10 03 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE MARDI (Dialogue)
Sommaire
En ce mardi 10 mars 2020, la presse parue à Kinshasa se penche sur les actions judiciaires lancées par le FPI contre ses débiteurs récalcitrants, sur le problème de l’insécurité dans la ville de Lubumbashi dans le Haut Katanga, avec en toile de fond l’attaque avortée des miliciens de Gédéon Kyungu, sur la tournée de sensibilisation du Premier ministre dans les structures de mobilisation de recettes de l’État et sur le plan stratégique national pour faire face au Coronavirus.
Créances du FPI
Le Potentiel titre « Créances du FPI : le FCC appelé à lâcher ses lieutenants »
« Ils avaient pris l’argent du FPI pour monter des projets, créer des emplois, améliorer la vie des concitoyens. Des années après, aucun projet créé et aucun emploi en vue. Donc, les fonds reçus de l’État avaient été détournés de leur finalité. Les fameux faux promoteurs, essentiellement les hauts cadres du PPRD d’alors, doivent désormais répondre de leurs forfaits devant la justice. Le Parquet les attend. Et le peuple observe.
Après l’expiration de l’ultimatum lancé, il y a quelques jours, à ses débiteurs insolvables, le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) vient de mettre sa menace en exécution. Des plaintes ont été déposées devant les instances judiciaires, le lundi 9 mars, par le collectif d’avocats du FPI, espérant ainsi récupérer 72 millions de dollars américains détenus par des clients douteux. Dans le lot, plusieurs cadres du Front commun pour le Congo (FCC).
Habitués autrefois à des arrangements occultes pour se soustraire à leurs obligations sous le régime Kabila, quelques membres du FCC évoluant dans les institutions, bénéficiaires des immunités ou non, comptent sur un probable soutien politique pour se tirer de l’affaire. Cette fois, il n’en sera pas question. De mauvaises habitudes auxquelles ils étaient accrochés, notamment le trafic d’influence, le clientélisme, le népotisme, l’impunité doivent appartenir au passé, laissant ainsi place au droit.
Laisser la place au droit
Ne serait-ce que pour soigner son image longtemps ternie par des brebis galeuses, le FCC a intérêt à lâcher ses lieutenants inconséquents et inconscients, souvent mouillés dans des dossiers sales. En délaissant ceux de ses pions qui sont jusque-là considérés comme des débiteurs insolvables, le Front commun pour le Congo permettra à la justice congolaise de mieux faire son travail, d’une part, et au FPI de rentrer dans ses droits, d’autre part.
Point n’est besoin de protéger des maffieux de mauvaise foi, pourtant redevables envers l’État et la Nation. Il faut privilégier l’intérêt supérieur de la RD Congo.
Fini donc l’époque où des hautes personnalités de la République pouvaient, par un simple coup de fil, étouffer une affaire encore en instruction devant les instances judiciaires.
Fini la récréation
Selon le coordonnateur du FPI, Jean-Claude Kalenga, « il est temps de mettre fin à la récréation ». Étant une institution chargée de la promotion de l’industrie nationale, soutient-il, le FPI a toujours privilégié des solutions à l’amiable. Étant donné que bon nombre d’insolvables d’aujourd’hui ont abusé de la confiance du Fonds, mettant en avant leur appartenance à la famille politique présidentielle, et tournant en dérision le principe des arrangements à l’amiable pourtant prorogés, le FPI s’est trouvé dans l’obligation légitime de recourir aux instances judiciaires pour recouvrer de force ses créances.
À en croire le coordonateur du FPI, près de 72 millions USD traînent entre les mains des promoteurs autoproclamés. Le FPI compte les récupérer de force, par la voie du droit.
Depuis sa création, le FPI traîne un portefeuille de créances assez important, estimé à plus ou moins 150 millions de dollars américains. Près de 99 dossiers demeurent à ce jour non réalisés alors qu’ils ont bénéficié du financement du FPI et que les pseudo-promoteurs sont en vie.
Dans un communiqué rendu public le lundi 9 mars, le FPI indique que tous ceux qui ont reçu des subventions mais qui n’ont jamais réalisé les projets pour lesquels ils ont été financés, verront leurs subventions converties en prêt. Ces prêts devront, par conséquent, être remboursés aux conditions générales fixées par le FPI en matière de prêt. Une liste de bénéficiaires des subventions non productives serait déjà en élaboration au FPI. Dans les prochaines heures, elle sera mise à la disposition de la justice afin que celle-ci établisse les responsabilités.
