violence ainsi qu’à la haine tribale, appel à poser des actes inciviques…

Du côté des organisateurs du concert, la campagne médiatique était très forte, deux grands médias internationaux étaient dans le coup : RFI, Radio France Internationale, et la chaîne de télévision France 24.

Quel a été l’impact de l’incendie à la gare parisienne de Lyon par les anti-concerts? En tout pas positif dans l’opinion des français. La meilleurs illustration est ce twitt de Marine Le Pen : « Marine Le Pen @MLP_officiel · 13h Heurts à propos du concert d’un chanteur congolais, incendie de la Gare de Lyon, racailles empêchant les pompiers de travailler : quelle image notre pays donne au monde ? Comment le gouvernement peut-il laisser se produire un tel CHAOS !? »

A 8h30 quand nous rédigions cet article, le twitt avait été rétwité 1.900 fois et la vidéo l’illustrant vue 12.900 fois.

La plupart des médias français ont diffusé l’information en insistant sur deux actes inciviques : l’incendie d’une gare, un bien public et pire, le fait d’empêcher les pompiers de faire leur boulot.

Fally Ipupa a-t-il gagné ?

Oui. financièrement d’abord. 20.000 spectateurs à 50 euros la place, c’est une recette minimum brute d’un million d’euros.

Médiatiquement ensuite. Tant les actes anti-concert que la couverture de l’événement culturel l’ont rendu davantage célèbre.

Ensuite s’il envisage une tournée africaine, ce sera une interminable série de concerts dans différents stade du continent.

Les musiciens congolais pourraient-ils revenir en Europe pour des concerts ?

Une grande brèche vient d’être ouverte. Les 20.000 personnes qui se sont déplacées malgré les menaces sont un message fort.

Politiquement, l’embargo contre les musiciens a été longtemps employé pour affaiblir l’ancien Président congolais Joseph Kabila et obtenir son départ ne tient plus.

Ceux qui étaient derrière le slogan « Kabila dégage » se sont scindés en deux.

Lors de la présidentielle de décembre 2018, une partie s’est identifiée au candidat Félix Tshisekedi, actuel Président de la RD Congo, une autre, celle qui durant la campagne s’est identifiée au candidat de la plate-forme LAMUKA.

Le slogan « Kabila dégage » étant dépassée, il est devenu difficile de faire l’unanimité dans la diaspora pour empêcher les musiciens de se produire.

Elément non négligeable , les jeunes d’origine congolaise d’aujourd’hui entre 18 et 25 ans et nés en Europe avait quel âge en 2006 ? entre 3 et 10 ans ! Ils ont d’autres centre d’intérêts dont la musique, les concerts, comme celui de Fally Ipupa le vendredi 28 février 2020”.

Presse et documents étrangers

QUELLES SCIENCES SOCIALES POUR LES PAYS AFRICAINS : QUELLE ANTHROPOLOGIE POUR LA RDC

Patience Kabamba – LE MOT DU WEEKEND – le 22 Février 2020

Le MOT DU WEEKEND de cette semaine s’adresse à une des disciplines des Sciences Sociales, l’anthropologie, et les potentielles innovations dont nous pouvons légitimement attendre d’elle comme Africains.

Violence anthropologique

Une des violences anthropologiques dont je suis témoin depuis mon retour aux bercails en RDC, c’est la déconnection entre ce qui est enseigné dans des salles de classes dans des universités et ce qui est concrètement vécu dans la vie réelle après les études. Les efforts des professeurs sont compensés par des travaux pour lesquelles les étudiants n’ont jamais été préparés. La grande majorité des étudiants de l’université au Congo se retrouve dans la vie comme échangeurs de monnaie, vendeurs de crédits de téléphone (air time), ou encore des chauffeurs de taxi ou livreurs dans des pharmacies des Libanais en ville. Ces travaux ne sont pas en soi négligeables. Il n’y a pas de sots métiers, et j’en conviens. Ce que je déplore ici c’est d’avoir investi cinq années pour étudier à l’université pour se retrouver dans un travail qui n’a rien à avoir avec la formation reçue. Cela constitue, à mon humble avis, une violence anthropologique aussi bien pour les professeurs qui ont formé ces étudiants et pour les étudiants qui vivent cette réalité. Les programmes des études sont restés dans une logique qui n’a plus rien à avoir avec le développement du monde réel. Le résultat est qu’on forme des personnes complètement hors-sol et étrangères aux réalités de leur pays. Et les professeurs et les étudiants en sortent anthropologiquement diminués et désabusés.

Les Chercheurs Saisonniers

Je m’en vais prendre un exemple dans une discipline que je connais le mieux pour y avoir passé une bonne dizaines d’années : La discipline d’anthropologie. Je commence par un exemple anectodal. En 2009, j’avais invité à un colloque à Bujumbura un collègue qui avait beaucoup écrit sur le pays pour y avoir été pour la première fois en 1959 comme jeune chercheur. Cinquante ans plus tard, il est revenu au pays de ses premiers intérêts académiques et y a fait pratiquement les mêmes observations qu’il y a cinquante ans. Toute ses recherches et analyses n’ont absolument rien changé à la descente aux enfers constatée dans le pays depuis cinq décennies. Evidemment ce collègue était applaudi dans le milieu académique pour ses analyses sur le pays, mais pas un iota de ce qu’il avait écrit n’avait influencé la marche du pays dans un sens comme dans un autre.

Je dis, a travers ce MDW, que ce type d’anthropologie est suranné. Il était basé sur une conception de l’Academia qui ne valorisait que le savant-chercheur saisonnier qui venait récolter les données et qui produisait un texte pour sa carrière professionnelle dans son propre pays.

De l’ancien :

L’Afrique n’a pas vraiment besoin de l’anthropologie ou des sciences sociales traditionnelles d’il y a vingt ans dans lesquelles un doctorant d’Europe ou des États-Unis voyage en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, va y vivre quelques années en recueillant des données

[généralement ethnographiques]

, retourne à Paris ou New York pour écrire ses résultats scientifiques et les publier dans des revues acceptables, et poursuit sa carrière universitaire.

Les sciences sociales et de l’anthropologie ne devraient plus se contenter d’être des sciences qui traitent les personnes étudiées comme des objets d’études et des sources de données à analyser et à interpréter par le savant scientifique. La connaissance est ainsi supposée provenir du scientifique.

Du nouveau :

Aujourd’hui, l’accent devrait être désormais beaucoup plus mis sur le traitement des connaissances de ces divers peuples non-européens comme des sources significatives de connaissances et de compréhension. Le chercheur devrait faire bien plus que rassembler des données et rédiger des monographies. Le chercheur devrait apprendre des gens et intégrer leurs connaissances dans la compréhension générale des situations, utiliser ces connaissances pour critiquer les connaissances antérieures et les pratiques dominantes et appliquer la nouvelle perspective pour résoudre les injustices vécues par les peuples d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine. C’est ce model des sciences sociales que nous cherchons. L’importance de ce modèle pour l’anthropologie est illustrée par la publication des travaux pertinents qui changent la vie des gens.

Le Chercheur modèle

Le chercheur modèle s’appuiera sur les connaissances occidentales développées par des universitaires de renoms tels que Paul Ricœur, Benedictus de Spinoza et Max Weber, ou autres, utilisera les connaissances et les pratiques rencontrées sur terrain pour critiquer et affiner les connaissances occidentales, et appliquer le résultat pour recommander de nouvelles façons de comprendre et de résoudre les problèmes graves en Afrique et dans le monde contemporain. Cette approche devrait susciter un large intérêt.

Les travaux académiques doivent représenter un effort pour répondre aux spécificités des problèmes africains. Ces travaux doivent lier les publications de théories anthropologiques à des travaux de recherche directement applicables au continent africain et aux problèmes de développement ici. Il s’agit d’une affirmation de l’importance des connaissances africaines locales pour la compréhension et la résolution des problèmes africains, ainsi que de suggérer des moyens par lesquels les connaissances africaines peuvent améliorer la compréhension dans d’autres régions postcoloniales.

