02 04 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE JEUDI (Dialogue)
02 04 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE JEUDI (Dialogue)
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ommaire
En ce jeudi 02 avril 2020, l’épidémie de coronavirus continue à régner en superstar dans les médias de Kinshasa. Mais l’accent s’est déplacé. La comptabilité des morts et des malades cède la place à des considérations sur les faiblesses et les lacunes du système de santé, les difficultés du confinement, les problèmes de rationnement et de vie chère qui découlent de l’isolement de Kinshasa et des commentaires qui relèvent davantage de la politiq ue que de la santé.
Lacunes sanitaires
La Nouvelle Afrique raconte « Lacune sanitaire en RDC: grippe, malaria, fièvre ou toux, il ne fait pas bon d’être fiévreux par ce temps de Coronavirus »
« Il se pose un dysfonctionnement sérieux dans les services et centres de prise en charge des malades au Coronavirus dans la capitale congolaise, les services semblent être débordés alors que nous n’en sommes qu’en moins d’une centaine.
Ce désordre est non sans conséquence car plusieurs personnes jugent bon de procéder à l’isolement dans des familles ou à l’automédication que faire le déplacement des hôpitaux ou l’INRB.
En tout cas, depuis l’apparition du Coronavirus à Kinshasa, le problème de communication joue un fatal précédent sur la connaissance et les règles à observer par la population. Le pire est qu’aucune autorité n’explique clairement que toute grippe, fièvre,…ne sont pas nécessairement liées au COVID-19.
Par ailleurs, le prélèvement de température, grippe, malaria, fièvre ou toux, peuvent suffir pour qu’on soit bloqué et jeté parmi les patients positifs au Coronavirus. D’où la réticence tant observée chez les kinois à se diriger aux centres et hôpitaux.
Il en est de même, du retard pris par les services de l’INRB pour prélèver, dépister certains patients ainsi que les résultats qui ne s’en suivent créant un dilemme face aux responsables des hôpitaux et centres qui ne transigent de procéder aux premiers soins de ceux qui se pointent.
Ghrydjhe Bagaya, un exemple frappant de l’amateurisme dans la gestion des malades
Il en veut pour preuve avec Monsieur Michel Cornelis Gridhje Bagaya, ancien Secrétaire particulier de l’ancien Gouverneur du Sud-Kivu Marcelin Cishambo qui est décédé le dimanche dernier aux cliniques Ngaliema, un exemple frappant qui met à nu l’amateurisme dans la gestion des malades.
Gridhje Bagaya, a donc rendu l’âme et enterré sans un certificat de décès délivré. Pour la petite histoire, avant sa mort, Gridhje a passé deux jours avant de voir les agents de L’INRB débarquer pour prélèvement et test après des coups de fil qui ont retenti dans tous les sens.
Alors qu’il attendait le résultat de dépistage le jour suivant sur les procédés thérapeutiques, l’homme a cédé avant que le rapport de l’INRB soit dévoilé. Il se tordait de douleur sur une infection au niveau du poumon, la radiographie faisant foi, malheureusement c’est cette tache qui a pris le dessus sur lui l’a fini. Et l’INRB intima l’ordre de l’enterrer illico même. Ce qui fut fait.
Mort des suites de Coronavirus ou pas, sa famille quant à elle, la veuve, et 4 orphelins n’ont pas attendu être fixés par l’INRB sur la maladie qui a conduit à la disparition de cet ancien Parsec de Cishambo. C’est pour agir à temps, qu’ils se sont placés en isolement préventif dans leur résidence.
Un de ses plus proches qui côtoyait le défunt a jugé même à son tour, de déplacer sa petite famille dans la résidence de feu Gridhje où ils attendent l’équipe de L’INRB pour le dépistage.
Curieusement, du dimanche à aujourd’hui, pas un seul agent du centre de dépistage à y pointer son nez. Toutes les tentatives auprès du Ministre de la santé Eteni Longondo, Docteur Jean-Jacques Muyembe et services INRB pour palier la situation se sont avérées vaines.