Quant à la liste exhaustive des débiteurs insolvables, rien n’est encore officiellement rendu public. Qu’à cela ne tienne. Quelques noms sont déjà cités, parmi lesquels des ténors de l’ex-Majorité présidentielle (MP-Kabila) aujourd’hui transformée en Front commun pour le Congo (FCC).
Il existe d’anciens thuriféraires kabilistes, convertis en tshisekedistes de la 25ème heure, qui figurent parmi les débiteurs insolvables. Rien n’indique qu’ils seront épargnés à la faveur de leur transhumance. Ils ont emprunté des fonds importants de la République pour monter des projets qui n’ont jamais vu le jour. Qu’ont-ils fait de ces crédits FPI ? Méritent-ils des éloges de la jeunesse qui attendait et attend toujours des emplois ?
Aller jusqu’au bout
Par ailleurs, outre les lieutenants du FCC, les membres de leurs familles ou leurs proches doivent s’apprêter à affronter la justice. Reste à savoir si le FPI aura le courage de poursuivre l’affaire jusqu’à son terme, surtout quand on sait que l’actuel directeur du Fonds de promotion de l’industrie est également membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), de surcroît membre du Front commun pour le Congo. La solidarité maffieuse primera-t-elle sur l’intérêt de la communauté nationale ?
Mais il reste une autre grande énigme. L’Assemblée nationale hésitera-t-elle à lever l’immunité de ses membres indélicats vis-à-vis du FPI ? Le peuple congolais ne l’admettra plus. Il cherchera à se faire respecter ».
La plainte du FPI est dirigée contre tous ceux qui ont obtenu des créances sans honorer les échéances de remboursement, explique pour sa part Cas-Info.ca.
« Nos avocats ont porté plainte aujourd’hui contre les débiteurs insolvables », a confirmé le chargé de communication de cette entreprise Elvis Ngwala dont les propos sont rapportés par le site web.
Mais en même temps, note 7sur7.cd, le FPI alerte sur la circulation d’une fausse liste des débiteurs et prévient que les subventions détournées de leur affection se transforment en prêts.
Le FPI a donc élaboré un communiqué à la suite de certaines publications distillées dans les réseaux sociaux en rapport avec une liste des débiteurs du FPI, toujours reprise de manière cyclique et insidieuse au goût du jour et dans le contexte actuel de changement politique.
Cette clarification, note Le Phare, vise à édifier l’opinion nationale sur cette campagne d’intoxication et de dénigrement qui est l’œuvre des officines politiques pour donner du grain à moudre à leur projet de sape à l’égard de certaines personnalités politiques et opérateurs économiques.
La totalité des dossiers relevés sur la fameuse liste remonte aux financements d’avant 2015 ainsi que sa publication. Un certain nombre de ces dossiers a déjà été apuré et liquidé, précise le journal.
Le FPI informe l’opinion que les efforts de recouvrement de créances et de redressement de l’institution se poursuivent inlassablement, ajoute pour sa part L’Avenir.
A ce titre, il est porté à la connaissance de toutes les personnes bénéficiaires des subventions et n’ayant pas réalisé le projet pour lesquels elles ont été financées, qu’à daté de ce jour, le FPI se voit dans l’obligation d’appliquer l’article 4 du contrat de subvention qui stipule que : « en cas de détournement par la subventionnée de l’affectation de la présente subvention, celle-ci sera convertie en prêt et remboursable aux conditions générales du FPI en matière de prêt », rappelle le quotidien.
Ilunkamba en tournée fiscale…
Forum des As, à propos de la tournée du Premier ministre dans les structures de mobilisation des recettes de l’Etat, titre : « Sylvestre Ilunga mise sur trois blocs de perceptions à la DGI ».
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga, s’est rendu hier lundi à la Direction générale des Impôts (DGI). Il y a tenu une séance de travail élargie aux directeurs chefs de service et chefs de divisions. Le Premier ministre a examiné avec eux la matrice sur l’évaluation des mesures d’accompagnement contenues dans la loi des finances 2020. Il a tenu surtout à la réactivation des trois blocs de perceptions à la DGI, à savoir les Impôts professionnels sur les revenus (IPR), les impôts sur les bénéfices et la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), souligne notre confrère.
Pour FdA, « En appuyant sur l’accélérateur dans sa campagne de mobilisation des recettes de l’Etat, le chef du gouvernement central entend mobiliser le plus de recettes possibles en vue de réussir à tout prix ce mandat ».
