Aéronautique : un ingénieur congolais s’apprête à lancer une fusée dans l’orbite à partir de Menkao, un quartier périphérique de Kinshasa (Congoforum)
KINSHASA – C’est dans le cadre de Troposphère VI, un programme aéronautique de la société Développement Tous Azimuts (DTA) de la République Démocratique du Congo (RDC) que cette navette spatiale.
Il n’y a pas que l’insécurité ou encore la guerre au Congo. Mais il y a, bien évidemment, aussi des progrès à encourager dans la science, notamment, l’aérospatiale. Il est question de Troposphère VI, un projet initié par l’ingénieur Jean-Patrice Keka Ohena Okese au sein du département de recherche “Keka Aerospace” de la société DTA.
Troposphère VI est une belle aventure menée, avec les moyens de bord, par ce passionné d’aéronautique avec son équipe. Financé par crowfunding avec des partenaires suisses, ce programme aéronautique a pour but de mettre en orbite une fusée à 03 étages et longue de 15 mètres. C’est une initiative privée qui a le soutien du gouvernement congolais.
Initialement prévu en début de l’année 2022, le lancement de la “navette Mpongo”, a été reporté à cause de la pandémie de Covid-19. Mais, à en croire des sources fiables, ADT s’apprête à le faire dans les prochains mois, devant un public important dont le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde.
Pour la petite histoire, c’est depuis le début des années 2000 que l’ingénieur Keka s’est lancé dans le développement des fusées atmosphériques dans sa société DTA. Malgré des objectifs modestes car ces engins ne vont pas bien plus haut. Mais son projet est important et mérite beaucoup plus d’attention.
En 2007, il conçoit Troposphère II, 15 mètres de longueur et de 5 cm de diamètre. Pesant 15 kg, il a effectué 1500 mètres d’altitude en 35 secondes. Il ne s’est pas arrêté là.
L’année suivante (2008), il va améliorer avec Troposphère IV, doté d’une performance remarquable. Avec 250 kg et de 16 cm de diamètre, il va atteindre 1500 mètres en 35 secondes. Mais il ne va pas dormir sur les lauriers.
Avec Troposphère V de 22 mètres de long, l’ingénieur Keka va lever très haut la barre. Il conçoit, cette fois, une fusée sonde à deux étages, qui avait comme équipage, un rat. Elle devait atteindre 36 km. Mais malheureusement cette nouvelle expérience va se solder par un échec car elle va s’écraser juste après son lancement.
Déterminé à poursuivre son aventure. Il ne va pas baisser les bras et va monter Troposphère VI qui a pour objectif de lancer un petit satellite à 200 km d’altitude, avec à son bord un cochon d’inde. Ce qui va pousser à la contestation, une association de protection d’animaux dénommée PETA (People for the Ethnical Treatment of animals).
L’ingénieur, sans rechigner, va prendre en considération l’avis de PETA en renonçant de placer cet animal dans l’appareil. Il promit de procéder à une autre méthode alternative qui est celle d’équiper l’embarcation de divers capteurs afin d’obtenir le même résultat sans utiliser de cobaye. Ce qui lui a valu le prix du LifeSaver 2021.
L’occasion est de rappeler que ce n’est pas la première que la RDC se lance dans l’aventure spatiale. Elle l’avait déjà essayé en vain par l’entreprise allemande OTRAG vers les années 1970 au nord du Katanga sous le régime de Maréchal Mobutu.
© CongoForum, Arnaud Kabeya, 30/04/2022
Image – source : société DTA