Il ne s’agit pas d’une critique des collègues qui sont encore restés dans la tradition anthropologique surannée que je viens de décrire plus haut. Il s’agit de conjuguer les efforts pour produire une scolastique qui, tant soit peu, soulage des souffrances anthropologiques inouïes que confrontent ceux que nous étudions et qui sont des sujets d’une histoire et non simplement des objets de nos études pour une promotion universitaire. Je n’ai pas de recette, mais cherchons ensemble des espace d’innovation dans notre méthodologie de travail.

Une réaction à tous les « vont en guerre contre le Rwanda »

Viktor Rousseau – le 24 février 2020

Vous pensez qu’aller en guerre avec le Rwanda est une solution !? 

Avec une armée dont la plus part des bataillons un peu équipés sont mono ethniques et les autres sont privés de chaîne de commandement peu professionnelle et se contentent de vivre sur le dos des populations … 

L’armée congolaise n’est pas conforme à ce qu’une armée digne des pouvoirs régaliens attend d’un état souverain ..

Il est facile pour nous qui vivons confortablement loin de la RDC d’envoyer les autres en guerre, ce pays vit depuis plus de vingt ans en état de guerre larvée, la communauté internationale appelle cela un « conflit de basse intensité » dont les conséquences directes et indirectes sont les centaines de milliers de morts depuis 1996 …

La RDC paye aussi les fautes commises au Rwanda par la France avec la complicité de MSS qui sous prétexte d’intervention humanitaires a permis à des milliers de genocidaires en armes de trouver refuge dans l’Est du Congo-Kinshasa avec leurs familles, ce qui donne jusqu’à ce jour un prétexte au Rwanda pour intervenir en RDC, ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 et en 1997-8 en RDC, j’en été témoin sur le terrain et la Belgique depuis 1959 au Rwanda a une énorme responsabilité historique dans cette situation inextricable … 

Vous allez rétorqué, quelles solutions avez vous, je n’en ai pas, c’est les congolais avec le renouvellement d’une classe politique dévoyée et corrompue qui sortiront le pays de ce gouffre profond dans laquelle elle est immobilisée depuis des années …

Que cette présidence démontre son efficacité en organisant des élections locales qui iront jusqu’aux présidentielles et législatives en 2023 qui passe par une réforme radicale de la CENI .. la transformation des FARDC est une chantier pharaonique sans lequel, rien ne sera possible … 

Je crains que le consensus mou de la communauté internationale ne soutiendra pas des réformes radicales et en profondeur car ce chaos dont ils se plaignent permet malgré tout à des entreprises de prospérer en marge des lois que personne ne peut faire appliquer 

Dans un tel contexte marqué par l’absence de légitimité des institutions mises en place après les élections de 2018 qui sont la conséquence d’une fraude massive et sans précédents dans un pays qui a pourtant vu le désastre de celles de 2011 sans parler de celles de 2006 qui sont loin d’avoir été un modèle. En 2018, cette immense fraude qui ne concerne pas que la présidence a comme conséquences que rien ne pourra se bâtir dans un tel contexte de désordres savamment installés et qui permet toutes les dérives …

Glencore: perte de 404 millions USD en 2019 après des dépréciations d’actifs

AFP – le 18 février 2020

Glencore, le géant du négoce des matières premières basé en Suisse, a publié mardi une perte de 404 millions de dollars (372 millions d’euros) pour 2019, plombé par des dépréciations d’actifs et la baisse des cours du cobalt et du charbon. Le groupe, qui avait dégagé un bénéfice net de 3,4 milliards un an plus tôt, a inscrit dans ses comptes 2,8 milliards de dollars de charges de dépréciations liées à ses mines de cuivre en Afrique, au charbon en Colombie et à des actifs pétroliers au Tchad.

Son excédent brut d’exploitation s’est contracté de 26%, à 11,6 milliards de dollars sous l’effet de la baisse des cours des matières premières qui a pesé sur ses activités minières, a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Notre performance pour 2019 est le reflet des négociations commerciales prolongées et incertaines », affirme Ivan Glasenberg, son directeur général, cité dans le communiqué, évoquant les « tensions » autour des barrières commerciales grandissantes, ainsi que des prix dans l’ensemble « plus faibles » pour ses principales matières premières.

Sur l’ensemble de l’année, les prix du cuivre, son métal de référence, se sont situés en moyenne 8% en deçà de l’année précédente, le zinc en baisse en moyenne de 13%, le cobalt en baisse de 57% tandis que le charbon thermique a de son côté chuté en moyenne de 27%, a chiffré le groupe suisse.

« A court terme, nous surveillons étroitement l’évolution du coronavirus », ajoute le patron du groupe suisse, qui cherche à évaluer les répercussions pour la croissance économique et les marchés, et les éventuels « ajustements » nécessaires.

Pour 2019, le groupe a néanmoins maintenu son dividende à 0,20 dollar par action.​

Des ONG demandent des sanctions contre un homme d’affaires israélien proche de Kabila

AFP – le 25 février 2020

Des ONG ont demandé aux autorités de la République démocratique du Congo (RDC) des sanctions contre un homme d’affaires israélien proche de l’ancien président Joseph Kabila et soupçonné de corruption par les Etats-Unis. Les ONG de la plate-forme « Le Congo n’est pas à vendre » ont demandé au président Félix Tshisekedi « le gel de tout compte en banque appartenant » au milliardaire Dan Gertler, propriétaire de plusieurs concessions minières et de blocs pétroliers en République démocratique du Congo.

En décembre 2017, tous ses comptes bancaires aux États-Unis ont été gelés. Le département d’Etat le présente comme ayant bâti sa fortune « à travers des transactions minières et pétrolières opaques et corrompues ».

Les Etats-Unis l’accusent d’avoir fait perdre à la RDC « 1,36 milliard de dollars entre 2010 et 2012 », en « sous-évaluant les actifs miniers vendus à des sociétés off-shore » qui lui sont liées.

Les ONG demandent un « audit indépendant » des entités étatiques ayant conclu des contrats avec M. Gertler.

L’ambassadeur américain à Kinshasa Mike Hammer a salué sur Twitter cette initiative, qu’il a qualifiée d’effort « louable » contre « ceux qui agissent contre le bien public congolais ».

En visite en RDC il y a 15 jours, l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs Peter Pham avait insisté sur le fait que Washington était prêt à aider la RDC à lutter contre la corruption et l’impunité.

Mi-décembre, le gouvernement congolais avait décidé de geler les avoirs d’un homme d’affaires libanais, propriétaire d’une boulangerie industrielle de Kinshasa, en application de sanctions du Trésor américain qui l’accuse de financer le Hezbollah.

Gertler est au coeur d’une autre affaire ces jours-ci en RDC.

Peu avant de passer sous sanctions américaines en décembre 2017, il a prêté 128 millions d’euros à la société minière congolaise Gécamines.

La Gécamines a expliqué avoir refusé de rembourser son prêt « en raison des sanctions économiques » contre M. Gertler.

En novembre, le tribunal de commerce de Lubumbashi a reconnu la créance de M. Gertler sur la Gécamines.​

Vers un nouveau report des élections locales ?

Patient Ligodi, correspondant à Kinshasa- RFI – le 25 février 2020

Initialement prévues en 2019, les élections locales ne devraient pas avoir lieu non plus cette année. Le pays n’est pas prêt, selon un rapport de la Commission électorale qui invoque, entre autres, un manque de moyens financiers et logistiques.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) est formelle: il est impossible d’organiser, les élections des conseillers des communes et des conseillers des secteurs et chefferies, dans les conditions actuelles. Première raison invoquée dans ce rapport : un problème logistique.

Il faudrait par exemple aménager ou carrément construire des bâtiments devant abriter environ 11 000 conseillers municipaux et locaux. Ces institutions sont une sorte de mini-parlements au niveau décentralisé. Il faudrait en plus, prévoir les différents frais d’installation et de fonctionnement ainsi que les salaires de ces élus.

Le tout dans un contexte économique difficile marqué notamment par la rigueur budgétaire, imposée par les négociations avec le Fonds monétaire international. Dans son rapport déposé à l’Assemblée nationale, la Céni propose par exemple que le nombre de conseils municipaux soit réduit.

Pour sa part, le ministre de la Communication et des médias, David-Jolino Diwampovesa Makelele, estime qu’aucune décision ne peut être prise avant d’avoir les résultats de la réforme électorale. Le ministre a toutefois rappelé la volonté de Félix Tshisekedi d’organiser ces élections durant son quinquennat.