« Le Premier ministre multiplie les initiatives », relève L’Avenir qui rappelle que «Les régies financières devront multiplier leurs assignations budgétaires de 2020 ».
C’est, estime L’Avenir, le sens à donner à la croisade menée par Sylvestre Ilunkamba, chef du gouvernement dans le cadre de la campagne de mobilisation de recettes.
Gédéon Kyungu rate son coup à L’shi
« Attaque avortée de Lubumbashi par Gédéon Kyungu » titre Le Phare pour parler de cette affaire de Lubumbashi.
Gédéon Kyungu, seigneur de guerre et criminel notoire en liberté après son évasion de la prison de Kasapa en 2009, aujourd’hui sociétaire du parti du peuple pour la reconstruction et le démocratie développement (PPRD), auquel il avait adhéré en 2017, après une vraie fausse reddition de ses miliciens aux FADRC, explique ce journal, comptait attaquer la ville de Lubumbashi hier lundi 9 mars 2020, avec sa milice, apprend-on de Kyungu wa Kumwanza et Jean Claude Muyambo.
Afin de prévenir toute mauvaise surprise, le gouverneur de province a interdit toute manifestation publique à Lubumbashi, selon Le Phare.
«Insécurité à Lubumbashi : non à la récupération politicienne », titre L’Avenir.
De cette ville, l’on apprend que l’insécurité bat son plein, alimentée surtout par des motivations politiciennes ou ethniques, écrit ce journal. Ce dernier poursuit : «Pour certains observateurs, l’objectif pour ces mains noires est de semer l’insécurité et empêcher ainsi le Président de la République de réussir son mandat.»
Heureusement, précise ce journal, le Gouvernement de la République avait pris la mesure de cette situation, à l’issue d’un dialogue entre fils et filles de cette province. Le climat est revenu à la normale, selon L’Avenir.
Un plan stratégique national pour faire face au Coronavirus
La Tempête des Tropiques prend les choses à la racine et explique «L’Afrique du Sud, le Cameroun, le Nigeria, … étant déjà touchés par cette maladie :Le Covid-19 n’est plus loin de la RDC ! »
« Devant l’avancée inquiétante de cette pandémie, les autorités congolaises appelées à renforcer les contrôles sur les 10 730 Km de frontières que le pays partage avec neuf Etats voisins et sur les 165 poste-frontières officiels dont la porosité n’est plus à démontrer
Sans sombrer dans la paranoïa et la xénophobie, la République Démocratique du Congo doit aussi se préparer à l’éventualité de l’apparition du coronavirus, plus précisément le « Covid-19 », tel que dénommé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son territoire. Déjà, dans une déclaration faite samedi 25 janvier à Kinshasa, le ministre de la Santé publique, Eteni Longondo, venait d’annoncer la mise en place des points de contrôle pour tout voyageur en provenance de la Chine.
A en croire le ministre rd congolais, les services d’hygiène aux frontières situés dans tous les points d’entrée en RDC – notamment les aéroports de Kinshasa, Kisangani et Goma – sont équipés pour procéder au diagnostic préliminaire de cette maladie partie de la Chine et qui vient de toucher tous les cinq continents de la planète.
Lier les actes à la parole
Mais les belles paroles du ministre de la Santé ne peuvent dissiper les inquiétudes des quelques 85 000 000 de rd congolais, qui savent pertinemment que les autorités auront du mal à étanchéifier ce vaste pays-continent de 2 345 000 Km2, avec plus de 10 730 Km de frontières avec pas moins de neuf pays et disposant de 165 poste-frontières officiels. Surtout quand on sait que les frontières du pays sont particulièrement poreuses.
De plus, en cas de contamination au Covid-19, la RD Congo pourrait être particulièrement vulnérable, avec des infrastructures sanitaires très mal en point, un personnel médical démotivé, ainsi que des conditions de promiscuité et d’hygiène laissant à désirer. A cela, il faut ajouter le fait que la Chine est le premier partenaire commercial de la RDC, avec pour conséquence des déplacements de population en provenance du pays de Mao Zedong vers celui de Patrice Emery Lumumba et vice-versa.
Conscient sans doute de ses limites face à ce genre de catastrophe sanitaire, le gouvernement de la RDC n’a rien pu faire pour les ressortissants rd congolais qui sont bloqués en Chine. Pourtant, ailleurs sur le continent, les pouvoirs publics se mobilisent, à l’exemple du Maroc dont le roi Mohammed VI a ordonné le rapatriement d’une centaine de ressortissants marocains, en majorité des étudiants, bloqués à Wuhan, en Chine, épicentre du coronavirus.