Ils disent être prêts en accusant les moyens de transport pour atteindre le lieu, mais malgré la logistique leur promise par la famille éplorée, ces derniers n’ont toujours pas effectué ce déplacement.
Tristesse, désarroi, angoisse dans la famille et parmi les proches de Gridhje craignant le pire sur leur santé. Selon un membre de la famille joint par la Nouvelle Afrique, le souci qui les anime est celui pour chacun d’être informé de son état physiologique face au Coronavirus dont on dit avoir emporté Monsieur Bagaya enfin qu’à leur tour prennent des dispositions et voir comment se faire soigne ».
Premières dames d’hier et d’aujourd’hui
L’Interview titre « Polémique sur la chloroquine offerte par Olive Lembe : Charles Kabuya parle d’un acharnement malsain »
« Une polémique est observée depuis quelques heures sur la qualité des médicaments de la chloroquine offerte par l’ancienne première dame Olive Lembe aux personnes affectées par le Coronavirus.
D’aucuns qualifient cela d’un produit périmé ou monté de toute pièce.
En réaction, Charles Kabuya acteur politique et proche du front commun pour le Congo (FCC) a, dans un message relayé sur son compte twitter ce mardi 31 mars 2020, qualifié toutes ces spéculations d’un acharnement malsain à l’encontre de la femme de Joseph Kabila
“Cet acharnement sur l’ex première dame qui a fait un don en médicaments à la riposte COVID19 RDC a quelque chose de profondément malsain. D’où vous viennent ces cœurs noircis par la haine ? Êtes vous plus qualifiés que l’INRB qui a reçu ce don ? Minable et pathétique !”, Charles Kabuya acteur politique.
Rappelons que Marie Olive Lembe, ex-première dame de la République, avait fait un don de 400 cures de chloroquine à l’INRB ».
Mediacongo.net annonce « Covid-19 : Denise Nyakeru Tshisekedi n’a pas remis 500.000$ USD à l’équipe de riposte »
La Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, n’a pas remis une somme de 500.000$ USD à l’équipe de riposte contre le coronavirus,contrairement aux rumeurs circulants sur les réseaux sociaux.
Dans un démenti parvenu ce mercredi 01 avril à Media Congo Press ( MCP), le cabinet de l’épouse du Chef de l’Etat, précise que cette dernière n’a pas non plus fait la promesse de « construction rapide de centres hospitaliers pour la prise en charge des malades ».
Le bureau de la Première dame rappelle, par ailleurs, que toute information concernant Denise Nyakeru Tshisekedi et la fondation qui porte son nom, sont diffusés sur les canaux et supports suivants certifiés :
Sur Twitter : twitter.com/denisenyakeru et twitter.com/FondationDNT
Sur Facebook : fb.com/DNTshisekedi et fb.com/FondationDNT
Les communiqués de presse de la cellule de communication de la Première dame sont lus sur les antennes de la chaîne nationale et diffusés sur les canaux numériques officiels, précise le cabinet de la Première dame.
Cette dernière,indique le communiqué, dit rester » engagée et déterminée à apporter sa contribution à cette lutte salutaire pour la population Congolaise à travers des initiatives de sensibilisation et autres activités connexes ».
Ci-dessous le communiqué du cabinet de la Première dame:
BUREAU DU CONJOINT DU CHEF DE L’ÉTAT
COMMUNIQUE DE PRESSE
Il circule depuis quelques heures à travers les réseaux sociaux, une information selon laquelle la Distinguée Première Dame de la République aurait remis une somme de 500.000$ USD à l’équipe de riposte du COVID-19 avec une promesse de construction rapide d’hôpitaux pour la prise en charge des malades.
Le Bureau du Conjoint du Chef de l’Etat (Cabinet de la Première Dame) tient à informer l’opinion que ces informations sont fausses et erronées. Il précise par ailleurs que tenant compte du Caractère sérieux de cette pandemie, la propagation des rumeurs en cette période sensible pourrait amplifier la désinformation et compromettre ainsi les efforts déjà entrepris par les autorités compétentes dans la lutte contre le COVID-19.
