Port de Banana : le FCC torpille les négociations engagées par la présidence à travers le gouvernement Ilunga (CongoForum)

KINSHASA Selon le magazine Afrique Intelligence, le gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba a formé une équipe de négociation parallèle qui a donné l’aval à DP World de prolonger le contrat sur le port de Banana contre l’accord de principe conclu en mars 2020, à l’insu du Chef de l’État Félix Tshisekedi.

Le Front Commun pour le Congo (FCC) a jeté des peaux de banane sur les négociations engagées depuis plusieurs mois par la présidence de la République en vue de renégocier le contrat passé avec l’émirati DP World (Dubai Ports World) pour la construction du port en eau profonde de Banana. Les efforts engagés par le président Tshisekedi ont été réduits à néant par la plateforme dont l’autorité morale est l’ancien président Joseph Kabila.

Pourtant les pourparlers entre la présidence de la République et la filiale de DP World dirigée par le sultan Ahmed bin Sulayem avaient abouti à la signature d’un accord de principe en mars 2020. La Présidence l’ a appris via le gouvernement Ilunga et le ministre du Transport et des Communications, Didier Mazengu Mukanzu. Ce dernier a prolongé de dix-huit mois le délai de la levée des conditions de suspension du contrat de concession passé avec DP World.

La Présidence n’apprécie pas du tout que l’avenant au contrat apporté par le gouvernement Ilunga ne tient même pas compte de ses négociations avec DP World. Il porte mention du vice-président et directeur de DP World pour les régions Afrique et Moyen-Orient avec trois ministres qui sont tous du FCC. Il s’agit de José Sele Yalaghuli (le ministre des Finances), Clément Kuete Nymi Bemuna (ministre du Portefeuille) et Jean Baudouin Mayo Manbeke (Vice-premier ministre en charge du Budget).

La partie congolaise désarmée

L’avenant au contrat enlève à la partie congolaise l’un de ses principaux moyens de pression dans son bras de fer avec DP World. Car il était prévu que le premier contrat conclu sous la mandature de Kabila, le 23 mars 2018, devait expirer deux ans plus tard, soit le 23 mars 2020, si aucun mandataire de l’Etat n’était nommé d’ici là au sein de la société exploitant. Chose que ni Joseph Kabila ni Félix Tshisekedi n’ont eu à faire jusqu’ici.

À son arrivée aux affaires, Félix Tshisekedi était critique à l’égard de ce contrat. Pour lui, ses clauses étaient en défaveur des intérêts de la RDC. Ainsi, il avait profité de cette disposition pour imposer ses vues à DP World à travers son conseiller spécial en charge des infrastructures, Alexandre Kayembe de Bampende. Ce qui a conduit à la signature de l’accord de principe en attente de la formalisation.

Sabotage mais à l’intérêt de qui ?

Le prolongement du contrat ressemble à un sabotage de la part du gouvernement Ilunga dont les motivations restent cachées. Et pourtant la partie congolaise avait repris de l’avantage sur le géant émirati, qui avait accepté de revoir un certain nombre des choses, entre autres, le périmètre de l’exclusivité, qui était total dans le contrat du 23 mars 2018 et qui s’étalait sur une zone de 90 km.

Tout ceci porte à croire que ce beau projet fera du site de Banana un pivot concentrateur du trafic maritime dans la zone. Le président Tshisekedi pourrait se résigner à ne pas désigner un mandataire comme prévue si DP World ne concède pas à ses exigences dans l’esprit de l’accord de principe signé en mars 2020.

Il y a lieu de se poser des questions sur les véritables motivations du gouvernement Ilunga Ilunkamba qui est issue de la coalition FCC-CACH. Wait and see !

© CongoForum – Arnaud Kabeya, 10.07.20

Images – sources : DP World, Banana Port Papers

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