Une classification des pays africains selon le niveau de risques
D’ailleurs, l’OMS a récemment établi une classification des pays africains selon le niveau de risques. Les plus menacés étant ceux qui font office de hubs aériens à destination de la Chine, comme l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et le Kenya. « Il est fort possible que nous ayons des cas sur le continent qui n’ont pas été détectés. Il est impensable que le continent soit le seul épargné », a récemment déclaré, lors d’une conférence de presse John Nkengasong, le directeur du Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), une agence technique dépendant de l’Union Africaine (UA). L’homme en a profité pour déplorer le manque de kits de diagnostic sur le Continent. Il a toutefois assuré qu’il travaillait avec l’OMS et les fabricants pour améliorer leur disponibilité.
Les pays aux systèmes de santé fragiles misent sur le soutien des puissances mondiales
« Il est urgent de nous préparer à apporter un soutien à des pays qui ont souvent des systèmes de santé fragiles », a insisté le docteur Michel Yao, responsable des opérations d’urgence de l’OMS pour l’Afrique : « Cette situation est un motif d’inquiétude pour nous, surtout quand on voit que même la Chine, dont le système de santé a beaucoup évolué ces dernières années, a des difficultés à gérer la situation.»
L’OMS préconise aux gouvernements africains de tout mettre en œuvre pour permettre une détection rapide des cas de coronavirus. Elle conseille aussi d’organiser d’ores et déjà des mécanismes de transport et d’isolement d’urgence des personnes qui seraient touchées.
Quelques cas déjà signalés en Afrique
Si pour l’heure l’Afrique demeure relativement épargnée, il y a eu des cas de contamination en Algérie, au Maroc, en Egypte, au Sénégal, au Nigéria, au Cameroun, et en Afrique du Sud. Mais les représentants locaux de l’OMS jugent « impensable » que la maladie ne s’étende pas sur le continent à partir de l’aéroport de Johannesburg considéré comme le point d’entrée le plus probable.
Comme on le voit, la maladie n’est plus géographiquement loin de la RDC. Et comme gouverner, c’est prévoir, dit-on, nous osons croire que le Gouvernement dirigé par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’attendra pas que la maladie se déclare dans notre pays, pour commencer à agir.
La meilleure des précautions à prendre devrait consister à doter les institutions hospitalières de référence des moyens conséquents en termes d’équipements et de médicaments, tout en veillant tout en encadrant ceux-ci d’une bonne gestion. Car, le temps presse.
Parmi les précautions d’hygiène à prendre et qui exige une sensibilisation de la population, il est recommandé le port de bio-masques face à des cas suspects, le lavage des mains à l’eau chlorée ou avec une solution hydroalcoolique, éviter les attroupements, etc
Dernier bilan
Pour rappel, depuis l’apparition du nouveau coronavirus en décembre dernier, 105 836 cas d’infection ont été recensés dans 98 pays et territoires, causant la mort de 3 595 personnes, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles hier dimanche. 933 nouvelles contaminations et 39 nouveaux décès ont été recensés depuis le décompte réalisé la veille à 17h. La Chine (sans les territoires de Hong Kong et Macao), où l’épidémie s’est déclarée, a dénombré 80 695 cas, dont 3 097 décès.
Ailleurs dans le monde, 25 141 cas (889 nouveaux) étaient recensés ce dimanche matin, dont 498 décès (12 nouveaux). Les pays les plus touchés après la Chine sont la Corée du Sud (7 134 cas dont 367 nouveaux, 48 décès), l’Italie (5 883 cas, 233 décès), l’Iran (5 823, 145 décès), la France (949, 16 décès).
Depuis samedi 17h, la Chine, la Corée du Sud, la France et l’Australie ont recensé de nouveaux décès, tandis que l’Argentine a annoncé son premier mort lié à l’épidémie. La Moldavie, la Bulgarie et le Paraguay ont eux annoncé le diagnostic de premiers cas sur leur sol.
L’Asie recensait au total dimanche matin 89 525 cas (3 162 décès), l’Europe 9 655 cas (263 décès), le Moyen-Orient 6 158 cas (149 décès), les Etats-Unis et le Canada 270 cas (16 décès), l’Océanie 83 cas (3 décès), l’Afrique 78 cas, l’Amérique latine et les Caraïbes 66 cas (1 décès). Ce bilan a été réalisé à partir des données collectées par les bureaux de l’AFP auprès des autorités nationales compétentes et des informations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ».
