Le diabète en RDC (Sr. Bernadette K. WAHOTIRWE)

 Ce constat repose le problème qu’encourent ceux qui cherchent à s’occidentaliser comme signe de leur émancipation et cela dans plusieurs domaines. Si la thèse des chercheurs sur le diabète s’avérait vraie, la leçon à tirer serait que toute imitation de l’occident n’est pas toujours bonne. Ces derniers temps on débat au Congo la question de la pollution engendrée par les usines implantées au pays sans tenir compte de la santé des populations comme pour dire que toute industrialisation n’est pas bonne pour l’Afrique. Il en est de même de l’alimentation à l’occidental. En effet, nous pouvons affirmer que la thèse des chercheurs ci-haut évoquée est vérifiable dans bien des cas en Afrique. Le diabète en Afrique est très souvent, mais pas toujours, une maladie de riches, de « ceux mangent comme les blancs », ceux qui mangent bien ou beaucoup… Le message que nous transmet Sr Bernadette est que « manger comme les blancs » n’est pas nécessairement bien manger. Bien manger, c’est plutôt se nourrir des mets, en qualité et en quantité, dont notre corps a besoin, et qui tiennent compte de notre état de santé tel que nous prescrit par un médecin, un diététicien, etc. La recherche de Sr Bernadette sur la prévention du diabète se révèle ainsi très importante pour l’amélioration de l’état de santé des congolais et des congolaises qui doivent apprendre ce que « bien manger » veut dire du point de vue de la santé.
BLO présente ses vives félicitations au diabétologue Bernadette KASWERA WAHOTIRWE et lui promet son soutien pour la suite de ses recherches doctorales en diabétologie!
BLO vient d'ouvrir à partir de ce jour une rubrique "Santé" pour que d'autres docteurs et chercheurs puissent y publier leur contribution à la santé qui constitue un des objectifs du millénaire d'après le programme de l'ONU.
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Beni-Lubero Online
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                                                 Université de Rome “ TOR VERGATA”
                                                                         
                                                    Faculté de Médecine et Chirurgie
                                                                        
        “ Le diabète dans les pays de l’Afrique. Cas de la République Démocratique du Congo
                                                                           par
                                             SOEUR BERNADETTE K. WAHOTIRWE, ODN
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“ Bien que la véritable ampleur du problème ne soit pas comprise, le diabète constitue une grave menace pour la santé publique dans tout le continent. En 2003, la Fédération Internationale du Diabète (FID) prévoyait que d’ici 2010, la prévalence du diabète en Afrique augmenterait de près de 95%. Ignorer le diabète pourrait conduire à l’effondrement des systèmes de soins de santé, fragiles en Afrique et déjà accablés par les maladies transmissibles comme la tuberculose, la malaria et le SIDA.” ( Kaushik L Ramaiya, Secrétaire général honoraire de l’Association du diabète en Tanzanie et Président de la Région Afrique de la FID).
        
Ces données ont suscité notre curiosité d’une certaine manière et nous ont conduit à parcourir la littérature pour essayer de comprendre à quoi serait liée cette “ épidémie du diabète en Afrique”.
L’adoption du style de vie occidentale de la part des Africains serait le principal facteur determinant la continuelle augmentation de la prévalence du diabète en Afrique selon certains chercheurs tandis que d’autres pensent que les populations africaines seraient portatrices de mutations génétiques qui les rendent susceptibles au diabète du type 2. L’hypothèse plus accréditée trouve dans l’interaction entre les facteurs ambiants et les facteurs génétiques la cause prédominante de l’augmentation du diabète du type 2 en Afrique.
Dans l’objectif de comprendre davantage la réalité du diabète en RDC et de déceler le domaine où nous pourrons donner un coup de main à nos compatriotes qui en souffrent, nous avons élaboré un questionnaire que nous avons soumis à certains médecins de Kinshasa et de l’Est de la RDC. Leurs réponses nous ont permis de nous rendre compte que le diabète demeure encore une maladie presque inconnue de notre peuple et qu’une plus grande sensibilisation de la population à la condition de la part du personnel sanitaire s’avère un défi urgent.
En partant des graphiques sur l’incidence du diabète dans l’hôpital général de référence “OICHA” et dans l’hôpital général de référence “ Kyondo” nous sommes portées à confirmer que probablement les successives guerres qu’a connu notre peuple ont influencé d’une certaine manière l’augmentation des cas de diabète.
                                    
                                                                   HGR “ OICHA”
                                     
                                                                        HGR “ KYONDO”
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Les médecins qui ont répondu à notre questionnaire énumèrent plusieurs problèmes rendant difficile la gestion du diabète de leurs patients:
– chaînes d’approvisionnement des médicaments qui rendent leurs prix inaccessibles à la plupart des malades,
– infrastructures sanitaires non équipées en matéri
els de laboratoire pour le diagnostic,
– le personnel soignant non recyclé en diabétologie, ce qui cause problème dans le dépistage précoce et systématique de la maladie et dans son traitement
– la pauvreté généralisée de la population
Nous louons nos médecins pour les stratégies qu’ils adoptent pour essayer de prévenir les complications dues au diabète chez leurs patients:
– Sensibilisation sur la façon de reconnaître les signes précurseurs de l’hypo ou de l’hyperglycémie afin de réagir en temps opportun et d’éviter ainsi le coma.
– Effort de faire maintenir au diabétique un poids idéal et de faire respecter un régime alimentaire adéquat.
– Encouragements pour se faire soigner le plus vite possible en cas de plaie sur les pieds
– Programmes du centre médico-diététique Père Morand Kleber.
Il est clair que la mise en place d’un programme nationale de lutte contre le diabète, la présence des spécialistes dans nos hôpitaux, la stabilité de notre pays… s’avèrent indispensables. Par ailleurs, nous sommes convaincues qu’une des armes efficaces dans la gestion du diabète réside dans l’éducation thérapeutique du malade afin que son comportement et son style de vie aillent de commun accord avec son état de santé. D’ici naît notre désir de collaborer dans ce domaine en partant de la réalité concrète du milieu où nous serons envoyées, des habitudes nutritionnelles de nos malades, de leurs croyances et de leurs préférences.

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