La Céni propose, de son côté qu’elles soient organisées à la fin du mandat présidentiel en cours. Point de vue que ne partage pas une grande partie de la société civile.

Corruption en RDC: Tshisekedi imprime sa marque sur la haute magistrature

Le Figaro / AFP – le 19 février 2020

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a imprimé sa marque sur la haute magistrature en assistant mercredi 19 février à la prestation de serment de hauts magistrats qu’il vient de nommer pour réformer la justice, avec pour priorité la lutte anti-corruption.

«Nul doute qu’une nouvelle ère pointe à l’horizon dans la gestion de l’appareil judiciaire pour une meilleure justice, équitable pour tous», a proclamé la présidence congolaise dans un communiqué.

Ces nominations ont suscité beaucoup d’espoirs chez les défenseurs des droits humains qui accusent la justice d’être corrompue, lente et de se prononcer à la tête du client.

L’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) attend une «lutte concrète et rapide contre, notamment, la corruption et les crimes graves».

La RDC occupe la 168e place sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption établi par l’ONG Transparency international, dans un rapport rendu public fin janvier.

L’envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands lacs, Peter Pham, avait insisté sur le fait que Washington était prêt à aider la RDC à lutter contre la corruption et l’impunité, en rencontrant tour à tour le président Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila la semaine dernière à Kinshasa.

Des hauts magistrats de la cour de Cassation (procureur général et premier président), du Conseil d’Etat (procureur général) et de la justice militaire (premier président de la Haute Cour Militaire) très active en RDC, ont prêté serment.

Le nouveau procureur général près la Cour constitutionnelle, qui peut mettre le chef de l’Etat en accusation, prêtera serment plus tard «devant le Parlement réuni en congrès», a expliqué une conseillère du président Tshisekedi.

Ces mouvements interviennent au moment où des enquêtes sont lancées sur l’utilisation des fonds alloués à des chantiers publics dans le cadre d’un programme d’urgence initié par le chef de l’État et gérés par ses proches collaborateurs.

Le président Tshisekedi est un ancien opposant, investi le 24 janvier 2019. Il a succédé à Joseph Kabila avec les partisans duquel il a formé un gouvernement de coalition. Ces derniers restent majoritaires dans toutes les autres institutions du pays.

Felix Tshisekedi, sur le fil du rasoir

Colette Braeckman – Le Soir – le 25 février 2020

Face au « principe de réalité » et aux pesanteurs congolaises, les bonnes intentions du président marquent le pas

Les bonnes intentions ne suffisent pas… Un an après son accession au pouvoir dans des circonstances controversées, Félix Tshisekedi fait l’amère expérience des pesanteurs congolaises et des limites de la classe politique de son pays.

Après les espoirs suscités par sa volonté déclarée de lutte contre la corruption, renforcée par la nomination de nouveaux magistrats, supposés plus intègres que leurs prédécesseurs, les désillusions se succèdent. La dernière en date est celle des saute mouton, ces viaducs qui étaient censés désengorger les grandes artères de Kinshasa. Un an après le début de travaux qui ont paralysé la capitale, il apparaît non seulement que la tâche est loin d’être terminée mais que des sommes importantes auraient été détournées par divers intervenants, ce qui a mené à la détention momentanée du directeur de la société Safricas, Erwin Blattner. Cet homme influent, personnalité en vue à Kinshasa. a cependant quitté sa cellule sans autre forme de procès et il est douteux que l’enquête remonte jusqu’à Vital Kamerhe, le puissant directeur de cabinet du chef de l’Etat, présenté comme un ami de l’homme d’affaires. Auparavant, d’autres grands projets décidés dans la foulée de la « politique des cent jours » de Félix Tshisekedi se sont heurtés au principe de réalité : à Beni, les militaires engagés dans des combats meurtriers contre les milices islamistes n’ont pas touché leur prime de fin d’année, qui aurait été détournée par le général Sikabwe Fall, depuis longtemps mis en cause par l’ONU ; la promesse de mettre en place, sur plusieurs années, une assurance maladie universelle se heurte à la fermeté du Fonds monétaire international, qui a « retoqué » le budget de 11 milliards de dollars présenté par le Premier Ministe Ilunga Ilunkamba et le nouveau plan de trésorerie prévoit désormais deux fois moins de recettes et deux fois moins de dépenses. En outre, le principe de la gratuité de l’enseignement primaire, accueilli avec enthousiasme par toutes les familles du Congo, a été battu en brèche par les grèves des enseignants du réseau catholique (80% des écoles) tandis que dans les faits, bien des parents s’acquittent encore de frais scolaires ou participent à la rémunération des enseignants.

Sur le plan politique également, le chef de l’Etat se rend compte qu’additionner les voyages, conquérir sa légitimité au delà des frontières ne suffit pas et qu’au pays aussi, il faut consolider ses alliances, assurer ses arrières. On en est loin : le parti de M. Tshisekedi, l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) qui fut durant quarante ans un vivier de personnalités politiques ayant essaimé dans diverses formations n’a pas encore acquis l’expérience du pouvoir.

L’entourage du président, parmi lesquels de nombreux nouveaux venus recrutés dans la diaspora, est soupçonné d’enrichissement rapide ; des piliers du parti ne font pas confiance au directeur de cabinet Vital Kamerhe, qui a l’expérience de la chose publique mais demeure un rival potentiel du chef de l’Etat… Mais surtout, le « mariage de raison » conclu, à la surprise générale, entre Félix Tshisekedi et le président sortant Joseph Kabila à l’issue d’un scrutin controversé et qui n’ont pas encore été suivies par des élections locales, connaît de nombreuses déchirures dans le contrat. Tout d’abord parce que le président Tshisekedi, à chacune de ses sorties à l’étranger, égratigne son prédécesseur sous la pression de ses interlocuteurs occidentaux qui, sans mesurer les risques, le somment de se démarquer de son partenaire et allié de circonstance. Lorsqu’il rentre au pays, le président, à chaque fois, se retrouve confronté à la réalité du rapport de forces, sachant bien que Kabila contrôle toujours le Sénat, l’Assemblée, qu’il garde son ascendant sur l’armée et dispose de « cartes cachées » comme ces armes de guerre qui arrivent nuitamment depuis la Tanzanie jusqu’au port de Tanganyika, sur les bords du lac du même nom, par l’entremise du gouverneur de la province qui n’est autre que Zoe Kabila, frère de l’ex chef de l’Etat….

Lors de son dernier séjour à Kinshasa, l’envoyé spécial américain Peter Pham n’a pas mâché ses mots : au nom de la lutte contre la corruption, il a sommé Tshisekedi de sévir contre le « clan Kabila », c’est-à-dire de détricoter l’alliance qui avait cependant permis la transition pacifique.

C’est peut-être pour cela qu’en lieu et place de mesures de fond, les coups d’épingle se succèdent, frappant d’anciens caciques : interpellation de Kalev Mutomb, l’ancien chef de l’ANR (Agence nationale de renseignements), humiliation de l’ancien Ministre de l’Intérieur et « dauphin » de Kabila Emmanuel Shadary empêché de se rendre au Burundi en compagnie de Marcellin Cishambo ex- gouverneur du Sud Kivu, interpellation de Jaynet Kabila, la sœur jumelle…

Jusqu’à présent, à part des protestations de circonstance, le « clan Kabila » s’est gardé de toute réaction précipitée et il assure que l’accord de coalition est toujours valable. Mais si Félix Tshisekedi se montre jusqu’à présent prudent, avançant à pas feutrés sur le fil du rasoir, sans doute n’oublie–t-il jamais que son partenaire demeure un grand fauve qui prépare ses coups avec plusieurs longueurs d’avance…

Déclaration de la ministre du Développement international à l’occasion de la Journée mondiale des ONG

Service des relations avec les médias / Affaires mondiales Canada – le 27 février 2020 – Ottawa (Ontario) Canada

La ministre du Développement international, l’honorable Karina Gould, a fait aujourd’hui la déclaration suivante :

« Aujourd’hui, en cette Journée mondiale des ONG, nous sommes fiers de mettre en valeur et de reconnaître le travail de toutes les organisations non gouvernementales qui cernent les enjeux mondiaux et proposent des solutions innovantes en faisant preuve de compassion et de détermination.