La Distinguée Première Dame de la République, Mme. Denise Nyakeru Tshisekedi, reste néanmoins engagée et déterminée à apporter sa contribution à cette lutte salutaire pour la population Congolaise à travers des initiatives de sensibilisation et autres activités connexes.
Le Bureau du Conjoint du Chef de l’Etat rappelle que pour toute information concernant la personne de l’épouse du Chef de l’Etat et la fondation qui porte son nom, seuls les canaux et supports suivants sont certifiés :
– Sur Twitter : twitter.com/denisenyakeru et twitter.com/FondationDNT
– Sur Facebook : fb.com/DNTshisekedi et fb.com/FondationDNT
– Tout communiqué de presse de la cellule de communication de la Première Dame lu en primeur sur les antennes de la chaîne nationale et diffusé dans les canaux numériques officiels.
Mediacongo.net : « Covid-19 : Vidiye Tshimanga relate l’impréparation, le manque d’infrastructures et de moyens pour faire face à cette pandémie »
Les péripéties vécues par Vidiye Tshimanga, un des proches du Président de la République atteint du Coronavirus pour être soigné dans les hôpitaux alimentent la presse congolaise. Celle-ci s’intéresse aussi à la problématique d’approvisionnement de la capitale en ce moment de la pandémie.
Mediacongo.net indique qu’à travers un message intitulé « Patient COVID-19 positif » et relayé sur sa page Facebook, Vidiye Tshimanga, conseiller spécial en matière stratégique de Félix-Antoine Tshisekedi, raconte ses péripéties pour se faire soigner dans les établissements sanitaires de Kinshasa dont il soulève l’impréparation et le manque d’infrastructures et de moyens pour faire face à cette épidémie de Coronavirus.
Il va même jusqu’à imputer la faute du décès de Jacques Ilunga – un autre collaborateur du chef de l’Etat aussi contaminé du Covid-19 et dont le décès fut intervenu le vendredi passé – au personnel soignant et à l’imbroglio régnant actuellement dans le milieu hospitalier de Kinshasa.
« Voulant faire non seulement éclater la vérité et aider la population congolaise à comprendre les enjeux de cette maladie ainsi que ses conséquences et véhiculer la bonne information , pour permettre à la RDC ‘’d’ affronter cette bête,’’ Vidiye Tshimanga, le Conseiller spécial en matière stratégique du président Félix-Antoine Tshisekedi, a décidé de relayer sur sa page Facebook le déroulement de ses péripéties suite à sa contamination au Coronavirus stigmatisant au passage la manière dont il a été pris en charge et le drame intervenu dans la mort d’un de ses collègues à la Présidence, Jacques Ilunga », écrit Mediacongo.net
Ce media informe également qu’au 4ème jour de sa médication, le conseiller spécial tient fermement à tirer la sonnette d’alarme afin que les mesures d’information soient prises et que chacun de ‘’vous’’ se fasse le relais de ce combat. »
« Tout d’abord sur la façon dont « Certains hôpitaux refusent de participer à la lutte contre ce fléau, souvent de peur de faire fuir sa clientèle. Cela est contraire au serment d’Hippocrate et ne pourra que contribuer à creuser un fossé entre les populations », ajoute mediacongo.net, citant Vidiye Tshimanga
Cas-info.ca relate pour sa part le cas d’une malade, abandonnée, inconnue…, comme Vidiye Tshimanga, qui raconte sa désagréable expérience avec l’INRB
« Victime d’une toux, de la fièvre et des problèmes respiratoires, le week-end dernier, une jeune femme qui souhaite garder l’anonymat pour préserver son travail, a vu des médecins de la clinique partenaire de son employeur alerter l’Institut national de la recherche biomédicale (INRB) d’un possible cas de Covid-19. Problème, ni chez le médecin qui l’a examiné, ni à l’INRB, l’urgence ne semblait pas s’imposer. « Il m’a téléphonée pour avoir l’adresse de la maison. Depuis samedi 28 mars dans la matinée. Je lui ai donné l’adresse, je croyais que c’était pour que les gens de l’INRB puissent venir à la maison, mais jusqu’à présent, personne n’est venu. », déplore -t-elle dans les lignes de Cas-info.ca
Comme la plupart de cas, ajoute Cas-info.ca, notre interlocutrice fait face à un système sanitaire débordé et faiblement équipé.
