Objets d’art pillés en RDC : la Belgique innove en se dotant d’un cadre légal (Congoforum)
BRUXELLES – Un nouveau cadre légal a été mis en place afin de restituer des objets d’arts pillés à son ancienne colonie, Congo-Belge.
L’adoption de ce nouveau cadre légal traduit la volonté de la Belgique d’avancer sur ce dossier qui affecte ses relations avec la République démocratique du Congo, son ancienne colonie.
En effet, 128 000 pièces, en majorité des objets de la vie quotidienne recensés au musée africain de Tervuren, près de Bruxelles (masques, instruments, minéraux, insectes, etc.) dont 85 % proviennent de l’ancien Congo-Belge doivent être restitués à la RDC.
Pour contourner l’épineuse question posée par les anciennes puissances coloniales de savoir à qui rendre les œuvres culturelles pillées lors de la colonisation européenne en Afrique et en échange de quelles garanties pour leur préservation, la Belgique a adopté en juin 2021, un nouveau cadre légal. Celui-ci prévoit de transférer tous les objets mal acquis ou soupçonnés de l’être du domaine public de l’État, par définition inaliénable, au « domaine privé de l’État ». Ce qui revient à dire que ces objets sont susceptibles d’être cédés à un tiers, en l’occurrence l’État congolais.
Ainsi pour pallier aux difficultés de stockage ou de conservation en RDC qui risquent de bloquer la restitution, le nouveau cadre légal prévoit que le transfert de propriété soit acté avant la remise « physique » de l’objet, sous forme d’une « convention de dépôt ».
Pour Thomas Dermine, secrétaire d’État aux sciences, « l’heure est venue pour la restitution d’objets spoliés par la Belgique et qui appartiennent au peuple congolais. Le dialogue entre les deux pays est le fil rouge de la démarche, puisque le transfert matériel des objets doit s’inscrire dans un cadre diplomatique ».
Il convient de rappeler que les premiers travaux du musée de Tervuren ont établi que 1 % des objets a été clairement volé, ce qui équivaut à un millier de pièces, 59 % ont été acquis a priori de manière légitime, mais quelques 40 % se situent dans une « zone grise ». Il faut encore des investigations pour déterminer s’il faille les restituer ou les conserver.
© CongoForum, Arnaud Kabeya, 09.07.21
Image – source: jeuneafrique