« Les ONG collaborent et interagissent avec les citoyens et les autres acteurs de la société civile pour bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus durable pour tous, peu importe d’où ils viennent. Par leur travail dans le domaine du développement, les ONG incarnent véritablement les valeurs de notre pays.

« Par exemple, grâce à CARE Canada en Afghanistan, les classes communautaires permettent à des milliers d’enfants d’avoir accès à une éducation primaire, contribuant ainsi à accroître le taux de scolarisation.

« En Afrique de l’Est, des responsables de la Banque canadienne de grains travaillent avec les agriculteurs, en particulier les femmes, pour intégrer l’agriculture de conservation dans leurs pratiques agricoles.

« En Afrique subsaharienne et en Amérique centrale, SeedChange collabore avec les petits agriculteurs pour mettre au point de nouvelles variétés de semences adaptées aux conditions locales et résistantes à la sécheresse, aux inondations, aux parasites et aux maladies, et pour fournir des aliments nutritifs aux communautés locales.

« Les ONG canadiennes jouent aussi un rôle essentiel en comblant les lacunes dans les systèmes de santé et en adoptant une approche fondée sur les droits afin de rejoindre les plus pauvres et les plus mal desservis. Amref Canada, par exemple, s’efforce de rejoindre les populations vulnérables pour les sensibiliser davantage aux services de santé maternelle et reproductive de qualité à leur disposition, et pour en accroître l’accès.

« En cette Journée mondiale des ONG, nous soulignons le travail de ces organisations qui œuvrent dans les conditions les plus difficiles afin de mettre fin à la pauvreté et à la faim, de réaliser l’égalité des genres, de favoriser la paix, de créer de véritables partenariats et de protéger la planète pour les générations à venir. »

La grande rotonde du musée de Tervuren décolonialisée

Françoise Berlaimont – RTBF – le jeudi 27 février 2020

La rotonde du Musée de l’Afrique centrale à Tervuren fait sa mue décoloniale. Deux artistes, l’un congolais et l’autre belge, apportent un contrepoint contemporain à ce lieu emblématique de l’aventure coloniale belge au Congo. Il n’est pas question d’occulter le passé, mais d’en être conscient pour mieux se tourner vers l’avenir.

Un bâtiment classé et des statues intouchables

Après la réouverture du musée, il y a un an, de nombreux visiteurs ont été choqués de la présence des statues, véritables odes à la Belgique civilisatrice d’un Congo sauvage. Même l’Onu a fait part de son incompréhension, en estimant que le musée ne poussait pas suffisamment loin sa réorganisation décoloniale. Des voix se sont même élevées pour faire retirer les statues centenaires. Mais le bâtiment étant classé, rien ne pouvait bouger. Le projet d’Aimé Mpane et Jean-Pierre Müller a été retenu pour le lien qu’il tisse entre passé et présent. Les 16 statues sont superposées de 16 voiles semi-transparents sur lesquels sont imprimés des dessins contemporains réalisés par les deux artistes et qui évoquent une tension avec la statue. Ainsi, devant « La Belgique apportant la sécurité au Congo » de 1921, Jean-Pierre Müller a dessiné un para-commando belge sautant sur Stanleyville en 1964.

« La Belgique apportant la sécurité au Congo » revisitée par Jean-Pierre Müller.

« La Belgique apportant la sécurité au Congo » revisitée par Jean-Pierre Müller. – © Tous droits réservés

Passé et présent se font face

L’artiste congolais Aimé Mpane avait déjà conçu une première sculpture pour l’inauguration, il y a un an. En bois ajouré, l’oeuvre représente une tête de congolais vue de profil. A l’intérieur, un palmier de bronze s’élève par la tête et une lave de métal s’enfonce dans le sol. « J’aime symboliser le chaud et le froid », explique l’artiste congolais. Cette fois, il a rajouté une deuxième tête, figurant le crâne d’un chef Lusinga, décapité par un officier belge et ramené à Bruxelles en guise de trophée à la fin du 19e siècle. Les deux sculptures se font face et symbolise l’une la dignité et les promesses de l’avenir, l’autre la mort et les violences du passé. « C’est ma façon de contrebalancer ce qui existe dans la Rotonde, de faire dialoguer les éléments entre passé, présent et futur », précise Aimé Mpane, qui vit entre la Belgique et le Congo.

Faire réfléchir le visiteur sans occulter le passé sombre

Les deux artistes collaborent souvent ensemble. « On ne veut surtout pas se poser en moraliste », précise Jean-Pierre Müller, « le visiteur a un travail à faire ». L’objectif est de créer un choc d’images et à faire réfléchir ». Leur projet s’appelle RE-STORE, dans l’idée à la fois de restauration et de conservation, de se tourner vers l’avenir en étant conscient du passé.

Négationnisme du génocide des tutsi au Rwanda et acharnement sur Paul KAGAME et le FPR : Charles ONANA, la version trop achevée de Pierre PEAN

Amadou Tidiane Fall répond à Charles ONANA sur son livre sur le Rwanda, la version trop achevée de Pierre PEAN, Génocide des tutsi au Rwanda et acharnement sur Paul KAGAME –
La Vie Sénégalaise – le 27 février 2020
« La grenouille au fond du puit croit que le ciel est rond. » Vieux conte chinois

Monsieur ONANA, à 56 ans, vous avez déjà une riche production intellectuelle. C’est honorable. Nonobstant cela, il est vraiment dommage que sur l’un des sujets ou l’un des pays qui vous passionne le plus, à savoir le Rwanda ou son histoire la plus récente, votre attitude est inhabituelle, votre acharnement aussi. Vous trouverez certainement certains de mes propos assez durs puisque vous avez l’habitude d’accuser ceux qui contredisent votre manière de voir concernant le dossier rwandais, de « terrorisme intellectuel ». Je m’attends à être traité de « terroriste intellectuel ». Qu’importe ! Sur RFI, vous aviez dit qu’au lieu de vous opposer des arguments, l’on vous insulte. Je compte, avec beaucoup de respect, démontrer avec des arguments, des faits précis, que votre manière de voir est loin d’être la plus convenable. A bien des égards, vous vous êtes engagé dans une vaste entreprise d’auto-duperie volontaire. Vous ne vous êtes pas trompé de bonne foi, pas parce que « les archives parlent », vous vous êtes trompé parce que vous le voulez, surtout parce que volontairement ou involontairement, vous avez décidé de vous tromper en ne sélectionnant que les archives qui étayent votre thèse, votre « intime conviction », thèse que vous défendez depuis presque vingt ans.

Concernant le génocide des tutsi au Rwanda en 1994, comme votre défunt grand ami Pierre PEAN, vous ne faites qu’ajouter l’insulte à la douleur, la terrible douleur de ceux qui sont morts, « machettés » et humiliés, l’indicible douleur de ces rescapés, à jamais psychologiquement mutilés. Il est peut-être vrai que c’est vous qui avez initié PEAN au Rwanda. Il est aussi certain que quelqu’un d’autre lui a chuchoté quelque chose à l’oreille, lui qui n’a jamais mis les pieds au Rwanda. En ce qui vous concerne, je n’ai pas encore la certitude mais je doute que vous ayez beaucoup visité le pays des mille collines. Pour votre dernier ouvrage : Rwanda, la vérité sur l’opération turquoise (et vous y ajoutez « Quand les archives parlent »), d’entrée de jeu, vous avez choisi vos hommes. Comme un clin d’œil à l’au-delà ou comme dans un acte de provocation, vous réservez votre dédicace (et à lui tout seul) à l’homme de Noires fureurs, blancs menteurs : « A mon cher Pierre PEAN ». Vous semblez pressé. Décidément votre complicité est profonde. N’est-ce pas lui qui avait aussi préfacé votre livre « Les secrets de la justice internationale : enquêtes truquées sur le génocide rwandais » en 2005 ?

Et pour la préface de votre ouvrage, vous avez fait recours aux bienveillants services du Colonel Luc MARCHAL. Non, il ne pouvait pas refuser. Il faut quand même que l’officier supérieur belge continue à chercher à se donner bonne conscience. Bonne conscience qu’il cherche naturellement depuis avril 1994, date à laquelle lui et le contingent belge qu’il dirigeait au sein de la MINUAR sont partis. Qu’il soit parti contre son gré, il est quand même parti. Que voulez-vous ? Dix morts ça suffit. Il ne faudrait pas un mort de plus pour le petit Rwanda. N’est-ce pas Colonel ?