Pour les autorités congolaises, à l’instar de Vidiye Tshimanga, la meilleure lutte contre le Covid-19 reste la prévention. Notamment la mobilisation « afin de véhiculer la bonne information », exhorte-t-il.
Approvisionnement de la capitale
La Prospérité évoque les réunions intempestives organisées par le Premier ministre afin d’éviter la rupture de biens de consommation a la capitale.
« Approvisionnement de grands centres en denrées alimentaires : Ilunga Ilunkamba dans la bataille ! » écrit le journal, qui rappelle que le mercredi 1er avril 2020, le Premier ministre a présidé la troisième réunion consécutive de la commission chargée de s’assurer de l’approvisionnement de grands centres notamment, la ville de Kinshasa, en denrées alimentaires de première nécessité. Il s’agit pour Ilunga Ilunkamba de faire un point quotidien sur cette question essentielle en vue de parer à toute éventualité. Les membres de la commission ont passé en revue diverses possibilités et se sont accordés sur la solution qui consiste à alimenter Kinshasa à partir des Provinces du Kongo Central et du Kwilu.
« L’objectif de cette démarche est que la crise sanitaire que traverse le pays ne puisse affecter sensiblement la population », souligne la Prospérité.
A ce sujet, Congoprofond.net annonce l’approvisionnement des grands centres de Kinshasa en denrées alimentaires à partir de la semaine prochaine.
Depeche.cd, affirme également que les provinces du Kongo central et Kwilu sont autorisées à alimenter Kinshasa pendant cette période d’isolement. « C’est l’une des recommandations de la troisième réunion consécutive de la commission chargée de s’assurer de l’approvisionnement des grands centres présidée ce mercredi à Kinshasa par le chef de l’exécutif national » souligne ce media.
Divers coronavirus
Mediacongo.net titre aussi « Covid-19 : le ministère des PT-NTIC se met en mode télétravail »
« Pour éviter la propagation de la pandémie à coronavirus, le ministère des Postes, télécommunications et nouvelles technologies de l’information et de la communication ( PT-NTIC), se met en mode télétravail ».
En effet, ce ministère dispose désormais d’un système de gestion électronique des documents et d’une salle de réunion virtuelle.
Le premier permet à tous les acteurs interagissant avec ce ministère, de soumettre leurs documents par voie électronique,en se rendant sur le site officiel du ministère : www.ptntic.gouv.cd.
Selon la cellule de presse de ce ministère, une fois sur le site internet, il suffit d’aller » dans le menu Contact et de cliquer sur l’onglet « nous contacter », de remplir le formulaire, d’attacher les documents à envoyer puis de cliquer sur envoyer le courrier. « Ensuite,vous recevrez une confirmation d’envoi par e-mail. Une fois le courrier envoyé, il sera pris en charge automatiquement dans un circuit automatisé de gestion du processus de traitement des documents « , indique le ministère.
La salle de réunion virtuelle, quant à elle, permet de réunir les différents conseillers en vidéo conférence. Ceux-ci peuvent s’y connecter de n’importe où dans le monde et traiter leurs documents de travail de manière efficace,comme s’ils étaient au bureau, explique la cellule de presse de ce ministère.
Il sied de rappeler que le ministère des PT-NTIC que dirige le ministre Augustin Kibassa Maliba, avait également mis à la disposition du ministère de la santé, une application mobile dénommée » Covid-19 info » pour permettre à la population d’être informée sur l’évolution du coronavirus en RDC.
