Bukavu: une matinée sur la situation politique et le processus électoral (AETA)
BUKAVU – La Plate-forme AETA (AGIR POUR DES ELECTIONS TRANSPARENTES et APAISEES), Bureau du Sud-Kivu, a organisé une matinée d’information et de sensibilisation des acteurs de la société civile du Sud-Kivu sur le processus électoral de 2023 en RDC avec comme thème central « Les enjeux de la situation politique de l’heure et la problématique de la tenue des élections dans le délai constitutionnel ».
Cette matinée d’information avait comme objectif d’encourager la République Démocratique du Congo à poursuivre son chemin vers la démocratie, en continuant à promouvoir et soutenir l’éducation civique et électorale et en procédant aux élections locales.
Au cours de ces assises, les différents intervenants ont rappelé aux participants leur rôle pour la réussite de ce processus électoral. Les acteurs de la société civile du Sud-Kivu ont été invités à s’impliquer à la fois comme électeurs, mais aussi comme candidats. Ce message a été lancé à la population du Sud-Kivu alors que la République Démocratique du Congo s’apprête à organiser des élections locales, plus de deux ans après les dernières élections de 2018.
Pendant son exposé Monsieur Paulin Buhaliza Kahondwa, expert électoral et membre de la société civile du Sud-Kivu, a donné les défis qui restent à relever pour les prochaines élections en RDC dont : la non-finalisation du cycle électoral, la méfiance permanente entre acteurs politiques ; le manque de prévisions budgétaires et d’un calendrier relatif à l’organisation du processus électoral ; la stratégie et des matériels électoraux de qualité ; la cartographie non-finalisée (rapprocher les électeurs de leurs Centres d’inscription ; l’absence d’un régistre de l’état civil ; des stratégies efficaces d’éducation civique / électorale et la production et dissémination de matériels éducatifs.
Pendant les échanges, Paulin Buhaliza a encouragé les participants à sensibiliser les jeunes et femmes à la prise de conscience, de s’impliquer davantage dans la gestion de la république dans le but de compétir aux élections prochaines ; au Gouvernement il a demandé de décaisser les fonds anticipativement par trimestre ou semestre pour la bonne évolution du processus sur terrain et de sécuriser le processus électoral déjà amorcé.
Maitre Lydie Akonkwa Bisimwa, défenseuse judiciaire, a pour sa part donné quelques avantages des élections locales. « Les avantages de la décentralisation sont fixés par ses objectifs. En effet, elle a pour objectif de mettre sur pied une administration efficace qui puisse travailler pour l’intérêt de la population, en faisant des entités locales des niveaux de gestion efficace des affaires de l’Etat. Il s’agit d’une administration de proximité qui non seulement rapproche l’administration des administrés mais qui réduit également la lenteur dans la fourniture des services publics. »
Les élections locales permettent au pouvoir central de se dessaisir de certaines tâches pour les confier aux entités locales et pour augmenter la confiance des citoyens vis-à-vis de l’état. Elles favorisent donc le développement national à partir de la base et concourt à la promotion de la démocratie locale par la participation des citoyens à la prise de décisions.
Les élections locales permettent aux autorités locales d’acquérir un sens plus élevé de l’intérêt général et de prendre des initiatives locales sans attendre des injonctions du pouvoir central et pour satisfaire les besoins de la population, a affirmé cette femme juriste et membre du « Réseau des Femmes Défendeurs Judiciaires » au Sud-Kivu.
Lors du troisième exposé, Maitre Ange Mukotanzi Riziki de la Clinique Juridique/Fondation Panzi, a détaillé les neufs innovations contenues dans la loi électorale promulguée par le Chef de l’Etat le 5 juillet 2022 tout en insistant sur la question « Genre et parité » dans le processus électoral congolais. Pour elle, les innovations de la loi électorale ont pour but d’épargner la RDC des irrégularités électorales et de garantir le déroulement des élections dans un climat serein et calme.
« La pertinence de la Constitution de la RDC, surtout dans son article 14, exige la prise en compte de la représentation paritaire homme-femme » réaffirmé maître Mukotanzi Riziki.
«Nous déclarons que la caution prévue aux articles 121 et 149 de la loi électorale ne tient pas compte des différences liées au genre et constitue par conséquent un facteur défavorable au besoin de la parité dans le processus électoral. Les élections en République Démocratique du Congo seront déclarées représentatives lorsqu’elles tiendront compte de la majorité de la population que sont les femmes et les jeunes filles » a insisté madame Mireille Mbuyi Kabangu de la NSCC (Nouvelle Société Civile Congolaise) – bureau du Sud-Kivu.
Cette matinée d’échanges, tenue à Bukavu dans la Salle Exodus, a réuni 40 participants parmi lesquels des personnes vivant avec handicap, des albinos, des représentants des peuples autochtones d’Irhambi. Les participants étaient aussi bien des femmes que des hommes. La matinée était soutenue par l’ONG belge CNCD – 11.11.11, via le bureau d’AETA à Kinshasa.
Laurent Kurhengamuzimu Balagizi.
Source: communiqué de presse, fait à Bukavu, le 10 août 2022