Maintenant que vous avez vos hommes et vos archives, (il est quand même étonnant que vous ne fassiez pas parler d’autres archives plus nombreuses, plus vivantes et plus accessibles), vous pouvez défendre votre patrie : la France et son opération turquoise au Rwanda. Selon vous, tous ceux qui ont critiqué l’opération turquoise n’ont apporté que « des accusations ignominieuses et diffamatoires ».

Sachez que vous ne pouvez pas être plus royaliste que le roi. Vous rejetez les écrits et les témoignages de deux français qui ont été au Rwanda et qui sont mieux placés que vous pour décrire l’horreur, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry le militaire Guillaume ANCEL. Etonnant ! Pendant ce déploiement militaire, SAINT-EXUPERY était au Rwanda, il a visité les collines de Bisesero, là où l’horreur a atteint son paroxysme. S’adressant à une autorité française, il écrit : « votre intervention strictement humanitaire était une farce, une mascarade. »

De son côté, Guillaume ANCEL, à l’époque officier français de l’armée de terre, présent sur le terrain des opérations soutient que l’objectif « humanitaire » de l’opération turquoise affiché par Paris se confond avec un autre, beaucoup moins avouable : celui de freiner ou de stopper l’avancée militaire du FPR (Front Patriotique Rwandais, les Inkotanyi), tout en veillant à ce que les forces gouvernementales génocidaires soient ménagées.

Monsieur ONANA, avec vos « archives qui parlent », et dans vos bureaux de Lyon ou de Paris, vous croyez pouvoir dire la vérité plus que ces deux acteurs ?

Mieux, le Général DALLAIRE que vous citez souvent a écrit dans son livre témoignage (J’ai serré la main du diable : la faillite de l’humanité au Rwanda) : « Je dis à Kouchner que je n’arrivais pas à croire l’effronterie des français. D’après moi, ils se servaient du prétexte humanitaire pour intervenir au Rwanda, permettant à l’AGR (Armée Gouvernementale Rwandaise) de maintenir une bande du territoire du pays et un peu de légitimité face à une défaite certaine. »

Certainement ceci mettait mal à l’aise les quelques autorités françaises qui décidaient selon leur niveau de responsabilité. Il fallait trouver quelqu’un qui a une belle plume pour brouiller les pistes. Le journaliste et enquêteur (comme vous surnommez Pierre PEAN), fut la personne idéale. Il était le confident de Mitterrand, n’est-ce pas ? Peut-être qu’un jour Hubert VEDRINE voudra bien nous livrer sa totale et franche part de vérité sur ce sujet. Charles ONANA, vous êtes aujourd’hui la version vraiment trop achevée de Pierre PEAN : même thèse, même angle d’attaque, même acharnement.

Cet acharnement est encore plus perceptible dans votre présent ouvrage, avec des mots durs, avec l’intention manifeste de blesser un Chef d’Etat : vous parlez de « l’arrogance et l’acrimonie de Paul KAGAME, d’« imposture » (terme déjà plusieurs utilisé par votre ami PEAN) et vous ajoutez « héros imaginaire » et « propagande ».

Cet acharnement incompréhensible date de longtemps chez vous. En « enquêtant » sur la tragédie au Congo-Zaïre, vous avez publié en 2009 un livre avec un titre provocateur comme s’il manifestait une haine difficilement dissimulée : Ces tueurs tutsi : au cœur de la tragédie congolaise. Pourquoi pas simplement « ces tueurs rwandais » ? Ou bien « ces tueurs rwandais et congolais » ? Pourquoi il te fallait le « tutsi » ? Et sur la page de couverture, trois photos à l’appui (les photos de Paul KAGAME, de James KABAREBE et de Laurent NKUNDA). Et subitement Laurent NKUNDA n’est plus congolais mais simplement « tutsi ». Vous oubliez sa nationalité pour ne mentionner que son ethnie d’origine. Et pourtant votre collègue journaliste, je veux nommer Maria MALAGARDIS a publié en 2012 un ouvrage retraçant la traque que menait le couple Dafroza et Alain GAUTHIER en France pour débusquer des rwandais qui étaient hutu et qui étaient soupçonnés du pire crime de génocide et qui avaient refait leur vie à l’hexagone. Ces personnes sont identifiées, leurs fonctions actuelles et anciennes connues. Pourtant MALAGARDIS a choisi un titre simple : Sur la piste des tueurs rwandais. Ni plus, ni moins, et avec aucune photo à titre d’illustration.

L’acharnement se manifeste aussi et surtout au niveau de l’épine dorsale de votre point de vue : vous soutenez que l’invasion du Congo est un plan de KAGAME, bien avant le génocide. Vous défendez cette thèse avec vigueur. La réalité est toute autre. Sur ce point, je vais laisser parler une grande figure emblématique de la politique Congo- zaïroise. Sur ce sujet, je vous fais même l’économie des précisions faites sur ce point par un professeur rwandais au cours d’un long entretien qu’il m’avait accordé en 2018, je donne la parole à Etienne TSHISEKEDI (homme d’Etat de la RDC, ex Zaïre, ancien Premier ministre et père de l’actuel Chef de l’Etat Felix TSHISEKEDI). Au cours d’un entretien télévisé à l’allure de testament, il dit : « Dans ce que vous appelez le conflit avec les voisins, si vous examinez bien, vous verrez aussi la responsabilité du Congo. Tout le monde a dit que nous avions été agressé par le Rwanda. Mais si vous regardez bien, les hutus qui avaient commis leurs bêtises là-bas, ont fui face à l’offensive de Kagamé et se sont refusés au Congo. Au Congo, ils devaient respecter la règle internationale qui dit que les réfugiés devraient être désarmés, mais nous ne les avons pas désarmés. En plus, ils devaient se placer à au moins 150 km de la frontière commune or, ils se sont installés à quelques mètres seulement de la frontière. Et ces gens, à partir du Congo, agressaient leur pays d’origine. Et quand ce pays prend des dispositions pour se défendre, vous dites qu’il agresse le Congo. Au lieu de dire qu’on nous a agressé, il faut d’abord voir notre responsabilité dans cette affaire. »

Vous parlez des fosses communes à Goma (témoignage que vous dites avoir reçu des soldats français) avec un réel enthousiasme mais vous ne dites rien des innombrables fosses communes, des cadavres superposés à la merci des charognards et des chiens découverts dans tout le Rwanda, sur les collines, dans les marais, dans les maisons vidées et brulées, dans les églises, dans la cour et salles de classe des écoles, au niveau des barrages où des milliers de tutsi et hutu modérés étaient ensevelis ou exposés sous la pluie et le soleil, après une mort longue, douloureuse et atroce, mort donnée par les milices Interahamwe et des forces de l’ordre , encadrées par un gouvernement génocidaire. En 1944, il y a eu bel et bien génocide contre les tutsi et ce génocide a été planifié. Il est étonnant que vous ne faites pas référence aux archives de la RTLM (Radio Télévision des Milles Collines) et du jour Kangura. Il est étonnant que vous ne faites qu’une lecture superficielle de l’arrêt sur l’affaire n°ICTR-98-41-T du TPIR (Tribunal Pénal International sur le Rwanda), « le procureur c. Théoneste Bagosora et consorts ».

Il est incroyable le fait que vous essayiez par tous les moyens de disculper la France, de montrer le caractère « humanitaire » de l’opération turquoise, de nier le soutien des français au FAR. Vous savez quand même que le Falcon 50 qui transportait le Président Juvénal HABYARIMANA lui a été donné par François MITTERAND et que tout l’équipage était français. D’un autre côté, il est aussi incroyable que vous tentiez de prouver que les forces spéciales américaines et britanniques étaient du côté des FPR. Vous savez, et presque tous les observateurs avertis le savent, que le soutien de la France au gouvernement de HABYARIMANA est beaucoup plus facile à prouver que le soutien américain et britannique au FPR. Mon compatriote Boubacar Boris DIOP, dans Murambi, le livre des ossements avait écrit, il y a longtemps que « ce qui est arrivé au Rwanda est, que cela vous plaise ou non, un moment de l’histoire de France au XXe siècle. » mais vous avez choisi votre héros : le « journaliste et enquêteur » Pierre PEAN, là où Colette BRAECKMAN devient simplement chez vous… « cette journaliste ». Et subitement aussi les travaux de Jean Pierre CHRETIEN disparaissent de vos radars et pour terminer, chez Bernard LUGAN, vous ne prenez que ce qui vous intéresse.