« COVID-19 : des médecins kinois exposés à la contamination », avertit Radio Okapi
« Depuis la déclaration de la pandémie du Coronavirus à Kinshasa, le personnel soignant congolais accomplit son travail avec tous les risques d’attraper cette maladie.
Alors que les autres travailleurs de la République ont sensiblement réduit leur rythme du travail et d’autres font du télétravail, les médecins multiplient leurs heures de travail pour répondre au besoin de prise en charge médical.
Malheureusement, aucune disposition particulière n’a été prise pour eux par le gouvernement en vue d’améliorer leur condition de vie et de travail, s’indignent quelques médecins interrogés par Radio Okapi.
La pandémie de coronavirus détériore davantage les conditions de vie et de travail du personnel médical affirment certains médecins.
« Le médecin est exposé au premier niveau. C’est lui qui assure les soins médicaux. Et la prime de risque est demeurée inchangée malgré l’inflation. Quand il convertit sa prime en dollars, il se retrouve avec 300 USD. On ne sait pas pourquoi nous sommes abandonnés comme ça », se plaint l’un d’eux.
Certains parmi eux ne sont même pas encore inscrits sur les listes de paie et donc travaillent sans salaire :« Certains médecins qui travaillent ne reçoivent même pas leurs primes de risque. Ils refusent même d’aller à l’hôpital puisqu’ils ne veulent pas mettre leur vie en danger ». Ceux qui travaillent manquent du matériel de protection et des moyens de transport :
« Hier par exemple, nous sommes pendant la période de masque, mais à l’hôpital il n’y avait pas des masques. Je devrais me débrouiller. J’ai utilisé un papier mouchoir. On est vraiment exposé. On se bat pour trouver une place dans le transport en commun », témoigne un autre médecin.
Pour lier les deux bouts du mois, certains médecins accordent plus d’importance aux hôpitaux privés.
« En plus de notre temps de travail dans les hôpitaux de l’Etat, on est obligé aussi d’aller dans les structures privées. Là, les conditions de travail sont quand même réunies, la prise en charge des médecins est quand même aussi mieux par rapport aux structures de l’Etat ».
Les médecins plaident donc pour la restructuration du système sanitaire congolais ».
Forum des As titre « LE CORONAVIRUS AYANT FRANCHI LE CAP DE 100 PATIENTS EN RDC
Kinshasa : le Gouvernement écartelé entre deux impératifs »
« D’un côté, l’inévitabilité d’un confinement total, de l’autre, la nécessité absolue d’apprêter des mesures d’encadrement adéquates pour assurer notamment la survie de la population.
La République démocratique du Congo vient de franchir le cap de 100 patients atteints par le coronavirus. Selon les statistiques de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB), diffusées hier le 1er avril dernier, le nombre de cas est passé de 109 à 123 personnes, disséminées à travers quatre provinces du pays : Kinshasa, Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Au regard de la gravité de la situation, avec 11 décès enregistrés depuis l’entrée du Covid-19 en RDC le 10 mars, le Gouvernement est écartelé entre deux impératifs : l’inévitabilité d’un confinement total et la nécessité absolue d’apprêter des mesures d’encadrement adéquates pour assurer notamment la survie de la population.
Face aux médias le mardi 24 mars dernier, Dr Jean-Jacques Muyembe Tamfum tirait déjà la sonnette d’alarme. Lors de sa toute première conférence de presse qu’il a tenue dans le nouveau bâtiment de l’INRB, le Coordonnateur du Secrétariat technique du Comité multisectoriel de lutte contre le coronavirus a reconnu que la pandémie tant redoutée est bel et bien déjà à Kinshasa. En témoignent les statistiques de son institution qui faisaient état de 45 cas attestés, dont trois décès et un patient guéri. Cantonnée jusque-là dans la capitale, et particulièrement dans trois communes (Gombe, Kintambo et Kinshasa), la pandémie prend de l’ampleur aujourd’hui. Le nombre de patients a quasiment doublé en une semaine et la maladie continue à se propager dans les provinces, de l’est essentiellement. A ce jour, outre Kinshasa, le Covid-16 a gagné le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, ainsi que la province de l’Ituri.
