Nord-Kivu : l’Evêque de Butembo exprime sa désolation face à la résurgence des massacres (Radio Moto)
BUTEMBO – L’Evêque de Butembo-Beni s’inquiète des massacres des populations civiles qui se poursuivent malgré les efforts déployés par les autorités. Il appelle les élus du peuple à un front commun pour lutter contre ces tueries.
Au cours de l’interview qu’il nous a accordé le lundi 25 mai 2020, Monseigneur Sikuli Paluku a qualifié les auteurs des massacres des civils à Beni et en Ituri d’hommes sans cœur animés par ‘le prince du mal’. Il a profité pour lancer un appel aux députés et sénateurs de la région à dénoncer d’une même voix ces hostilités. Pour Mgr. Sikuli Paluku Melchisédech, la poursuite de ces massacres n’est pas synonyme de l’échec de l’Eglise sur les plans de la prière et du plaidoyer.
« C’est que ça se fait à une grande ampleur et on a l’impression ça ne finira pas. Il y en a ceux-là qui ont trouvé cela comme un job de tuer leurs frères et leurs sœurs. Mais je me demande s’ils ont encore un cœur. Je crois que ce sont des gens qui ne se possèdent plus mais qui sont possédés. Vraiment le mal qui est là devient intrigant comme la COVID-19 et cela pose la question de savoir où est Dieu ? Parce qu’avant même de parler de l’Eglise, le problème sera plutôt cela. Est-ce que Dieu nous a oubliés ? Non, Dieu nous a rassurés qu’il est là. Ça doit nous pousser davantage à la prière plutôt qu’à des malédictions et aussi à souhaiter naturellement qu’il y ait plus de politique au service de la communauté », a-t-il déclaré.
Des questions sans réponse
A la question de savoir si le président de la République aurait oublié les promesses faites aux populations de Beni, le prélat pense que le Chef de l’État n’irait pas jusque-là mais il y a lieu de s’interroger s’il a des bonnes informations et s’il a donné les moyens nécessaires à ces mandataires pour rétablir l’ordre, la paix, la sécurité dans cette région. Il s’est même interrogé sur le véritable rôle des élus du peuple.
« Tous ces élus qui sont partis d’ici, connaissent la situation parce qu’ils en ont entendu parler. Pourquoi aujourd’hui ils ne parlent pas d’une même voix dans les assemblées provinciales et nationales? Les députés et les sénateurs, pourquoi sont-ils incapables de dire que chez nous ça ne va pas. Ils connaissent la réalité, ils devraient dire ce que le peuple vit, qu’ils le disent sans avoir peur. Ils devraient même être avec nous dans cette situation. Pendant ce moment de confinement ils vont dire qu’ils ne savent pas voyager. Qu’ils parlent au moins d’une même voix et nous saurons que si j’ai élu quelqu’un, je vais dire oui, j’ai eu raison de le faire. Autrement c’est un faux ».
L’Evêque a conclu en exprimant sa colère suite aux récentes tueries répétitives à Beni qui ont fait plus de 40 morts dans les villages de Samboko, Manzingi, Makutano, Kechele et Kakwavya au Nord-Kivu et en Ituri.
© Radio Moto, 27.05.20
Image : mgr. Sikuli Paluku
Source : CongoForum / presse congolaise