Au demeurant, il y a certains passages de votre ouvrage, certaines affirmations que vous faites qui sont difficilement soutenables. Je le dis pour être courtois, mais en définitive, il s’agit d’affirmations qui ne correspondent pas du tout à la vérité des faits historiques. J’en citerai juste quelques-unes à titre illustratif :

A la page 71 de votre livre, vous affirmez ceci : « Trente ans plus tard, lorsque les rebelles tutsi du FPR/APR attaquent le Rwanda du Président Juvénal HABYARIMANA depuis l’Ouganda, le 1er Octobre 1990, il s’agit d’abord d’une action de reconquête du pouvoir par des descendants et des sympathisants des exilés de 1959 et en aucun cas une initiative visant l’instauration de la démocratie, même si « la démocratie » reste le leitmotiv du discours des conquérants du FPR. C’est plutôt d’une réappropriation du pouvoir perdu en 1959 dont il est question de rien d’autre ». Non ! Affirmer cela c’est insulter ces milliers de rwandais chassés de leur propre pays, dans lequel ils vécurent pendant des millénaires et subitement contraints à l’exil après avoir été pillés, volés, écrasés. Ce que vous ne dites pas est que ces exilés ont maintes fois tenté de revenir, et même des fois sous la conduite du HCR mais le régime Kigali de l’époque avait opposé un niet catégorique. Votre affirmation vise tout simplement à ôter tout caractère héroïque à l’action des Inkotanyi. Mieux, le FPR n’était pas exclusivement tutsi. Vous connaissez le colonel Alexis KANYARENGWE ? Il était hutu. Il a eu à occuper des hautes fonctions à la fois sous KAYIBANDA et sous HABYARIMANA. Il a été Président du Front Patriotique Rwandais, devenant ainsi le numéro 1. Il est aussi important d’ajouter que le principe de l’unité, du développement harmonieux était déjà dans le programme du FPR, depuis le maquis. A ce titre, j’ai eu le privilège d’avoir rencontré un doyen, le sénégalais Amadou LY. Il était le représentant du PNUD au Rwanda à l’époque, actif et discret. Malgré sa discrétion légendaire, il a quand même eu à me dire ceci et en insistant : « J’ai connu Kagamé en 1992, il est toujours le même. Cette idée de faire du Rwanda, un pays uni, tourné vers la promotion de la paix et du développement était bien ancré en lui depuis le début, depuis la période de l’affrontement. Il est unique. Il est resté fidèle à ce principe. »

Un peu plus loin vous écrivez : « Il faut néanmoins souligner qu’entre 1960 et 1994, les tutsi qui sont restés au Rwanda, dits « tutsi de l’intérieur », n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque extermination ni même d’une tentative de génocide. » Faux ! en 1963, après l’attaque de certains exilés qui ont quitté le Rwanda à la suite des événements de 1959, beaucoup de tutsi de l’intérieur furent massacrés, leurs maisons brûlées, les femmes violées. C’était la façon du gouvernement de riposter. Seulement dans la préfecture de Gikongoro, il y a eu entre 8000 et 10000 morts. Savez-vous que c’est deux ans auparavant, c’est-à-dire en 1961 que Paul KAGAME a quitté le Rwanda avec sa famille pour fuir les persécutions contre les tutsi ? Ces mêmes persécutions suivies de tueries à grande échelle ont aussi eu lieu en 1973 contraignant encore des milliers de personnes à l’exil. De surcroit, en 1992, au milieu de la guerre, la population principalement tutsi fut l’objet de massacres systématiques dans la région du Bugesera dès le début du mois de mars. Plusieurs articles de presses relatant ces tueries sont encore disponibles. L’italienne Antonia LOCATELI, venue au Rwanda en 1972, s’était engagée dans des œuvres caritatives à Nyamata à travers l’éducation des jeunes filles. Elle a été assassinée le 09 mars par le gendarme Epimaque ULIMUBENSHI devant les bâtiments de son école où elle avait caché des tutsi fuyant les tueries du régime HABYARIMANA. Elle a été assassinée, surtout parce qu’elle dénonçait ces massacres dans la presse internationale. Sur ce point, les archives qui parlent vous contredisent.

A la page 628, parlant de la population catégorisée comme hutu, vous dites : « Marqués au fer rouge comme étant tous ou presque des génocidaires, ils n’ont plus voix au chapitre ». Comme qui dirait que vous voulez continuer à semer encore les graines de la division.

Jetez un coup sur le premier gouvernement formé à la suite de la victoire du FPR. Qui était le Président de la République ? Qui en était le Premier Ministre ? Vous connaissez certainement le Général Marcel GATSINZI, un ancien membre des forces armées rwandaises (FAR), il a été ministre de la défense bien après le génocide. Je n’entre pas dans les détails. Je pourrai citer beaucoup d’exemples, des personnalités politiques, des ministres, des ambassadeurs, des présidents d’institutions, des piliers de l’armée et de l’administration. La décence m’interdit de me prêter à ce jeu. Je connais physiquement le Rwanda, j’y ai rencontré des gens formidables, un pays propre, résolument trouvé vers l’avenir, vers le progrès. Je n’ai pas rencontré de tutsi au Rwanda. Je n’y ai pas rencontré des hutu. Je n’y ai pas rencontré non plus de twa. J’y ai rencontré des rwandais, des Banyarwanda. Les autorités ont depuis fort longtemps appelé à l’unité, au rassemblement et au pardon. Si ce n’était pas pour des raisons d’écriture qui demandent une posture historique, scientifique, je ne mentionnerai point ces termes : hutu et tutsi. J’ai des amis rwandais, je n’ai jamais demandé à quelle ethnie ils appartenaient. Au Rwanda, il n’y a pas donc de marquage au fer rouge. Tous les citoyens, sans aucune distinction travaillent, bougent. Le Président a permis au Rwanda de réaliser d’innombrables progrès, visibles partout. Ça doit vous faire enragé certainement. La nouvelle génération doit prier pour que de telles horreurs ne se reproduisent plus. Nous prions pour un Rwanda uni et prospère, pour une Afrique débarrassée des démons de la division, pour une Afrique tournée vers l’avenir. Le Rwanda est sur la bonne voie. Ce pays mérite le soutien de tous. Réjouissez-vous alors, réjouissez-vous, chantez avec nous aux rythmes des chants de l’espoir. Dansez avec nous au rythme de Tuzarwubaka !

Le général Delphin Kahimbi suspendu, une réponse aux demandes américaines?

Hubert Leclercq – La Libre – le 28 février 2020

Le général Delphin Kahimbi, chef d’état-major adjoint des FARDC et à la tête des renseignements militaires du pays, a été suspendu de ses fonctions le 27 février. Il fait l’objet d’une enquête interne. Les motifs officiels de cette enquête demeurent flous.

C’est un des symboles du pouvoir qu’exerce toujours le clan Kabila en République démocratique du Congo. Delphin Kahimbi, membre éminent de la Kabilie, était demeuré en place malgré le changement de pouvoir et malgré les sanctions américaines et européennes qui le frappaient et qui le frappent encore. Delphin Kahimbi est soupçonné de violations des droits de l’homme.

Si le mystère plane encore sur les motifs réels de cette suspension, certains évoquent des détournements de fonds, d’autres des missions opérées à l’étranger sans en avoir reçu l’autorisation de sa hiérarchie, tout le monde a pu constater la réaction rapide des autorités américaines.

Ce fut d’abord l’ambassadeur américain qui, sur twitter a expliqué « Comme nous l’avons déclaré constamment, ceux qui sont corrompus, commettent des violations des droits de l’homme ou qui perturbent le processus démocratique doivent être tenus pour responsables ».

Deux heures plus tard, c’est Peter Pham, l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, de passage récemment à Kinshasa, qui ajoutait : « Nous assistons à une étape importante dans la lutte contre la corruption & l’impunité en #RDC pour laquelle @Presidence_RDC et le gouvernement devraient être applaudis. Comme je l’ai dit récemment à #Kinshasa, personne n’est au-dessus de la loi. #PP4PP« .

