Massacre de Kishishe: des interrogations sur l’enquête menée par la Monusco (CongoForum)

BUTEMBO – Les combattants du M23 ont tué environ 131 civils dont 102 hommes, 17 femmes et 12 enfants aux villages Kishishe, dans le groupement Bambo, qui fait partie du territoire de Rutshuru. Confirmation de la MONUSCO contenue dans un communiqué de presse rendu public mercredi. La mission de l’ONU en RDC a abouti à ces résultats après une enquête préliminaire menée aux environs du lieu de la tragédie avec le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme BCNUDH.

La MONUSCO condamne la violence innommable contre les civils et appelle à un accès sans restriction aux lieux des faits et aux victimes pour une assistance humanitaire d’urgence. Elle salue par la même occasion la décision des autorités congolaises d’ouvrir une procédure judiciaire contre les auteurs de ce carnage. La MONUSCO affirme être prête à contribuer pour cette fin tout en appelant à une cessation immédiate des attaques contre les civils dans l’Est de la RDC.

Analyse du professeur Kamate Mbuyiro

Quand il s’agit des massacres de Kishishe, le Professeur Kamate Mbuyiro estime qu’il faut faire confiance aux enquêtes amorcées sur le terrain par la Mission de l’ONU en RDC. Cet enseignant à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) justifie cela non seulement parce que la MONUSCO dispose des moyens pour effectuer un tel travail, mais également par le fait que cette mission de maintien de la paix de l’ONU a déjà été aussi victime des actions du M23 avec l’un de ses hélicoptères abattu par ces terroristes. Le professeur Kamate Mbuyiro   souhaite voir  la même attention être attirée sur les massacres perpétrés par les ADF à Beni au Nord-Kivu et en Ituri.

« La MONUSCO elle-même est capable de récupérer le dossier et de camoufler certain bévues commis par ces rebelles et produire un rapport fantaisiste. Mais si elle se considère comme victime, elle peut faire un bon travail. Si la MONUSCO restait neutre, et considérait sa mission de protection des civils, si elle pouvait aider à documenter très bien le dossier, je pense que l’ on mettra fin à ce mouvement du M23 et que toute ses têtes d’affiche seront arrêtées. Etant donné que la MONUSCO est une structure internationale, il faut faire confiance à elle. Acceptons dans un premier temps, mais soyons vigilants. Cependant il ne faut pas que la communauté internationale oublie la question des massacres commis par les ADF en territoire de Beni et en Ituri », conclut le professeur Kamate Mbuyiro.  

Réaction de la société civile

La société civile du Nord-Kivu salue le rapport préliminaire sur les massacres commis par la coalition M23-RDF à Kishishe en territoire de Rutshuru, fourni par le Bureau conjoint des nations unies pour les droits de l’homme. Cette organisation sociale regrette par contre le fait que les enquêteurs n’ont pas inspecté l’entité qui a subi cette tuerie massive. Placide Nzilamba, qui en est membre, précise que ce massacre a fait 131 morts selon les Nations unies et plus de 200 morts selon le gouvernement congolais.

 « La société civile du Nord-Kivu salue d’abord le rapport publié par la MONUSCO, mais elle pense que les enquêteurs de la mission onusienne n’étaient pas sur le terrain vu le bilan qu’ils ont livré à ce sujet. Ils recevaient des témoignages au niveau de la Rwindi. Le rapport lui-même du bureau de la MONUSCO et le BCNUDH dit que le bilan pourra s’alourdir d’autant plus qu’ils n’ont pas été sur terrain. Ce qui fait qu’à leur le bilan reste intact, nous parlons de plus de 270 morts. La société civile prévoit de descendre sur terrain avec la MONUSCO. »

Selon M. Nzilamba l’essentiel n’est pas le nombre de morts. « Pour la société civile, ce qui compte c’est qu’il y ait des sanctions contre les auteurs de ces crimes à Kishishe. Ces rebelles sont en train de commettre d’autres crimes dans les zones occupées par les M23. »

© CongoForum – Roger Mulyata, 09.12.22

Image – source : Monusco

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