Le Kivu ou les Kivus… (Gomafocus)

Géographiquement, les trois provinces du Kivu couvrent la partie Est du pays qui longe la frontière du nord au sud avec l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, par delà le lac Tanganyika. Ce territoire recèle une multitude de caractéristiques uniques au République Démocratique du Congo, notamment par l'hétérogénéité de ses conditions climatiques et géologiques ou, encore, par ses modes de peuplement.

La partie ouest du territoire régional, qui correspond à la province du Maniema, est incluse globalement dans la zone des plateaux et marginalement dans celle de la cuvette centrale. L'altitude s'élève à environ 500 mètres et la forêt équatoriale humide couvre une portion importante de cet espace. Ces basses terres sont peu peuplées, le climat y est chaud avec une courte saison sèche. La production agricole se caractérise par la culture des tubercules (manioc), des bananes plantains, du riz et de quelques cultures industrielles: palmier à huile, café, etc.

Plus on avance vers l'est et plus l'altitude augmente, pour atteindre une zone de montagnes et de plateaux où les altitudes moyennes avoisinent les 1500 a 2000 mètres, et même 5000 mètres pour les plus hauts sommets. Cette seconde zone, constituée par le Nord et le Sud Kivu, correspond à l'appellation du Kivu montagneux. Elle représente la portion congolaise de l'immense dépression qui traverse le continent africain du nord au sud sur 1400km, soit de la Mer Rouge au Zambèse, et qui se caractérise par une succession de chaînes de montagnes e de fossés tectoniques. Cette dépression conditionne le réseau hydrographique du Kivu car une série de lacs occupe le fond de la dépression: du Nord au Sud, on rencontre les lacs Albert, George, Edouard, Kivu et Tanganyika. La forme du relief provoque un partage des eaux entre les deux grands bassins hydrographiques des fleuves Congo et Nil.

Au plan climatique, le territoire régional connaît une grande variété de température puisque l'étagement progressif de l'altitude d'ouest en est permet de passer des fortes chaleurs des basses terres du Maniema aux conditions plus tempérées des régions du Nord et du Sud Kivu. La région est traversée par l'équateur, dans sa partie nord, mais l'altitude atténue grandement son effet et les températures moyennes dans le Kivu montagneux se situent en moyenne à vingt- cinq degrés sur une base annuelle. La pluviométrie est bonne sur tout le territoire et s'établit en moyenne à 1400mm, passant d'un minimum de 1200mm dans l'extrême sud-est à plus de 2200mm dans l'aire équatoriale humide.

La partie orientale du Kivu, caractérisée par ses plateaux et ses grands lacs, offre des sols de bonne qualité pour l'agriculture et permet une grande variété de cultures vivrières et industrielles, tant de climats tempéré que tropical. Certaines zones, en particulier en bordure et au nord du lac Kivu, sont constituées de sols très fertiles d'origine volcanique. Ces avantages ont contribué à favoriser un peuplement dense qui se retrouve le long d'une bande qui s'étend du nord du lac Tanganyika jusqu'à la limite nord de la région.
De par son relief, le Kivu comprend donc trois zones distinctes: la première est celle de la cuvette centrale et des plateaux dans sa partie occidentale. La seconde est formée des hauts-plateaux dans sa partie orientale. Entre les deux se situe la troisième, une zone de transition où sur une courte distance de 400 kilomètres, l'altitude diminue progressivement de 3000 à 500 mètres.

La culture et les comportements sociaux au Kivu ont comme caractéristiques d'être une juxtaposition d'influences traditionnelles et coloniales qui aboutissent à un système de valeur très hiérarchisé, basé sur la discipline face aux chefs ou aux dirigeants politiques et administratifs. Il s'agit d'un système très paternaliste, et dans une certaine mesure féodal, où la population est habituée à tout attendre du chef.

Les croyances et les pratiques spirituelles sont très présentes et l'on compte quelques dizaines de dénominations religieuses sur le territoire, qui vont des grandes religions que sont le catholicisme, le protestantisme, le kimbanguisme et l'islamisme, à une multitude de groupes de tradition essentiellement chrétienne. Dans le quotidien, il existe une combinaison de croyances et de pratiques qui vont de l'animisme traditionnel aux dogmes et cultes religieux reconnus. La présence des grands groupes religieux et des mouvements similaires a permis à certaines communautés locales de structurer leur vie sociale et économique par la mise sur pied de système d'éducation et de santé, par l'introduction de nouvelles activités commerciales, par l'amélioration de techniques agricoles traditionnelles, etc. La vie religieuse constitue un aspect important de la culture régionale et les différentes missions n'y jouent pas q'un rôle spirituel.

Les diverses ethnies du territoire possèdent comme caractéristiques culturelles, en plus de leurs langues spécifiques ou de leurs dialectes, des traditions très riches qui comprennent des chants, des danses, un artisanat, une musique, des costumes, une cuisine distincte et des modes de vie particuliers. Cette culture se transmet, pour chacune de ses composantes, sous une forme essentiellement orale, par des contes, des devinettes, des chants, des proverbes, etc. L'on constate toutefois que ce bagage culturel se perd petit à petit, surtout en milieu urbain et qu'il n'existe pas de volonté politique et communautaire de le conserver et de le mettre en valeur. L'on constate aussi que le patrimoine plus récent, constitué par les édifices, les équipements et les Infrastructures publics, se dégrade et tend à disparaître.

La culture régionale est aussi le fait d'influences et de contacts avec l'extérieur. Ces échanges existent depuis longtemps et se perpétuent encore par les pratiques commerciales, par l'entrée de produits étrangers, par la venue de visiteurs, par l'accès aux services et aux biens culturels venant d'ailleurs. Mais la diffusion de créations et de productions culturelles au Kivu, qu'elles originent de la région, du Congo ou d'outre-frontière, est très difficile compte tenu de l'état du réseau routier et de l'absence de commodités de toute nature. La région est pauvre en équipements et en matériel permettant l'éclosion de la vie artistique et culturelle dans son ensemble.
Traditionnellement, les échanges dits culturels se faisaient dans des lieux publics ou lors d'événements spéciaux: les marchés, les fêtes familiales ou religieuses, les mariages… Cette pratique est toujours en vigueur mais elle n'est pas appuyée dans les centres par des lieux de diffusion permettant de présenter des spectacles, des sports, du théâtre, du cinéma ou, encore, de faire connaître l'histoire du pays ou de la région.

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