Plusieurs constats s’imposent, le premier cette suspension répond aux demandes des Etats-unis qui avaient expliqué récemment qu’ils ne pouvaient s’engager militairement dans l’est aux côtés de la RDC tant que le ménage n’avait pas été fait dans les rangs de l’armée.

Pendant son séjour à Kinshasa, Peter Pham, a rencontré les principaux acteurs de la scène politique congolaise. Il a même consenti cette fois à rencontrer Joseph Kabila. Peter Pham est un habitué de Kinshasa. Le président sortant avait lancé plusieurs invitations à l’émissaire américain mais celui-ci n’y avait pas répondu favorablement jusqu’ici.

Cette fois, les deux hommes se sont rencontrés. Un entretien prévu pour 30 minutes qui a finalement duré près de 3 heures.

Peter Pham a reproché à Kabila son poids sur le pouvoir de Tshisekedi. Kabila lui a expliqué longuement qu’il ne pouvait faire autrement, détaillant les bienfaits de son action depuis son arrivée au pouvoir en 2001.

Peter Pham n’a visiblement pas été convaincu par ces explications et a laissé entendre que les Etats-Unis étaient déterminés à ne pas le laisser s’imposer, lui l’amateur d’animaux sauvages, au détriment du nouveau pouvoir.

Kahimbi après Kalev

Cette mise à l’écart de Kahimbi est aussi un signal envoyé par le pouvoir de Tshisekedi aux kabilistes. Le 12 février dernier, c’était le tout-puissant Kalev Mutond, ancien patron des renseignements (ANR) et proche parmi les proches de Kabila qui était appréhendé à l’aéroport international de Kinshasa. L’homme a été auditionné plusieurs fois par ses anciens services.

Alors qu’il était question initialement de souci de passeport, certains témoignages font allusion aujourd’hui à des accusations bien plus graves, allant jusqu’à parler de « tentatives de déstabilisation du régime ». Kalev est toujours en liberté mais ses auditions se multiplient.

Ces actes posés contre le premier cercle de la Kabilie sont autant de messages envoyés aux membres du PPRD et affiliés. Il s’agit de montrer que personne, dans les rangs du pouvoir de Joseph Kabila, n’est à l’abri.

La vie est devenue moins sereine pour nombre de caciques de cette Kabilie qui s’interrogent désormais sur leur futur. Une nouvelle tension qui fait naître des crispations et qui perturbent le quotidien de cette famille politique dans laquelle les conflits sont de moins en moins feutrés.

« En s’attaquant à ces personnalités, Tshisekedi, poussé dans le dos par ses voisins et ses alliés, cherche à saper les bases de la structure de Kabila et cela porte ces fruits », nous explique un habitué du pouvoir congolais.

« Plusieurs anciens caciques de la Kabilie lancent désormais des appels du pied en direction de Tshisekedi ou de l’opposition. Le malaise est de plus en plus palpable dans les rangs du PPRD et, même au-delà, de tout le FCC. Joseph Kabila l’a bien compris. »

« Pas le choix «

« En fait, le pouvoir de Tshisekedi doit agir aujourd’hui », poursuit un autre proche des dossiers politiques congolais. C’est que les caisses de l’Etat sont vides. La mission du FMI qui vient de se terminer cette semaine n’est pas vraiment encourageante, or la RDC a besoin de liquidités, rapidement. Félix Tshisekedi est attendu à Washington ce week-end.

Il doit aller plaider la cause de son pays auprès de cette instance. Le bilan de la mission du FMI en RDC pointe un léger mieux en fin 2019 mais insiste surtout sur la dégradation de la situation sur janvier et février 2020.

Trop de dépenses et pas assez de rentrées. Et pour ce qui est des rentrées, l’explosion de la pandémie du corona virus partie de Chine est, économiquement, une catastrophe majeure pour la RDC.

En effet, le cours des matières premières chute chaque jour et la consommation de ces matières premières ne cesse de décroître. Avec, en corollaire, une baisse encore plus significative des rentrées en RDC.

Côté dépenses, la situation n’est guère meilleure et pas besoin de corona virus pour gonfler ce volet du budget. La gourmandise des nouvelles équipes est énorme et les frais de fonctionnement dignes de la cour de Louis XIV.

Et évidemment, ici, il est bien plus difficile pour le pouvoir de Félix Tshisekedi de pointer du doigt des responsables, la plupart se trouvant dans sa famille, qu’elle soit politique ou biologique.

Félix Thisekedi doit donc tenter d’en revenir au fameux « déboulonnage » du pouvoir de Joseph Kabila pour s’octroyer un répit et faire bonne figure vis-à-vis de ses alliés internationaux. Mais dans ce jeu de dupes, la question demeure, jusqu’où pourra-t-il aller?

La rentrée parlementaire du mois de mars permettra d’en savoir un peu plus sur un éventuel nouveau rapport de force entre les élus des plate-formes CACH et FCC.

Concert de Fally : la Gare de Lyon à Paris évacuée suite à divers incidents

AFP / Le Soir – le 28.02.2020,

En marge d’une manifestation interdite d’opposants au concert de la star congolaise Fally Ipupa, des incidents ont lieu.

Des incidents émaillés de feux de véhicules ont éclaté ce vendredi 28 février 2020 en fin de journée à Paris en marge d’une manifestation interdite d’opposants au concert de la star congolaise Fally Ipupa à Bercy, conduisant à l’évacuation partielle de la Gare de Lyon, a-t-on appris de sources concordantes.

« La police intervient pour faire cesser la manifestation », a fait savoir la préfecture de police de Paris, évoquant notamment des incendies de poubelles et de véhicules, dégageant une épaisse fumée noire. La partie souterraine de la gare a été évacuée par mesure de précaution, a indiqué la SNCF.

Les pompiers de Paris ont « maîtrisé le feu, qui est en cours d’extinction », selon la préfecture, qui dénonçait le « comportement scandaleux » de manifestants entravant l’action des secouristes.

Sur place, une dizaine de camions de pompiers éteignaient les derniers foyers vers 18h30. Une très forte odeur de brûlé régnait aux abords de la gare, où une trentaine de véhicules étaient entièrement carbonisés, majoritairement des scooters. Le trafic était interrompu sur le RER D.

En fin de journée, la tension était encore très vive entre supporters du chanteur et opposants politiques congolais, avec de nombreuses invectives entre les deux camps.

Le concert de Fally Ipupa, que les opposants accusent d’être proche du président Kabila et de son successeur Félix Tshisekedi, suscitait l’inquiétude des autorités.

Sept manifestations déclarées avaient été interdites par la préfecture de police et à la mi-journée, les forces de l’ordre avaient procédé à deux interpellations et 11 verbalisations dans le secteur de Bercy.

« Avec leur musique, ils sont en train de prendre tout un peuple de leur côté pendant qu’ils égorgent et violent femmes et enfants », s’indignait auprès de l’AFP un opposant, Willy Dendebe, révulsé par la tenue du concert. « Ça fait 30 ans que je suis ici à cause d’eux ! 30 ans et on les laisse se produire ici en France comme si de rien n’était. Alors oui on est en colère ! »

Fan du chanteur et venu exprès de Belgique, Lwangi Bienvenu contemplait le désordre depuis son hôtel proche de la Gare de Lyon. « C’est dommage, c’est un Congolais, on devrait tous être derrière lui », a-t-il regretté. « On va mal parler de nous. Ils mettent les gens en danger et en plus ils vont sûrement annuler le concert. »

L’Anthropologie du Travail chez Bernard Frio en Réponse a la Question de la COGIT a l’UPN

Patience Kabamba – LE MOT DU WEEKEND – LE 29 FEVRIER 2020

A l’instar de toutes les institutions universitaires en République du Congo, l’Université Pédagogique Nationale (UPN) contient en son sein cinq groupes distinctes : le Comité de Gestion (composé du Recteur, du Secrétaire Général Académique, du Secrétaire Général administratif, et de l’Administrateur du Budget), du corps académique (composé des doyens, vice-doyens, chefs de département et professeurs), du corps scientifique (fait des chefs de Travaux, des Assistants et des Assistants de recherche) et du corps administratif et des étudiants. Tous ensemble constituons une communauté de 22.000 étudiants et un millier d’administrateurs, scientifiques, chercheurs et professeurs.