Au cours d’une conférence de presse lundi 9 mars à Kinshasa, le docteur Jean-Jacques Muyembe a fait savoir qu’un plan stratégique national a été élaboré pour faire face à la maladie Coronavirus, rapporte Actu-30.info.
Pour ce faire, le secrétaire technique du comité multisectoriel de la maladie à virus Ebola a appelé tous les congolais en général et les médias en particulier, à jouer un rôle important pour ne pas créer la panique dans le chef de la population.
Avec ce plan, l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) est capable de diagnostiquer les cas de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), indique Actualite.cd.
Pour le docteur Muyembe, ajoute ce site web, des plateformes de diagnostic pourront être installées à Lubumbashi, à Goma et à Kinshasa.
Le plus important, note Le Potentiel qui reprend les propos du professeur Muyembe, c’est la préparation et la bonne information. C’est pourquoi d’ailleurs, concernant le cas des Chinois signalés à Tshikapa dans le Kasaï, l’INRB attend qu’on lui fasse parvenir les échantillons, précise ce journal.
Rappelons toutefois le diagnostic paru dans le Phare du 5 mars : « RDC : Etat fragile face au coronavirus : transports, cultes religieux, fêtes et deuils, sports, alimentation…en cause »
« Le dernier cas de la maladie à virus Ebola a quitté le centre de traitement de Beni en début de semaine, après 19 mois d’une « guerre » sans merci contre cette épidémie ayant sérieusement secoué les parties Nord et Est de la République Démocratique du Congo. Pendant que le gouvernement congolais s’apprête à déclarer officiellement la victoire des équipes de riposte sur Ebola, placées sous la coordination du professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfum, Directeur général de l’INRB (Institut de Recherches Biomédicales) et microbiologiste de renommée mondiale, une nouvelle épidémie frappe aux différentes portes d’entrée du pays, nous avons cité le coronavirus.
Bien qu’aucun cas n’ait encore été déclaré, notre pays réunit toutes les conditions d’un Etat fragile face au coronavirus. En effet, les canaux de transmission de ce virus de malheur sont si nombreux qu’il va falloir battre une forte campagne de sensibilisation de toutes les catégories de la population pour éviter la catastrophe. Voici un échantillon des points faibles de la République : transports en communs, cultes religieux, fêtes et deuils, sports, alimentation, prisons, etc.
Transports en commun : on ne voit que l’avion…
Jusque-là les dispositions de contrôle sont focalisées sur les aéroports, ces plates-formes d’accueil des passagers voyageant par avion. Des équipements de détection du coronavirus et de mise en quarantaine des suspects sont présents dans les quatre aéroports internationaux du pays (Kinshasa, Kisangani, Lubumbashi et Goma). On présume que c’est par là qu’entrent des passagers en provenance directement de Chine, ou via certaines villes asiatiques, africaines ou européennes. Ainsi, une surveillance de tous les instants y est exercée sur les mouvements des aéronefs et les flux des passagers.
Pendant que les aéroports internationaux paraissent hermétiquement verrouillés, on ne peut pas en dire autant des « frontières » terrestres, fluviales et lacustres. Ici, les frontières sont tellement poreuses qu’il est impossible de surveiller tous les points de passage par routes, fleuve, rivières et lacs séparant la République Démocratique du Congo et ses neufs voisins, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Un ancien dignitaire de l’ex-Zaïre disait que pour un tel travail, il faut placer un douanier, un policier ou un militaire à chaque mètre, le long de la frontière, ce qui est techniquement impossible.
La particularité des voyages par moto, taxi, taxi-bus, bus, bateau, baleinière et autre pirogue est qu’à Kinshasa comme en provinces, les passagers ont coutume de se bousculer avant d’y gagner leurs places. Et, une fois cette bataille gagnée, ils sont entassés, comme des poissons dans une boite de sardines, jusqu’à destination. Ainsi, pendant des heures à bord d’un bus, ou toute une journée ou une semaine à bord d’un bateau ou d’une baleinière, aucune norme de sécurité n’est observée. Tout le monde côtoie tout le monde, crie ou chante, éternue, crache, transpire, mange et boit sans la moindre protection. Les malades comme les personnes saines sont entremêlés, avec un risque maximal de contamination.
