Pasteur Emmanuel Elumbu : «Les 60 ans d’indépendance ne constituent pas un fiasco en soi. Néanmoins, il y a des nuances à faire » (CongoForum)
KINSHASA – Selon le Pasteur Emmanuel Elumbu, les 60 ans d’indépendance ne constituent pas un fiasco en soi. Il y a des nuances à faire. Il répondait aux questions de CongoForum sur l’héritage de la colonisation.
« Le Congo est, en réalité, un état indépendant depuis 1885. Il a toujours connu et fait des expériences tant douloureuses qu’heureuses. Ces expériences sont celles qui constituent le bonheur des congolaises et Congolais, si toutefois on admet que le bonheur n’est pas, en soi, un but à atteindre mais plutôt une grâce et une force donnée pour nous accompagner plus loin dans la vie. Ce n’est pas quelque chose qu’on trouve d’emblée. Un de ces bonheurs est que bon gré mal gré, le Congo est resté indivisible jusqu’à ce jour. Nous sommes une nation», a indiqué le pasteur Emmanuel Elumbu.
Selon ce berger protestant de 70 ans révolus, « il n’existe pas une formule magique pour faire évoluer le Congo positivement sauf celle de s’opposer énergiquement par voie démocratique à tout ce qui nous affaiblit. S’opposer à tout individu, un groupe d’individus ou un gouvernement qui s’installe par la force des armes ou même de façon tout à fait démocratique (par suite de jeux démocratique propre ou pas). Mais qui, par contre, tenterait de poser tout acte susceptible de provoquer la balkanisation de la RDC ou utiliserait la mauvaise gouvernance pour tenir le pays en otage de manière à faire révolter le peuple congolais et l’amener à la rébellion. Un tel individu, groupe d’individus ou gouvernement est à évacuer de gré ou de force », a-t-il ajouté.
Relations belgo-congolaises
Abordant les relations entre la Belgique et son ancienne colonie la République Démocratique du Congo, le sexagénaire pense que les deux pays gagneraient à rester soudés. « La Belgique et le Congo sont condamnés, au-delà des toutes les contingences de la vie, à vivre ensemble dans le respect mutuel. Je peux évoquer le nombre de joueurs congolais au sein de l’équipe nationale (décorée de médaille de bronze à la derrière coupe du monde), comprenez que l’union fait la force comme le dit, la devise du Royaume de la Belgique ».
Par ailleurs, il a évoqué plusieurs exemples de l’héritage coloniale pour renforcer l’idée de la collaboration entre les belges et les congolais. « Nous nous rappelons l’apport de nos arrières grands-parents de la Force publique morts pour libérer la Belgique de l’occupation allemande ». Mais aussi l’intervention de la Belgique pour protéger les congolais. « Sans Léopold II et la Belgique, les arabes videraient le Congo de tous ses habitants en les vendant comme esclaves, et en exposant les rescapés aux maladies endémiques au Congo », a-t-il poursuivi.
S’agissant des domaines de collaboration à privilégier entre belges et congolais, le pasteur Emmanuel Elumbu propose que les deux partenaires puissent développer « des programmes de collaboration dans les domaines de la sécurité militaire, l’éducation et l’administration publique». Ils doivent, en outre, « mettre sur pied des organisations de revendication qui posent des actes coercitifs concrets. Mais aussi prêcher par les actes concrets. Le changement vient en posant des actes qui résultent dans un changement de cap en bravant la peur ». a-t-il conclu.
© CongoForum – Freddy Marcel Bononga, 04.07.20
Image: Pasteur Emmanuel Elumbu
Source: Individuelle