La métaphore de corps est on ne peut plus concrète car, bien que des individus appartiennent au même corps, ils sont différents à l’intérieur de ce corps. Il existe donc une diversité anthropologique entre les corps et au sein de ces corps de métiers.

Malgré la présence de ces cinq groups distinctifs, il y a en terme de classe, une classe dirigeante, qui est le comité de gestion et une classe constituée de ceux qui ne font pas partie du comité de gestion. Il y a une classe qui exerce le pouvoir (le comité de gestion) et une classe sur laquelle le pouvoir est exercé (le corps académique, scientifique, administratif et estudiantin).

Une classe dirigeante est une classe qui a le pouvoir. Le pouvoir implique le conflit et sa gestion. La hiérarchie est aussi porteuse de violence, mais une violence gérable. Il y aura toujours du pouvoir dans nos sociétés tant qu’un espace de pouvoir existera pour cela. Pour le cas qui nous occupe, La classe dirigeante décide de la question de la valeur économique (valeur d’usage et valeur d’échange).

Le mot valeur que j’emprunte chez Karl Marx porte deux sens : la valeur d’usage provenant des activités non-lucratives et la valeur d’échange qui produit un plus value dont le capitaliste détourne une bonne portion.

Devenu notre religion monothéiste, le capitalisme décide de ce qui est valeur marchande et de ce qui ne l’ai pas. Il a donc ce pouvoir de décision sur l’attribution des droits économiques sur les individus.

Le capitalisme se base sur deux piliers gagnés de l’aristocratie : 1. La propriété patrimoniale lucrative de l’outil (le capitaliste est propriétaire des moyens de production et en bénéficie en les faisaient louer ou utiliser par d’autres). 2. Le statut du travailleur (une personne libre qui vend sa force intellectuelle ou manuelle a qu’il veut).

Ces deux piliers ont caractérisé la révolution capitaliste de la bourgeoisie contre l’aristocratie. De la propriété patrimoniale aristocratique, on est passé à la propriété patrimoniale lucrative bourgeoise. Du cerf lié à un propriétaire terrien, on est passé à un travailleur libre sur le marché de travail.

S’appuyant sur les travaux de Bernard Frio, le présent MDW veut comprendre le statut de travailleurs a l’UPN. Pour le capitaliste, le travailleur est celui qui produit de la valeur d’échange. La production des biens sociaux comme éducation et la santé a été aussi marchandisée a travers l’enseignement privé ou des hôpitaux privés, non subventionnés par l’Etat.

Dans l’histoire il y a eu des luttes des classes pour poser une alternative a la décision capitaliste de s’accaparer de la production sociale. L’histoire est remplie des exemples des syndicats qui se sont battus contre la marchandisation des biens sociaux, et surtout contre la marchandisation de la vie tout court par le capitalisme. Parmi ces combats, il y a la lutte pour abstraire le travail de la production exclusive des biens économiques.

Tout l’effort du capitalisme est de faire de nous des mineurs économiques n’ayant droit qu’au pouvoir d’achat. Il nous maintient dans un mépris anthropologique de n’être que des êtres des besoins. La rémunération capitaliste vient répondre aux besoins dont nous sommes porteurs. Et le capitalisme ne nous reconnaît jamais comme producteur des valeurs, mais comme des simples êtres des besoins dont le travail est rémunéré à la mesure de ses besoins.

Contre cet effort capitaliste de nous réduire à n’être que des êtres des besoins, la révolution communiste de ceux qui nous ont précédés a abouti au 20eme siècle a l’institution du salaire. Le mot salaire était employé au 19eme siècle par des académiques, mais son institution comme droit n’est intervenue que dans la 20eme siècle grâce a la lutte des travailleurs contre la classe capitaliste.

Pour Frio, le salaire c’est l’abstraction de la cette réalité par rapport a ce qui est produit concrètement. Le travailleur n’est pas payé à la mesure de ce qu’il produit. Le salaire communiste détache le travail de la production concrète, il n’est pas une rémunération a la tache.

Frio fait une distinction entre le travail et l’emploi. Dans l’emploi, le salaire est lié au poste (c’est encore le capitaliste qui décide sur les postes), alors que dans le travail, le salaire est lié à la qualification personnelle, ou a la personne. C’est la personne qui est titulaire de salaire et non le poste comme dans l’emploi. C’est une reconnaissance majeure que nous sommes des producteurs des valeurs. C’est la souveraineté sur la valeur qui peut être traduite comme le droit au salaire et le droit a la propriété de l’outil. Voilà notre révolution communiste, celle de rendre le salaire comme un droit politique a l’instar du droit de vote ou autre. Le salaire doit être à vie quelque soit ce que vous faites.

Pour remettre tout cela dans une perspective historique avant de conclure sur les récents évènements de l’UPN, je reprends le développement chronologique de l’histoire des révolutions :

Dans l’ancien régime aristocratique, le statut du travailleur était le servage. Le cerf était lié à son maitre et travailler pour lui en échange de sa subsistance et celle de sa famille. La propriété patrimoniale de l’outil était évidemment aristocratique.

La première révolution contre le capitalisme s’est faite par la bourgeoisie qui a procédé au changement de mode de production en rendant la propriété du patrimoine lucrative (ça lui rapporte de l’argent) et en changeant le statut du travailleur. Le travailleur devient un homme ou une femme libre qui peut vendre sa force de travail en échange d’une rémunération pour satisfaire ses besoins.

La révolution communiste consiste à changer le statut de travailleur en lui donnant un salaire lié a sa personne et non a ce qu’il produit. Il est producteur et créateur des valeurs qui sont abstraites des besoins immédiats. Le travailleur est aussi propriétaire de l’outil de travail. C’est la propriété patrimoniale non-lucrative. L’éducation et la sante, les écoles et les hôpitaux, sont des patrimoines non-lucratifs. Les salaires qui y sont liés sont des salaires liés a des personnes comme producteurs de valeurs et non a la mesure de ce qui est produit.

Le travail non-marchand : l’éducation et la santé ne sont pas financées par un prélèvement sur la plus value capitaliste. Les professeurs et tous les agents de l’éducation sont producteurs des valeurs en tant que fraction du travail social. Ils ne produisent pas de plus value capitaliste.

Je ne suis pas payé pour ce que je fais, mais pour ce que je suis dans l’ordre de la valeur. Le salaire est l’abstraction de la mesure de ce que nous faisons. Il est un droit de ma personne en tant que personne et quoi que je fasse.

Le salaire n’est pas le prix de la force de travail. Ce n’est pas la mesure de l’activité.

Le fait d’être payé ne signifie pas que mon travail est utile. Le salaire est abstrait de la mesure de ce que nous faisons. C’est ce qui démonétise ce que nous faisons.

L’UPN est une propriété patrimoniale non-lucrative parce que l’Etat la subventionne par l’impôt. Ceux qui y travaillent ne sont pas payés à la mesure du travail concret. Leur travail est abstrait de la production marchande. Ils sont producteurs de la valeur qui n’est pas mesurée par la tache concrète.

Le comité de gestion de l’UPN a exigé l’exhibition des charges horaires avant le payement de la COGIT (prime allouée au transport).

La demande des horaires avant le payement de la COGIT est une manière de rendre cette prime dépendante de la production, d’en faire une rémunération. On paye un professeur non pas par sa productivité concrète, mais pour ce qu’il est, créateur des valeurs, pour sa valeur qui n’est pas nécessairement économique, ni soumise a une mesure quelconque.

Cette demande d’exhiber les charges horaires réduit les professeurs ou les corps administratif et scientifique en des êtres de besoins et non de producteurs de valeur. Cette décision est justifiée dans le sens capitaliste mais c’est une insulte anthropologique.

Les agents sont traités comme des mineurs économiques qu’on jette comme des chiens dans le pouvoir d’achat. La prime comme prix de la force de travail est un mépris capitaliste.

IL N’Y A PAS DE BON GOUVERNEMENT, IL N’Y A QUE DES PEUPLES DETERMINES A ETRE MAITRES DE LEUR DESTIN ! N’ATTENDEZ PAS UN BON GOUVERNEMENT, PRENEZ-VOUS EN CHARGE !

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© Dialogue, le samedi 29 février 2020

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