Comment prévenir un cas de coronavirus dans un taxi, un taxi-bus, un bus, un bateau, une baleinière, une pirogue, dès lors que pour y accéder, il faut être le plus fort ou le plus rusé ?
Cultes religieux : prudence
Le Congolais et la Congolaise sont tellement croyants qu’ils pensent qu’il leur faut absolument se préparer à une seconde vie, après la mort, sous le statut d’élu de Dieu. Pour ce faire, ils sont présents matin, midi et soir, dans les églises. Dans ces temples de Dieu, ils sont appelés à exprimer leur foi et leur fraternité à travers des gestes tels que des poignées de mains, des accolades ou même des embrassades, le partage de la sainte cène, la prise de la communion ou du pain béni. Quant aux pasteurs, ils sont appelés à imposer des mains aux fidèles, afin de leur apporter la bénédiction divine ou de chasser de mauvais esprits.
Bref, les contacts humains sont mécaniques, fréquents et inévitables.
S’il est difficile d’empêcher les gens de se disputer des places à bord des bus, bateaux et baleinières, il est au moins possible de demander aux croyants d’éviter, désormais, des comportements dangereux pour leur santé. Si les ministres de Dieu peuvent s’interdire d’imposer des mains à leurs fidèles et de recommander à ceux-ci d’éviter des poignées de mains, des accolades et autres gestes susceptibles de mettre en danger la santé des membres de leur communauté, ce serait un grand pas accompli dans la voie de la prévention du coronavirus.
Qu’on se rappelle à cet effet que l’année dernière, un pasteur atteint d’Ebola avait transmis la maladie à de nombreux fidèles à Beni, lors d’une campagne d’évangélisation, par l’imposition des mains, avant d’en succomber lui-même, sur le chemin de retour, dans la ville de Goma.
Fêtes et deuils : changer les habitudes
Par ces temps de prévention des cas de coronavirus en RDC, l’heure est venue, pour les organisateurs comme les participants aux fêtes ou deuils, de changer des habitudes consistant à se saluer à la main, à s’embrasser, à manger et boire en désordre, à danser à la queue leu-leur, à crier à tue-tête, à toucher sans cesse les personnes à l’honneur ou les morts, etc. Les débordements de joie ou d’émotion devraient céder le pas à plus de retenue.
D’aucuns pensent que les fêtes devraient être les plus courtes possibles, et même ne plus occuper toute une nuit. Quant aux cérémonies funéraires, il serait peut-être plus prudent d’adopter une tradition vielle de plusieurs décennies au Katanga, consister à enterrer les morts le jour de leur sortie des morgues, après éventuellement un court transit à domicile.
Sports : prévenir la promiscuité
Les organisateurs des manifestations sportives ont un terrible pari à tenir, à savoir celui de tenir compte des capacités d’accueil des stades de football, de basket-ball, de handball, de volley-ball et autres disciplines sportives au moment de la vente des billets. L’idéal serait de prévoir des places assises conformes au nombre des spectateurs.
Comme cela se passe déjà sous d’autres cieux, le ministère des Sports ainsi que les fédérations sportives devraient déjà réfléchir à l’hypothèse de report ou d’annulation des compétitions sportives difficiles à sécuriser au plan sanitaire et donc présentant des risques de santé pour les athlètes et les spectateurs.
Alimentation : le tendon d’Achille d’un pays
Le secteur alimentaire se présente comme le tendon d’Achille de la République Démocratique du Congo. Car, les mentalités des villageois comme des citadins veulent que soit exposé, à l’air libre, tout produit de consommation, de manière que le « client » ou la « cliente » ait la latitude de faire le bon choix.
Ainsi, la « règle du jeu » veut que l’on ne couvre pas ce qui est proposé à la vente : farine de manioc ou de maïs, riz, poissons frais, fumé ou salé, poulet, viande, banane, huile de palme ou d’arachide, pain, beignet, chikwangue, avocat, orange, mangue, arachides, etc. Couvrir une denrée alimentaire, c’est donner l’impression de vouloir cacher sa mauvaise qualité. La bataille à mener, c’est de convaincre vendeurs et consommateurs que les denrées alimentaires laissées à l’air libre constituent un danger pour leur santé, et une porte d’entrée largement ouverte au coronavirus.
Quand on passe en revue le tableau du quotidien du Congolais moyen, le principal vœu que l’on formule est que ce virus ne franchisse pas les frontières de la RDC, sinon ….bonjour les dégâts ! »
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© Dialogue, le mardi 10 mars 2020