LES MESURES DRASTIQUES S’IMPOSENT
A l’allure où vont les choses, les mesures drastiques s’imposent. Elles sont impérieuses pour limiter la portée de la propagation du virus, fait remarquer Dr Jean-Jacques Muyembe. Ayant fait ses preuves dans la lutte contre une dizaine d’épidémies de la maladie à virus Ebola, le scientifique congolais recommande, de prime abord, des mesures d’hygiène et, dans un bref délai, le confinement progressif. Un cantonnement qui commencerait par la commune de la Gombe, épicentre de la pandémie en RDC.
Abondant dans le même sens, le Gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, avait jugé opportun de décréter le plus vite possible un confinement total dans la capitale. Le jeudi 26 mars dernier, l’autorité provinciale est passée aussitôt dans les médias locaux pour annoncer cette mesure qui devrait entrer en application le samedi 28 mars. Mais, la panique que cette annonce a provoquée auprès de Kinois, a occasionné embouteillages, bousculades, surenchère… dans les lieux des négoces de la ville le vendredi 27 mars, poussant le Gouverneur à reporter sine die cette mesure.
DES MESURES D’ACCOMPAGNEMENT IDOINES
Soutenu toutefois par quelques partis politiques et des forces vives de la Nation, le confinement total de Kinshasa s’avère impérieux aujourd’hui. Ce, d’autant qu’il faut restreindre le taux de contamination dans une mégapole populeuse de plus de 12 millions de personnes.
Néanmoins, une telle décision fait appel à des mesures d’accompagnement idoines, adaptées aux réalités locales. Autant le confinement total est inévitable, autant les mesures d’encadrement s’avèrent une nécessité absolue, étant donné qu’il incombe au Gouvernement de donner à la population des garanties de survie, de sécurité… au moment où il lui demande de rester à domicile. Ce, de peur de déclencher des tensions difficilement gérables.
ALIMENTER KINSHASA PAR LE KWILU ET LE KONGO CENTRAL
Au parfum de cette double contrainte, le Gouvernement multiplie ces derniers jours des réunions pour peaufiner ces mesures d’encadrement. Hier mercredi 1er avril, le Premier ministre a présidé la troisième réunion consécutive de la commission chargée de s’assurer de l’approvisionnement des grands centres urbains en denrées alimentaires de première nécessité. L’occasion a été propice pour Sylvestre Ilunga Ilunkamba de faire le point sur cette question essentielle, en vue de parer à toute éventualité.
« Les membres de cette commission ont passé en revue diverses possibilités. Ils se sont accordés sur la solution qui consiste à alimenter Kinshasa à partir des provinces du Kongo Central et du Kwilu », souligne à cet effet le ministre de l’Agriculture, Jean-Joseph Kasongo Mukuta, porte-parole de cette commission.
Pour Le Phare, il y a « Trop de donneurs de leçons ! ».
« A Kinshasa, les donneurs de leçons pullulent. Chaque jour qui passe, on les entend crier fort. Et même très fort. Leur bavardage n’a qu’un seul but : contester toute action initiée par les gouvernants et donner l’impression que sans le recours à leur intelligence, rien ne concret ne peut être réalisé dans le pays. Ils ont de l’expérience affirment-ils tandis que ceux qui gèrent la République sont des néophytes.
Et pourtant, nombre de ceux qui font ce bruit infernal ont assumé des charges d’Etat. Les uns comme membres de l’Exécutif, d’autres comme parlementaires, et d’autres encore comme mandataires publics. Chacun d’eux a un bilan et le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas du tout reluisant. Comment en douter quand on voit l’état dans lequel se trouvent nos hôpitaux aujourd’hui exposés à la risée générale ? En tout cas, personne n’aimerait être à la place du ministre de la Santé Publique, Dr Eteni, obligé de louvoyer devant les caméras pour ne pas avouer le désert qu’il aligne devant les malades. Kinshasa compte juste cinquante respirateurs et on a vu combien le ministre a peiné pour sortir ce chiffre ridicule devant les chevaliers de la plume. Si ce matériel indispensable pour combattre la pandémie de coronavirus est rare dans la capitale, que dire des hôpitaux des provinces ? Quelles peuvent être les chances de survie pour un malade de l’arrière-pays ?
