Kamba Luesa Kanyunyu, artiste peintre

Chargé de pratique professionnelle dans la même Académie, il quitte l'enseignement en 1981 et se voit affecter au service des archives de l'Institut, qu'il abandonne finalement afin de devenir artiste indépendant.

Kamba s'est fait positivement remarquer par une production précoce. Avant même d'entreprendre des études à Kinshasa, il réalise des cartes postales. Déjà sur les bancs de l'école, ses toiles revêtaient un caractère original. En 1972, il est le seul étudiant à participer à l'exposition organisée par les professeurs de l'Académie des Beaux-Arts à l'occasion de la venue au zaïre de M. René Berger, président de l'AICA. Au-delà, une constante se manifeste d'emblée: c'est la qualité qui résulte tant de la composition rigoureuse des éléments constitutifs que de l'harmonie des couleurs qui les ornent.

Lors des expositions à l'extérieur, notamment à Anvers, en janvier 1974, à Lausanne, en septembre 1974, à la Foire du Comptoir suisse, son art s'est distingué par une hantise de l'originalité qu'il a su acquérir grâce au style personnel qu'il s'est imposé. Il a composé également en 1974 des timbres pour Interpol et en 1979 pour le 75ème anniversaire du Rotary Club.

L'oeuvre de Kamba, évoluant au milieu d'une vague de controverses et faite de hauts et de bas, se caractérise par trois orientations marquantes qui sont autant d'influences et de leitmotif : influence rupestre, appel aux sources et envol surréaliste.
En effet, Kamba Luesa s'est abondamment inspiré de l'art rupestre, mais dans une vision moderne; il allie la naïveté des formes à une révolution du mouvement de la ligne qui n'est plus comme celle des temps préhistoriques, nerveuse et sèche. Les oeuvres puisées à cette source sont sur un coloris tantôt fluide tantôt épais. Les scènes de chasse, les personnages et les animaux stylisés à l'extrême, les paysages désolants et les danseurs endiablés reviennent dans ces oeuvres sans choquer, tant l'esprit y est bien rendu. Kamba s'inspire également de précurseurs tels que Lubaki et Djilatendo. L'artiste étend ses thèmes, et ses couleurs deviennent plus décoratives. Enfin, dans ses récentes créations, il opte pour un surréalisme "nigrifié". La ligne devient un élément obsessionnel, s'insurge et se multiplie en des entrelacs inextricables. Les visages deviennent hagards, disloqués. L'aspect surréaliste intervient dans l'usage de la mythologie, des contes et légendes traditionnels, en faisant appel aux symbolismes purement africains.

Porte-étendard du groupe de la Nouvelle Génération, Kamba Luesa a su galvaniser les espoirs des jeunes artistes réunis autour de lui et dont la motivation principale était de tirer l'art de l'engourdissement que provoquait un certain mercantilisme du groupe du Grand Atelier. Très proche de la masse populaire, rêveur et éternel insatisfait, Kamba vit intimement son art, qui est une quête de l'ordre, de la justice et de la perfection que contredisent les réalités quotidiennes. Ses personnages, d'un calme apparent, sont agités, mais nullement désespérés. Suivant l'évolution de sa vie, des joies et des déboires connus et vécus, Kamba adopte une palette dont la trajectoire est aisée à suivre à travers ses périodes colorées : bleue, jaune. De nombreux écrits, études psychanalytiques et conférences consacrées à cet artiste démontrent qu'à son âge, Kamba constitue déjà un "moment" d'interrogation pertinente dans l'histoire de l'art moderne congolais.

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