Poser ces questions c’est s’engager sur la route du désespoir. Mais c’est aussi faire un constat qui permet d’enclencher le processus du réveil. Car ce pays ne mérite pas d’être là où il est.
A l’orée du soixantième anniversaire de notre indépendance, nous avons le devoir de nous regarder dans le miroir et d’examiner attentivement l’image qu’il nous renvoie. Pourquoi est-il tant porteur de laideur ? La réponse est bien simple. C’est parce que nous avons par le passé manqué de saisir la chance qui nous était offerte de construire un Etat moderne au cœur du continent. Le Gendarme du capitalisme que nous étions avait préféré gaspiller ses ressources dans la délinquance, achetant des châteaux en Europe, payant la complicité des dirigeants occidentaux à prix d’or et finançant les infrastructures de plusieurs pays du continent alors même qu’on ne construisait pas notre propre territoire. Revers de la médaille : tous ces pays ont refusé de se souvenir de ces bienfaits lors de l’hallali de 1997 !
Ce système de prédation s’est poursuivi sous le régime néo-afdélien. De sorte que le Congo est aujourd’hui à rebâtir. Sur tous les plans. C’est ce que nous rappelle aujourd’hui la crise liée à la pandémie de coronavirus. Notre pays est à la recherche des voies de communication pour aller récupérer les produits alimentaires qui pourrissent dans l’arrière-pays et venir inonder des centres urbains menacés par la disette. Il est à la recherche des moyens de communication pour assurer le déplacement des équipes de riposte. Il est à la recherche des hôpitaux dignes pour traiter des malades dont le nombre ne cesse d’augmenter. Bref, nous faisons face a une situation de dénuement qui nous pousse à nous interroger sur ce que nos dirigeants ont mené comme actions pendant une soixantaine d’années.
C’est au moment où ce constat, très triste, est fait, que de nombreux anciens dirigeants se rappellent à notre souvenir. L’un d’entre eux, ancien Premier Ministre, n’a pas eu peur de faire rire les vaches en déclarant l’autre jour que la solution à la crise sanitaire qui secoue le pays passe par l’organisation d’une réunion devant regrouper la coalition au pouvoir et quelques leaders de l’ex-coalition Lamuka. Bon Dieu ! Suffit-il donc que quelques individus s’asseyent autour d’une table pour que les routes qui font défaut sortent de terre ? Suffit-il que ces messieurs se parlent pour que les hôpitaux qui nous manquent garnissent subitement les chefs-lieux de nos territoires ! A force de secouer la lampe d’Aladin et de reciter le rituel « Sésame, ouvre-toi », les politiciens congolais ont perdu le sens des réalités. Ils croient que toute occasion, même mortifère, est bonne à saisir pour se visibiliser et donner l’impression d’exister. Ce faisant, ils nous ramènent à l’époque de la Table Ronde à l’issue de laquelle Bolikango, la main dans la poche, pouvait nous faire croire que c’est là que se trouvait notre indépendance.
Non. Il est temps que chacun fasse son examen de conscience. Il est temps que ceux qui ont dirigé ce pays mettent leurs genoux à terre et demandent pardon au peuple dont ils ont trahi les espérances. Il est temps que leurs politiques d’enfumage disparaissent à jamais pour faire place à des stratégies de reconquête de la modernité à laquelle aspire tout notre peuple.
Faites-vous oublier messieurs et laissez à d’autres le temps d’engager le pays sur la voie de la renaissance ».
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© Dialogue, le jeudi 03 avril 2020